vendredi 18 mai 2018

Mon journal d occupation

Le 4 juillet 1943
de Roger Cornevin-hayton
UNE FORTERESSE VOLANTE DE
L’AMERICAN AIR FORCE
« nymokimi »
S ‘ECRASE A BELFONDS SUR LES RIVES DE
LA SENNEVIERE …. Un drame aux multiples
conséquences que les sagiens
n’ ont pu oublier

Texte récupéré dans mes archives 





Les Allemands PLACE DU Parquet ;;;;notre place ( extrait de mon journal sagien )

Les jours de marché ,le samedi ,les chanteurs des rues se rassemblent sur les trottoirs entre
notre magasin et celui du coiffeur Frémiot Ils entraînent la foule dans la chansonnette , avant
de vendre la partition des succés à la mode ; On
 s’ arrache les partitions ! Mistinguett ,Réda
Caire ,Rina Ketty , Lucienne Boyer ....
Ce marché ,c’est l’événement hebdomadaire .Par toutes les routes ,les chemins convergeant
vers Sées ,arrivent les paysans du canton . Ils affluent de tous les villages environnants .
Les pavés glissants de la rue Billy vibrent sous le poids des voitures à chevaux ,…..
Des villageoises ,quelques unes en coiffes ,à pied ,de lourds paniers au bras ,des bicyclettes
,des charrettes attelées ,des carrioles , donnent au paysage cet aspect animé et laborieux qu’on
trouve dans les tableaux et les cartes postales d’autrefois .La ville resplendit d’une vie
nouvelle . Les commerçants travaillent à plein ,et montrent leur bonne humeur .
Achille mon copain de classe et moi ,nous nous faisons un devoir de planter avec délice
,notre doigt dans les lourdes mottes de beurre qui remplissent les paniers en osier exposés sur
la place du Parquet .
Une famille juive vit cour du chapitre où l’abbé Vaucanu leur a trouvé un logement . Cette
famille Ezygman ; ; ; ; ;se montre très discréte Deux garçons dont l’un est dans ma classe
à l’école communale ….;L’ainé ,futur professeur donne clandestinement des cours d’anglais
Résultat de recherche d'images pour "PLACE DU PARQUET SEES"le soir à ma soeur ; évitant ainsi de se faire remarquer et malgré les remarques désobligeantes de certains sagiens ;
Epargné par les rafles meurtriéres, après la déportation de ses parents Il me rappellera après la guerre ces quelques mots agressifs d’une paysanne alors que sa famille achetait du beurre et des oeufs sur le marché du Samedi , place du Parquet « je croyais que les juifs
avaient les mains crochues ! ! !"
Aprés la guerre et après quelques recherches je contactai l’un des deux freres habitant Levallois Lui et son frere avaient échappé à le rafle de juillet 1942 à Paris et gagné le maquis en zone libre Par contre leurs parents tailleurs, rue du Sentier déportés à Auschwitz
ne survivront pas à cette rafle et seront déportés dans un convoi fin 1943

13 Mai La percée de Sedan

Nous sommes rivés à Radio Paris… Les allemands pénétrent en Belgique ,en Hollande
et au Luxembourg .La Belgique demande immédiatement l’aide de la France
Notre Pendastrava « Art Déco « fonctionne avec des piéces de dix francs ……Elle est la premiére source de nos économies
Pris de ma fenêtre à l’aide de mon vieux kodak) les scouts et les coeurs vaillants du patronage de la rue d’Argentré dirigent les réfugiés vers le cercle catholique bientôt dépassé par les événements
 Jeune fervent du cercle catholique j ai encore en mémoire ce rassemblement de 25000 coeurs vaillants au vel d hiv à paris ,en 1937


Nous jeunes « coeurs vaillants » nous suivons nos ainés ils nous servent de guides,de
conseillers et l’abbé Barbé avec sollicitude nous montre le droit chemin pour venir à l’aide
de cette foule de réfugiés de tous horizons…. Belges, luxembourgeois, hollandais…..
L’embouteillage des véhicules de toutes sortes aux portes du cercle catholique crée de sérieux problèmes L’étroit passage qui conduit à la cour du cercle est encombré de valises , sacs , objets divers que les réfugiés par prudence n’osent pas quitter

Photo prise de ma fenêtre ( a droite un chef scout tente de régler
la circulation )
bombardement de Sées le  14 Juin 1940


 
 

Le grand silence de la campagne
Nos parents décident d ‘émigrer au« Meurger » , hameau situé à 6 km de Sées . Une lourde charrette,surchargée de sommiers et de matelas, nous conduit vers ce hâvre de tranquillité! Pour nous les jeunes c’est la joie ..de l’insouciance , notre premier voyage vers l’inconnu ,dans une charrette trainée par un puissant percheron !
Quittant la ville encombrée par les colonnes de réfugiés ,certains chargés de lourds bagages ,les
autres démunis de tout , fuyantes silhouettes n’ayant que ... le poids de la vie à emporter avec eux .
C’est un surprenant spectacle en cette soirée de Juin ,que de trouver la campagne et son silence seulement troublé par le crissement des grillons .

Nous sommes littéralement accrochés aux nouvelles de notre fidèle TSF



Résultat de recherche d'images pour "SETTER IRLANDAIS NOIR"La cave de mon ami Achille rue   Bauchon   et dont le grand père est peintre   a été pulvérisée   ...le toit est totalement affaissé Seules les bouteilles de cidre bouché soigneusement rangées dans les différents rayons ont résisté.....Des gémissements sous les décombres ...Nous retrouvons le chien " Cyrnos " setter irlandais noir de jais sous un amas de gravats Il a résisté a une semaine de privations ;;;Couvert de plâtre il manifeste bruyamment sa joie et nous saute au cou  La grand mère de mon ami Achille nous trouve un air bizarre peut être est ce l effet du cidre bouché ...?...l école " l' asile "juste en face est toujours debout mais sans toit ... je pense ....qu il n'y a pas eu de victimes
 Nous étions alors réfugiés au Meurger 10 km de  Sées ,le grand air de la campagne et les cris des grillons à la nuit tombante 
 Une tranche de vie que je n oublierai jamais
Les allemands font leur entrée à Paris le 14 juin 1940 à 5 h 30 du matin par la porte de
laVillette .A 9 h45 le premier étendard à croix gammée flotte sur la capitale au sommet de l’arc de triomphe
Nous jeunes « coeurs vaillants » nous suivons nos ainés ils nous servent de guides de conseillers et l’abbé Barbé avec sollicitude nous montre le droit chemin pour venir à l’aide de cette foule de réfugiés de tous horizons…. Belges,luxembourgeois,hollandais…..L’embouteillage des véhicules de toutes sortes aux portes du cercle catholique crée de sérieux problèmes L’étroit passage qui conduit à la cour du cercle est encombré de valises , sacs , objets divers que les réfugiés par prudence n’osent pas quitter
Mo frère jean et moi sommes embauchés par le cercle pour aider et servir les réfugiés .
Rencontre avec des réfugiés du Nord …désespérés
Les belges ont de solides raisons de fuir devant la Wehrmacht « Les allemands nous feront
payer notre résistance … ) comme en 1914 où des villages entiers furent incendiés …)
Dans les régions du Nord , tous ont disparu … préfets , maires , gendarmes médecins
poursuivis par les avant gardes de la Wehrmacht . Ils n’ont pas le choix , la guerre les poursuit
, les allemands avancent et les stukas poursuivent leur ronde effrénée
hhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh
bombardement de sées



Le Meurger terre d asile ;;;; Le grand silence de la campagne ….
Nos parents décident d ‘émigrer au« Meurger » , hameau situé à 6km deSées . Une lourde
charrette, surchargée de sommiers et de matelas, nous conduit vers ce hâvre de tranquillité!
Pour nous les jeunes c’est la joie ..de l’insouciance, notre premier voyage vers l’inconnu
,dans une charrette trainée par un puissant percheron !
Quittant la ville encombrée par les colonnes de réfugiés ,certains chargés de lourds bagages
,les autres démunis de tout , fuyantes silhouettes n’ayant que ... le poids de la vie à emporter
avec eux .
C’est un surprenant spectacle en cette soirée de Juin ,que de trouver la campagne et son
silence seulement troublés par le crissement des grillons .
Notre nouveau refuge
Modeste ferme batie en pierres du pays ,à laquelle deux siécles de vent et de pluie ont
accéléré la dégradation du crépi .Quand elle avait pris vie ce n’était qu’une seule piéce et
puis au petit bonheur comme le font les bâtiments agricoles ,elle s’ést développée
progressivement pour être maintenant composée de trois batiments vétustes, d’une grange,
d’une cour de ferme ,d’une étable , d’un grand jardin ,et d’une mare réservée aux habitués
....Contre le mur ,une échelle conduit tout droit au grenier à foin . Nous découvrons ce monde
nouveau en curieux ,avides de battre la campagne ...
,... Ce n’est plus le tintamarre de la place du Parquet mais le grand silence des champs et des
prairies !
C’est la decouverte d’une campagne au visage d’angoisse, où notre insouciance de jeunes
prend le dessus ... la pêche à la carpe parmi une horde de canards en goguette et la douceur
des ombrages , le réveil de la basse cour aux premiéres heures du jour , le grenier à foin , la
conduite des chevaux le matin à l’abreuvoir …
De notre refuge ,quand le vent est favorable ,on essaie de percevoir dans le lointain le son des
cloches de la cathédrale . Mais que se passe t il dans notre petite ville ?
.L’ appel du déjeuner et du dîner ,on ne l’entend plus …Ces rites d’adultes qui ont tout oublié
du rêve et de l’aventure ...
Notre domaine
Dans l’unique salle ,sombre et dénudée ,une armoire Normande , un poéle tout noir aux
cuivres bien astiqués , une cheminée surmontée de deux fusils de chasse ,une photo de
militaire avec une croix de guerre bien en vue ,témoignages du dernier cataclysme de 1914
18 ...c eest le pére Jardinet qui est chargé maintenant d entretenir cette petite ferme
C’est là chaque matin que nous nous réunissons ,les fermiers et la famille au grand complet
...café au lait pour les jeunes ...café noir pour les grands ...additionné de « calva « pour les
endurçis qui font mine de regarder le plafond lorsqu’ on remplit leur verre .
Mme Favry a pris en main les destinées de la ferme ,secondée par ses enfants et « le pére
Jardinet « l ‘homme à tout faire, omniprésent.
On s installe à l arriere de la ferme là où rêgne le plus grand silence …
Nous installons nos matelas dans un local situé à l arriere de la ferme ,là où nous sommes
certains de trouver la plus grande tranquillité
jje ne sais pas si nous avons une âme de citadin mais en tout cas ce silence rassurant nous fait
oublier le vacarme permanent de la place du Parquet où voitures charettes chariots belges et
hollandais véhicules roulant de toutes sortes arrivent du haut de la place avant de prendre
prés de la poste la direction d Alençon
Tout prés de la ferme Une petite mare ombragée attire notre attention ‘est elle pas là pour
nous apporter quelque distraction en cette période où le monde inquiet se demande si les
evenements qui se précisent ne vont pas nous créer une vie impossible
Avec Jean Nous nous sommes très vite adaptés ….
La pêche enfin ,distraction pacifique, accapare notre besoin de mieux connaitre la
nature et ses secrets ! nous observons la surface de l eau calme et seulement troublée par les
mouvements de poissons
Nous connaissons cette mare tranquille et peu fréquentée Quelques carpes et gardons
devraient nous apporter la joie dans une nature inconnue pour satisfaire notre
impatience,
Trois chevaux dont l’un d’eux nommé « Castille »,un troupeau de vaches ,et une basse cour
particulierement bruyante, qui s’éveille aux premiers rayons du jour. Une grande mare ,lieu
de rassemblement des pêcheurs du Dimanche, simple étendue d’eau dont nous connaissons
tous les mystéres et les coins les plus poissonneux .
Jean , fin pêcheur , guette le moindre sillage ,et au premier remous place son bouchon a
l’endroit propice , dans le calme des frondaisons , à l’ombre des buissons épineux ! Le
moindre tressaillement ,le moindre bruit et la carpe s’évanouit au fil de l’onde .
Moi je préfére mes bouquins et je jette un coup d oeil discret vers un bouchon perpétuellement
immobile
Reveil au chant du coq ;;; Que notre place du Parquet nous semble lointaine
Le matin c’est le revéil au chant du coq ,le roi de la basse cour ! Rien à voir avec le bruit des
camions de ,et notre place le bourdon lancinant des énormes cloches de notre
cathédrale ! Fibre citadine certainement pas ! Nous sommes maintenant adoptés par une
nature accueillante , captivante ,pleine de surprises !.
Nous couchons sur l’arriére ,prés de la grange et de l’étable .
L’odeur des foins pénêtre par la fenêtre largement entrouverte...Avec quel bonheur nous
découvrons les joies simples de la campagne!
Tout nous semble fabuleux , les escapades dans les champs sous les chauds rayons du soleil
de Juin ,les piqués des hirondelles au ras de l’eau , les soubresauts des carpes dans la mare ;
Pour nous c’ést une nouvelle vie ,une nouvelle liberté !
Le déplacement des carpes de la mare crée de gros bouillemonnements à la surface de l’eau et
nous donne l envie de jeter notre premiére ligne
Que la guerre ést loin de nos pensée ,notre tâche.,équiper les chevaux sans aucune aide ,avantde les atteler à l’unique carriole de la ferme .En cours d’aprés midi ,la ferme est traversée parles vaches et les chevaux qui se rendentseuls à la mare . Personne ne les conduit ,carils connaissent le chemin . C’est un sujetd’étonnement pour nous jeunes citadins enperdition dans cette campagne tranquille
Par contre le havre de tranquillité dans ladouceur campagnarde , se transformera en
cauchemar pour les canards!
Avec jean on traque les canards !!! nous repérons plusieurs « flottilles « particulierement bruyantes, nageant en
rangs serrés dans les eaux sombres de la mare qui nous tend les bras ... !;;Notre imagination
fertile transforme ces malheureux canards en bâtiments de guerre ennemis imaginaires ,
croiseurs,cuirassés,sous marins.......Au moins nous allons gagner cette guerre là....
Les mordus de la pêche excédés de la fréquence de nos interventions inopportunes se
plaignent amérement auprés de la fermiere Madame Favry . Celle ci avec autorité , met fin a
notre activité guerriere et nous demande de l aider dans ses tâches journaliére
Pour les canards ce sera Verdun ou la bataille de

la Marne!
Accorte normande ,cette dame généreuse a perdu son mari à la guerre de 14,
.Courageusement elle assure la direction de la ferme .
On ne peut guére aider ,. Simplementdans les champs ,fourche ou rateau de bois en main
,on étale l’herbe odorante pour qu’elle séche mieux . On écoute le bruit de la pierre aiguisant
la faux .
Dans le lointain ,quand le vent tourne bien ,on entend le clocher de la cathédrale sonner les
heures et recommencer tous les quart d’heures .Que se passe t il dans notre petite ville ?que
devient notre maison abandonnée ?
Pour rejoindre Sées c est simple , prendre la route de Neauphe et sans efforts aprés quelques
coups de pédales on se retrouve à l entrée de la ville
1996 14 Avril
Plus de cinquante années aprés , je redécouvre cette modeste ferme du Meurger ,la cour ,ses
bâtiments vétustes , la mare bordée de buissons épineux .
Quelques images ...la pêche avec Jean et mon pére , les repas sur l’herbe , les chevaux à
l’abreuvoir , des rires et des scénes de batailles dans les meules de foin à jamais gravées dans
ma mémoire ,alors que sur la route ,tout prés ,c’était l’exode avec son cortége de drames et
de souffrances ....
Espérons que cette petite ferme ,reflet des images de notre jeunesse ; ne disparaitra pas
...victime comme beaucoup d’autres de la désertification des campagnes ?
Et pourtant les parents décident de changer de retraite nous prenons alors la direction de bois
roussel prés du village de bursard là où s etend le haras
uuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu
On change de décor Notre second refuge…le haras de Bois Roussel….
*
Changement de décor ! mes parents décident de quitter la ferme du Meurger, et aprés
quelques atermoiements , nous nous installons avec armes et bagages chez des amis ,au haras
de Bois Roussel distant de 6 kilomètres .là ou des pur sang de rêve ont marque pour la vie le
monde hippique international
Extrait de mon journal Bursard
Au pied des collines verdoyantes de Perseigne et d ‘Ecouves ,qui bordent un vaste horizon , s’
étale dans la vallée de la Sarthe ,à quelques kilomètres d’ Alençon ,le haras de Bois Roussel.
berceau de chevaux illustres, le haras s étend sur 310 hectares ,et le comte et la comtesse de
Rochefort en sont les heureux propriétaires;
Le haras situé prés de Bursard ,petit village situé à six kilométres de Sées nous accueille
dans le silence de sa campagne verdoyante .
Au loin les contours bleutés et noyés de brumesde la forêt de Perseigne . D’interminables
clotures blanches bien alignées annoncent les
limites du haras
Decouverte avec enthousiasme de ce monde
nouveau,…..Les vertes prairies et les étangsbordés de roseaux et d ‘ajoncs,les rangées de
boxes que nous visitons avec curiosité ,les immenses granges réserves de grain et de
foin ! Pour nous c’est le Far -west ! Les pursangssuivis comme une ombre par leurs poulains , batifolent et galopent dans la prairie avant dereprendre en fin d’aprés midi la direction de leurs boxes, conduits par les lads trés attentifs àleurs brutales incartades
C est le haras de Leon Volterra personnage populaire , à la fois autorité du monde hippique ,
du théatre et du cinéma ….et fréquentant et employant les plus grands noms de ce vaste
empire .. Maurice Chevalier Mistinguett , Josephine Baker
Haras sous l autorité depuis 1926 de William Hayton britannique du yorkshire ayant quitté la
verte Irlande pour prendre la releve de jd Cohn ruiné par la crise financiére de 1929 et obligé
de vendre ses plus beaux specimen de la race anglo normande La notoriété de Volterra a
franchi les frontieres après son succés en 1938 dans le grand derby d Epsom
Le haras est immense et nous trouvons facilement notre place dans la maison familiale
La riviere bordée de roseaux serpente dansd la prairie et mon ami Claude est venu me
rejoindre dans notre agrste domaine ..Un plongeon dans l’eau fraiche avant de subir l attaque
des sangsues qui proliférent autour de nous . Nous battons en retraite ,,,,et partons à la
découverte de notre nouveau paradis

11 juin les troupes anglaises arrivent à Bois Roussel avec la croix rouge
14 juin chute de Paris nous annonce la TSF
La mode est à l’uniforme militaire pour les jeunes en cette période de guerre . Tout ce qui
brille nous attire …et les galons dorés scintillent sur nos vêtements
Ma soeur porte fièrement ses galons de lieutenant quand à nous mon frére et moi les galons de
sergent nous suffisent mais les adultes nous rappellent qu il vaut mieux ne pas attirer
l'attention et nous nous débarrassons de ces vêtements trop voyants
Mais nous ne sommes pas seuls …en effet une compagnie de soldats français occupe les
différents boxes et même l habitation du comte et de la comtesse de
Rochefort est occupée par une compagnie préoccupée par les événements
Surprise ! la compagnie du haras quitte précipitamment son cantonnement de fortune
et laisse les lieux dans un désordre indescriptible
Nous visitons les différentes pièces de cette immense habitation après leur départ et sommes
étonnés de découvrir l’état lamentable des différents piéces et tous ces objets abandonnés
vêtements , documents , journaux
Avant leur fuite précipitée vers d autres lieux nos vaillants soldats ont abattu les deux
cygnes inoffensifs du bassin
Les allemands sont ils si proches pour déclerncher cet état de panique ?
Des rumeurs infondées sur les atrocités allemandes continuent à se propager parmi la
population du village Certains évoquent l’arrivée des premiers allemands et rappellent avec
effroi leurs exactions en Belgique durant la grande guerre
14 au 16 Juin routes très encombrées…. Les nouvelles sagiennes alors que nous sommes à Bois Roussel
L'autogyre n est plus là… nous nous étions habitués à sa présence dans un ciel
tranquille Une escadrille de lourds bombardiers allemands passe derrière la cathédrale
nous rapporte un sagien c’est un moment de stupeur !
Une escadrille de lourds bombardiers de la Luftwaffe surgit à basse altitude Ce grondement
sinistre porté par le vent parvient dans le silence de notre campagne
Les réfugiés de passage se groupent dans la salle de repas du cercle catholique située rue
d’Argentré. Plusieurs bombes tombent sur la salle de repas . L’abbé Barbé l’un des
organisateurs du centre est grièvement blessé
A l’Adoration un chapelet de bombes s’écrase sur la chapelle des religieuses en priére
Rue Montjaloux une bombe tombe sur la banque de l’ouest Un camarade d’école Edouard
Chanteloup y travaillait et se trouve parmi les victimes
Plusieurs quartiers de la ville sont touchés dont le cercle catholique qui héberge de nombreux
réfugiés
Il n’y a plus d’encadrement sanitaire et l’abbé Barbe meurt faute de soins de nombreux
sagiens quittent la ville
.
.Toujours Bois Roussel
. De nombreux réfugiés ,connaissant l’existence du haras et de son personnel d’origine
britannique fuient l’invasion et prennent quelque repos dans les boxes avant de poursuivre
leur route vers le Sud (Famille Birch ,Cunningham etc…)
.
L’ image de la guerre nous semble lointaine et pourtant le bruit de bottes semble se
rapprocher de jour en jour
De nouveaux refugiés arrivent au haras ,épuisés par un cheminement interminable sur des
routes semées d’ embûches. Les premiers soldats blessés séjournent dans la cour du haras
La comtesse de Rochefort incite les refugiés inquiets à fuir vers le sud ..... comme le
gouvernement !Parait il qu un énorme bateau quittera Bordeaux pour prendre la direction de
l Angleterre ou l Afrique du nord et rapatrier les membres du gouvernement
Tout le monde fuit vers le sud
On parle d un énorme bateau dans le port de Bordeaux prêt à appareiller pour
l Angleterre ;;;non ce sera l’Afrique du nord
Extrait de wikipedia
Résultat de recherche d'images pour "massilia"Ce n’est pas la gloire…..
En 1940, le Massilia est réquisitionné par le gouvernement Paul Reynaud replié en juin 1940
à Bordeaux en raison de la déroute de l'Armée française, afin de permettre à des hommes
politiques (dont 27 parlementaires) de quitter la France avec l'intention de constituer un
nouveau gouvernement en exil qui abandonnerait à l'Allemagne les territoires de métropole
afin de mieux reprendre l'offensive militaire à partir des départements d'Afrique du Nord.
Parmi les passagers les plus connus :
· César Campinchi, ancien ministre de la Marine ;
· Édouard Daladier, ancien ministre de la Guerre et ancien Président du Conseil ;
· Georges Mandel, ancien ministre de l'Intérieur ;
· Pierre Mendès France, ancien sous-secrétaire d'État au Trésor, lieutenant d'aviation ;
Il n'arrive à Casablanca que trois jours après, le 24 juin, car certains députés ayant envisagé
de faire route vers l'Angleterre et de s'y réfugier, le paquebot a dû attendre en mer des
autorisations du consul de Grande-Bretagne qui n'ont pas été accordées.
À leur arrivée, une foule hostile les attend sur les quais et les passagers sont consignés pour
les protéger dans un grand hôtel de Casablanca par le Résident général Noguès, mais pour
Raymond Forni c'est suite à un contre-ordre de l'amiral Darlan5. Ceux qui étaient considérés
comme mobilisés en tant qu'officiers, Pierre Mendès France, Pierre Viénot, Alex Wiltzer et
Jean Zay, sont arrêtés le 31 août 1940 à Casablanca, rapatriés en métropole et traduits
devant le Tribunal militaire de Clermont-Ferrand pour « désertion devant l'ennemi » et trois
d'entre eux condamnés le 4 octobre 1940 à des peines de prison et à dix ans de privation de
droits civils. D'autres, comme Édouard Daladier et Georges Mandel, sont accusés d'être
responsables de la défaite et jugés avec d'autres officiers comme le général Maurice Gamelin
au cours du Procès de Riom. Ces décisions ont été annulées en 1946.
Le Massilia sert ensuite de transport de troupes entre le France et l'Afrique du Nord. En
1944, il est pris et coulé par les Allemands1.
Revenons dans notre cité sagienne
Des nouvelles peu rassurantes se répandent comme une traineé de
poudre.....Les Allemands commettraient des atrocités....et en particulier sur les enfants.Les
bruits les plus divers se répandent et créent une atmosphére de suspicion et de crainte
14 Juin L’essence est très recherchée , on se dispute devant les pompes a essence
les militaires en déroute essaient d imposer leur priorité Le garage Riviére grande rue est pris
d assaut L’auto n’est pas notre probléme toute la famille roule à bicyclette même ma chére
maman qui a fait l’acquisition d une bicyclette de la manufacture de’ Saint etienne Elle
grimpe les côtes sans effort en pédalant avec le rétropédalage
A Bois roussel on se prépare pour un long périple …direction le sud
Charley Hayton , au volant de la Matford 21 CV ....battant pavillon britannique 21 litres au
cent ! embarque la nombreuse famille des neveux et nieces, dans une périlleuse randonnée
…direction le sud mais où ?
Ce long voyage fatigant et perilleux se terminera a Coyverac, au haras de Champagny st
Hilaire.domaine de Rotchild ami de Volterra
Soucieux de surveiller le ciel Il nous raconte son périple après dix sept jours de fatigue
Passant a Vibraye ,dans la Sarthe ,Charley a le temps de rencontrer notre prévoyant grand
père ancien comhattant et prisonnier de la guerre de 14 en train d’ enterrer une barrique de vin
dans le fond du jardin !
La famille met ensuite une journée à franchir le pont de la Loire à Amboise, ralenti par le flot
des réfugiésavant l’arrivée de l’avant garde Allemande !D autant plus que le génie français fait sauter les ponts , c est uneruée épouvantable pour franchir ce dernier obstacle
Les premiers fantassins allemands dés leur arrivée le 24 juin à Champagne ,réquisitionnent
sa Matford pendant trois jours.Charley la récupére le 26 et décide de prendre le chemin du
retour
Notre inquiétude est grande à Bois Roussel mais où est passée notre compagnie de soldats à
cette heure ? Nous savons que l avancée allemande est inexorable et nous attendons l arrivée
des premiers fantassins avec anxiéte
Plusieurs voitures de la croix rouge britannique se hâtent de quitter les lieux
Chacun abandonne ses galons avec fiévre et empressement
Ma soeur portait fierement ses galons de lieutenant , jean et moi avions hérité du grade de
sergent Ma chére maman nous recommande de ne plus porter notre montre ..
18 et 19 juin .Haras de Bois Roussel il est 5 heures du matin Premiers
allemands…
C’ est une nuit d’angoisse et d’insomnie .on guette le moindre bruit ..
Cinq heures , le soleil n’est pas encore levé , des bruits de moto… sous nos fenêtres ,
Les silhouettes impressionnantes et floues de plusieurs motards se dessinent sur le
pas de la porte .Je n’ose pas ouvrir la fenêtre Des silhouettes impressionnantes , des
vociférations … des coups de pied dans la porte du rez de chaussée
Casqués , imperméables gris , couverts de poussiére ,ces nouveaux arrivants ressemblent à
des guerriers d’un autre age . ils crient vouloir visiter les lieux .Devant leur insistance et non
sans inquiétude William Hayton ouvre enfin la porte du rez de chaussée toutefois ils ne
semblent pas menaçants mais plutôt indifférents à notre présence
Un rapide regard pour inspecter les lieux
Un piano dans le salon ,c’est l’aubaine … ,L’un des motards exténué ,au visage couvert de
poussiéres s’installe délibérément sur le tabouret et rythme des airs guerriers ,repris en choeur
Résultat de recherche d'images pour "MOTARDS ALLEMANDS"par ses compagnons .
Un motard regarde avec intérêt une peinture clouée au mur et représentant le grand prix de
Paris gagné en 1934 par l’un des cracks de l’élevage local « Admiral Drake «
L’ un des motards déploie sur le bureau plusieurs cartes ressemblant etrangement à des cartes
Michelin
Sur l’une des cartes laissée à l’abandon je découvre qu’elle semble être la reproduction fidele
de nos cartes routiéres ,les marges par contre sont imprimées en allemand L’avant garde
repart sans crier gare et sans un signe de méfiance vis à vis de nous littéralement subjugués
par une telle assurance
Ils enfourchent leur moto er démarrent dans une énorme pétarade..
Les jours suivants plusieurs compagnies de la Wehrmacht bivouaquent dans la cour du haras
,juste devant les bureaux . Les officiers prennent la liberté de visiter les boxes et jaugent la
qualité des pur sang
Ce qui me frappe c’est le comportement conquérant et insouciant des premiers éléments
motorisés de cette avant garde
ils veulent absolument voir le grand gagnant du grand prix de Berlin Casterari Comment ontils
appris ce simple détail, ?
Un officier s empare de l un des étalons plutôt nerveux et réussit à se hisser sur le dos de ce
vaillant animal Une ruade et le brillant officier se retrouve à plat ventre au milieu du bassin
parmi les nénuphars
Nous on rit mais ……..tres tres discretement
En totale liberté ils emmenent lors de leur départ plusieurs pur sang dont je n ai
pu retenir le nom
16 Juin Accrochés à la TSF
Notre gouvernement demande à l’Allemagne les conditions d’un armistice
Accrochés au poste local , réfugiés belges et Français écoutent dans la cour du haras le
discours pathétique du marechal Pétain ..U ne voix brisée par l’émotion annonçant la fin des
combats
Quelques rumeurs Dés l’arrivée des premiers régiments , la kommandantur sans crier gare ,
s’est royalement installée dans les salons de l’hostellerie du Grand Cerf rue saint Blaise à
Alençon
Paris cesse d’être une ville ouverte …pour devenir une ville occupée
La moitié nord de la France est donc réfugiée au sud de la Loire et attend avec impatience la
signature de l’armistice pour rentrer et encombrer de nouveau les gares et les routes sous la
surveillance …cette fois des soldats allemands
Une équipe de sagiens choisie par le maire et munie de brassards blancs est sensée surveiller
Résultat de recherche d'images pour "pavillon croix gammée"les maisons abandonnées
Rencontre avec des réfugiés du Nord …désespérés
Les belges ont de solides raisons de fuir devant la Wehrmacht « Les allemands nous feront
payer notre résistance … ) comme en 1914 où des villages entiers furent incendiés …)
Dans les régions du Nord , tous ont disparu … préfets , maires , gendarmes médecins
poursuivis par les avant gardes de la Wehrmacht . Ils n’ont pas le choix , la guerre les poursuit
, les allemands avancent et les stukas poursuivent leur ronde effrénée
Mon grand pére adjudant au 14 eme hussards  Je pense à mon grand pére et à ses deux fils qui ont
combattu en 1914 dans la region de Ethe virton ou le 14eme hussard a été anéanti sous les mitrailleuses allemandes
Walleyrand de hauteclocque oncle du futur general leclercfauché par les mitrailleuses trouvera la mort avec son fils au mileu d un brouillard intense
Mon grand pére est le premier à gauche au premier rang , en
noir Walleyrand de hautecloque remplaçant le commandant Raymond à sa gauche

 C’est le grand retour place du Parquet
Le 17 Juin 1940 dés l’arrivée des premiéres troupes allemandes ,témoignage d un ami sagien
Le maire est resté à son bureau attendant l’arrivée de l’avant garde allemande .Les premiers
fantassins arrivent sur la place
. Assoiffés ils brisent la vitrine de l’épicerie Jouy afin de se ravitailler en café et alcools
Ils exigent alors une liste de plusieurs otages… ,le maire met alors son nom en tête de liste
PHOTO MAIRE
Un mitrailleuse a été installée sur la place du Parquet me rapporte monsieur Martel alors que
plusieurs sagiens habitant principalement la mairie sont cachés dans le sous sol
Extrait de presse du 7 juin 1940
La petite cité episcopale elle aussi a connu d’inimaginables scenes de pillage et la rue la plus
commerçante et principalement ntre grande place où s impose Conté notre grand savant a vu
tous ses magasins visités et vidés de fond en comble
Là également les autorités possédent les noms des personnes ayant participé à ces mises à sac
25 juin, 1940 signature de l’armistice
Les arteres principales de la ville sont désertées et Sées s est vidé e e ses habitants
Mon père inquiet de l’ état d’ abandon dans lequel se trouve la ville ,décide de ,se rendre à
bicyclette au magasin , pour inspecter l’état des lieux .
Rencontre en cours de route…..Un sagien littéralement affolé lui annonce l’anéantissement
de la ville et la destruction totale de la cathédrale et des maisons alentour .
« Ce fut l’une des grandes peurs de ma vie « répétait mon pére ! Mais au fur et à mesure que
j’avançais ,je distinguais au loin , incrédule les deux fléches de la cathédrale ...et bientôt
j’entrais dans le quartier Saint Martin .... .Pas âme qui vive ....et enfin la rue une place du
Parquet déserte mais intacte .
Nous quittons Bois Roussel
De retour à Sées ,nous ne pouvons que constater le pillage de la maison et l’amoncellement de
toutes sortes de débris dans nos chambres …
Lors du bombardement , un énorme pavé a traversé la toiture avant de choir sur le lit de
,l’employée de la maison
Tous les magasins sont vidés de leur contenu ,. Le nôtre n’échappe pas à la régle ,La porte de
la vitrine est défonçée ,les chambres dévastées Nos livres ,photos , souvenirs divers
s’amoncellent dans un désordre indescriptible . On marche sur les parfums écrasés, les
produits de beauté les plus divers … La maison Frémiot notre voisin ,celles du quincailler
Guedé , de l’épicerie Jouy , de la modiste mme Buhot ont subi le même sort ainsi que les
magasins rue Billy , Grande rue ,rue Montjaloux etc …
En l’absence de tout système organisé , la police n’a rien pu faire devant les bandes
menaçantes …Qui sont elles , ? des réfugiés ,des habitants …des soldats français
Ensuite c’est l’affreuse réalité .....,la porte du magasin est enfoncée et l’on distingue à
l’intérieur les parfums ,les flacons ,les produits de toutes sortes qui s ‘amoncellent pêle mêle
,écrasés sur le sol ! Même les chambres n’ ont pu trouver grâce auprès des pillards ! Nos
livres, nos photos, nos bibelots d’ enfants ! C’est le saccage !C’ést la désolation!
Un pillard surpris ,un réfugié en quête de bonne fortune s’échappe précipitemment par la
porte fracturée du magasinTous les magasins sont vidés de leur contenu ,. Le nôtre n’échappe
pas à la régle ,La porte dela vitrine est défonçée ,les chambres dévastées Nos livres ,photos ,
souvenirs diver ss’amoncellent dans un désordre indescriptible . On marche sur les parfums
écrasés, les produits de beauté les plus divers …
La maison Frémiot notre voisin ,celles du quincailler Guedé , de l’épicerie Jouy , de la
modiste mme Buhot ont subi le même sort ainsi que les magasins rue Billy , Grande rue ,rue
Montjaloux etc …
je ne puis que regretter ma collection de stars de cinéma construite avec passion et toute ma
documentation sur les films passés au Rex
Dorothy llamour Marléne Dietrich Jean Gabin
En l’absence de tout système organisé , lapolice n’a rien pu faire devant les bandes menaçantes …Qui sont elles , ? des réfugiés ,deshabitants …des soldats français et ma documentation sur les films les plus divers
· Les Révoltés du Bounty, 1935 · La Fille du bois maudit, 1936 etc ;;;;
Nous nous réorganisons !!
Les allemands sur notre place
Sous nos fenêtres place du Parquet les allemands harassés aprés une longue marche
...,uniformes gris vert ,mauser , masque à gaz en bandouliére , forment leur faisceaux aux
pieds de la statue de Conté .Je suis très surpris de découvrir leur sac à dos recouvert d’une
peau de bête et minutieusement rempli d’un attirail de cuisine complet .Une couverture
soigneusement pliée est enroulée autour du sac .Les fantassins au premier moment de répit
s’affalent et s’endorment à même le sol .Deux sentinelles veillent à la sécurité de cette avant
garde
Vociférations d’un officier…. D’un seul élan les soldats entament en choeur un chant guerrier
don tprodigieuse surprise… le refrain est repris par toute la compagnie stationnée au pied de
la
sta tue .
Une amertume tenace en découvrant l’emblême de l’ennemi d’hier , flotter au vent au
Sommet de la mairie
photo mairie
Un soldat entre dans notre cour et nous demande de prendre de l eau au robinet
Ce jour je regrette de ne pouvoir utiliser le vieux kodak familial ….déjà les fantassins
ennemis parcourent les rues
Un feldgendarme est posté prés de la statue de Conté et régle lacirculation
Sac allemand recouvert d une peau de bête
La section en déplacement
Les soldats passent constamment sous nos fenêtres place du Parquet pour aller relever une
garde ou quelque état major
Par trois rangs de dix la section chante en marchant , le feldwebel ( sergent chef )accompagne
le lieutenant à l’avant Quelquefois un cycliste ferme la marche pour surveiller peut être
l’alignement ou bien encore tenir les civils à distance
Un groupe se détache et reléve les factionnaires de garde dans la guérite entre le café Ferté et
le marchand de primeurs Bujosa
Impossible de prendre une photo sans risquer de me voir s
ubtiliser mon kodak
Mon pére refuse l affiche du soldat allemand accueillant qui sera finalement collé sur le mur du café Ferté
Le chien de l’ami Achille ….
Plusieurs bombes sont tombées rue du docteur Hommey , aussi l’atelier de peinture du grand
pere de mon ami Achille ,Mr Simon a été complétement anéanti


.
« Ou est donc passé mon chien ? Certainement tué dans sa niche ….Est il enseveli sous les
décombres , ? Il gardait l’atelier en l’absence de mon grand pere.. «
Des pots de peinture , des pinceaux tout l attirail de mr Simon est diséminé parmi les
cloisons , sous une toiture complétement effondrée
Poursuivant nos recherches nous découvrons la cave du voisin …et ses bouteilles de cidre
bouché
Des gémissements Nous tirons désespérément sur la chaine reliée à la niche et le setter
irlandais ordinairement noir de jais et répondant au nom bizarre de Cyrnos surgit des
profondeurs d’un cratére de bombe ,couvert de plâtres et de débris de toutes sortes ,tuiles ,
bois enchevêtrés , morceauxde verre , .
Quelle joie ! Cyrnos a résisté à huit jours d’intempéries ,et à la faim …
Ivre de liberté et reconnaissant il nous saute au cou comme aux plus beaux jours …. …..
La grand mére d Achille des notre retour nous trouvera un air bizarre …
Le couvre feu est aussitôt décrété et l’horaire allemand , une heure en avance sur celui
de la France entre en vigueur
Obligation est faite aux commerçantsd’accepter la monnaie du vainqueur au taux de
20 francs le mark Dés les premiers jours d’occupation nous nepouvons qu’observer … de loin
,la stature de ces gigantesques officiers SS ,arpentant fieremen t la place du Parquet et
sollicitant avec autorité le salut des sagiens ...
Nous changeons de trottoir pour éviter de les saluer ...et ce réfus n’échappe pas à la vigilance
de nos occupants qui s’adressent au maire en nous rappellant nos devoirs .. Nous devons
saluer et laisser le trottoir à l occupant
La kommandantur s’installe au large … dans les bureaux de la mairie .et toujours curieux
nous les regardons escalader les marches de marbre conduisant aux différents étages de la
mairie
Le personnel féminin vêtu de gris ,secrétaire , personnel de bureau ? se deméne dans les
couloirs et toise avec hauteur et suffisance les sagiens appelés à solliciter les ausweiss
accordés par la kommandantur On les surnomme les souris grises …on n’ose pas se moquer
d’elles mais il est vrai qunelles ne prennet pas garde à notre
JE sais que mon pére a besoin d un ausweiss pour se rendre à Paris aux laboratoires Vog dont
le propriétaire mr de Vries est venu nous rendre visite avec l intention bien sûr de ramener
quelques kilos de beurre dans son appartement de Saint lazare
…Une guérite prés du café ferté
Une sentinelle prend position dans une guérite noir blanc rouge prés du café Ferté et marque
le pas de l oie à chaque reléve de la garde Avec Achille nous l imitons mais nous sommes
vite rappelés à l ordre par le feldwebel de service chargé de la surveillance des sentinelles Il
Résultat de recherche d'images pour "equipement wehrmacht"ne semble pas apprécier la plaisanterie
…. …..
Retour à la réalité
Sous nos fenêtres place du Parquet les allemands harassés aprés une longue marche
...,uniformes gris vert ,mauser , masque à gaz en bandouliére , forment leur faisceaux aux
pieds de la statue de Conté .Je suis très surpris de découvrir leur sac à dos recouvert d’une
peau de bête et minutieusement rempli d’un attirail de cuisine complet .Une couverture
soigneusement pliée est enroulée autour du sac .Les fantassins au premier moment de répit
s’affalent et s’endorment à même le sol .Deux sentinelles veillent à la sécurité de cette avant
garde
Résultat de recherche d'images pour "sac a dos wehrmacht"Vociférations d’un officier…. D’un seul élan les soldats entament un chant guerrier dont
prodigieuse surprise… le refrain est repris par toute la compagnie stationnée au pied de la
statue .
Une amertume tenace en découvrant l’emblême de l’ennemi d’hier , flotter au vent en haut de
l’escalier de la mairie
Ce jour je regrette de ne pouvoir utiliser le vieux kodak familial ….
Le couvre feu est aussitôt décrété et l’horaire allemand , une heure en avance sur celui deFrance entre en vigueur
Obligation est faite aux commerçantsd’accepter la monnaie du vainqueur au taux de
20 francs le mark Dés les premiers jours d’occupation nous nepouvons qu’observer … de loin
,la stature de ces gigantesques officiers SS ,arpentant avec fierté notre grande place
Une sentinelle prend position dans une guérite noir blanc rouge entre la café Ferté et le
marchand de primeurs Bujosa Toutes les deux heures ,reléve de la garde au pas de l’oie par la
patrouille…présentation des armes et remplacement de la sentinelle Lesbottes ferrées claquent
sur le trottoir ..
Et bientôt commence la réquisition des logements vides Deux fantassins lourdement
chargés nous sont attribués … pour 24 heures...Leur équipement encombre le bureau
je regarde avec curiosité leur fusil Discrets ils semblent vouloir s excuser de leur intrusion ds
notre vie
Condition humiliante La France est divisée en deux zones séparées par une ligne de
démarcation . Nous envions les français de la zone libre malgré la présence d’un nouveau
gouvernement installé par Vichy
le lavoir du vivier
Il nous faut subvenir aux besoins du salon de coiffure ….remis en état après le pillage des
differentes pieces .Mon père me confie une responsablité …
C’est là que je transporte sur une lourde brouette , une lessiveuse bouillonnante et fumante
.En effet serviettes et peignoirs utilisés pour le salon de coiffure atterrissent chaque semaine
dans les eaux claires de la rivière Orne qui prend sa source prés de Sevilly à 3 km de Sées Les laveuses jacassent et parlent des nouvelles récentes
Priorité à la troupe d occupation les commerçants devront mettre en évidence une pancarte
rappelant de servir les troupes d occupation en priorité
Monsieur Girouard ancien combattant de 14 18 et marchand de pierres tombales et de
couronnes funéraires se fait un plaisir d e placarder à la vue de tous cette pancarte
Pas de provocation rappelera le maire ….
…………….
33333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333
Aprés la guerre et après quelques recherches je contactais l’un des deux freres habitant
Levallois Lui et son frere avaient échappé à le rafle de juillet 1942 à Paris et gagné le
maquis en zone libre Par contre leurs parents tailleurs, rue du Sentier déportés à Auschwitz
ne survivront pas à cette rafle et seront déportés dans un convoi fin 1943
. Le Meurger Terre d’ asile
Modeste ferme batie en pierres du pays ,à laquelle deux siécles de vent et de pluie ont
accéléré la dégradation du crépi .Quand elle avait pris vie ce n’était qu’une seule piéce et
puis au petit bonheur comme le font les bâtiments agricoles ,elle s’ést développée
progressivement pour être maintenant composée de trois batiments vétustes, d’une grange,
d’une cour de ferme ,d’une étable , d’un grand jardin ,et d’une mare réservée aux habitués
....Contre le mur ,une échelle conduit tout droit au grenier à foin . Nous découvrons ce monde
nouveau en curieux ,avides de battre la campagne ...
,... Ce n’est plus le tintamarre de la place du Parquet mais le grand silence des champs et des
prairies !
C’est la decouverte d’une campagne au visage d’angoisse, où notre insouciance de jeunes
prend le dessus ... la pêche à la carpe parmi une horde de canards en goguette et la douceur
des ombrages , le réveil de la basse cour aux premiéres heures du jour , le grenier à foin , la
conduite des chevaux le matin à l’abreuvoir …
De notre refuge ,quand le vent est favorable ,on essaie de percevoir dans le lointain le son des
cloches de la cathédrale . Mais que se passe t il dans notre petite ville ?
.L’ appel du déjeuner et du dîner ,on ne l’entend plus …Ces rites d’adultes qui ont tout oublié
du rêve et de l’aventure ...
Dans l’unique salle ,sombre et dénudée ,une armoire normande , un poéle tout noir aux
cuivres bien astiqués , une cheminée surmontée de deux fusils de chasse ,une photo de
militaire avec une croix de guerre bien en vue ,témoignages du dernier cataclysme de 1914
18 ...
C’est là chaque matin que nous nous réunissons ,les fermiers et la famille au grand complet
...café au lait pour les jeunes ...café noir pour les grands ...additionné de « calva « pour les
endurçis qui font mine de regarder le plafond lorsqu’ on remplit leur verre .
Mme Favry a pris en main les destinées de la ferme ,secondée par ses enfants et « le pére
Jardinet « l ‘homme à tout faire, omniprésent.
La pêche ,distraction plus pacifique, accapare ensuite notre besoin de mieux connaitre la
nature et ses secrets ! Quelques carpes et gardons téméraires , pour satisfaire notre
impatience, viennent se sacrifier sur nos lignes et nos hameçons.
Trois chevaux dont l’un d’eux nommé « Castille »,un troupeau de vaches ,et une basse cour
particulierement bruyante, qui s’éveille aux premiers rayons du jour. Une grande mare ,lieu
de rassemblement des pêcheurs du Dimanche, simple étendue d’eau dont nous connaissons
tous les mystéres et les coins les plus poissonneux . Jean ,mon frére , fin pêcheur , guette le
moindre sillage ,et au premier remous place son bouchon a l’endroit propice , dans le calme
des frondaisons , à l’ombre des buissons épineux ! Le moindre tressaillement ,le moindre bruit
et la carpe s’évanouit au fil de l’onde .
Le matin c’est le revéil au chant du coq ,le roi de la basse cour ! Rien à voir avec le bruit des
camions de la place du Parquet ,et le bourdon lancinant des énormes cloches de notre
cathédrale ! Fibre citadine certainement pas ! Nous sommes maintenant adoptés par une
nature accueillante , captivante ,pleine de surprises !.
Nous couchons sur l’arriére ,prés de la grange et de l’étable .
L’odeur des foins pénêtre par la fenêtre largement entrouverte...Avec quel bonheur nous
découvrons les joies simples de la campagne!
Tout nous semble fabuleux , les escapades dans les champs sous les chauds rayons du soleil
de Juin ,les piqués des hirondelles au ras de l’eau , les soubresauts des carpes dans la mare ;
Pour nous c’ést une nouvelle vie ,une nouvelle liberté !
Que la guerre ést loin de nos pensées ,notre tâche.,équiper les chevaux sans aucune aide
,avant de les atteler à l’unique carriole de la ferme .
En cours d’après midi ,la ferme est traversée par les vaches et les chevaux qui se rendent
seuls à la mare . Personne ne les conduit ,car ils connaissent le chemin . C’est un sujet
d’étonnement pour nous jeunes citadins .
Par contre le havre de tranquillité dans la douceur campagnarde , s’ est transformé en
cauchemar pour les canards!
Pour eux ce sera Verdun ou la bataille de la Marne!
Avec Jean nous repérons plusieurs « flottilles « particulierement bruyantes, nageant en
rangs serrés dans les eaux sombres de la mare environnante.... !;;Notre imagination fertile
transforme ces malheureux canards en bâtiments de guerre ennemis imaginaires , croiseurs
,cuirassés,sous marins.......Au moins nous allons gagner cette guerre là....
Les mordus de la pêche excédés de la fréquence de nos interventions inopportunes se
plaignent amèrement auprès de la fermière Madame Favry . Celle ci avec autorité , met fin
rapidement a notre activité guerrière.
Accorte normande ,cette dame généreuse a perdu son mari à la guerre de 14-18,
.Courageusement elle assure la direction de la ferme . On ne peut guère aider ,. Simplement
,fourche ou rateau de bois en main ,on étale l’herbe odorante pour qu’elle sèche mieux . On
écoute le bruit de la pierre aiguisant la faux .
Dans le lointain ,quand le vent tourne bien ,on entend le clocher de la cathédrale sonner les
heures et recommencer tous les quart d’heures .Que se passe t il dans notre petite ville ?
Changement de décor ! mes parents décident de quitter la ferme du Meurger, et après
quelques atermoiements , nous nous installons avec armes et bagages ,au haras de Bois
Roussel distant de 6 kilomètres.
1996 14 Avril
Plus de cinquante années après , je redécouvre cette modeste ferme du Meurger ,la cour ,ses
bâtiments vétustes , la mare bordée de buissons épineux .
Quelques images ...la pêche avec Jean et mon père , les repas sur l’herbe , les chevaux à
l’abreuvoir , des rires et des scènes de batailles dans les meules de foin à jamais gravées dans
ma mémoire ,alors que sur la route ,tout prés ,c’était l’exode avec son cortège de drames et
de souffrances ....
Espérons que cette petite ferme ,reflet des images de notre jeunesse ; ne disparaîtra pas
...victime comme beaucoup d’autres de la désertification des campagnes ?

14 au 16 Juin routes très encombrées
Une escadrille de lourds bombardiers de la Luftwaffe surgit à basse altitude Ce grondement
sinistre porté par le vent parvient dans le silence de notre campagne
Les réfugiés de passage se groupent dans la salle de repas du cercle catholique située rue
d’Argentré. Plusieurs bombes tombent sur la salle de repas . L’abbé Barbé l’un des
organisateurs du centre est grièvement blessé
A l’Adoration un chapelet de bombes s’écrase sur la chapelle des religieuses en prière
Rue Montjaloux une bombe tombe sur la banque de l’ouest Un camarade d’école Edouard
Chanteloup y travaillait et se trouve parmi les victimes
Plusieurs quartiers de la ville sont touchés dont le cercle catholique qui héberge de nombreux
réfugiés
Il n’y a plus d’encadrement sanitaire et l’abbé Barbe meurt faute de soins
.
Les artères principales de la ville sont rapidement désertées et Sées se vide de ses habitants
Mon père inquiet de l’ état d’ abandon dans lequel se trouve la ville ,désertée par ses
habitants ,se rend à bicyclette au magasin , pour inspecter l’état des lieux .
Rencontre en cours de route…..Un sagien littéralement affolé lui annonce l’anéantissement
de la ville et la destruction totale de la cathédrale et des maisons alentour .
« Ce fut l’une des grandes peurs de ma vie « répétait mon pére ! Mais au fur et à mesure que
j’avançais ,je distinguais au loin , incrédule les deux flèches de la cathédrale ...et bientôt
j’entrais dans le quartier Saint Martin .... .Pas âme qui vive ....et enfin une place du
Parquet déserte mais intacte .
Ensuite c’est l’affreuse réalité .....,je découvre la porte du magasin enfoncée A l’intérieur les
parfums ,les flacons ,les produits de toutes sortes s ‘amoncellent pêle mêle ,écrasés sur le sol
» ! Même les chambres n’ ont pu trouver grâce auprès des pillards ! Les livres, les photos,
les bibelots d’ enfants !
Je surprend un pillard ,un réfugié en quête de bonne fortune qui s’échappe précipitamment
par la porte fracturée du magasin et dont la glace a volé aux éclats… »
.



suite Bois Roussel
11 juin Arrivée des troupes anglaises et de la Croix Rouge dans la cour du haras
14 juin chute de Paris
…le haras de Bois Roussel….devient notre seconde demeure
. De nombreux réfugiés ,connaissant l’existence du haras et de son personnel d’origine
britannique fuient l’invasion et prennent quelque repos dans les boxes avant de poursuivre
leur route vers le Sud (Famille Birch ,Cunningham etc…)
Nous avons quitté avec regret notre agreste demeure du Meurger ..... Adieu veaux, vaches,
cochons, je n’oublie pas les canards!
Au pied des collines verdoyantes de Perseigne et d ‘Ecouves ,qui bordent un vaste horizon ,
s’ étale dans la vallée de la Sarthe ,à quelques kilomètres d’ Alençon ,le haras de Bois
Roussel.
Berceau de chevaux
illustres, le haras s étend sur
310 hectares ,et le comte et
la comtesse de Rochefort
en sont les heureux
propriétaires;
Le haras situé prés de
Bursard ,petit village situé
à six kilométres de Sées
nous accueille dans le
silence de sa campagne
verdoyante . Au loin les contours bleutés et noyés de brumes de la forêt de Perseigne .
D’interminables clotures blanches bien alignées annoncent les limites du haras
Léon Volterra locataire de ce haut lieu du pur sang, fournira de nombreux gagnants à
l’élevage français tels » Bois Roussel « , »My Love »,gagnants du derby d ‘Epsom ou
« Admiral Drake « ,lauréat du grand prix de Paris.
Léon Volterra également l’ un des magnats du cinéma et du théatre , assura le lancement de
Maurice Chevalier,Mistinguet et autres grandes vedettes de renommée mondiale.
Decouverte avec enthousiasme de ce monde nouveau,…..Les vertes prairies et les étangs
bordés de roseaux et d ‘ajoncs,les rangées de boxes que nous visitons avec curiosité ,les
immenses granges réserves de grain et de foin ! Pour nous c’est le Far -west ! Les purs sang
suivis comme une ombre par leurs poulains , batifolent et galopent dans la prairie avant de
reprendre en fin d’aprés midi la direction de leurs boxes, conduits par les lads trés attentifs à
leurs brutales incartades .
L’ image de la guerre nous semble lointaine et pourtant les bruits de bottes se rapprochent de
jour en jour
De nouveaux refugiés arrivent au haras ,épuisés par un cheminement interminable sur des
routes semées d’ embûches. Les premiers soldats blessés séjournent dans la cour du haras
La comtesse de Rochefort incite les refugiés inquiets à fuir vers le sud ..... comme le
gouvernement ! Des nouvelles peu rassurantes se répandent comme une traineé de
poudre.....Les Allemands commettraient des atrocités....et en particulier sur les enfants.
Une équipe de sagiens choisie par le maire et munie de brassards blancs est sensée surveiller
les maisons abandonnées
Le 17 Juin 1940 dés l’arrivée des premiéres troupes
allemandes ,
Le maire est resté à son bureau attendant l’arrivée de l’avant
garde allemande .Les premiers fantassins arrivent sur la place
. Assoiffés ils brisent la vitrine de l’épicerie Jouy afin de se ravitailler en café et alcools
Ils exigent alors une liste de plusieurs otages… ,le maire écrit

alors son nom sur la premiére ligne
Un mitrailleuse a été installée sur la place du Parquet alors
que plusieurs sagiens habitant principalement la mairie sont
cachés dans le sous sol
Extrait de presse du 7 juin 1940
La petite cité episcopale elle aussi a connu d’inimaginables scenes de pillage et la rue la plus
commerçante a vu tous ses magasins visités et vidés de fond en comble
Là également les autorités possédent les noms des personnes ayant participé à ces mises à sac
22 Juin, 1940 signature de l’armistice à Rethondes entre les généraux Huntziger et
Keitel annonce le journal local les troupes allemandes continuent leur progression à
Saint jean de luz Un million huit cent mille prisonniers !
Une affiche déchirée est restée ,collée sur la façade de notre maison prés de l’entrée «
Silence l’ennemi guette vos confidences »
De retour à Sées ,nous ne pouvons que constater le
pillage de la maison et l’amoncellement de toutes sortes
de débris dans nos chambres …
Lors du bombardement , un énorme pavé a traversé la
toiture avant de choir sur le lit de ,l’employée de la
maison Tous les magasins sont vidés de leur contenu ,.
Le nôtre n’échappe pas à la régle ,La porte de la vitrine
est défonçée ,les chambres dévastées Nos livres ,photos ,
souvenirs divers s’amoncellent dans un désordre
indescriptible .
Ma collection de cartes postales anciennes a disparu de
même que la collection de photos des stars américaines
Shirley Temple , Tyrone power , James Cagney , les
Marx brothers , Gary cooper etc….
Lors d’un voyage en Californie je découvrirai les
studios universal d’hollywood ,mais aussi Hell boulevard dont les trottoirs sont décorées
d’étoiles marquées aux noms des célébrités
On marche sur les parfums écrasés, les produits de beauté les plus divers … La maison
Frémiot notre voisin ,celles du quincailler Guedé , de l’épicerie Jouy , de la modiste
Mme Buhot ont subi le même sort ainsi que les magasins et commerces rue Billy ,
Grande rue ,rue Montjaloux etc …
Nous hebergeons durant un mois un prisonnier évadé …Il nous apporte quelques services et
tapisse nos chambres pour nous remercier après avoir amélioré l’installation électrique Il
travaillait aux imprimeries de Montrouge et attend des jours meilleurs avant de rejoindre
L evallois son lieu d’habitation Aucune nouvelle de son épouse qui est partie avec son bébé
sur les routes de l’exode ……
En l’absence de tout système organisé , la police n’a rien pu faire devant les bandes
menaçantes …Qui sont elles , ? des réfugiés ,des habitants …des soldats français
Plusieurs bombes sont tombées rue du docteur Hommey , aussi l’atelier de peinture du grand
pere de mon ami Achille ,Mr Simon a été complétement anéanti
.
« Ou est donc passé mon chien ? Certainement tué dans sa niche ….Il gardait l’atelier en
Mon père refuse obstinément que cette affiche
soit collée sur notre mur , prés des deux entrées
du salon et de la cour et s’accroche avec le
représentant des cantonniers de la ville ou «
petit génie » dont la tâche consiste à coller ces
affiches
Le couvre feu est aussitôt décrété et l’horaire
allemand , une heure en avance sur celui de la
France entre en vigueur
Obligation est faite aux commerçants
d’accepter la monnaie du vainqueur au taux de
20 francs le mark
Dés les premiers jours d’occupation nous ne
pouvons qu’observer … de loin ,la stature de
ces gigantesques officiers SS ,arpentant avec
arrogance la place du Parquet et sollicitant
avec autorité le salut des sagiens ... Nous
changeons de trottoir pour éviter de les saluer
...et ce réfus n’échappe pas à la vigilance de
nos occupants qui s’adressent au maire
La kommandantur s’installe au large … dans les bureaux de la mairie .
Le personnel féminin vêtu de gris ,secrétaire , personnel de bureau ? se deméne dans les
couloirs et toise avec hauteur et suffisance les sagiens appelés à solliciter les ausweis accord
és par la kommandantur On les surnomme les souris grises …on n’ose pas se moquer d’elles

Une sentinelle prend position dans une guérite noir blanc rouge
place du Parquet Toutes les deux heures ,reléve de la garde au
pas de l’oie par la patrouille …présentation des armes et
remplacement de la sentinelle Les bottes ferrées claquent sur le
trottoir .. Et bientôt commence la réquisition des logements vides
Deux fantassins lourdement chargés nous sont attribués … pour
24 heures...
Condition humiliante La France est divisée en deux zones
séparées par une ligne de démarcation . Nous envions les français
de la zone libre malgré la présence d’un nouveau gouvernement
installé par Vichy
le lavoir du vivier
C’est là que je transporte sur une lourde brouette , une lessiveuse bouillonnante et fumante
.En effet serviettes et peignoirs utilisés pour le salon de coiffure atterrissent chaque semaine
Résultat de recherche d'images pour "SEES PHOTO LAVOIR"dans les eaux claires du vivier
Les laveuses sont intarissables sur les murmures de la ville qu’elles amplifient à souhait On
ne voit pas la guerre mais on en parle . L’arme qui permet de régler les désaccords c’est le
batoir , arme des réglements de compte .et des divergences
En fait les sarcasmes habituels et les propos de nos lavandiéres décrivent souvent une
certaine réalité. Parlons par exemple des relations cachées entre membres de l’occupant et
certaines sagiennes
Au lavoir tout finit par se savoir …
Internement de la famille Hayton
En decembre 1940 aprés cinq mois d'occupation,des nouvelles peu rassurantes arrivent de
la kommandanture . Une partie de la famille Hayton et en particulier celle ayant gardé la
nationalité britannique sera internée ,....dans un lieu encore inconnu .Est ce la caserne
Valazé à Alençon ?
Jimmy Hayton né en Irlande du Sud n’a pas été inquiété durant cette période .Charley Hayton
possesseur d’un passeport britannique sera donc interné à Drancy avec Maurice Hayton son
frére et quelques membres britanniques du haras dont j’ignore les noms
Finalement Le camp de Drancy heureusement sous administration française hébergera
les membres du Commonwealth protégés alors par la Croix rouge Internationale suite à
un accord dont bénéficient également les prisonniers allemands retenus en Grande Bretagne
Frontstalag  111
Charles et Maurice Hayton , Birch , Billy X…seront donc acheminés vers Drancy au
stalag 111 lieu d’internement des membres du Commonwealth résidant en France La
cité de la Muette sera donc leur destination finale
Ref wikipedia
La Cité de la Muette était, à l'origine, un ensemble de bâtiments comportant 1 200 logements.
Ils furent construits entre 1931 et 1934 pour le compte de l'Office Public d'Habitation à bon
Marché du Département de la Seine.
Il s'agissait d'un ensemble composé de cinq tours de quinze étages chacune, de plusieurs
bâtiments sous forme de barres implantées en peigne, composées de trois et quatre étages et
d'un bâtiment en forme de U.
En 1935 les cinq tours et les petits bâtiments implantés en peigne étaient achevés. Ils sont
devenus résidence des officiers de la gendarmerie mobile. Le bâtiment en forme de U appelé "
Fer à cheval " n'était pas tout à fait achevé et reste inoccupé.
En septembre 1939 à mai 1940 la cité sera un lieu d'internement pour des détenus
communistes.le 14 juin 1940,

La Cité de la Muette - le bâtiment en U et les tours - ainsi que certains terrains attenants sont
réquisitionnés par l'armée allemande . de juillet 1940 à août 1941
La cité de la Muette sera le Frontstalag 111. Internés civil britanniques et canadiens, puis
prisonniers de guerre y sont enfermés.
5 dec 1940 Les parents Hayton et leur fille Betty quittent Bois Roussel et ensuite
Alençon accompagnés d’un groupe de prisonniers français (note CH pluie et froid sur
son carnet dont il ne se sépare jamais )
Les parents Hayton et leur fille Betty rejoignent le personnel féminin et les personnes dont
l’âge excéde 60 ans sont internés au camp de Besançon ,caserne Vauban
Les Frontstalags étaient des camps de prisonniers de l'Armée allemande situés
principalement en France dans la zone occupée lors de la Seconde Guerre
mondiale
Les ressortissants de nationalité américaines résidant en France après l’entreé
en guerre des Etats Unis en décembre 1941grossiront le nombre de prisonniers
britanniques pris dans le piége du Blitzkrieg ils faut t aussi inclure les résidents
britanniques habitant les iles anglo normandes ( wikipedia)
.
La guerre des ondes commence Extrait de presse
Le monde entier vit l’oreille collée à la radio. C’est une guerre de propagande. La drôle de
guerre voit la déroute des armées françaises.
Tandis que les allemands envahissent le territoire au rythme du pas de l’oie, les propriétaires
de postes privés (on ne dit pas encore stations), sabordent les installations. Ils font sauter
leurs émetteurs et les pylônes. D’autres n’en n’auront pas le temps comme Radio Cité de
Marcel Bleustein, qui deviendra Blanchet pendant la Résistance et Bleustein-Blanchet à la
Libération.
Radio-Cité, une station construite sur les bases de la modeste Radio-LL que le fondateur de
Publicis avait racheté (Publicis : contraction de « publicité » et du chiffre 6 car le projet vit le
jour en 1926). 1
Nous avons le choix entre Radio Vichy et les stations de propagande nazie comme Radio
Paris, et Radio Londres, la BBC, la voix de la France Libre
Radio Paris ment ! radio Paris ment !radio Paris est allemand ….
Juillet On s’adapte
Entrant dans le salon d’hommes les odeurs
m’envahissent Chaque enfance a ses odeurs… moi
Résultat de recherche d'images pour "PETAIN"c’est la violette ou la lavande de Cheramy ,les odeurs
de lessive des serviettes blanches cela je le perçois
encore
Alors je me demande si nous étions heureux dans
cette vieille ville qui a survécu à toutes les periodes
de l’histoire Une vaste place royaume des courants
d’air ,,des trottoirs souvent encombrés surtout le
samedi matin jour de marché , les voitures à chevaux
attachés aux anneaux des murs de la mairie et le café Ferté toujours animé où français et allemands se cotoient sans toutefois s’adresser la conversation
Notre glorieux maréchal Pétain a pris la tête du gouvernement …..C’est
l’espoir
Dans le salon ,dans le silence le plus intense que jamais sans doute salon de coiffure ait pu
connaître ,un allemand regarde par dessus le rideau de la porte d’entrée .…il n’est pas seul
Deux simples soldats et un gradé .Hésitations avant d’entrer mais apres réflexion ils
Résultat de recherche d'images pour "SOLDAT ALLEMAND"franchissent la porte du salon…
Installés …l’un d’eux avec la casquette sur les genoux et un revolver dans son etui noir bien
en évidence
Je remarque le galon d’argent qui borde le col du gradé et divers écussons annonçant son régiment
Discrets ils ont attendu sagement ,ne manifestant aucun geste d’autorité ou d’impatience .
En general les soldats de la wehrmacht assis tranquillement dans le salon attendront leurtour sans broncher Pour eux c’est un moment de repos loin des officiers , de leurs exigences et des corvées
A l’arrivée d’un officier , ils se lévent d’un seul élan et claquent des talons L’un d’eux bien
souvent laisse sa place
Les civils ont quelque mal à se faire servir si par hasard le salon est complet ,et les officiers en
particulier se montrent très persuasifs Des mots reviennent souvent dans les conversations des
sagiens attendant leur tour …Ausweiss , kommandantur ,, ligne de démarcation
Faute d’essence …certaines voitures s’alimentent en charbon de bois issu du bois de nos
forêts ou pourvues d’un volumineux reservoir de métal sur la carrosserie se propulsent au
gazogéne Quelques sagiens comme le docteur Melun notre voisin font l’acquisition d’une
mini voiture électrique
Le vélo est devenu un objet courant Tout le monde roule et pédale… On fait la queue chez
les réparateurs de pneumatiques et les magasins de cycles
Les marchands de cycles Pepin et Fyoen grande rue ,sont dévalisés de leurs accessoires par
leur clientèle
Un camp allemand est abandonné route d’Argentan par les fantassins . Une bicyclette …sans
pédales , guidon surelevé , attire mon attention .. Elle fera l’affaire après une révision
approfondie
De ma fenêtre je scrute les environs …Impossible de prendre une photo avec mon gros
kodak ; ; ;un immense officier avec brassard rouge monte la place prés de chez Ferté à
grandes enjambées .Mais ou sont ils allés chercher des types aussi grands ?
Résultat de recherche d'images pour "officier ss"Je récapitule l’ordre de change de la monnaie 1 mark = 20 francs
30 pfennigs = 10 francs

L’occupation allemande interrompra nos habitudes de vacances et ce séjour de rêve .....,Il ne
peut être question de rejoindre Trouville , toutes les issues des villas bordant la plage sont
murées.....Un seul passage ,de sept à huit métres entre le casino et le Chattham permetencore la vision des eaux sombres et écumeuses de la  Manche, et les rues elles ...sont
obturées par un mur de trois métres de hauteur!
Je n’ai pas entendu l’appel du 18 juin de ce général inconnu et je n’ai pas été le seul En ce
temps la nous n’ecoutions que la radio française et les lamentations du vieux marechal nous
avaient rempli plein de tristesse On n’imagine mal aujourd’hui le choc que produisit cette
capitulation en rase campagne , cette défaite humiliante que presque tous consideraient
comme irrémédiable .Les jeunes de ma génération avaient une impression de gâchis et cette
échéance ressemblait au point final d’une histoire longue et glorieuse
Le destin de Vichy, reine des villes d’eaux stationmondialement connue et fréquentée voit son destin
brisé le 1 juillet 1940 Elledevient la capitale d’uneFrance vaincue et aux deux tiers occupée par
l’armée allemande
Les soldats français sont nombreux à être retenusdans les camps entourés de
barbelés rapidement improvisés par la werhmacht . Ainsi un immense camp de fortune a été
installé à Chateaubriant et quelques Ornais dont plusieurs sagiens y sont retenus avant d’
être transférés en Allemagne avant la fin de l’années Protégés par de maigres couvertures , ils
affrontent la pluie , l’humidité et communiquent sous surveillance avec les familles
accrochées aux barbelés et en quête de nouvelles
Les allemands semble t il ne s’attendaient pas à devoir surveiller un tel nombre de captifs
Quelques prisonniers auront la chance de quitter le camp d ‘internement pour travailler dans
les fermes environnantes
J’ai pu obtenir quelques photos familiales du camp de Fallingbostel De nombreux ornais et
sagiens ont fini par échouer dans ce stalag apres avoir été sequestrés au camp de
chateaubriand
De ma fen^tre je sors le kodak famoilial avec l intention de j avais donc commençé
cam
Fallingbostel stalag 11 b ( Hanovre ) photos familiales
De nombreux ornais sont internés au camp de fallingbostel stalag XI B
Alençon siége de la kommandantur
3 Juillet 1940 Le désastre de Mers el Kébir
Prés de la maison Ferté ,lieu de rassemblement de nombreux sagiens mais aussi de fantassins de la wehrmacht,…. une affiche en couleurs hâtivement collée au mur ….
Image réaliste..montrant en toile de fond , le naufrage des bâtiments de guerre français ancrés dans le port
La presse et radio Paris insistent sur le désastre de la flotte
française sans défense , anéantie dans le port de Mers el Kébir par la flotte anglaise ...Un
marin Français blessé ,nage parmi les débris et un bateau de guerre sombre parmi d’autres
épaves au milieu d’une mer hostile . La propagande allemande s’empare de cet événement ....
pour fustiger l’Angleterre et sa politique .Que penser de cette intervention de nos alliés ?
Il est heureux que les anglais continuent à faire la guerre …
Avec Achille on se pose des questions les anglais ne sont ils pas nos alliés
De plus en plus nombreux les français commencent semble t il à méditer l’appel du 18 Juin
que nous n’avons pas entendu en raison des circonstances dues à notre isolement à la
campagne … pas de TSF . Les premiers reseaux de resistance se forment dans la
clandestinité La victoire de la Royal Air Force dans le blitz de la bataille d’Angleterre fait
disparaitre une certaine anglophobie née de Dunkerque et de Mers el kébir que la
propagande de Vichy cherchait à exploiter
R endez vous hebdomadaire dans la salle du R ex àù M r M oindrot se démène pour obtenir des
films de qualité ,mais on échappe pas aux films de propagande et les sifflets se font plus nombreux
Tous les films projetés sont toujours précédés d’un journal d’actualités et d’un documentaire. Entre
fin juillet 1940 et novembre 1942, les actualités de la zone Sud sont produites par France-
Actualités et Pathé-Gaumont, sous la direction de Vichy. La zone Nord connaît une version
française des actualités allemandes, complétée par quelques reportages spécifiques à la France.
Après l’occupation de la zone Sud, il n’y a plus qu’un journal franco-allemand, France-Actualités.
Jusqu’en 1942, le contexte est celui d’une double propagande, celle du régime de Vichy, et celle de
l’occupant. A partir de novembre 1942, avec l’occupation de la zone Sud en 1942, seule la
propagande allemande demeure.
Le régime de Vichy met en place, dans des "films d’intérêt national" commandés par le
Secrétariat général à l’Information, une propagande d’intégration, dont l’objectif est de rassembler
tous les Français. Les thèmes abordés sont : le passé glorieux de la nation, les discours du
gouvernement français, le thème de la Révolution nationale (travail, famille, patrie), et l’imagerie
maréchaliste. En revanche, ni la ligne de démarcation, ni les lois d’exclusion ne sont évoquées dans
les documentaires comme le bimensuel La France en marche.
La propagande allemande est de nature différente, elle constitue une propagande d’agitation et
d’exclusion. Elle met l’accent sur les ennemis du IIIème Reich et la nécessité de les pourchasser.
Ainsi, les titres des documentaires allemands proposés aux Français en sont une parfaite
illustration : Les corrupteurs, Forces occultes, Le péril juif...
Entre juillet 1940 et novembre 1942 : une double propagande
Dans l’un et l’autre cas, ces documentaires sont surtout diffusés dans les salles du cinéma
traditionnel, en complément des actualités et du film. Dans la zone Sud, ils sont aussi proposés
dans le cadre de séances éducatives, destinées aux écoles et aux entreprises. Ils sont également
diffusés dans les camps et les centres de formation de la jeunesse. Enfin, des salles de cinéma sont
aménagées dans le cadre des grandes expositions organisées en zone occupée (Le juif et la France,
Le bolchevisme contre l’Europe...).
Le thème du travail est souvent lié à l’imagerie paysanne : "La terre, elle, ne ment pas". Il passe
aussi par la nécessaire reconstruction après la guerre ; il s’agit alors de revenir à la paix dans la
cohésion et la fraternité : "la vie normale, momentanément interrompue par la guerre, doit
reprendre". Ce dernier commentaire réussit le tour de force de n’évoquer à aucun moment le
changement essentiel qui est l’occupation d’une partie du territoire national.
14 Juillet Les premiers V de la victoire….
Donc ce jour Verboten ! ni défilé ,ni bal populaire , ni drapeaux aux fenêtres !
Plus de patronage ...supprimé !..
Pendant ce temps les lettres V de la victoire commencent déjà à fleurir sur les murs de notre
cité .Les troupes d’occupation en rendent responsables les propriétaires des maisons
concernées et exigent la disparition des inscriptions . Une note de la mairie rappelle aux
sagiens le respect de l’ordre établi ..
Une grande affiche en français prés du café Ferté « faites confiance au soldat allemand »
L’écho d’Alençon du 11 Juillet 1940 rappelle le bilan des bombardements du vendredi 14
vers 16 heures 30 et l’autre le dimanche 16 vers 12 heures 30
Les dégâts matériels sont considérables et dans l’ensemble les établissements religieux sont
les plus atteints / Citons les communautés de la Providence , de l’Adoration ,l’évéché
,l’institution Saint Joseph ,l’école maternelle libre et comme établissement public la banque
régionale de l’ouest ( voir photos )
29 juillet ,
Le maire lors du premier conseil rappelle le dévouement,avant de mourir de l’abbé Barré et
l’oeuvre du cercle qui servit 3000 repas en quinze jours ,de l’horrible vision des victimes des
victimes du cercle et de l’adoration
Mr Pignard architecte est chargé d’évaluer le montant des dommages
Plusieurs canalisations d’eau sont coupées
Les allemands donnent l’autorisation au maire
d’organiser une police en ville . Vingt hommes munis d’un brassard blanc seront chargés de la
surveillance et de la protection des habitations
Le maire rappelle que de rares témoins ont constaté que des pillages en regle ont Et2 dans
tous les magasins et les maisons abandonnées ?Que l’avis qu’il avait fait affiché n’a pas été
suivi par suite de la panique provoquée par les bombardements et regrette que des officiers
français et leur troupe en débandade avaient eux même commençé cette besogne,
Taxation du beurre 6 francs la livre , oeufs 6 francs la douzaine , lait 1 ,23 franc le litre
Un bureau de la croix rouge est installé à la mairie
Notre poste de TSF ,il trône sur un buffet dans la cuisine
Nous tentons d’écouter les premiers messages de la BBC
Encore un « bekannmachung « prés de chez Bujosa !défense de
sortir après 10 heures du soir ( 8 heures au soleil )et 6 heures du
matin , remise immédiate de toutes les armes ,interdiction des
attroupements ,défense d’écouter les emissions de l’arméeRésultat de recherche d'images pour "TICKETS PAIN"
allemande ( cà ne risque pas me dit Achille !) Mise en garde «
toute personne convaincue d’infractions aux dispositions ci dessus
sera fusillee «
Sur la place Voltaire , à l’ombre des marronniers une compagnie
de soldats manoeuvre ? En effet les allemands ont investi le
séminaire et occupent les piéces principales Etonnement de notre part … les soldats
n’executant pas les mouvements hurlés par le feldwebel de service se vautrent à plat ventre
sous les chars rangés le long des habitations avant de reprendre leur place , couverts de boue
dans la colonne en exercice Aucune indulgence du feldwebel
Aout
Le maire rend un hommage ému aux victimes du bombardement des 14 et 16 juin 05 2
victimes à l’adoration 2eme bombardement 24 victimes dont de nombreux réfugiés en
provenance des regions du nord
Des équipes de travailleurs sont formées pour proçéder aux travaux de démolition
des immeubles en ruines endommagés par le bombardement du 14 Juin
On voit apparaître les premiers tickets de rationnement …E n fonction de mon âge entre 11
et 20 ans je serai donc J3…
Les allemands déambulent dans les rues sagiennes comme dans celles de leur propre ville de
garnison .C’est un spectacle nouveau pour moi. Ils sont partout …..chez le coiffeur… le
libraire… La modiste place du Parquet a un franc succés mais aussi la pâtisserie Dubois rue
Billy
Les bottes cloutées réservent quelques surprises à nos occupants sur les pavés glissants de
cette rue commerçante en pente et si fréquentée surtout les samedis jours de marché
Une affiche sur les devantures des magasins attire notre attention ..L’ occupant doit être
servi en priorité …Aussi le marchand d’objets funéraires et de couronnes mortuaires de la
Grande rue ne manque d’imposer son affiche bien en vue . Pas de provocation fait savoir
le maire !
Visite inopinée d’un officier de la wehrmacht chargé des réquisitions .Notre maison n’est pas
jugée assez spacieuse … aussi pas d’occupant dans nos chambres
par contre mmous logerons deux soldats de la wehrmacht pendant unz semains equipaments compris  sac  fusil ià ou se trouve notrepiano 

Les horloges doivent être avançées d’une heure dans toute la zone occupée Aussi avançons
nous les aiguilles de notre pendastrava « art déco « qui fonctionne avec des pieces de dix
francs
400 grammes par personne pour les tickets de pain Les tickets on doit aller les chercher à la
mairie .
Nous décidons de fabriquer du savon de Marseille et nous conservons les oeufs dans une vaste
jarre remplie d’un liquide inconnu et mystérieux Nous les jeunes nous buvons de la frênette ,
breuvage inventé par les parents dont nous ignorons le proçédé de fabrication
Un soldat de la wehrmacht a l’habitude de venir bavarder avec les deux employés du salon
avant de subir la coupe réglementaire Il parle un français impeccable avec un léger accent.
Bientôt nous apprendrons qu’il s’agit d’un alsacien de la région de Colmar
Il sort de son portefeuille ses photos personnelles parents , cousins grands parents engage une
conversation essayant en toute évidence de créer un climat de confiancse qui au contraire
nous incite à nous montrer très prudent Son uniforme vert de gris de la wehrmacht est un
frein qui bloque tout échange de dialogue
Note 1965 130000 alsaciens et mosellans sont incorporés de force dans l’armée allemande
et plusieurs milliers de « malgré eux » seront fait prisonnier en 1942 et 43 sur le front russe
avec peu d’espoir de retour dans leur famille en subissant le sort des prisonniers de la
wehrmacht leur cas constituera une mémoire alsacienne douloureuse « français ne puis
,allemand ne veux , alsacien je suis «
11 Aout 1940 Les sagiens sont priés de remettre les bicyclettes inutilisées aux autorités
allemandes Consternation… mon frére Jean s’est fait voler la sienne par un soldat pressé de
la wehrmacht
certains sagiens remplacent les pneus ordinaires par des lattes de bois bizarre !
Septembre 1940 Les allemands ont installé leur guérite prés du café Ferté ,l’étendart à
croix
gammée flotte au vent . Séance de pas de l’oie sur le trottoir pour la releve de la garde
Avec Achille nous essayons de les imiter …. Mais nous sommes vite rappelés à l’ordre
De ma fenêtre j’observe quelques allemands se rendant à l’office …. bavarois ? autrichiens ?
Je suis de corvée de jardin .et je dois récupérer les pommes de terre de notre récolte annuelle ,
activité que je ne recherche pas particulierement préférant plonger le nez dans mes bouquins ..
Comme à mon habitude , à bicyclette ,je descends la place du Parquet à… tombeau
ouvert ,sac à pommes de terre fixé sommairement sur le porte bagage … Coup de frein brutal
à la vue de tous ces soldats rangés impeccablement devant notre maison … Le sac de
pommes de terre se répand alors parmi les rangées de bottes bien cirées pour la circonstance
Un feldgendarme , haut , massif portant au cou sa plaque bien astiquée ,la jugulaire de son
casque bien serrée sous le menton ,rouge de colére se met à hurler des ordres que je ne
comprends pas mais j’admets sans aucun doute qu’ils m’étaient destinés
Les soldats de la revue heureux de cette détente inattendue s’esclaffent en silence et par leur
réaction me permettent d’échapper peut être à une sanction
 


Je découvre alors … au pied de la statue ; une fanfare allemande ..tous cuivres étincelants au
soleil , avec pistons, contrebasses , bugles , grosses caisses , cymbales , clarinettes et fifres ,
lyres Uniformes chamarrés , Une quarantaine d’éxécutants …se prépare à donner un concert.
Les curieux sont rares ..quelques badauds n’osent pas manifester leur intérêt à la vue de cette
compagnie déployée pour les divertir ..
,Une heure durant , nous écouterons un récital de marches militaires … sans oser montrer le
moindre enthousiasme
.
De retour chez Mme Favry ,nous apprenons que des allemands ont envahi sa ferme et exigé
une omelette monumentale
Dés le début de l’année ,la famille s’est spécialisée dans l’élevage du lapin ,pour pallier aux
restrictions journaliéres et améliorer l’ordinaire
En cette occasion ,le pére Juglet ,invalide de la derniére guerre nous a donc prêté un local
,dans les vieilles bâtisses qui bordent la place du Parquet ,tout prêt de la cathédrale . Parait il
qu’il éléve des pigeons voyageurs .... clandestinement ... !En tout cas ,c’est là que réside
notre réserve de pissenlits . Les pissenlits ,déjà en boutons ,à défaut d’offrir une nourriture
tendre ,ont au moins le mérite d’être gratuits . Mon frére et moi désignés comme les
premiéres victimes de ces exigences , « chassons » le pissenlit dans la campagne profonde
avec pour mission supplémentaire l’approvisionnement du stock de tréfle et d’herbe verte
....,aussi gardons nous dans le plus grand secret l’emplacement du gisement inépuisable
découvert sur la route de Rouen, pas trés loin du calvaire
Une ordonnance de la Orstkommandantur sagienne du 15 Septembre 1940 fait savoir que
les boucheries et charcuteries devront observer des mesures rigoureuses d’hygiéne
Cours de solfege chez melle Rocher fille du docteur Grande rue louons un piano …que nous
passons avec de grandes difficultés par
la rembarde du premier étage
Dessinateur et peintre à mes heures je
me lance dans la reproduction de
quelques monuments sagiens ,et c’est
l’église saint pierre , mais aussi le
moulin d’escures . Mon maitre dans ce
domaine c’est mr Bernal originaire du
Sud de l’Espagne et qui a fixé son lieu
de résidence malgré lui dans notre vieille
cité Parcourant la campagne et
suivant les rives ombragées de notre
riviére nous nous attardons sur ce vieux
moulin dont j’ignore l’origine Le
courant est canalisé par une vieille rue à
aubes
Mr Bernal peintre espagnol réfugié au séminaire semble avoir un malin plaisir à me faire
reproduire des images de corrida depuis l’entrée des matadors dans l’arene jusqu’à la mort du
taureau
Un ami ancien marin jean Maumon démobilisé ,
habitant chez ses parents rue Conté me dit vouloir tenter
la traversée vers l’Angleterre en passant par l’Espagne
Combien je l’envie …Son frere Andre naviguant sur le
contre torpilleur « Tigre « a échappé de peu à l’attaque
anglaise de Mers el kebir le 3 juillet . « le tigre « se
sabordera à toulon le 27 novembre 1942
Les queues sur le seuil des magasins à Paris ,boulangers ,
bouchers , épiciers etc…
les pancartes jaunes à bord noirs fleurissent dans toute la
capitale
bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb
b
Octobre 1940 Premiere victime de l’occupation nazie dans notre département ; ;
Une nouvelle que nous apprenons avec consternation et tristesse …par l’abbé Fulgence notre
mentor et l’un de nos dirigeants dynamiques du cercle catholique rue d’Argentré
Deux jeunes Michel Coupry et Roger Coupé ont établi un barrage dans la nuit du 12 au 13
Aout 1940 sur la route nationale avec des poteaux electriques , bidons d’essence et
panneaux de signalisation
Plusieurs otages sont désignés . Les allemands menaçants attendent que les auteurs du
sabotage se dénoncent . En effet devant la tournure des événements les deux jeunes ne
peuvent faire autrement que de se présenter à la gendarmerie A prés jugement ils sont
condamnés à 8 ans de prison par le tribunal .L’affaire sera rejugée par le conseil de guerre
allemand qui veut un exemple…. Michel Coupry sera fusillé
L’abbé Fulgence , notre dirigeant au cercle catholique rue
d’Argentré reçoit à son domicile deux envoyés de la
kommandantur ….Il sera l’aumonier qui recueillera les
derniéres paroles du condamné .
Notre piano …….Dés les premieres notes les allemands cantonnés dans le salon nous
demandent d’interpréter quelques morceaux …….Lourdement, ils escaladent les marches de
l’escalier conduisant à la chambre ….Aussi les parents consternés de cette demande décident
de rendre le piano ..heureusement en location
Une guérite est installée entre le café Ferté et le marchand de primeurs Bujosa
Les soldats passent constamment sous nos fenêtres place du Parquet pour aller relever une
garde ou quelque état major
Par trois rangs de dix la section chante
en marchant , le feldwebel ( sergent
chef )accompagne le lieutenant à l’avant
Quelquefois un cycliste ferme la marche
pour surveiller peut être l’alignement ou
bien encore tenir les civils à distance
Un groupe se détache et reléve les
factionnaires de garde dans la guérite
entre le café Ferté et le marchand de
primeurs Bujosa
Impossible de prendre une photo sans risquer de me voir subtiliser mon kodak
.
Oct FY
« Ou est donc passé mon chien ? Certainement tué dans sa niche ….Il gardait l’atelier en
l’absence de mon grand pere.. «
Nous tirons désespérément sur la chaine reliée à la niche et le setter irlandais ordinairement
noir de jais et répondant au nom bizarre de Cyrnos surgit des profondeurs d’un cratére de
bombe ,couvert de plâtres et de débris de toutes sortes ,tuiles , bois enchevêtrés , morceaux
de verre , . Quelle joie ! Cyrnos a résisté à huit jours d’intempéries ,et à la faim …
Ivre de liberté et reconnaissant il nous saute au cou comme aux plus beaux jours …. Nous
découvrons dans la cave dissimulée sous les décombres plusieurs dizaine ce cidre bouché
Madame simon la grand mére d Achille heureuse de retrouver son chien nous trouvera ensuite
un air bizarre … …..
Le couvre feu est aussitôt décrété et l’horaire
allemand , une heure en avance sur celui de la
France entre en vigueur
Obligation est faite aux commerçants
d’accepter la monnaie du vainqueur au taux de
20 francs le mark
Dés les premiers jours d’occupation nous ne
pouvons qu’observer … de loin ,la stature de
ces gigantesques officiers SS ,arpentant avec
arrogance la place du Parquet et sollicitant avec autorité le salut des sagiens ... Nous
changeons de trottoir pour éviter de les saluer ...et ce réfus n’échappe pas à la vigilance de
nos occupants qui s’adressent au maire
La kommandantur s’installe au large … dans les bureaux de la mairie .
Le personnel féminin vêtu de gris ,secrétaire , personnel de bureau ? se deméne dans les
couloirs et toise avec hauteur et suffisance les sagiens appelés à solliciter les ausweis accord
és par la kommandantur On les surnomme les souris grises …on n’ose pas se moquer d’elles

Une sentinelle prend position dans une guérite noir blanc rouge
place du Parquet Toutes les deux heures ,reléve de la garde au
pas de l’oie par la patrouille …présentation des armes et
remplacement de la sentinelle Les bottes ferrées claquent sur le
trottoir .. Et bientôt commence la réquisition des logements vides
Deux fantassins lourdement chargés nous sont attribués … pour
24 heures...
Condition humiliante La France est divisée en deux zones
séparées par une ligne de démarcation . Nous envions les français
de la zone libre malgré la présence d’un nouveau gouvernement
installé par Vichy
le lavoir du vivier
C’est là que je transporte sur une lourde brouette , une lessiveuse bouillonnante et fumante
.En effet serviettes et peignoirs utilisés pour le salon de coiffure atterrissent chaque semaine
dans les eaux claires du vivier
Les laveuses sont intarissables sur les murmures de la ville qu’elles amplifient à souhait On
ne voit pas la guerre mais on en parle . L’arme qui permet de régler les désaccords c’est le
batoir , arme des réglements de compte .et des divergences
En fait les sarcasmes habituels et les propos de nos lavandiéres décrivent souvent une
certaine réalité. Parlons par exemple des relations cachées entre membres de l’occupant et
certaines sagiennes
Au lavoir tout finit par se savoir …
La guerre des ondes commence Extrait de presse
Le monde entier vit l’oreille collée à la radio. C’est une guerre de propagande. La drôle de
guerre voit la déroute des armées françaises.
Tandis que les allemands envahissent le territoire au rythme du pas de l’oie, les propriétaires
de postes privés), sabordent les installations. Ils font sauter leurs émetteurs et les pylônes.
D’autres n’en n’auront pas le temps comme Radio Cité de Marcel Bleustein, qui deviendra
Blanchet pendant la Résistance et Bleustein-Blanchet à la Libération.
Radio-Cité, une station construite sur les bases de la modeste Radio-LL que le fondateur de
Publicis avait racheté (Publicis : contraction de « publicité » et du chiffre 6 car le projet vit le
jour en 1926). 1
Pendant l’occupation, les français auront le choix entre Radio Vichy et les stations de
propagande nazie comme Radio Paris, et Radio Londres, la BBC, la voix de la France
Libre
Radio Paris ment ! radio Paris ment !radio Paris est allemand ….
Juillet On s’adapte…
Entrant dans le salon d’hommes les odeurs
m’envahissent Chaque enfance a ses odeurs… moi
c’est la violette ou la lavande de Cheramy ,les odeurs
de lessive des serviettes blanches cela je le perçois
encore
Alors je me demande si nous étions heureux dans
cette vieille ville qui a survécu à toutes les periodes
de l’histoire Une vaste place royaume des courants
d’air ,,des trottoirs souvent encombrés surtout le
samedi matin jour de marché , les voitures à chevaux
attachés aux anneaux des murs de la mairie et le café
Ferté toujours animé où français et allemands se
cotoient sans toutefois s’adresser la conversation
Notre glorieux maréchal Pétain a pris la
tête du gouvernement …..C’est
l’espoir
Dans le salon ,dans le silence le plus intense que jamais sans doute salon de coiffure ait pu
connaître ,un allemand regarde par dessus le rideau de la porte d’entrée .…il n’est pas seul
Deux simples soldats et un gradé .Hésitations avant d’entrer mais apres réflexion ils
franchissent la porte du salon…
Installés …l’un d’eux avec la casquette sur les genoux et un revolver dans son etui noir bien
en évidence
Je remarque le galon d’argent qui borde le col du gradé et divers écussons annonçant son
régiment
Discrets ils ont attendu sagement ,ne manifestant aucun geste d’autorité ou d’impatience .
En general les soldats de la wehrmacht assis tranquillement dans le salon attendront leur
tour sans broncher Pour eux c’est un moment de repos loin des officiers , de leurs exigences
et des corvées
A l’arrivée d’un officier , ils se lévent d’un seul élan et claquent des talons L’un d’eux bien
souvent laisse sa place
Les civils ont quelque mal à se faire servir si par hasard le salon est complet ,et les officiers en
particulier se montrent très persuasifs Des mots reviennent souvent dans les conversations des
sagiens attendant leur tour …Ausweiss , kommandantur ,, ligne de démarcation
Faute d’essence …certaines voitures s’alimentent en charbon de bois issu du bois de nos
forêts ou pourvues d’un volumineux reservoir de métal sur la carrosserie se propulsent au
gazogéne Quelques sagiens comme le docteur Melun notre voisin font l’acquisition d’une
mini voiture électrique
Le vélo est devenu un objet courant Tout le monde roule et pédale… On fait la queue chez
les réparateurs de pneumatiques et les magasins de cycles
Les marchands de cycles Pepin et Fyoen grande rue ,sont dévalisés de leurs accessoires par
leur clientèle
Un camp allemand est abandonné route d’Argentan par les fantassins . Une bicyclette …sans
pédales , guidon surelevé , attire mon attention .. Elle fera l’affaire après une révision
approfondie
De ma fenêtre je scrute les environs …Impossible de prendre une photo avec mon gros
kodak ; ; ;un immense officier avec brassard rouge monte la place prés de chez Ferté à
grandes enjambées .Mais ou sont ils allés chercher des types aussi grands ?
Je récapitule l’ordre de change de la monnaie 1 mark = 20 francs
30 pfennigs = 10 francs
L’occupation allemande interrompra nos habitudes de vacances et ce séjour de rêve .....,Il ne
peut être question de rejoindre Trouville , toutes les issues des villas bordant la plage sont
murées.....Un seul passage ,de sept à huit métres entre le casino et le Chattham permet
encore la vision des eaux sombres et écumeuses de la Manche, et les rues elles ...sont
obturées par un mur de trois métres de hauteur!
Je n’ai pas entendu l’appel du 18 juin de ce général inconnu et je n’ai pas été le seul En ce
temps la nous n’ecoutions que la radio française et les lamentations du vieux marechal nous
avaient rempli plein de tristesse On n’imagine mal aujourd’hui le choc que produisit cette
capitulation en rase campagne , cette défaite humiliante que presque tous consideraient
comme irrémédiable .Les jeunes de ma génération avaient une impression de gâchis et cette
échéance ressemblait au point final d’une histoire longue et glorieuse
Le destin de Vichy, reine
des villes d’eaux station
mondialement connue et
fréquentée voit son destin
brisé le 1 juillet 1940 Elle
devient la capitale d’une
France vaincue et aux
deux tiers occupée par
l’armée allemande
Les soldats français sont
nombreux à être retenus
dans les camps entourés de
barbelés rapidement improvisés par la werhmacht . Ainsi un immense camp de fortune a été
installé à Chateaubriant et quelques Ornais dont plusieurs sagiens y sont retenus avant d’
être transférés en Allemagne avant la fin de l’années Protégés par de maigres couvertures , ils
affrontent la pluie , l’humidité et communiquent sous surveillance avec les familles
accrochées aux barbelés et en quête de nouvelles
Les allemands semble t il ne s’attendaient pas à devoir surveiller un tel nombre de captifs
Quelques prisonniers auront la chance de quitter le camp d ‘internement pour travailler dans
les fermes environnantes
J’ai pu obtenir quelques photos familiales du camp de Fallingbostel De nombreux ornais et
sagiens ont fini par échouer dans ce stalag apres avoir été sequestrés au camp de
chateaubriand
cam
Fallingbostel stalag 11 b ( Hanovre ) photos familiales
De nombreux ornais sont internés au camp de fallingbostel stalag XI B
Alençon siége de la kommandantur
3 Juillet 1940 Le désastre de Mers el Kébir
Prés de la maison Ferté ,lieu de rassemblement de nombreux
sagiens mais aussi de fantassins de la wehrmacht,…. une
affiche en couleurs hâtivement collée au mur ….
Image réaliste..montrant en toile de fond , le naufrage des
bâtiments de guerre français ancrés dans le port
La presse et radio Paris insistent sur le désastre de la flotte
française sans défense , anéantie dans le port de Mers el Kébir par la flotte anglaise ...Un
marin Français blessé ,nage parmi les débris et un bateau de guerre sombre parmi d’autres
épaves au milieu d’une mer hostile . La propagande allemande s’empare de cet événement ....
pour fustiger l’Angleterre et sa politique .Que penser de cette intervention de nos alliés ?
Il est heureux que les anglais continuent à faire la guerre …



De plus en plus nombreux les français commencent semble t il à méditer l’appel du 18 Juin
que nous n’avons pas entendu en raison des circonstances dues à notre isolement à la
campagne … pas de TSF . Les premiers reseaux de resistance se forment dans la
clandestinité La victoire de la Royal Air Force dans le blitz de la bataille d’Angleterre fait
disparaitre une certaine anglophobie née de Dunkerque et de Mers el kébir que la
propagande de Vichy cherchait à exploiter
R endez vous hebdomadaire dans la salle du R ex àù M r M oindrot se démène pour obtenir des
films de qualité ,mais on échappe pas aux films de propagande et les sifflets se font plus nombreux
Tous les films projetés sont toujours précédés d’un journal d’actualités et d’un documentaire. Entre
fin juillet 1940 et novembre 1942, les actualités de la zone Sud sont produites par France-
Actualités et Pathé-Gaumont, sous la direction de Vichy. La zone Nord connaît une version
française des actualités allemandes, complétée par quelques reportages spécifiques à la France.
Après l’occupation de la zone Sud, il n’y a plus qu’un journal franco-allemand, France-Actualités.
Jusqu’en 1942, le contexte est celui d’une double propagande, celle du régime de Vichy, et celle de
l’occupant. A partir de novembre 1942, avec l’occupation de la zone Sud en 1942, seule la
propagande allemande demeure.
LPlus de pain
Peu de pain sur les étalages en ce printemps 1944, encore moins de pâtisseries ou de
confiseries. En fait, les conditions sont assez identiques à celles qui se sont mises en place
depuis mais les proportions changent : il y a plus de réquisitions, plus de produits taxés, plus
de restrictions, plus de contrôles, mais il y a bien moins de quantités disponibles. Ainsi, alors
que le pain était rationné à hauteur de 350 grammes par jour pour un adulte depuis 1940, la
ration tombe à 300 grammes en mai 1944. Encore faut-il que le boulanger ait pu se faire livrer
de la farine et qu'il dispose d'assez de charbon ou de bois pour son four.
Le beurre se raréfie sur le marché légal, il n'y a plus de matières grasses ni d'huile, on ne
songe même plus au café, encore moins au chocolat. Dans ces conditions, les pâtissiers
doivent rivaliser d'imagination. Par contre, leurs collègues confiseurs disposent d'un peu plus
de sucre, en moyenne une ration de 500 grammes par personne, la quantité allouée aux
enfants ayant même un peu augmenté en mai 1944. Encore faut-il ne pas oublier que la vente
et consommation de pâtisseries ne sont autorisées que certains jours de la semaine (vendredi,
samedi, dimanche et jours fériés).
Grâce à ces tickets, rassemblés sur un même coupon qui doit durer tout le mois, par quinzaine,
le consommateur dispose alors d'une autorisation de consommation. La ration de pain
moyenne est d'environ 350 grammes par jour, durant toute la guerre, avec, cependant, une
dégradation de la qualité à déplorer (le pain gris, comprenant plus de seigle, orge ou maïs
ajoutés à la farine de blé).
Ici, un enfant classé E (ou sa mère) qui a son coupon de pain pour le mois de juin 1944,
pourra acheter 100 grammes de pain par jour, en remettant le ticket équivalent à cette quantité
au boulanger et en payant ensuite. De son côté, le boulanger comptabilise les coupons, qu'il
colle sur d'innombrables feuillets, correspondant à chacun de ses clients, avant de les envoyer
en fin de mois en préfecture. Cela lui permet d'avoir, le mois suivant, l'autorisation d'acheter
le contingent de farine nécessaire aux quantités déclarées, par lui et la mairie. Tout est très
contrôlé pour éviter la fraude.
Portefeuille Ticket pour le pain Carnet
Carte de rationnement
L'agenda
d'accommoder les restes
a monnaie en cours en 1944 est sensiblement la même qu'avant guerre, tout au plus a-t-on
modifié les pièces, non pour leur valeur faciale, mais pour leur symbolique, en faisant disparaître la
mention « Liberté Égalité Fraternité » pour la remplacer par celle du nouveau gouvernement de
Vichy, « Travail Famille Patrie », d'un côté. Sur l'autre face figure désormais la mention « État
Français », suivie du symbole du régime, la francisque encadrée de deux épis de blé. Cependant,
pour les Allemands, c'est le cours de cette monnaie qui a été changé, notamment dans son rapport
aux marks.
Se déplacerj utilise ma bicyclette retrouvée dans le camp allemand rute d
argentan guidon surelevé j ai l air d un sénateur
La bicyclette est alors le moyen de se déplacer le plus fréquent et le moins onéreux, en dehors
du train, de la voiture à cheval ou de la marche à pied. Les automobiles sont nombreuses,
certes, mais,, il est de plus en plus difficile de trouver des pneus, des batteries, de l'huile et
encore moins de l'essence
. On a bien relancé les gazogènes, qui permettent de rouler au charbon de bois,en utilisant le
bois de nos forêts mais le système n'est pas satisfaisant.
Aller à vélo est donc plus sûr, même si l'on doit respecter bon nombre d'obligations. Il faut
d'abord avoir apposé une plaque métallique sur le cadre, indiquant que vous avez bien payé la
« taxe sur les vélocipèdes » de l'année. Vous devez ensuite peindre une bande blanche sur
votre garde-boue arrière et vous assurer que votre phare ne diffuse pas trop de lumière, en
vertu des mesures de défense passive.et du survl possible des avions alliés Enfin, vous devez
circuler uniquement de jour, le couvre-feu instauré par les Allemands interdisant tout
déplacement nocturne, en dehors des professions essentielles (comme le médecin) ou de
fonctions particulières (comme le maire ou le chef des pompiers). Dans le cas présent, il vous
faut disposer d'un laissez passer appelé Ausweis par les Occupants, justifiant votre situation.
t il faut parfois des mois avant d'en obtenir de nouveaux. Les chambres à air se couvrent de
rustines, à moins qu'on ne choisisse de les remplacer par des bouchons de liège. C'est la
grande époque du « système D » comme débrouillardiseil m est arrivé d utiliser de vieux
cartons pour réparer provisoirement et servant d emplçatres Hélas, c'est aussi la période où
les vols en tous genres se multiplient et les vélos sont parmi les plus convoités des objets du
moment, avec l'alimentation et le charbon. La guerre aggrave les privations et la pénurie, du
coup la délinquance se développe, tout comme les trafics.
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14 Juillet Les premiers V de la victoire….
Donc ce jour Verboten ! ni défilé ,ni bal populaire , ni drapeaux aux fenêtres !
Plus de patronage ...supprimé !..
Pendant ce temps les lettres V de la victoire commencent déjà à fleurir sur les murs de notre
cité .Les troupes d’occupation en rendent responsables les propriétaires des maisons
concernées et exigent la disparition des inscriptions . Une note de la mairie rappelle aux
sagiens le respect de l’ordre établi ..
Une grande affiche en français prés du café Ferté « faites confiance au soldat allemand »
L’écho d’Alençon du 11 Juillet 1940 rappelle le bilan des bombardements du vendredi 14
vers 16 heures 30 et l’autre le dimanche 16 vers 12 heures 30
Les dégâts matériels sont considérables et dans l’ensemble les établissements religieux sont
les plus atteints / Citons les communautés de la Providence , de l’Adoration ,l’évéché
,l’institution Saint Joseph ,l’école maternelle libre et comme établissement public la banque
régionale de l’ouest ( voir photos )
29 juillet ,
Le maire lors du premier conseil rappelle le dévouement,avant de mourir de l’abbé Barré et
l’oeuvre du cercle qui servit 3000 repas en quinze jours ,de l’horrible vision des victimes des
victimes du cercle et de l’adoration
Mr Pignard architecte est chargé d’évaluer le montant des dommages
Plusieurs canalisations d’eau sont coupées
Les allemands donnent l’autorisation au maire
d’organiser une police en ville . Vingt hommes munis d’un brassard blanc seront chargés de la
surveillance et de la protection des habitations
Le maire rappelle que de rares témoins ont constaté que des pillages en regle ont Et2 dans
tous les magasins et les maisons abandonnées ?Que l’avis qu’il avait fait affiché n’a pas été
suivi par suite de la panique provoquée par les bombardements et regrette que des officiers
français et leur troupe en débandade avaient eux même commençé cette besogne,
Taxation du beurre 6 francs la livre , oeufs 6 francs la douzaine , lait 1 ,23 franc le litre
Un bureau de la croix rouge est installé à la mairie
Notre poste de TSF ,il trône sur un buffet dans la cuisine
Nous tentons d’écouter les premiers messages de la BBC
Encore un « bekannmachung « prés de chez Bujosa !défense de
sortir après 10 heures du soir ( 8 heures au soleil )et 6 heures du
matin , remise immédiate de toutes les armes ,interdiction des
attroupements ,défense d’écouter les emissions de l’armée
allemande ( cà ne risque pas me dit Achille !) Mise en garde «
toute personne convaincue d’infractions aux dispositions ci dessus
sera fusillee «
Sur la place Voltaire , à l’ombre des marronniers une compagnie
de soldats manoeuvre ? En effet les allemands ont investi le
séminaire et occupent les piéces principales Etonnement de notre part … les soldats
n’executant pas les mouvements hurlés par le feldwebel de service se vautrent à plat ventre
sous les chars rangés le long des habitations avant de reprendre leur place , couverts de boue
dans la colonne en exercice Aucune indulgence du feldwebel
Aout
Le maire rend un hommage ému aux victimes du bombardement des 14 et 16 juin 05 2
victimes à l’adoration 2eme bombardement 24 victimes dont de nombreux réfugiés en
provenance des regions du nord
Des équipes de travailleurs sont formées pour proçéder aux travaux de démolition
des immeubles en ruines endommagés par le bombardement du 14 Juin
On voit apparaître les premiers tickets de rationnement …E n fonction de mon âge entre 11
et 20 ans je serai donc J3…
Les allemands déambulent dans les rues sagiennes comme dans celles de leur propre ville de
garnison .C’est un spectacle nouveau pour moi. Ils sont partout …..chez le coiffeur… le
libraire… La modiste place du Parquet a un franc succés mais aussi la pâtisserie Dubois rue
Billy
Les bottes cloutées réservent quelques surprises à nos occupants sur les pavés glissants de
cette rue commerçante en pente et si fréquentée surtout les samedis jours de marché
Une affiche sur les devantures des magasins attire notre attention ..L’ occupant doit être
servi en priorité …Aussi le marchand d’objets funéraires et de couronnes mortuaires de la
Grande rue monsieur G; ne manque d’imposer son affiche bien en vue .
 Pas de provocation fait savoir
le maire !
Visite inopinée d’un officier de la wehrmacht chargé des réquisitions .Notre maison n’est pas
jugée assez spacieuse … aussi pas d’occupant dans nos chambres
Les horloges doivent être avançées d’une heure dans toute la zone occupée Aussi avançons
nous les aiguilles de notre pendastrava « art déco « qui fonctionne avec des pieces de dix
francs
400 grammes par personne pour les tickets de pain Les tickets on doit aller les chercher à la
mairie .
Nous décidons de fabriquer du savon de Marseille et nous conservons les oeufs dans une vaste
jarre remplie d’un liquide inconnu et mystérieux Nous les jeunes nous buvons de la frênette ,
breuvage inventé par les parents dont nous ignorons le proçédé de fabrication
Un soldat de la wehrmacht a l’habitude de venir bavarder avec les deux employés du salon
avant de subir la coupe réglementaire Il parle un français impeccable avec un léger accent.
Bientôt nous apprendrons qu’il s’agit d’un alsacien de la région de Colmar
Il sort de son portefeuille ses photos personnelles parents , cousins grands parents engage une
conversation essayant en toute évidence de créer un climat de confiancse qui au contraire
nous incite à nous montrer très prudent Son uniforme vert de gris de la wehrmacht est un
frein qui bloque tout échange de dialogue
Note 1965 130000 alsaciens et mosellans sont incorporés de force dans l’armée allemande
et plusieurs milliers de « malgré eux » seront fait prisonnier en 1942 et 43 sur le front russe
avec peu d’espoir de retour dans leur famille en subissant le sort des prisonniers de la
wehrmacht leur cas constituera une mémoire alsacienne douloureuse « français ne puis
,allemand ne veux , alsacien je suis «
11 Aout 1940 Les sagiens sont priés de remettre les bicyclettes inutilisées aux autorités
allemandes Consternation… mon frére Jean s’est fait voler la sienne par un soldat pressé de
la wehrmacht
certains sagiens remplacent les pneus ordinaires par des lattes de bois bizarre !
Septembre 1940 Les allemands ont installé leur guérite prés du café Ferté ,l’étendart à
croix
gammée flotte au vent . Séance de pas de l’oie sur le trottoir pour la releve de la garde
Avec Achille nous essayons de les imiter …. Mais nous sommes vite rappelés à l’ordre
De ma fenêtre j’observe quelques allemands se rendant à l’office …. bavarois ? autrichiens ?
Je suis de corvée de jardin .et je dois récupérer les pommes de terre de notre récolte annuelle ,
activité que je ne recherche pas particulierement préférant plonger le nez dans mes bouquins ..
Comme à mon habitude , à bicyclette ,je descends la place du Parquet à… tombeau
ouvert ,sac à pommes de terre fixé sommairement sur le porte bagage … Coup de frein brutal
à la vue de tous ces soldats rangés impeccablement devant notre maison … Le sac de
pommes de terre se répand alors parmi les rangées de bottes bien cirées pour la circonstance
Un feldgendarme , haut , massif portant au cou sa plaque bien astiquée ,la jugulaire de son
casque bien serrée sous le menton ,rouge de colére se met à hurler des ordres que je ne
comprends pas mais j’admets sans aucun doute qu’ils m’étaient destinés
Les soldats de la revue heureux de cette détente inattendue s’esclaffent en silence et par leur
réaction me permettent d’échapper peut être à une sanction
Je découvre alors … au pied de la statue ; une fanfare allemande ..tous cuivres étincelants au
soleil , avec pistons, contrebasses , bugles , grosses caisses , cymbales , clarinettes et fifres ,
lyres Uniformes chamarrés , Une quarantaine d’éxécutants …se prépare à donner un concert.
Les curieux sont rares ..quelques badauds n’osent pas manifester leur intérêt à la vue de cette
compagnie déployée pour les divertir ..
,Une heure durant , nous écouterons un récital de marches militaires … sans oser montrer le
moindre enthousiasme
.
De retour chez Mme Favry ,nous apprenons que des allemands ont envahi sa ferme et exigé
une omelette monumentale
Dés le début de l’année ,la famille s’est spécialisée dans l’élevage du lapin ,pour pallier aux
restrictions journaliéres et améliorer l’ordinaire
En cette occasion ,le pére Juglet ,invalide de la derniére guerre nous a donc prêté un local
,dans les vieilles bâtisses qui bordent la place du Parquet ,tout prêt de la cathédrale . Parait il
qu’il éléve des pigeons voyageurs .... clandestinement ... !En tout cas ,c’est là que réside
notre réserve de pissenlits . Les pissenlits ,déjà en boutons ,à défaut d’offrir une nourriture
tendre ,ont au moins le mérite d’être gratuits . Mon frére et moi désignés comme les
premiéres victimes de ces exigences , « chassons » le pissenlit dans la campagne profonde
avec pour mission supplémentaire l’approvisionnement du stock de tréfle et d’herbe verte
....,aussi gardons nous dans le plus grand secret l’emplacement du gisement inépuisable
découvert sur la route de Rouen, pas trés loin du calvaire
Une ordonnance de la Orstkommandantur sagienne du 15 Septembre 1940 fait savoir que
les boucheries et charcuteries devront observer des mesures rigoureuses d’hygiéne
Cours de solfege chez melle Rocher fille du docteur Grande rue louons un piano …que nous
passons avec de grandes difficultés par
la rembarde du premier étage
Dessinateur et peintre à mes heures je
me lance dans la reproduction de
quelques monuments sagiens ,et c’est
l’église saint pierre , mais aussi le
moulin d’escures . Mon maitre dans ce
domaine c’est mr Bernal originaire du
Sud de l’Espagne et qui a fixé son lieu
de résidence malgré lui dans notre vieille
cité Parcourant la campagne et
suivant les rives ombragées de notre
riviére nous nous attardons sur ce vieux
moulin dont j’ignore l’origine Le
courant est canalisé par une vieille rue à
aubes
Mr Bernal peintre espagnol réfugié au séminaire semble avoir un malin plaisir à me faire
reproduire des images de corrida depuis l’entrée des matadors dans l’arene jusqu’à la mort du
taureau
Un ami ancien marin jean Maumon démobilisé ,
habitant chez ses parents rue Conté me dit vouloir tenter
la traversée vers l’Angleterre en passant par l’Espagne
Combien je l’envie …Son frere Andre naviguant sur le
contre torpilleur « Tigre « a échappé de peu à l’attaque
anglaise de Mers el kebir le 3 juillet . « le tigre « se sabordera à toulon le 27 novembre
1942
Les queues sur le seuil des magasins à Paris ,boulangers ,
bouchers , épiciers etc…
les pancartes jaunes à bord noirs fleurissent dans toute la
capitale
Octobre 1940 Premiere victime de l’occupation nazie dans notre département ; ;
Une nouvelle que nous apprenons avec consternation et tristesse …par l’abbé Fulgence notre
mentor et l’un de nos dirigeants dynamiques du cercle catholique rue d’Argentré
Deux jeunes Michel Coupry et Roger Coupé ont établi un barrage dans la nuit du 12 au 13
Aout 1940 sur la route nationale avec des poteaux electriques , bidons d’essence et
panneaux de signalisation
Plusieurs otages sont désignés . Les allemands menaçants attendent que les auteurs du
sabotage se dénoncent . En effet devant la tournure des événements les deux jeunes ne
peuvent faire autrement que de se présenter à la gendarmerie A prés jugement ils sont
condamnés à 8 ans de prison par le tribunal .L’affaire sera rejugée par le conseil de guerre
allemand qui veut un exemple…. Michel Coupry sera fusillé
L’abbé Fulgence , notre dirigeant au cercle catholique rue
d’Argentré reçoit à son domicile deux envoyés de la
kommandantur ….Il sera l’aumonier qui recueillera les
derniéres paroles du condamné .
Notre piano …….Dés les premieres notes les allemands cantonnés dans le salon nous
demandent d’interpréter quelques morceaux …….Lourdement, ils escaladent les marches de
l’escalier conduisant à la chambre ….Aussi les parents consternés de cette incursin inattendue
décident de rendre le piano ..heureusement en location
15 octobre
Une troupe de la Wehrmacht visite le haras et revient en plusieurs occasions
Volterra propriétaire de l’écurie de course du même nom sort d’un internement à Drancy(
voir note sur Drancy en annexe )
30 octobre premieres gelées
Le couvre feu est fixé à 18 30 par la feldkommandantur d’Alençon . Paraît il que nous
sommes une Orstkommandantur …. Interdiction de mettre le nez dehors entre 18.30 et 7
heures du matin sous peine d’arrestation .Des fils
telephoniques auraient été coupés ?…
Les bottes allemandes résonnent sur les pavés de la rue
Conté Aujourd’hui la rue est goudronnée
Le cours complementaire de Sees et la cour de
l’établissement
Eléves ou instituteurs il nous faut veiller à la parfaite
installation des rideaux noirs par l….’éléve de service
Aucun rai de lumiére ne doit percer ,la patrouille
allemande ne laisse rien passer ….
Mon ami F..C est la rentrée des classe …Cmme chaque jour à la sortie de l écle nous nous
retrouvons place du parquet
Extrait de mon journal de bas en haut :le collége et la cour place
du parquet , la rue Conté
Ordre de la feldkommandantur 29 Octobre 1940
Les lignes telephoniques seront gardées nuit et jour par des sentinelles fournies par la
population civile
Le chantier appelé ainsi en raison des
matériaux et des pierres qui l’encombrent est
notre lieu de rencontres entre jeunes ,
Le marechal Pétain visite un camp de
jeunesse
L'armistice de 1940 ayant supprimé le service
militaire obligatoire, les chantiers de jeunesse
furent créés comme une sorte de substitut le 30
juillet 1940. Les jeunes hommes de la zone libre
et de l'Afrique du nord française en âge
d'accomplir leur obligations militaires y étaient
incorporés pour un stage de huit mois. Ils vivaient
en camps près de la nature, à la manière du
scoutisme, et accomplissaient des travaux d'intérêt
général, notamment forestiers, dans une ambiance
militaire. Ils étaient encadrés par des officiers
d'active et de réserve, ainsi que par des aspirants
formés pendant la guerre de 1939-1940
prelever textes sur internet
Dans notre salon les bavardages vont bon train et bien sûr on parle de la ligne de démarcation
bien lointaine pour les sagiens
Chaque année nous avions l’habitude de partir chez mes oncles et tantes habitant la région de
Montluçon (Allier)
Mais où passe donc la ligne de démarcation ?Elle coupe la F rance en deux avec une profonde
entaille dans le sud ouest conduisant vers les Pays Basques
Mon ami jean Maumon habitant rue Conté nous conte ses aventures à Mers el Kébir mais
aussi nous parle de ses projets de départ vers l’Angleterre par la ligne de demarcation , et les
Pyrenées ou encore a-t-il en tête la traversée de la Manche sur un chalutier breton …
Miss Canel le professeur d’anglais familial a bien l’intention de tenter l’aventure mais
souhaiterait être accompagnée . Nous jugeons que ce projet est voué à l’échec
Instaurée par une convention datant de1940 la ligne de démarcation de la France occupée parcourt treizedépartements sur prés de 1200
kilometres Sa mise en place a
provoqué une rupture administrative et
territoriale des eaux et forêts, des
préfectures et des sous préfectures,des
instittions judiciaires, des legions de
gendarmerie ,des academies , des
banques nationales, de la SNCF
Le regime de Vichy qui a connu le
traçé très précis de la ligne seulement
à la fin de 1941 a dû reorganiser le
fonctionnement administratif du pays
Malgré la présence des panneaux , de
poteaux ,de herses , de guérites et de
barriéres dans les villes et villages divisés
, malgré l’installation de champs de mines par les allemands la ligne de demarcation ne fut
jamais totalement hermétique. Des milliers de clandestins traverserent au risque de leur vie
utilisant souvent les services des filieres nationales de passage ; des aviateurs alliés abattus ,
des juifs , des prisonniers évadés ou encore de simples voyageurs de commerce ,Des laissez
– passer furent accordés aux frontaliers contraints de le franchir quotidiennement
Le 11 novembre 1942 la totalité de la France fut occupée par les troupes allemandes mais il
fallut attendre le 1 er mars 1943 pour que le ligne de démarcation fût officiellement
supprimée
Les aviateurs abattus à Sées (crash de B elfonds du 4 juillet 1943)dirigés par leur guide ne
subiront aucun contrôle particulier au niveau de l’ancienne ligne de démarcation en
septembre 1943. Un seul controle à Dax par un agent allemand intrigué par les chaussures
d’un aviateur americain( voir rapport d’évasion e G ordon Erickson dossier Roger
Cornevin-Hayton no )Un groupe de quatre évadés passa par les Pyrenées Atlantiques ) et
un second groupe par les Pyrenées orientales après un hébergement clandestin au Mans et à
Lyon et quelques peripéties sans conséquences
Journée de tristesse à Sées ( photo
Gerard M alherbe )
C’est l’inhumation des victimes du
bombardement du 14 juin
Novembre 1940
C’est dans une ambiance tendue et
troublée qu’arrive le 11 novembre
1940 premiere commémoration de
l’armistice 1918 ,en zone occupée de
la victoire sur l’Allemagne
Redoutant que cette commémoration
ne donne l’occasion d’une
manifestation anti allemande la
kommandanture interdit toute
ceremonie commémorative… ce qui
à Paris ajoute à l’émotion de la
population voire catalyse le besoin
de réagir contre l’occupant
On apprend par Jean Marin de la
BBC les incidents de l’Etoile où
quelques lycéens et étudiants
parisiens de tout milieu ont lavé l’honneur de la patrie
Les parisiens découvrent la brutalité de l’occupant qui mobilisant un régiment d’infanterie
ont procéde à de nombreuses arrestations …. étudiants , lycéens et civils . il faut apprendre à
vivre dans cet univers difficile ….
Mon pere a besoin d’un ausweiss pour se rendre à paris chez Vog rue de Prony pour 4 jours
et doit solliciter la bienveillance de monsieur l’officier de la kommandantur
Les cultivateurs doivent déclarer en mairie le bétail vendu directement aux allemands de juin
a fin novembre
Alors que le culte du maréchal s’impose dans les chaumieres , notre vieille classe de début
de siécle ...aux bureaux bien cirés mais couverts de taches d’encre et des graffitis de nos
anciens ..accapare tous nos efforts studieux .Et au dessus de nous la moustache farouche et
l’oeil convaincant de notre vieux et respectable maréchal nous toisent de toute leur hauteur...
Ce vieux maréchal nous le respectons ! Il nous sortira de cette orniére ... malgré son âge !
Pour le moment , comme beaucoup d’autres ,je guette avec une impatience grandissante ,
l’heure de la distribution de gâteaux vitaminés . On parle même de nous distribuer du lait !Je
ne suis pas contre ... Donc que dieu prête vie à notre glorieux Maréchal !
Nous chantons avec entrain « Maréchal nous voilà .. »
7 novembre 1940 Actes de sabotage dans la région de Sées le couvre feu risque d’être
avançé on parle de six heures ……comment faire pour rejoindre les copains sur la place ?
22 et 24 novembre tempête et premiers brouillards
Sur la route de Rouen prés du calvaire une traction allemande rase les arbres et bascule dans
le fossé …. un appareil photo glisse du siege arriere ….Voigtlander à soufflet il fera mon
affaire , quelques photos à l’intérieur , une famille groupée autour de deux soldats
Mais l’automne arrivait avec son lot de mélancolie et de rationnement
La guerre continuait et nous en suivions les péripéties , malgré la censure.. à travers les
emissions brouillées de la BBC Il était clair que notre avenir dépendait de son issue
Distribution des tickets de rationnement La ration de pain est de 300 grammes par jour et par
personne Quelques faveurs du boulanger Bocquel notre voisin qui nous accorde de menus
suppléments Notre charcutier Clement ,rue Lèvêque en fait de même
Les habitants des grandes villes et principalement les parisiens se découvrent des cousins de
province pour bénéficier de colis familiaux bien remplis de viande , d’oeufs , et légumes frais
Ils s’aventurent sur les routes de Normandie du samedi au lundi pour écumer les fermes
Le charbon demeure aussi introuvable que le bois .
Avec deux camarades d’école , Marcel Blais et Charles Maumon on essaie de récupérer du
machefer sur la voie ferrée reliant Sées à Argentan .
Paraît il que ce produit brule très bien dans un poele !
C’est maintenant le grand hiver . Notre « vallée des bénédictions »,(appellation donnée par
les prêtres du cercle catholique ) route d’Alençon , rassemblement des coeurs vaillants
,connaît alors un grand calme . Endormie , elle est soudainement privée des cris des jeunes
et la neige y a ajouté une couche supplémentaire de silence Nos jeux de plein air vont ils
pouvoir reprendre .. ?
C’est le retour de la cavalerie et des attelages Pomponne belle jument noire attelée et attachée
prés de notre salon piaffe d’impatience en attente de son maitre
On recense le personnel britannique vivant dans l’Orne
Extrait d’ « une politique de contrôle et d’exclusion 1940 1942 l’internement des anglais
puis des americains résidant en France pendant l’été 40
Les feldkommandantur s’étaient attachés à recenser les britanniques non sans probleme
puisqu’ils y furent rapidement plus de 1600
Drancy servira quelques mois de lieu d’internement et changera de statut à partir d’aout
1941
Femmes enfants et vieillards qui avaient obligation de pointage à la kreiskommandantur du
lieu d’habitation seront transférés à la caserne Vauban de Besançon avant d’être
acheminés à Vittel
Les hommes valides 906 internés dont 112 canadiens seront internés à Drancy
C’est donc le cas du personnel britannique habitant le haras de Bois
Roussel sous la direction de Leon Volterra propriétaire de
nombreux théâtres parisiens ( Marigny , le Lido etc …°
Decembre 1940
7 decembre tempête de neige
Les parents Hayton et charley ,Betty Hayton quittent le haras pour
une destination inconnue
ainsi qu’un groupe de prisonniers français
Témoignage de Charles Hayton
« Les camions allemands arrivent au haras en pleine nuit Lors du trajet conduisant à la gare
nous sommes salués par plusieurs alençonnais qui nous font des signes d’amitié et nous
donnent differentes victuailles Mr tremblin un jambon Mr Vimont deux bouteilles de
rhum , bien sûr en cachette des allemands « ..
8 decembre Arrivée au camp de Drancy des internés anglais
les personnes agées dont les parents Hayton sont internées à la caserne Vauban à
Besançon , front stalag 142 interniertenger block 3 bat a sect 9 ch 25
30 avril 41 transfert du camp de la caserne
Vauban au grand hotel de Vittel .situation
beaucoup plus confortable ( voir en annexe la
situation Drancy )
La BBC nous informe de l’arrivée de jeunes
français sur la côte anglaise ils ont bravé des
eaux inconnues mais surtout la surveillance
allemande Combien je les envie…
Projet utopique sans aucun doute ! ..
fin dec 1940 Le Rex est en effervescence …les actualités
Le marechal fait une tournée des grandes villes ..du sud de la France ‘ a Marseille il est
accueilli par une foule en délire Des arlesiennes et des gardians sont chargés d’assurer la note
folklorique ,le folklore ayant en l’occurrence une importance politique… je reste dubitatif
devant ces milliers de personnes hurlant leur joie ,leur ferveur Les spectateurs du Rex restent
muets devant la joie des français Qu’attendent ils du marechal ?
Les valeurs soi-disant oubliées que sont le travail, la famille et la patrie sont remises à
l'honneur, tandis que l'image de Marianne et la devise « Liberté Égalité Fraternité »
disparaissent, au profit des valeurs citées précédemment, accompagnées d'une francisque (clic
sur les pièces de monnaie dans la boulangerie). Le chef de l'État, secondé par un principal
ministre, Pierre Laval, instaure également une personnification du régime. Son image est
partout, sur les murs, dans les cahiers d'écoliers, les journaux... Une intense propagande
destinée à rassurer les Français et à assurer le nouveau régime, crée littéralement un culte de
la personnalité, comme pour Hitler, Staline ou Mussolini.
Mais nous à l école on chante » maréchal nous voilà et on mange des gateaux vitaminés
1941
Le mot ersatz apparaît dans notre vocabulaire …..
Dans les journaux locaux on entend parler d’ersatz ….Ce mot est associé à tous les manques
de la vie quotidienne…
Deux zones ,l’une libre , l’autre occupées par les allemands ne se privent pas pour puiser
dans les réserves de la France L’économie est désorganisée ; beurre vin oeufs et charbon
deviennent rares malgré l’apparion des cartes d’alimentation apparues à la fin de l’année
Les allemands accusent le blocus britannique qiui contribue à freiner l’importation en
métropole de produits venant des colonies d’ou l’apparition de ces fameux ersatz
Les affiches nous demandent de tout récupérer … Tout peut être utilisé même les déchets ..
En mai 41 Notre école est mise à contribution pour ramasser dans nos campagnes des fruits
sauvages d’où le glucose doit être extrait
Mes parents se lancent dans la fabrication du savon et de nombreux conseils fleurissent dans
les articles de journauxc 500 grammes de graisse ,de la lessive alcaline , 1 litre d’eau
… Nous vivons avec les ersatz
Le café est remplaçé par l’orge , le malt , la chicorée
Nouvelles composition des cigarettes ,…… feuilles de frêne , cerisier ,tournesol ,
Nouveaux textiles à base de fibres artificielles …. apparition de la rayonne même des robes
en fibres de bois en publicité dans les journaux
Une usine de Condé sur Noireau se charge de transformer les cheveux récupérés chez les
coiffeurs en divers objets …pantoufles , gants …. quand aux sabots de bois ils font un retour
en force à tout âge
Même nous les jeunes du cours complémentaire …nos semelles de bois claquent sur les
carrelages de l’école ….
Inscriptions de lettres V sur différentes maisons de la ville . Le maire réagit contre cette
pratique qui pourrait occasionner des sanctions graves à l’égard de toute la population Les
occupants des maisons où sont inscrites ces lettres doivent immédiatement les faire disparaître
L’ardeur , l’optimisme, le volontarisme qui animent mes parents et amis leur permettent de
surmonter la peur et les difficultés croissantes Ils espérent toujours voir dans un avenir plus ou
moins proche la fin heureuse de la guerre et de l’occupation
L’autorisation de circuler est soumise à une stricte réglementation ; circulation réservée au
fonctionnement des services publics ainsi nous profitons en fonction des places disponibles
des véhicules de la poste utilisant un camion à gazogéne pour nous déplacer à Alençon ou
Argentan

27 janvier ordre donné au maire par la préfecture de réquisitionner les postes de TSF
Extrait de « Clandestinité » de André Mazeline » C harles Forget énergique vieillard qui ne
se départit pas facilement de son calme , n’est point en effet homme à se laisser démonter par
les événements il l’a prouvé de façon péremptoire pendant l’occupation,il a même prouvé un
beau courage civique dans ses démêlês avec un lieutenant SS qui émettait la prétention de
faire saluer les officiers boches par les civils le maire de Sées eut gain de cause en cette
affaire et tint à annoncer sa « victoire « à ses administrés par un communiqué terminé par
ces mots ;
V ive la République ….
Juin 1941 Le maire se fait confirmer cet ordre par le préfet
afin de convaincre ses administrés
Sous le chaud soleil de juin les écoliers de l’école communale
et du cours complémentaire traquent le doryphore . Ces
bestioles dévastent littéralement les plans de pommes de terre
…à l’image de nos envahisseurs accrochés à notre territoire et
qui finissent par hériter de ce surnom
A l’école l’instituteur a du se résigner à « envoyer » au fond de
la classe l’imprenable bastion des chahuteurs ,. les méres de
familles alertées ne sont pas toujours d’accord Corvée
supplémentaire de doryphores pour les récalcitrants …
La vente de la carte postale du maréchal a connu un succés
dont la rapidité dépasse toutes les espérances… 1500 cartes en
une seule journée
Les personnes qui ont logé des soldats allemands en
février sont- invités à venir en faire la déclaration
d’urgence au secrétariat de la mairie , les indemnités
devant être désormais payées chaque mois
Retrait des cartes de lait à la mairie
Recensement des prisonniers
Un contingent de troupes allemandes doit arriver
prochainement à Sées et remplacer le régiment précédent
On doit se soumettre à nouveau aux réquisitions et aux
injonctions
Juillet 1941 les britanniques internés à Drancy sont renvoyés dans leurs foyers Ainsi le
personnel britannique de Bois Roussel réintégre son domicile Il sera soumis à un contrôle
rigoureux par la kommandanture et devra « pointer » chaque semaine
Tout déplacement hors de leur domicile sera contrôlé ( autorisation de déplacement à
l’intérieur du département ……. visites medecin , dentiste etc ..)
Les premiers juifs arrivent à la caserne de Drancy avec de simples valises ,et remplacent les
membres britanniques et du commonwealth renvoyés dans leurs foyers
Ils seront soumis à un régime beaucoup plus rigoureux et réduits à la condition …d’esclave
sans protection de la croix rouge internationale
Charles Hayton bien que de nationalité britannique avait essayé d’otenir un passeport
irlandais En effet l’Irlande du sud son lieu de naissance n’était pas en guerre avec
l’Allemagne Le certificat arrivera tardivement après la décision des allemands de renvoyer
les britanniques dans leurs foyers respectifs
En fait Charles Hayton était bien de nationalité britannique par ses parents et ce ^passeport
volontairement falsifié ne servit à rien
Apparition des bons de chaussures
Impossible de trouver des chaussures de foot …Droitier je
joue avec une chaussure droite et un camarade de classe Janik
avec la chaussure gauche Trouver un terrain de foot c’est
maintenant notre objectif
Mon pére beneficie d’un laissez passer pour Paris…
Il en profite pour rendre visite à quelques amis du haras de
Bois Roussel internés et leur apporter quelques colis .
Le café Alriquet situé en face du camp l’hebergera pendant
la durée limitée de son séjour
R appelons que la croix rouge britannique n’abandonnait pas ses congeneres et leur
adressait régulierement des colis
Les salle ou dortoirs des immeubles de Drancy sont immenses et la prosmiscuité evidente
mais les internés du Commonwealth sont bien traités
Rien à voir avec le sort qui sera réservé aéux internés juifs à partir de Juillet 1941
Février 1941
Une loi de Vichy rend obligatoire pour les jeunes ,un stage dans un camp de jeunesse
D ésespoir Les films de Tarzan , jim la jungle même M ickey sont supprimés en 1941 avec
une foule d’interdictions ,le jazz , la danse alors que le sport devient une affaire d’état
16 avril 41 Le conseil évoque les dénonciations faites auprés des autorités allemandes Elles
risquent d’occasionner des ennuis très graves
16 décembre 41 Le maire informe le conseil qu’il a été avisé par les services interessés que
….la statue de Conté devait être enlevée pour être livrée à la fonte
Dans le salon un soldat allemand flaire les odeurs de cuisine ,il longe le couloir et surgit alors
que nous sommes tous attablés .Débraillé… sa gaucherie dénonçe une origine campagnarde ,
qui contraste comme une injure à la wehrmacht,à la discipline prussienne et l’impassiblité
nazie Ce soldat semble aussi étranger que possible à la guerre , un ennemi de la violence ,
le membre le plus inoffensif de l’armée allemande nous montrant toutes ses photos de
famille Il semble plutôt avoir envie de s’attendrir sur tout ce qui est étranger à l’armée …..la
nature , les arbres et les fleurs plutôt que les peripéties de la guerre Les photos circulent de
main en main ,… on les examine avec une politesse distraite mais l’attitude de ce soldat nous
surprend … nous qui avons plutôt l’habitude d’affronter l’arrogance ou l’impassibilité de nos
occupants
Juillet 41 Impensable… création d’une légion de volontaires français contre le
bolchevisme …avec Achille on s’interroge …. Les affiches de propagande fleurissent sur les
murs de notre ville
Au cinema « Rex « monsieur Arnaud veille et tente d’imposer le silence
Les britanniques « ornais « sont témoins de l’arrivée des premiers juifs dans les immeubles
de Drancy
Un ami libéré nous parle de l’acheminement
de ces familles pauvres , mal vêtues trainant
derriere elles quelques bagages , Certains
disent que nombre d’entre elles habitaient la
rue du Sentier
Des perturbateurs on pris l’habitude de siffler
les actualités qui sont un énorme moyen de
propagande pour les allemands Les espagnols
accusent les français et les français les
espagnols ….. Désormais les actualités seront
projetées dans des salles éclairées
Exactions contre les juifs en différents points d’Europe annonce la BBC
Les soldats de la wehrmacht encombrent notre salon et mon pére observe avec inquiétude les
bottes ferrées rayer le linoléum bien ciré ;A la veille des inspections de tenues j’ai compté la
présence d’une demi douzaine de soldats de la Wehrmacht attendant sagement leur tour
Quelques fantassins viennent surtout pour se reposer…..j’en ai l’impression et échapper à
des corvées imposées par les feldwebel Ils baillent d’ennui ,sans manifester d’impatience
Ils s’expriment très rarement . Pas seulement le barrage de la langue.. mais aussi le respect des
ordres supérieurs qui leur interdit de communiquer avec la population
Une voiture vient chaque semaine récupérer les cheveux amassés dans le bas d’un placard
Mon pere pendant les vacances m’avait confié quelques
responsabilités dans le salon , savonner la face de nos occupants à
condition de refuser tout pourboire ,ce que je fis avec conscience
jusqu’au jour où distrait et préoccupé par l’uniforme et les galons
argentés j’ai
failli faire avaler le blaireau à l’un de nos nouveaux clients
Mécontentement , colére du feldwebel surpris mais finalement conciliant Il semblait accepter
ma jeunesse et malgré moi je récupérais quelques marks …
Pas question de coller cette affiche sur notre mur dit mon pére au colleur d’affiches communal
Même notre voisine ,veille dame impotente dont la maison se trouve étroitement dissimulée
entre la maison Frémiot et la notre ne veut accepter cette affiche provocante
Nous avions souvent la visite de gradés de la Luftwaffe qui se distinguaient par un uniforme
tirant sur le bleu et des ailes brodées à l’extremite de leur col de vareuse
Accaparé par la mise en chantier de deux maquettes dont j’avais obtenu les plans par une
maison spécialisée de Paris ,je m’efforçai de mettre au point les structures d’un Messerchmitt
109 et d’un bombardier Lancaster de la RAF L ‘officier en question intéressé par mon
projet, à ma grande surprise me donna quelques conseils mais aussi quelques détails
techniques sur le Me 109
Il est vrai que mon intérêt pour l’aéronautique ne faisait que croitre
Au début les communications écrites entre les zones nord et sud étaient entierement
suspendues La separation totale d’expedition des lettres entre les deux parties de la France
sera abandonnée .
Une correspondance soumise à la censure reprendra dans d’etranges conditions au moyen de
cartes sans enveloppes sur lesquelles il sera très difficile d’exterioriser ses veritables
sentiments
Les bains douches rue du Vivier fonctionnent à plein rendement Les allemands eux mêmes
les fréquentent régulierement au même titre que les sagiens.Comme tous ils attendent
sagement leur tour ; Sées est une veille ville , aux installations vétustes et les salles de bains y
sont plutôt rares
La LVF méprisée par la majorité de
français et suspicion du côté allemand
….. elle sera dissoute en 1944 et
remplaçée par la division
Charlemagne
Extrait d’un article Les raisons de
l'engagement des volontaires
dans la L.V.F. sont idéologiques, de
conviction catholique ou politique
mais aussi économiques. Outre que
le droit aux pensions et la garantie
de retrouver son emploi ou d'être favorisé pour l'embauche après la guerre, la L.V.F.
accorde des soldes nettement supérieures aux salaires dans le civil, notamment pour les
officiers. Un soldat recevait une solde de 600 FF ainsi que des indemnités de 1200 FF ;
un colonel encaissait 3000 FF et 12400 FF d'indemnité. Comparé au salaire d'un
dactylographe qui ne dépassait pas le 2000 FF par mois, la Légion représentait un fort
intérêt économique, surtout pour les officiers. Ainsi peut s'expliquer l'âge élevé d'un
certain nombre des recrutés ayant souvent participé à la première guerre mondiale.
(Antoine Plait (1997) : La L.V.F. (1941-1944) : collaboration vouée à l’échec. dans la
Revue de l’Histoire des Armées, No 207 juin 1997, p. 47-56)
Aout 1941
Premiére grande manifestation sportive à Sées .C’est le challenge Hureau Il aura lieu aux
« Petites buttes » route d’Argentan ( à droite , juste avant le pont de chemin de fer )
Pistes et sautoirs soigneusement préparés avec la participation de Roger Rochard le
recordman d’Europe du 5000 métres qui ne laisse rien au hasard et s’envole des le coup de
pistolet doublant et redoublant avec aisance les autres concurrents
Un pleiade d’athletes ornais se distingue par leurs performances . André Mazeline , Loth ,
Pierre Chandavoine
Un athlete parisien Laveine vend à mon pére une paire de chaussures à pointes en échange
de quelques kilogs de beurre ainsi je serai en mesure pour l’USS dirigée par Andre Queru
d’affronter les athletes de l’Espérance Mazier , Ipcar sprinters indéracinables et fiers de
l’être …
28 Septembre 1941
La maison vibre … réveil en sursaut !
Un avion allié en difficulté se déleste de sa cargaison de bombes Deux maisons sont
incendiées et on dénombre plusieurs victimes rue des Guichets
Est ce vraiment un avion allié ?
Octobre 1941 Execution d’otages à Nantes , Chateaubriand et Paris… annonce la
BBC
Octobre 1941
Pierre Sarraute directeur du cours complementaire démissionne parce que franc maçon Il
faudra vraiment que je potasse le sujet Qu’est ce qu’un franc maçon ?
La Franc-maçonnerie se décrit comme un Ordre initiatique qui prodigue un enseignement
ésotérique , adogmatique et progressif à l'aide de symboles et de rituels. Elle encourage ses
membres à oeuvrer pour le progrès de l'Humanité et professe des principes de fraternité 1. La
bienfaisance est l'un de ses moyens d'action2. Sa vocation se veut universelle3. Elle réunit,
dans de nombreux pays répartis sur toute la surface du globe, des personnes qui se sont
données pour but de travailler à leur amélioration spirituelle et morale De nombreux francs
maçons furent emprisonnés et persécutés par les nazis durant cette période de l’occupation
Mon pere et Pierre Sarraute étaient amis de longue date alors que Pierre Sarraute futur
instituteur étudiait à l’école normale d’Alençon
Décembre 1941
Arrestation de Guichard Gabriel et de Vannier Christ agents de la SNCF travaillant à la
gare de Surdon Tous deux seront arrêtés et déportés à Sachsenhausen et Auschwitz
Pearl harbour … perle du Pacifique
Le jour de l’attaque a été bien choisi … un dimanche à l’aube . Les japonais sans déclaration
de guerre attaquent la flotte américaine à Pearl Harbour , port du Pacifique dans les iles
Hawai
Roosevelt déclare la guerre au Japon Images réalistes au cinéma Rex le lieu de rencontres
des samedis et dimanches
11 Décembre 1941
Allemands et Italiens à leur tour déclarent la guerre aux Etats unis En France l’espoir
renait . Entrant dans la guerre ,les Etats Unis apporteront ils leur formidable arsenal ,leur
puissance industrielle et humaine pour secourir l’Europe occupée ?
Les actualités du cinéma Rex nous montrent quelques images du désastre…de lourds
bâtiments envoyés par le fond
et une épaisse fumée noire
qui obscurcit le ciel si pur de
ces iles du bout du monde
Mais ces îles sont si
lointaines !
Comment espérer une
intervention américaine en
Europe ?
L’entreé en guerre des Etats
unis déclenche toutefois une’
bordée d’applaudissements
franco espagnole et des cris
de joie dans la salle du
Cinema Intervention de
monsieur Arnaud
En France l’ambiguité
patriotique est telle que tous
les éléves ecoutant un discours de Pétain à la radio se levent quand les notes de la
marseillaise retentissent à la fin de son intervention .mais la tonalité de cet hymne
révolutionnaire différe , fonction de leurs convictions profondes Il s’agit soit pour la grande
majorité,d’allégeance au marechal, soit pour les autres d’une espérance gaulliste
31 mars 1942
Toutes les demandes concernant la statue de Conté faire annuler ce projet sont restées vaines
Les besoins impérieux d’obtenir par tous les moyens du sulfate de cuivre pour la santé du
vignoble français en particulier a prévalu contre une beauté artistique glorifiant un des plus
grands génies de notre pays Enfin c’est ce que la presse nous transmet…..
Je rêve devant les propositions d’un contremaitre des Carrieres de Chailloue qui nous glisse
à l’oreille « je connaîs un moyen de fuir vers la Grande Bretagne . Un patron pêcheur breton
moyennant finances a déjà organisé et realisé cette expedition «
Dans la famille on se met …à la langue de Shakespeare . En effet miss Canel amie de la
famille et habitant rue des Cordeliers nous en enseigne avec passion les premiers
rudiments . Bloquée en France malgré
elle ,durant l’exode elle ne peut s’empêcher
pour survivre ,. d’enseigner une langue qu’elle
connaît parfaitement après avoir tenu une chaire
de français à l’université de Newcastle on Tyne
( Northumberland ) durant une vingtaine
d’’années . Anglophile convaincue elle ne
resiste pas à l’envie de nous parler de la verte
Angleterre , de la volonté des anglais , de leur
discipline , de leur resistance au combat enfin de
toutes leurs qualités Habituée au confort
britannique elle se plaint journellement de
l’étroitesse de son logement improvisé loué rue
des Cordeliers
Elle retournera en Angleterre dés la fin de l’occupation et je lui rendrai visite à l’université
de Newcastle on tyne en 1948 lors du déroulement des premiers jeux Olympiques d’après
guerre à Wembley
A ces jeux la France obtiendra 9 lmédailles d’or d’Oriola , Ostermeyer , etc ..et terminera
troisiéme derriere les Etats Unis et la Suede
Au cours complementaire de Sées on traque le doryphore
Les champs de pommes de terre sont envahis par ces bestioles T outes les écoles participent à
cette chasse
Nous collons des bandes de papier sur notre vitrine
Ces curieuses bandes de papier blanc collées en croix sur les vitres sont des restes des
mesures énoncées au début de la guerre par la défense passive, pour éviter les accidents
graves, lors des bombardements. En effet, le souffle provoqué par les bombes lors de leur
explosion risque de faire voler les vitres en éclats, blessant ainsi les gens. C'est pourquoi les
chefs d'îlots de la défense passive recommandaient de coller ces bandes de papier sur les
vitres afin de limiter les effets de souffle. C'est aussi dans ce contexte qu'on recommanda de
masquer les lumières le soir, afin que de l'extérieur, on ne puisse distinguer les éclairages.
Ceci visait à rendre difficile l'identification des villes et villages comme points de repère pour
des avions ennemis qui auraient survolé une région. Les vitrines furent alors munies de
rideaux intérieurs ou de panneaux de bois en extérieur (ce qui existait souvent avant guerre,
pour d'autres raisons) et on apposa de la peinture de teinte sombre, bien opaque, d'un ton
souvent bleu foncé ou noir, sur toutes les vitres qu'on ne pouvait masquer. On fit de même
avec un « black out » sur les optiques de phares automobiles, un cache sur les lampadaires ou
les cheminées d'usines.
« chef d'îlot » qui commande un groupe d'hommes, aisément reconnaissables au port du
casque, d'un boîtier de masque à gaz et d'un brassard indiquant « DP Défense Passive »,
fréquemment suivi de « Luftschutz » pour que les Allemands les identifient bien.
Depuis 1939, la «défense passive», doit contrôler les caves et greniers, y prévoir des pelles,
pioches, échelles, constituer des stocks de sable pour éteindre d'éventuelles bombes
incendiaires et organiser suffisamment d'abris pour y abriter les gens en cas de
bombardement. Elle doit indiquer par des flèches et des panneaux clairs, la proximité de ces
refuges et, lors de l'alerte, signaler aux habitants, la direction qu'ils doivent prendre pour aller
se mettre hors de danger..
.
Enfin, il faut dire aussi un mot de la collaboration amicale, qui vise tous ceux, mais surtout
toutes celles, qui furent trop proches des Allemands durant l'Occupation. On y retrouve des
femmes ayant eu des relations intimes avec des soldats, des prostituées, des familles ayant
accepté d'héberger des troupes, ainsi que tous ceux qui reçoivent des Allemands chez eux, à
table ou pour faire la fête. Bien entendu, tous ces collaborateurs vantent davantage les mérites
de l'Allemagne que ses défaites.
Les valeurs soi-disant oubliées que sont le travail, la famille et la patrie sont remises à
l'honneur, tandis que l'image de Marianne et la devise « Liberté Égalité Fraternité »
disparaissent, au profit des valeurs citées précédemment, accompagnées d'une francisque (clic
sur les pièces de monnaie dans la boulangerie). Le chef de l'État, secondé par un principal
ministre, Pierre Laval, instaure également une personnification du régime. Son image est
partout, sur les murs, dans les cahiers d'écoliers, les journaux... Une intense propagande
destinée à rassurer les Français et à assurer le nouveau régime, crée littéralement un culte de
la personnalité, comme pour Hitler, Staline ou Mussolini.
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Très vite dans la Manche il exista un état d'esprit hostile aux Allemands, au sein de la
population. Il était le fait de gens qui n'allaient pas forcément franchir ensuite le pas pour
entrer dans la Résistance, mais qui tenaient à monter leur patriotisme ou leur hostilité à l'égard
de l'Occupant et bientôt à ceux qui le servaient. C'est ainsi que l'on voyait des jeunes filles
porter les couleurs du drapeau français sur leur vêtement le 11 novembre (ce qui était
interdit), tandis que d'autres allaient fleurir les tombes des aviateurs alliés tués ou de marins
rejetés par la mer.
Ailleurs, c'est un panneau indicateur qui étaitchangé de sens, un câble téléphonique coupé
ou un moteur de véhicule allemand saboté.
 C'est aussi parfois la lacération des affiches depropagande et les graffitis en tous genres sur
les murs. On y trouve des initiativesindividuelles mais aussi des réponses aux avis
lancés par la BBC, comme cette campagne qui
visa à faire graver partout des V pour
« Victoire » au printemps 1941. On signala
aussi des expressions davantage destinées au
gouvernement de Vichy, surtout lorsque le
régime se radicalisait, comme « Pétain est
gaga » ou « Laval au poteau », à moins que ça
ne soit une croix de lorraine ou « Vive de
Gaulle », sans oublier les autres croix,
gammées cette fois, peintes sur certaines
portes.
Affiches lacérées ou taguées
A mesure que le désaveu des Manchois augmente, face à la répression de Vichy et aux
exigences allemandes, la vague d'hostilité, que l'on appelle parfois « résistance civile » se
renforce. Ceci peut d'ailleurs, dans une certaine mesure, faciliter la tâche de la résistance
active et donner plus d'écho à ses actes, le jour venu.
Navigation : |
Au fil de la guerre et avec les opérations de bombardement aérien qui s'intensifient, le nombre
d'avions alliés qui survolent la Manche augmente. Certains s'écrasent parfois dans le bocage
normand, pour des raisons techniques, suite à un combat aérien ou à des tirs de DCA. Quand
les pilotes parviennent à s'extraire des carcasses en flammes ou lorsqu'ils ont quitté l'appareil
avant et descendent en parachute, se pose très vite pour eux la question de la survie en pays
hostile.
Pour les services de renseignements alliés, au printemps 1944, la population normande est
perçue comme étant majoritairement complice des Allemands, au vu de l'Occupation et de
l'intense propagande diffusée par Vichy. C'est après les premières semaines de la Libération
que les Alliés corrigent leur vision des choses.
Mais pour le moment, se pose la question du pilote abattu. Dès la chute de l'appareil, les
Allemands dépêchent des patrouilles dans le secteur concerné pour rechercher les aviateurs
survivants ou s'assurer que l'équipage a bien péri dans le crash. Un bon nombre de pilotes,
blessés ou incapables de se dissimuler suffisamment, sont vite capturés. Mais d'autres
demeurent introuvables. En effet, les civils des environs le plus souvent, sans qu'ils aient
jusque là été confrontés à la Résistance, encore moins à la guerre, se retrouvent dans une
situation où il faut choisir d'apporter de l'aide ou non à un aviateur dont ils savent
pertinemment qu'il va vite être recherché. Dans beaucoup de cas, ces Normands choisissent de
porter secours au pilote, à moins qu'ils ne soient plusieurs, et ils le (ou les) cachent, avec le
plus d'ingéniosité possible.
Parfois, ils sont découverts et arrêtés, avec leurs sauveurs d'un jour. Parfois, ils parviennent à
échapper aux fouilles et enquêtes des Allemands. Les Manchois qui les hébergent leur
trouvent alors des vêtements civils, et s'efforcent d'entrer en contact avec « quelqu'un de la
Résistance » pour accéder aux filières d'évasion, devant permettre aux aviateurs de rejoindre
la Grande-Bretagne.
Ces exemples sont très peu répandus, mais cependant, ils traduisent bien un état d'esprit
hostile aux occupants de la part de nombreux Manchois. Confrontés à une situation imprévue,
née de la guerre, des habitants du département choisissent plutôt la résistance et l'aide aux
Alliés que la collaboration et la dénonciation. Cet état d'esprit, difficile à mesurer, révèle bien
la complexité de la période et l'importance des choix à faire. Cacher un pilote dans un grenier
ou simplement lui fournir des habits civils pour qu'il passe davantage inaperçu, c'est prendre
des risques pour aider un inconnu, dans un contexte où la présence ennemie est forte et les
risques de dénonciations, et donc d'arrestations, élevés. Et pourtant, des Manchois l'ont fait
pour des aviateurs, des parachutistes, des résistants, des juifs ou toute autre personne
pourchassée par les Occupants ou leurs alliés de Vichy.
Dénonciateurs, collaborateurs de tous ordres
sont le plus souvent bien connus, en ville
comme dans les villages. Certains Manchois
font alors circuler, sous le manteau, des
chansons à leur sujet, des fables ou des tracts,
de qualité inégale, tantôt orduriers, tantôt plus
stylés. D'autres se chargent d'aller peindre des
croix gammées ou des graffitis, à moins qu'ils
ne préfèrent envoyer par la poste ou déposer
chez le partisan de Vichy ou de l'Allemagne,
des paquets contenant un petit cercueil de bois
et quelques commentaires, parfois même une
corde de pendu. Ceci a pour but d'intimider le
« collabo » en lui faisant comprendre qu'il est
identifié comme tel, que son domicile est
connu et qu'on lui réserve un sort peu
enviable, à la Libération. Bon nombre de ces
Cercueil envoyé au collaborateur pour les
intimider
petits colis apparaissent aussi lors des
règlements de compte, dans les semaines qui
suivent le départ des Allemands.
Malgré toutes les mesures de censure et de contrôle des imprimeries, il demeure toutefois
encore de petits stocks d'encre, de papier, provenant de dépôts oubliés ou détournés, de
matériels mis au rebut car un peu dépassés, qui échappent aux contrôles. Bien souvent, ces
produits et équipements parviennent, par des circuits complexes, mais souvent en très petites
quantités, aux formations de la Résistance, qui les utilisent pour leurs besoins. Il importe, en
effet, de ne pas laisser l'information aux mains des proches de Vichy et des Allemands. Il est
essentiel de dire la vérité, de parler de la Résistance, de ceux qui luttent dans l'ombre,
d'évoquer la victoire des Alliés, les défaites militaires d'URSS ou d'Afrique du Nord, pour
redonner le moral aux civils et susciter l'espoir.
Dans la Manche, seule la résistance communiste dispose d'une imprimerie clandestine, fin
1943, début 1944 et encore, puisqu'il s'agit d'une cache dans une carrière, puis une grange, à
Saint-Laurent-de-Cuves, d'où l'on imprime des tracts et un journal communiste clandestin.
Les autres formations de la Résistance ne diffusent pas de titres spécifiques à la Manche, mais
plutôt des tracts, quelques rares journaux nationaux et des documents divers, l'ensemble étant
issu de Londres, arrivé par parachutages, puis redistribué dans le département. Malgré ce
handicap, ces documents clandestins sont vite ramassés, puis dissimulés et diffusés sous le
manteau, un peu partout dans la Manche et contribuent, avec l'écoute de la radio anglaise, à
relativiser la propagande de la presse officielle, aux ordres de la préfecture et des Allemands.
1942
janvier 1942
La guerre sur mer fait rage et les actualités du Rex nous montre ,musique triomphante à
l’appui ,les bâtiments coulés par les U boat allemands ., Les marins brtitanniques ,épuisés
s’accrochent aux bouées lançées par les marins allemands . Ils s’entassent sur le pont du sous
marin avant de trouver la chaleur de réconfort auprés des machines
Les marins allemands ne sont pas en proie au doute en ce début d’année et ils le font savoir
par des gestes victorieux
Ensuite mise à l’eau de sous marins allemands dans la base protégée de Saint Nazaire
Mars 1942
Après la menace de récupération de la statue de bronze de Conté ,monsieur le maire rassure
les habitants … Lorsque la tourmente sera passée la statue du grand génie reprendra sa place
sur le piédestal désert
Au classement général des 28 societés ornaises ayant participé à des compétitions ornaises
dans le domaine de l’athletisme le CSA est classé premier devant l’Espérance de Sées et
l’Amicale Fertoise
Avril 1942 . J’apprends secretement …dans le contexte familial ……l’aide apportée à
quatre évadés de la RAF
Je suis fier d’être dans le secret des dieux …et reste muet même en présence de mon ami
Achille
En effet cinq membres d’équipage d’un bombardier Lancaster abattu dans l’Eure tentent de
s’évader .
Ils seront aidés dans cette tâche périlleuse par plusieurs habitants du département , Michel
Dufresne assureur à Alençon , Francis Cagnard cafetier place de la Halle au blé qui
rejoindra par la suite la France Libre ,William Hamilton sujet britannique résidant à
Alençon .
William Hayton régisseur du haras de Bois Roussel
ne pouvant prendre de risque après son internement au
camp de Drancy du fait de sa nationalité britannique
financera leur trajet par chemin de fer
Malheureusement nos cinq évadés seront pris par la
police de Vichy lors du passage de la ligne de
démarcation
Après la guerre j’étais contacté par Bert Dowty l’un
des membres de l’équipage survivant . Il m’adressa une
lettre de remerciements pleine de gratitude . Cette lettre
en fait était destinée à William Hayton directeur du
haras de Bois Roussel qui à défaut de pouvoir les
héberger , assura aux quatre rescapés un gite
provisoire et leur régla leur ticket de train jusqu à la
ligne de démarcation .Francis Cagnard alençonnais
responsable de l’aéroclub d’Alençon fut le grand
organisateur de cette expédition
J’ai pu obtenir les photos ci dessous dans les années 90
L’équipage de Dowty après 1945
Mai 1942
D’après la BBC on apprend que les juifs , particulierement à Paris sont pourchassés
Interdiction de sortir entre vingt heures et six heures du matin Obligation de porter l’étoile
jaune
Jean Marin que nous écoutons régulierement sur la BBC et bien sûr en toute discrétion ,
évoque le massacre de juifs en Pologne et l’existence de chambres à gaz
Premier raid massif de la RAF sur l’Allemagne annonce le présentateur de la BBC message
que nous percevons au milieu d’un brouillage persistant . Nous avons pourtant amélioré notre
antenne …un long fil de cuivre qui parcourt toute la longueur de la cour ,à partir du mur de
séparation de la maison du docteur Melun
Cette cour étroite , presque un couloir ,nous sépare de la maison Frémiot notre autre voisin
Tout citoyen français du sexe masculin qui juif au regard de la loi de juin 1941 doit accomplir
dés sa vingtieme année un stage dans un chantier de jeunesse
A Paris des noms de rues ont été débaptisés ,de leur nom juif d’origine . Le couvre feu oblige
à célebrer la messe de minuit de noél en plein jour , Les livres scolaires ont été épurés de tout
ce qui n’est pas aryen
La nocivité des juifs est amplement
démontrée , l’antisémitisme français
traditionnel qui voit en eux des
étrangers difficiles à assimiler
Jean harold Paquis révéle une
vocation d’orateur il devient la vedette
de Radio Paris avec ses diatribes anti
sémites anti bolcheviques mais surtout
anti anglaises il lance le slogan «
l’Angleterre comme Carthage doit être détruite «
Après la défaite de 1940, il a prétendu avoir choisi la collaboration avec l'occupant par
anglophobie, après l'attaque de la flotte française par les Anglais à Mers el Kébir. De fait, il
fut un sympathisant nazi, membre du Parti populaire français et du comité d'honneur de la
Waffen SS française.
Il s'est surtout fait connaître pendant l'Occupation, à partir du 4 janvier 1942, avec sa
chronique militaire de Radio Paris, tenue après le journal de vingt heures, dans laquelle il
acclamait les succès de l'Axe et ridiculisait l'action des Alliés, avec ce célèbre leitmotiv :
« L'Angleterre, comme Carthage, sera détruite ! »
En 1944, il fuit Paris et se réfugia en Allemagne. Il y poursuivit ses chroniques à l'antenne de
Radio Patrie qui émettait depuis le territoire allemand, mais, selon Céline, ne vint jamais à
Sigmaringen.
Quand l'Allemagne fut envahie il tenta de fuir en Suisse, mais fut arrêté le 8 juillet 1945 et
incarcéré à la prison de Fresnes. Il fut jugé et condamné à mort le 17 septembre
1945.L'accusation n'a produit aucun témoin, se contentant de faire écouter à la cour les
enregistrements des chroniques de l'accusé. Ce dernier se déclara heureux de la victoire
alliée et prétendit s'être trompé à l'époque des faits. Il fut fusillé au fort de Châtillon le 11
octobre 1945.
La collaboration n’épargne personne Accompagné d’un ami Jacques Ligot, sagien comme
moi même et habitant le 6 eme arrondissement nous suivrons avec assiduité en 1948 les
jugements apportés par le tribunal de Paris concernant les collaborateurs
Chaque vendred c’était notre distraction favorite
Je m’étonne encore de la condamnation à mort de Paul Chack et de Brasillac
Les grands cinémas sont devenus soldaten- kino c'est-à-dire des espaces réservés aux
distractions de la la wehrmacht
A Argentan un immeuble est transformé en soldatenheim ou foyer du soldat
Quelques alsaciens enrôlés dans l’armée allemande fréquentent notre salon aussi méfiance
générale ….à leur égard ……. il est difficile de savoir quelles sont leurs veritables idées
L’un d’eux toutefois entre dans notre cuisine et nous fait savoir gentiment que le brouillage
de l’émission de la BBC parvient jusque dans le salon ….Brouillage lancinant et ininterrompu
reconnaissable à distance
Je constate de ma fenêtre qu’une bonne dizaine d’allemands se rend à l’office du dimanche à
la cathedrale .. Sont ils alsaciens , autrichiens , bavarois ?
Circulation en ville interdite après le couvre feu a moins que le permis de déplacement ait
été accorde pour des necessités professionnelles , medecins , sages femmes , employés de
transport
Passé une certaine heure le noctambule se trouvant en faute aura droit a une verification
d’identite et ensuite… direction le commissariat ou le poste de police
Il m’est arrivé en de rares occasions de rentrer après le couvre feu malgré l’inquietude de
parents … mais en fait il fallait prendre de sages précautions en empruntant de préférence les
petites rues …et avant de tenter la traversee de la place du Parquet souvent déserte
On ne craignait pas les soldats éméchés sortis tout droit du café Ferté mais plutôt la
patrouille postée à divers endroits où la surveillance de cette grande place leur semblait plus
facile … Le monument aux morts à l’angle de la cathédrale ,représentait souvent leur poste
d’observation privilégie
En fait mes deux camarades d aven tures claude et pioet moi m^me étions plutôt des jeunes
indiscipliné ,non pas en quête d aventures mais toujours prêts à braver la discipline imposée
par l occupant
Toujours aux aguets écoutant le moindre bruit de bottes il nous arrivait souvent de nous
dissimuler dans l »s coins sombres et particulirement prés du lavoir prés du vivier là où la
patrouille avait peu de chance de nous trouver où la nous avions toujours à l espit la leçon
administrée par les allemands lors de la prise de possession pr leurs troupes du palais epicopal
et du chantier ilsnjous avaient s ervi de ciblme mais leur réponse avait été fulgurante
Juin 1942
Je vise dans mes objectifs le concours d’entrée à l’école des officiers de la marine marchande
de Paimpol Je travaille d’arrache pied les mathematiques Malheureusement cette école reste
désespérément fermée sur ordre de Pétain
A l’écoute de la BBC… Déjà 730 jours d’occupation
L’administration encourage les ouvriers français à partir volontairement pour l’Allemagne La
reléve consiste à échanger un prisonnier qui rentrerait chez lui en congé de captivité contre
trois ouvriers français
A la suite des attentats contre des militaires allemands ,à Paris , les français arrêtes
particulierement pendant le couvre feu seront considérés comme des otages et seront fusillés
Douze otages pour un militaire allemand
Les affiches placardées …sur les murs de l’hotel ville cette fois … appellent les volontaires à
se battre contre le bolchevisme La légion des volontaires français se constitue
Une nouvelle qui nous réjouit ….
La BBC nous annonce dans un brouillage ininterrompu la premiére victoire française à Bir
Hakeim sous le commandement du general Koenig
Les français libres tiennent en échec 2 divisions allemandes
Elan de fierté des français habitué aux mauvaises nouvelles et qui retrouvent l’espoir
Plusieurs réfugiés espagnols sagiens sont arrêtés par le gouvernement de Vichy dont m Ruiz
grand handicapé habitant le petit séminaire et Luis guinard habitant rue Billy Leur
destination le camp de Voves en Eure et loir ; ; ; ; ;
Juillet 42 ..
Exposition « le juif et la France » au palais Berlitz
Des milliers de juifs sont internés au Vel d’hiv après une rafle par
la police de Paris les 16 et 17 Juillet
Une nouvelle de la BBC A Paris une rafle sauvage orchestrée par
la police française rassemble les 16 et 17 juillet au vel dh’hiv des
milliers de juifs hommes femmes et enfants,victimes qui seront par
la suite dirigés vers Drancy avant ce connaître la déportation
C e vel d’hiv nous le connaisons bien … Je suis en permanence sur Miroir Sprint les exploits
des coureurs de vitesse Gerardin , Scherens , Van Vliet .
je n’ai pas oublié le rassemblement des coeurs vaillants sagiens en 1938
La propagande anti juive s’affiche sur les murs de la ville
Le charme délicat du moulin d’Escures …
Le moulin c’est notre lieu de rendez vous . Pas un allemand …Français et Espagnols guidés
par un même instinct ont détecté ce point d’eau . Pres de la roue à aubes un énorme trou nous
attire et nous incite à comparer notre dexterité et notre volonté de le traverser ,en plongeant
sans respirer
Parcourant les rives verdoyantes nous découvrons quelques points d’eau Plonger et nager
c’est notre passion …nous nous débattons parmi un enchevêtrement d’herbes et de
branchages
Le courant très réduit glissant entre les roseaux et les nénuphars laisse l’eau se
réchauffer….. doucement .dés l’aube C’est notre espace de liberté où l’on bavarde avec
entrain en évoquant tous les potins du pays ….. collaboration ,sympathie de certains sagiens
pour l’occupant , films du Rex ,nos projets , nos espérances et bien sûr le sport
Les espagnols nous parlent de la douceur et du soleil de leur pays ,des terres arides du sud ,
Murcie ;Seville . Que de nostalgie dans tous ces propos ! la guerre civile a laissé tant de
traces indelebiles dans les coeurs … ,
Partie de pelote basque en perspective avec les nouveaux arrivés des pays basques frontaliers
…Santander , Oviedo , Irun etc..les murs du cinema Rex nous serviront de fronton
aout 42…. le desastre canadien sur nos plages
Accrochés fievreusement au haut parleur du poste de TSF…..Calés sur la BBC
Espoir déçu , les commandos anglo Canadiens sont déçimés sur la plage de Dieppe . La
tentative de débarquement a échoué malgré d’ audacieuses attaques sans espoir . A nouveau la
propagande allemande se déchaine et nous montre aux actualités du cinéma « Rex « ,la
longue file des prisonniers devêtus et épuisés devant une foule consternée de Dieppois
.Plusieurs applaudissements dans la salle …esttinés à ces héros que mnsieurvarnaud essaie de
réprimerb
Heureusement à la BBC la voix de Robert Schuman est là pour nous soutenir .... » Si nous
ressuscitons dans mille ans ....,elle sera toujours là pour nous rappeler nos espérances et nos
angoisses pendant les saisons améres ... « écrivait Georges Duhamel
J’estime en complément que cette voix lointaine nous permet d’entretenir nos énergies
amoindries déjà ….par plus de deux années d’occupation
Mai juin à Octobre 42 Bir Hakeim
Le poste de T.S.F. familial est lui toujours présent ,là , prés de la fenêtre ,dressé sur un
meuble en bois ciré ,dans notre petite cuisine qui nous sert de salle à manger .La B.B.C.avec
les quatre coups annonciateurs de « la symphonie de Beethoven « c’est presque notre raison
de vivre . Chaque soir malgré le brouillage ,alors que les aiguilles de notre « Pendastrava «
style « Art Déco « fonctionnant avec des piéces de dix francs , marquent 8 heures ,nous
écoutons religieusement en sourdine les emissions en essayant de trouver une signification
aux messages mystérieux et codés diffusés par l’émetteur anglais . Messages à destination
des « réseaux de l’ombre « sans aucun doute . ! Ma mere en profite pour acheminer des
messages dans le guidon de sa bicyclette à rétropédalage « L’hirondelle « venant tout droit
des ateliers et manufactures de Saint Etienne . Le rétropédalage lui permet de monter les
côtes sans faiblir et…. sans efforts ....enfin c’est ce qui est écrit sur la notice d’utilisation
Pour nous c’est presque l’ébauche d’un acte de rebellion que l’écoute réguliére et clandestine
de cette emission destinée aux nations opprimées .Encore faut il être trés prudent ... , bien
fermer les deux portes et notre unique fenêtre ,tendre avec précaution le rideau noir qui
camoufle notre vitrine , et se concentrer pour percevoir une voix lointaine quelquefois
inintelligible et nasillarde
. Ces voix d’outre manche nous font oublier les diatribes de propagande que nous asséne
chaque soir Jean Hérold Paquis le chantre de radio Paris .
Mais on parle de nous enlever notre valeureux poste ....par ordre de la Kommandantur
Les jeunes espagnols sont comme nous férus de cinéma aussi le Rex est il pour nous un lieu
de rencontre Nous marquons notre volonté d’ assister à la projection des films allemands dont
les noms de vedettes ,Zarah Lander ,Marika Rokk , Maria Schneider etc .brillent
littéralement dans le monde du cinéma .. » En complément quelques airs allemands
réussissent à s’imposer en France tels que « Lily Marléne » piece du répertoire de Léo
Marjane scandé aussi bien par les voix françaises qu’allemandes
Marika rok la vedette des
cinémas allemands attire les foules
mais aussi jeunes français et
espagnols
Zarah Leander vedette d’origine suédoise ,a une voix grave et veloutée . elle enregistre en
Français ses derniers succés allemands de l’occupation, volonté de s’imposer ,
propagande ?Ce dimanche alors que la séance française vient de se terminer ,dans une
immense salle non chauffée ….On regarde avec attention le film , les mains enfouies dans les
poches
Premieres actualités des chars allemands disparus dans la neige attendent le printemps pour
foncer sur Moscou
Ensuite c’est l’exposition de la mode…. très hautes coiffures et chaussures à hauts talons de
bois photographiées devant les grands monuments de Paris
Une bordée de sifflets accompagne la projection des actualité allemandes et Mr Arnaud se
débat au milieu des premiers rangs pour rétablir l’ordre
Calés dans nos fauteuils après la séance française , nous nous réfugions discrétement au fond
de la salle pour la projection du film allemand
Une troupe de SS excités nous repére et tente de nous expulser manu militari …Transporté
sans même toucher terre … je rejoins mon ami Jorry sur le trottoir , visage tuméfié
Notre rentrée au cours complémentaire le lendemain sera très remarquée
La cause … le départ pour le front de l’Est ,du régiment SS ou encore sommes nous accusés
avec les espagnols d’avoir collé du fluide glacial sur les sieges de la salle ?
Soupçons de mr Moindrot le directeur du Rex …
,En fait que faire sinon tuer le temps ces dimanches en allant au cinéma ? notre jeunesse
immanquablement française et espagnole se retrouve aux pieds de l’écran du Rex et trouve au
moins un sujet de discussion à débattre en commun lors de l’entracte Les actualités
allemandes le documentaire en attente du grand film…
Là au moins nous sommes tranquilles et quelques allemands peut être alsaciens se retrouvent
en toute quiétude dans nos rangs .. Comment apprécient ils les sifflets provocateurs de
quelques spectateurs ? Monsieur Arnaud a bien du mal à les calmer Parait il que
Mr Moindrot a quelques difficultés à trouver un opérateur !
NOTE PERSONNELLE 1990
La défaite de 1940 semblait devoir être fatale à un cinéma
français qui avait déjà vu sa production réduite de près de la
moitié en 1939. De nombreux acteurs et réalisateurs
s'expatrient.
Jean Renoir, René Clair, Charles Boyer, Jean Gabin, Michèle
Morgan rejoignent Julien Duvivier à Hollywood. Jacques Feyder se
replie en Suisse.
Paradoxalement la période de 1940-1944 apparait encore
aujourd'hui comme un "âge d'or" pour le cinéma français qui, débarrassé de la
concurrence américaine et contraint de composer avec la censure de l'occupant, du
trouver de nouvelles sources d'inspiration et aborder de nouveaux sujets qui
rencontrèrent des succès auprès du public.
Deux cents films furent ainsi produits durant ces quatre ans dont
plusieurs marquent l'histoire du cinéma :
- La Fille du Puisatier de Marcel Pagnol, Volpone de Jacques de
Baroncelli, Les Inconnus dans la Maison d'Henri Decoin, La Nuit
Fantastique de Marcel l'Herbier, Les Visiteurs du soir de Prévert et Marcel Carné,
Goupi mains rouges de Jacques Becker, et bien d'autres comme L'Assassin habite
au 21, Lumière d'été, Le Corbeau, L'éternel retour, Le Ciel est à vous et Les
Enfants du Paradis.
Mai 1942
Actions anti allemandes sous forme de graffitis sur les murs de notre ville Des c roix de
Lorraine à profusion et inscriptions « vive de gaulle affiches de propagande déchirées nous
apprendrons le nom des coupables Pilou et Cirou qui écoperont de 18 et 6 mois de prison en
attendant d’etre jugés Deux articles sur le journal jugés complaisants pour les occupants
1 sept 1942
Les gardes des voies ferrées manquent de guérite et de pélerine
Vote d’un crédit .Le lieu de garde réservé aux sagiens se situe à Loraille et au passage à
niveau de Neauphe Les gardes sont responsables de 8 heures du soir à 8 heures du matin
Une trentaine d’hommes et le tour revient tous les 15 jours Des couchettes sont installées
dans le voisinage …garde barrieres et fermes Moments de détente avec casses croute ,
victuailles diverses , vin et même calvados en espérant…que la nuit noire sera tranquille et
qu’il ne se passera rien ….des heures à écouter les cris des grillons ….De nombreux sagiens
faisant l’objet d’un tour de garde obligatoire sont désignés …
Impossible d’échapper à son tour de garde !Musette bien remplie , direction Loraille !Le
gouvernement du marechal a institué des camps de jeunesse ou une instruction para militaire
ést instruite , mais en fait ces camps sont destinés à alimenter la police qui ést aux ordres de
l’occupant Un des camps ést situé à Blanchelande pres de Mortrée dans les dépendances
d’un château ….Les uniformes bleu marine avec bérets et écussons attirent mon attention et
ma volonté est vive de vouloir incorporer leurs rangs Refus énergique des parents nullement
convaincus par les affiches de propagande….et bien sûr ne cachant pas leurs sentiments
anglophiles Les affiches malgré ma jeunesse auraient pu me convaincre mais l’autorité
parentale a pris le dessus ….
Le château sera détruit par un
incendie en 1950
Quelques jeunes femmes sont
surprises chemin de st Joseph aux
bras d’ allemands en quête d’aventures
avec les françaises consententes
Nous les connaisons bien sûr …..et à
notre vue elles expriment une certaine
gêne
Lorsque le vent est à l’eau…. en
entend tous les bruits venant de la gare…Cette nuit d’été 1942 je ne l’oublierai jamais . Un
avion allié …je suppose ……rase les toits et mitraille les locomotives stationnées à la gare
Un bruit veritablement infernal dans le silence de la nuit. j’ai le réflexe de me camoufler
sous les couvertures …là où je crois me sentir en sécurité …
C’est la période des galoches à semelles de bois, du café à l’orge , frênette
boisson inconnue qui semble nous ravir Le tabac rare pousse dans les jardins Pas de sucre
mais de la saccharine pour le remplacer
Des colombophiles mystérieux ont établi le contact avec les anglais ,on murmure quelques
noms Je découvre un jour inopinément les journaux « resistance « et la flamme « transmis
par des amis de confiance
Octobre 1942 La zone côtiere est interdite
Nos exploits de vacances font partie des souvenirs La rue d’Orleans à Trouville c’est
désormais le passé Adieu le plaisir de rêver et de regarder la mer dans l’espoir d’y voir
accoster quelque vaisseau d’antan …..
C’est la rentrée scolaire Nous héritons d’un nouveau professeur ,jean Mazeline ;C’est une
famille d’enseignants le pére et ses deux fils André et Jean originaires de Mesnil Brout
Un ordre de la kommandanture Camouflage
obligatoire de 19.30 heures à 7 heures du
matin
D’épais rideaux noirs calfeutrent les fenêtres
de notre collége .Mon ami Jorry est
spécialement désigné pour cette corvée de
camouflage qu’il transforme d’ailleurs en
partie de plaisir à la grande joie des éléves
restés à l’étude du soir
Les patrouilles allemandes veillent .. entrent
dans la cour du college Un coup de sifflet
strident nous met dans l’obligation d’éteindre
nos lumieres …
Qu’est ce que l’hébertisme ?
Il n’est pas certain que Hebert ait goûté
l’adoption de ces theories nouvelles
imposées par le régime de Vichy et mises
en application par notre nouveau professeur
L’ hebertisme deviendra la doctrine quasi
officielle de l’éducation physique en France
… marcher , sauter ,lever , lancer
s’inspirent des observations de ce novateur et
notre nouveau professeur reintroduit ainsi
dans notre education physique ces activités fondamentales de l’homme
Pour bien courir il vous faut développer le » grand couturier » je n’ai jamais oublié ces mots
de Jean Mazeline lors de notre entrainement à la méthode Hebert. J’ouvre le dictionnaire
pour bien comprendre la signification de ce detail anatomique
Notre nouvel instit a l’avantage d’être un sportif convaincu , aussi c’est avec bonheur que
nous le suivons au stade des Ormeaux pour les
séances de gymnastiques et les premiers
rudiments de Hand ball Jean Mazeline
habite pas très loin rue Conté et M adame
Mazeline est une cliente assidue de mon pére
les parents de Jean et André Mazeline , Le
pére est instituteur à Mesnil Brout
Devenu chef du BOA (Bureau des opérations aériennes) de la Sarthe, Jean Mazeline revient
dans l'Orne pour occuper les fonctions de chef du canton de l'Armée Secrète de Sées. Il est
arrêté le 22 juillet 1944 à Saint-Michel-la-Forêt (aujourd'hui Saint-Michel-Tuboeuf) au
domicile de ses beaux-parents. Il souhaitait retrouver son épouse pour assister à la naissance
de leur fille. Il est alors emprisonné en juillet 1944 au château des Ducs à Alençon.
Torturé, il ne révèle rien sur son frère André, responsable départemental des FFI recherché
par la « bande à Jardin ». Lors du repli de la Gestapo et de ses mercenaires près du château de
Brotz, à L'Hôme Chamondot dans le Perche, il est fusillé le 9 août 1944 avec ses camarades
Fernand Chasseguet, François Bouilhac, Jean Moreau et Albert Frémiot.
Un moniteur de hand ball falabrégue nous est envoyé par la federation Il nous donnera les
premiers elements de ce nouveau sport
Nous apprenons l’arrestation de Jean Mazeline deux jours auparavant
Les nouvelles se propagent trés vite . jean mazeline mon ancien professeur d’Anglais et de
géographie nous avait quitté en juin dernier pour une destination inconnue . A ce moment là
on parlait de STO bien que certains bruits laissaient entendre qu’il avait pris la direction du
maquis dans la région de Mortagne . Sa pratique de l’Anglais pouvait en fait apporter une
aide au déchiffrage des messages rédigés en Anglais
La BBC nous annonce l’éxécution d’otages à Chateaubriand ,
Jo trehard est l homme providentiel fulgence
Novembre 1942
Cette voix française de Robert Schuman sur les ondes est maintenant légendaire Des mots
magiques ponctuent chaque intervention des reporter de la BBC
26 Novembre sabordage de la flotte française à Toulon
La radio vivait alors ses grandes heures de gloire …Elle permit à tout français homme
,femme ou enfant d’avoir une connaissance rapide presque immédiate des événements
mondiaux mais aussi d’intérêt vital pour la vie de tous les français
Au milieu de tant de désastres d’échecs et de mortels silences ces années deviendront les
grandes années de la radio
« Il faut reprendre par l’esprit ce qui a été perdu par les armes « Jacques Benoist Méchin
Il serait vain de nier que durant ces années d’occupation ,Paris ait continué à briller du feu de
ses spectacles et à exercer un grand rayonnement artistique sur l’ensemble du pays
Avec l’interdiction de présenter des films anglo saxons,les dirigeants des salles occupées se
trouvent plongées dans l’embarras . Privées de bandes américaines il ne leur reste plus de
choix qu’entre l’écoulement des comédies allemandes et les films français jugés mediocres
Tous ces films arrivent en province et le directeur du Rex .mr Moindrot les met
réguliérement à l’affiche Je crois savoir qu’il a quelques difficultés à trouver un operateur
Le cinéma des samedis et dimanches est devenu notre principale distraction ,rien d’autre à
faire ….posté prés de la cabine de projection ,l’un de nous , fils d’instituteur , suit avec
assiduité les films allemands Mis à l’index par notre groupe … en raison de ses convictions
pro germaniques
Quelques films considérés comme des chefs –d’oeuvre » les enfants du Paradis « «
Pontcarral » » l’Eternel Retour » » le Corbeau »….aux heures sombres de la repression et
de l’exclusion
Le 7 eme art est soumis à la volonté de Vichy et les allemands tentent de s’emparer de cet
instrument de propagande afin d’exercer sur lui un pouvoir de contrôle et de censure
Films et acteurs juifs interdits …L’activite cinematographique est donc assujettie aux volontés
de l’occupant . Qu’est devenu Harry Baur ? comédien juif ?
Un français bat un record du monde de brasse , Alfred Nackache que nous avons admiré aux
actualités du Rex disparaît pratiquement de la circulation juif peut être !
Derriere le rêve l’ordre établi… Mefiants envers les films produits avant l’armistice les
allemands finissent par interdire ceux qui étaient tournés avant 1937 et Mr Moindrot est
obligé de se plier aux nouvelles directives de la kommandanture
Bien qu’elle soit d’origine germanique la comédie musicale interprétée par exemple par
Marika Rokk dans le film Cora Terry fait salle pleine chez les jeunes sagiens
«
Django Reinhardt est au fait de sa gloire avec « Nuages « improvisation musicale inspirée
par la traversée de grands vaisseaux de pluie dans le ciel mélancolique de Paris ….
A l’affiche « la ville dorée » …Ruee sur le Rex avec nos camarades espagnols ….
Grand succés …c’est le premier grand film européen en couleurs Ce n’est pas le scénario qui
attire mais une curiosité bien légitime pour ces nouveaux coloris utilisant le proçédé
Agfacolor
Les jeunes en âge d’accomplir le STO ne s’aventurent plus guère , dans la salle du Rex
depuis que les salles de spectacle sont visitées de temps à autre par la police Les classes 21
22 23 sont particulierement surveillées
Quand à nous ,lors de projection de films destinés à la Wehrmacht nous sommes tolérés ….
Nous nous faisons « tout petit »…bien calés dans notre fauteuil
Mr Arnaud nous laisse nous infiltrer dans les premiers rangs du cinema .. A defaut d’autre
chose j’aurais au moins retenu l’essentiel des films pendant cette période noire
Que faire d’autre …que le cinéma !
Nous attendons avec impatience le disponibilité d’un stade ou d’un terrain de football On
parle d’un terrain appartenant à Marigny Notre argument…. le sport devient une affaire
d’état
Réunions interdites , bals supprimés nous trainons dans les rues à guetter le moindre
divertissement L’ USS nous fait les yeux doux pour créer une équipe d’athlétisme capable de
rivaliser avec l’Espérance de Sées c est anré quéru qui en est l instigateur mais aussi le
créateur claude et moi représentns les espirs u nuveau club et il nous faut truver de nveaux
adhérents
Une sourde rivalité , avec l espérance va croissante mais suffisante pour créer une certaine
motivation dans nos rangs ilme faut abslument truiver une paire de pointes
Le petit génie équipé de voiture à bras ,pelles et balais, dirigé par Mr Pêcheur procéde à
l’entretien des rues ‘ et à la plantation des arbres Nous cachons sa goudronneuse dans la rue
du grenier à sel L’équipe d’entretien devient d’ailleurs notre cible privilégiée Nous …..nous
vivons dans une totale insouciance celle de la légereté de l’adolescence
En « empruntant » la barque du Cour utilisée pour le ramassage des algues flottant en
surface ,nous sombrons corps et biens prés du lavoir engloutissant tous les outils de cette
vaillante équipe
Des amis parisiens de Levallois et Montrouge en quête de ravitaillement nous font part de la
situation difficile des habitants pratiquement rationnés sur la plupart des produits de la vie
courants , beurre , lait , creme , etc..
Dimanche 27 decembre 1942
Un veteran de l’école se fait particulierement remarquer en interprétant deux morceaux
d’harmonica à l’arbre de l’école maternelle , le veteran c’est jean mon frere ( journal de l
orne du 8 janvier 1943)
Mme Greiner notre championne est classéee aspirant dans la categorie des athletes
internationaux. Deux enfants en bas âge ne l’empêchent de montrer l’exemple aux futures
vedettes sagiennes de notre athlétisme
Son mari a pris en main l’équipe locale et , se distingue au poids et au lancer du disque
Le comité d’aide aux prisonniers reçoit quelques dons
Les inspecteurs du contrôle economique découvrent à Belfonds un abatage clandestin mr
jardin propriétaire de la ferme a été arrête Est ce le fameux Jardin dont tout le monde parlera
dans le cadre de la gestapo ornaise ?
Mais l un de nos dirigeants au cercle catholique rue d argentré sera jo tréhard ,
entraineur d hommes ,dynamique et organisateur
1943
31 1 43 Mauvais temps Tempéte
N’oublions pas le couvre feu …
Les vieilles rues de la ville c’est notre domaine
…quelques minutes de marche et nous nous
retrouvons au bord des eaux sombres et tranquilles
de l’Orne prés du vivier à l’affut du
moindre bruit de bottes . Les cloches égrenent 11
heures… heure du couvre feu … c’est le grand
calme , la pleine lune semble marquer le centre du
monde et son contour se réfléte dans les eaux
glauques de la riviére obscurcie par les roseaux et
les nénuphars .Je me fais la reflexion suivante ; ; ; ; Partant de Saint Remy ,lieu de
naissance de la source ,rien n’empechera les eaux de de l’Orne de s’écouler calmes et
sereines vers leur embouchure .et les rivages de la Manche
, le lavoir ,lieu de rassemblement des laveuses toujours en quête des derniers potins du
pays
A pas feutrés nous reprenons le chemin du retour en empruntant les ruelles les plus sombres .
La rue des Cordeliers et enfin la place du parquet Les traits de lumiere mal dissimulés
filtrent pres des bords des rideaux noirs de notre vitrine .Ma premiere penséee « je vais me
faire emballer « … Claude et Pio ne peuvent qu’acquiescer ; ; ; ; Pris d’une irrésistible
panique ils se sauvent à toute jambes , Claude direction place Voltaire et Pio route de Rouen
Il était temps , dans le silence de la nuit , des bottes ferrées résonnent sur le pavé de la place
et se perdent dans le dédale des petites rues..
ON visite les nombreuses pieces du palais episcopal abandonnées par la wehrmacht
N ous n avons plus accés au chantier depuis l arrivée des allemands
Une sentinelle en potége l accés et réprésente une menace suffisants pour nous
emp^ùecher de franchir la palissade nous conduisant aux nombreux locaux
abandonné marquant le passage de la troupe
Nous guettons à chaque départ ou changement de regiment les départs des
occupants pour visiter les lieux abandonnés par la wehrmacht et récupérons les
objets abandonnés les plus divers revues , livres
Ainsi je découvre un paquet de cartes Michelin représentant les différents
départements français mais écrites en allemand
Notre campagne est devenue un lieu de pèlerinage …
fevrier 43
Quelques parisiens de notre âge en quête de liberté dans nos campagnes nous tombent du ciel
. Ils ont droit bien sur à l’accueil privilégié « parisiens têtes de chiens …parigots têtes de
veau .. »
Ils deviennent bien vite nos amis .. Ainsi les deux fréres Bordas habitant le quartier de
Montparnasse et habitués des courses au vel d’hiv nous convient route d’Argentré à des
courses cyclistes acharnées, sprints endiablés où nos deux parisiens y mettent tout leur coeur
Ne sommes nous pas dans une période où la bicyclette vaut tous les royaumes du monde
Les allemands eux mêmes sont attirés par notre campagne ,
Lentz le responsable de
l’organisation Todtt dans le département emploie des moyens radicaux pour convaincre les
fermiers réticents
Mitraillette à ses côtés il entre impunement dans les fermes en quête de denrées introuvables
en Allemagne
22 mars1943
Arrestation de Netter Marianne déportée de Drancy le 23 juillet 1943 pour Bergen Belsen
sera rapatriée le le 18 mai 1945
Au printemps une menace autre que l’étoile jaune ….. le service du travail obligatoire (
STO ) décidé par Pierre Laval pour satisfaire aux besoins de main d’oeuvre de la machine de
guerre allemande et visant les classes
1940 1941 1942
Manifestation contre le STO
affiche de Propagande Légion des volontaires français
Suite à un accord entre notre maréchal et le commandement allemand plusieurs milliers de
prisonniers particulierement les peres de trois enfants seront renvoyés dans leurs foyers
Internés au stalag 11 B de Fallingbostel ( Hanovre ) certains avaient reussi en pretextant
leur expérience de fermier à se faire affecter dans une ferme à divers travaux d’’agriculture .
Avec un peu de chance cette faveur leur permettait de retrouver une vie familiale même s’il
s’agissait d’une famille allemande Les fêtes de fin d’année leur donnait prétexte à retrouver
le camp et de participer à l’organisation de jeux , danses et représentations diverses
Avril 1943
Les bruits se répandaient très vite dans notre petite ville ….La vie clandestine finissait par
remonter à la surface ….A mots couverts on parlait de trois polonais aidés par Edouard
Paysant en avril 1943 qui auraient passé une nuit à Sées …..
j’ai cherché à éclaircir cette histoire à partir d’un rapport d’évasion obtenu auprés du
ministere de la défense britannique (service des archives) compte rendu qui m’apportait les
en 1945 LES résultats suivants
MI 9 Rapports d’évasion nos 1232 et 1233 du F/O Boleslaw Korpowski et T/Sgt Dent
,Allen Neville( ref à rapport d’évasion1998 roger Cornevin adressé aux archives
départementales )et extrait des Archives de la RAF )
Un avion décollait de Temsford à 20.30 le 12 Avril 1943 pour une opération SOE
et touché par la Flak ,faisait un atterrissage forçé prés de Caen ( Calvados )exactement à
Douvres la delivrande
L’équipage se partageait en 3 groupes et l’un des groupes se dirigea à pied vers Argentan
Sees alençon
L’avion a été entierement été d étruit par le feu Le FO Izycki , WO Jensen et le fo
Korpowski sont sérieusement brûlés .
17 Avril 1943
En route vers Argentan ( Orne témoignage obtenu en 1990 par le ministere de la défense
britannique en 1990 )
« Nous passions la nuit du 16 Avril dans une haie à 4 miles au sud de Falaise .
Le matin du 17 Avril nous atteignions Argentan à 16 heures . approchant prés de la gare de
chemin de fer mais nous remarquone que les gendarmes controlent les cartes d’identité ..
Nous traversons la ville et suivons la route principale en direction d’Alençon . Nous sommes
entrés dans une ferme isolée prés de Saint Martin des Champs à deux miles au sud
d’Argentan . Les fermiers nous ont donné à manger et hébergé pendant deux nuits .
NP : Saint Martin des Champs est situé à 1km au sud d’Argentan ,prés de Mauvaisville , sur
la nationale 158 ou route de Sées Alençon
Içi nous rencontrons un homme d’affaires venant de Paris et qui parlait Anglais . Il nous
apporta trois tickets de troisiéme classe pour pous rendre à Tours et nous conseilla de ne pas
nous adresser au .... premier français venu pour demander de l’aide mais d’essayer de
contacter les prêtres dans les petits villages que nous aurions à traverser sur notre route .
Nous nous sommes rasés pour la premiére fois depuis notre atterrissage et nos hébergeurs
nous donnérent un rasoir , du savon et une serviette «
Betourne retour de prisonnier est décoré de la medaille militaire Rougeyron parle de sa
présence au château des ducs d’Alençon alors qu il était emprisonné lui-même avec A
Fremiot ,et Mazeline après la découverte à son domicile d’une cache d’armes
Les Ormeaux… lieu de détente
E n ce jeudi de l’année scolaire 1942 1943 ,c’est la grande détente ! Notre lieu de rendez
vous c’est le stade « des Ormeaux » . Sous la conduite de Jean Mazeline notre nouveau
professeur d’anglais et de géographie ,le monde des collégiens découvre dans la joie les
secrets de la méthode Hébert
Un train rempli de soldats de la Wehrmacht passe sur la voie ferrée . L’un des passagers
jette une orange . C’est la ruée . Je réussis à m’en emparer au grand dam de mon copain de
classe Raymond Jorry ,avant centre inamovible de notre équipe de Hand Ball .
Chaque dimanche ,par tous les temps ,les équipes allemandes s’affrontent sur notre terrain ,et
désespérés nous assistons à la prise de possession inéluctable de notre vétuste vestiaire
Quelques photos perdues par nos occupants trainent sous un banc ...Trois SS , short noir
,maillot blanc frappé de l’aigle noir ,feront le bonheur de ma collection ...
L’année se termine et les brumes épaisses des grandes villes industrielles anglaises de notre
« Carpentier Fialip « s’estompent à l’approche des grande vacances Cette Angleterre ..terre
de liberté .accrochée aux rivages de l’Europe occupée nous fait rêver Middleborough c’est
un nom que je n’oublierai pas . Pour moi c’est l’image de Jean Mazeline s’évertuant à nous
faire prononcer correctement la langue de Shakespeare .
A la tombée de la nuit , la ville prend un aspect différent de celui qu’elle offrait autrefois Les
reverbéres sont éteints ,le black out total doit être observé jusque dans les appartements où le
moindre rayon d’électricité filtrant des tentures mal ajustées fait encourir à l’habitant une
amende immédiate infligée par les rondes de police Les éclairages d’usage courant diffusent
une lueur parcimonieuse et glauque que corrige à peine le faisceau également bleuté des
lampes de poche des passants
Juin 1943 Sombre mois de juin …
Le docteur Melun et albert Frémiot nos deux voisins
Ce mois de Juin ne fait que nous surprendre ,
l’arrestation par les autorités allemandes de notre voisin ,
le docteur Melun médecin 43 ans, juif d’origine roumaine
, naturalisé français et installé dans les murs de notre ville
depuis 1931 . Profitant d’un droit de passage son épouse et
ses enfants utilisaient notre cour pour accéder à leur
domicile .situé rue Conté . Cette arrestation nous
bouleverse et nous inquiéte
Le docteur Melun comme de nombreux juifs , maris
d’aryennes est interné en aout 43 au bagne d’Aurigny ,
ile anglo normande occupée par les allemands depuis
1941 ( voir en annexe une note concernant Aurigny) Le
but de ce camp employant des internés russes et
républicains espagnols consiste à construire des ouvrages de fortifications pour le mur de
l’Atlantique En novembre 1943 le docteur Melun sera transféré à Drancy derniere étape
avant le grand départ pour Auschwitz
Il décédera dans le train no 63 du 17 decembre partant de Drancy à destination de Auschwitz
(infos obtenues au CDJC rue de turenne Paris )
Cette arrestation fait suite à l’ arrestation d’une personne juive madame Netter habitant rue
du long Boyau ,chemin ombragé perpendiculaire à la route d’Alençon ,juste derriére la gare
octobre 43 Deux autres membres de la famille Netter habitant rue du long boyau sont
également arrêtés et déportés au camp de bergen belsen
Camp de prisonniers en 1941 ,Bergen Belsen mis à la disposition de l’administration SS
(100 km de Hambourg et 75 km de Hanovre) ce camp deviendra un veritable camp mouroir
et les civils allemands ,notables et villageois seront contraints des la liberation des
prisonniers en 1945 à la méditation devant ce charnier
Les cours continuent au cours complementaire dans cette
ambiance délétére …Mais non
Jean Mazeline cesse prématurément l’année scolaire
alors qu’il enseignait depuis Octobre 1942 dans notre
établissement . La raison nous l’ignorons et je me pse
sans cesse es questins Cette disparition précipitée nous
étonne On parle de STO , de maquis ....ce sont des mots
nouveaux qui reviennent souvent dans les conversation
des adultes
En fait après la guerre je serai en mesure de découvrir la
guerre de nuit à laquelle il participait et qui se déroulait
autour de notre petite ville ,activité clandestine que
j’ignorais partiellement
Jean Mazeline décide alors sous la direction d’Edouard
Paysant d’entrer dans l’organisation aérienne
clandestine du B.O.A. . En juin 1943 il dirigera le
premier parachutage d’armes dans la région d’Argentan .On imagine les difficultés d’une
telle opération réussie par une nuit de clair de lune au nez et à la barbe de nos occupants
.Réfractaire au S.T.O. il trouvera asile dans une ferme de la région de Mortagne pour
quelques mois ,ce qui peut expliquer sa disparition et son absence de notre collége .
Chef du BOA de la Sarthe il forme alors les équipes d’intervention ,s’occupe de
l’homologation des terrains , dirige les parachutages de Novembre 1943 à Février 1944 . Le
27 Juillet 1944 ,pris au piége à Saint Michel de la forêt ,alors qu’il rendait visite à sa
femme la nuit ,pour la naissance du premier bébé , iI est emprisonné au chateau des ducs où
il subit les interrogatoires et les tortures de la Gestapo . Emmené dans le bois de Brotz ,il est
fusillé avec quatre autres prisonniers dont Albert Frémiot notre voisin ,
« L’espoir des ténèbres «
L’avion et la radio ont révolutionné les moyens d’action des belligérants de la seconde guerre
mondiale ,imposant des changements fondamentaux à la nature ,au déroulement et aux formes
de la lutte
.On peut dire que la BBC réglait l’ existence de la plupart des français tout au moins pour
ceux qui accordaient la plus grande confiance aux alliés en écoutant les nouvelles transmises
par Robert Schuman , Jean Marin , Pierre Jourdan .On commençait à ressentir une
sorte de tressaillement aux premiers succés alliés qui commençaient à se dessiner
En résumé l’exaspération et la rancune des hommes plaçés sous le joug germanique se
faisaient de moins en moins silencieuses
Pour ce qui est de la lutte clandestine une évidence s’impose : ces conquêtes techniques ont
constitué des atouts aux effets incalculables . Qu ‘aurait été en effet la résistance si les
combattants de l’ombre n’avaient eu aussi pour eux l’azur et le ciel ? Sans la voie des airs
sans la possibilité offerte de la sorte à la France libre et aux alliés de pénétrer au coeur du
territoire occupé par l’ennemi ,en se jouant de la mer ,des frontiéres et des fortifications
,comment les groupes de résistants auraient ils pu communiquer , recevoir des armes ,
accueillir ou envoyer des agents ? Et sans la télégraphie sans fil ,sans les émissions des radios
clandestins éparpillés à travers la France ,sans les écoutes de Londres ,sans les messages
personnels de la BBC ,comment auraient pu s’effectuer les liaisons , se transmettre les
instructions , s’échanger les renseignements ?
15 octobre
Une troupe de la Wehrmacht visite le haras et revient en plusieurs occasions
Volterra propriétaire de l’écurie de course du même nom sort d’un internement à Drancy(
voir note sur Drancy en annexe )
30 octobre premieres gelées
Le couvre feu est fixé à 18 30 par la feldkommandantur d’Alençon . Paraît il que nous
sommes une Orstkommandantur …. Interdiction de mettre le nez dehors entre 18.30 et 7
heures du matin sous peine d’arrestation .Des fils
telephoniques auraient été coupés ?…
Les bottes allemandes résonnent sur les pavés de la rue
Conté Aujourd’hui la rue est goudronnée
Le cours complementaire de Sees et la cour de
l’établissement
Eléves ou instituteurs il nous faut veiller à la parfaite
installation des rideaux noirs par l….’éléve de service
Aucun rai de lumiére ne doit percer ,la patrouille
allemande ne laisse rien passer ….
Extrait de mon journal de bas en haut :le collége et la cour place
du parquet , la rue Conté
Ordre de la feldkommandantur 29 Octobre 1940
Les lignes telephoniques seront gardées nuit et jour par des sentinelles fournies par la
population civile
Le chantier appelé ainsi en raison des
matériaux et des pierres qui l’encombrent est
notre lieu de rencontres entre jeunes ,
Le marechal Pétain visite un camp de
jeunesse
L'armistice de 1940 ayant supprimé le service militaire obligatoire, les chantiers de jeunesse
furent créés comme une sorte de substitut le 30 juillet 1940. Les jeunes hommes de la zone
libre et de l'Afrique du nord française en âge d'accomplir leur obligations militaires y étaient
incorporés pour un stage de huit mois. Ils vivaient en camps près de la nature, à la manière
du scoutisme, et accomplissaient des travaux d'intérêt général, notamment forestiers, dans
une ambiance militaire. Ils étaient encadrés par des officiers d'active et de réserve, ainsi que
par des aspirants formés pendant la guerre de
1939-1940
Dans notre salon les bavardages vont bon train et
bien sûr on parle de la ligne de démarcation bien
lointaine pour les sagiens
Chaque année nous avions l’habitude de partir chez mes oncles et tantes habitant la région de
Montluçon (Allier)
Mais où passe donc la ligne de démarcation ?Elle coupe la F rance en deux avec une profonde
entaille dans le sud ouest conduisant vers les Pays Basques
Mon ami jean Maumon habitant rue Conté nous conte ses aventures à Mers el Kébir mais
aussi nous parle de ses projets de départ vers l’Angleterre par la ligne de demarcation , et les
Pyrenées ou encore a-t-il en tête la traversée de la Manche sur un chalutier breton …
Miss Canel le professeur d’anglais familial a bien l’intention de tenter l’aventure mais
souhaiterait être accompagnée . Nous jugeons que ce projet est voué à l’échec
Instaurée par une convention datant de
1940 la ligne de démarcation de la
France occupée parcourt treize
départements sur prés de 1200
kilometres Sa mise en place a
provoqué une rupture administrative et
territoriale des eaux et forêts, des
préfectures et des sous préfectures,des
instittions judiciaires, des legions de
gendarmerie ,des academies , des
banques nationales, de la SNCF
Le regime de Vichy qui a connu le traçé très précis de la ligne seulement à la fin de 1941 a dû
reorganiser le fonctionnement administratif du pays
Malgré la présence des panneaux , de
poteaux ,de herses , de guérites et de
barriéres dans les villes et villages divisés
, malgré l’installation de champs de mines
par les allemands la ligne de demarcation
ne fut jamais totalement hermétique. Des
milliers de clandestins traverserent au
risque de leur vie utilisant souvent les
services des filieres nationales de
passage ; des aviateurs alliés abattus , des
juifs , des prisonniers évadés ou encore de
simples voyageurs de commerce ,Des
laissez – passer furent accordés aux frontaliers contraints de le franchir quotidiennement
Le 11 novembre 1942 la totalité de la France fut occupée par les troupes allemandes mais il
fallut attendre le 1 er mars 1943 pour que le ligne de démarcation fût officiellement
supprimée
Les aviateurs abattus à Sées (crash de B elfonds du 4 juillet 1943)dirigés par leur guide ne
subiront aucun contrôle particulier au niveau de l’ancienne ligne de démarcation en
septembre 1943. Un seul controle à Dax par un agent allemand intrigué par les chaussures
d’un aviateur americain( voir rapport d’évasion e G ordon Erickson dossier Roger
Cornevin-Hayton no )Un groupe de quatre évadés passa par les Pyrenées Atlantiques ) et
un second groupe par les Pyrenées orientales après un hébergement clandestin au Mans et à
Lyon et quelques peripéties sans conséquences
Journée de tristesse à Sées ( photo
Gerard M alherbe )
C’est l’inhumation des victimes du
bombardement du 14 juin
Novembre 1940
C’est dans une ambiance tendue et
troublée qu’arrive le 11 novembre
1940 premiere commémoration de
l’armistice 1918 ,en zone occupée de
la victoire sur l’Allemagne
Redoutant que cette commémoration
ne donne l’occasion d’une
manifestation anti allemande la
kommandanture interdit toute ceremonie commémorative… ce qui à Paris ajoute à l’émotion
de la population voire catalyse le besoin de réagir contre l’occupant
On apprend par Jean Marin de la BBC les incidents de l’Etoile où quelques lycéens et
étudiants parisiens de tout milieu ont lavé l’honneur de la patrie
Les parisiens découvrent la brutalité de l’occupant qui mobilisant un régiment d’infanterie
ont procéde à de nombreuses arrestations …. étudiants , lycéens et civils . il faut apprendre à
vivre dans cet univers difficile ….
Mon pere a besoin d’un ausweiss pour se rendre à paris chez Vog rue de Prony pour 4 jours
et doit solliciter la bienveillance de monsieur l’officier de la kommandantur
Les cultivateurs doivent déclarer en mairie le bétail vendu directement aux allemands de juin
a fin novembre
Alors que le culte du maréchal s’impose dans les chaumieres , notre vieille classe de début
de siécle ...aux bureaux bien cirés mais couverts de taches d’encre et des graffitis de nos
anciens ..accapare tous nos efforts studieux .Et au dessus de nous la moustache farouche et
l’oeil convaincant de notre vieux et respectable maréchal nous toisent de toute leur hauteur...
Ce vieux maréchal nous le respectons ! Il nous sortira de cette orniére ... malgré son âge !
Pour le moment , comme beaucoup d’autres ,je guette avec une impatience grandissante ,
l’heure de la distribution de gâteaux vitaminés . On parle même de nous distribuer du lait !Je
ne suis pas contre ... Donc que dieu prête vie à notre glorieux Maréchal !
Nous chantons avec entrain « Maréchal nous voilà .. »
7 novembre 1940 Actes de sabotage dans la région de Sées le couvre feu risque d’être
avançé on parle de six heures ……comment faire pour rejoindre les copains sur la place ?
22 et 24 novembre tempête et premiers brouillards
Sur la route de Rouen prés du calvaire une traction allemande rase les arbres et bascule dans
le fossé …. un appareil photo glisse du siege arriere ….Voigtlander à soufflet il fera mon
affaire , quelques photos à l’intérieur , une famille groupée autour de deux soldats
Mais l’automne arrivait avec son lot de mélancolie et de rationnement
La guerre continuait et nous en suivions les péripéties , malgré la censure.. à travers les
emissions brouillées de la BBC Il était clair que notre avenir dépendait de son issue
Distribution des tickets de rationnement La ration de pain est de 300 grammes par jour et par
personne Quelques faveurs du boulanger Bocquel notre voisin qui nous accorde de menus
suppléments Notre charcutier Clement ,rue Lèvêque en fait de même
Les habitants des grandes villes et principalement les parisiens se découvrent des cousins de
province pour bénéficier de colis familiaux bien remplis de viande , d’oeufs , et légumes frais
Ils s’aventurent sur les routes de Normandie du samedi au lundi pour écumer les fermes
Le charbon demeure aussi introuvable que le bois .
Avec deux camarades d’école , Marcel Blais et Charles Maumon on essaie de récupérer du
machefer sur la voie ferrée reliant Sées à Argentan .
Paraît il que ce produit brule très bien dans un poele !
C’est maintenant le grand hiver . Notre « vallée des bénédictions »,(appellation donnée par
les prêtres du cercle catholique ) route d’Alençon , rassemblement des coeurs vaillants
,connaît alors un grand calme . Endormie , elle est soudainement privée des cris des jeunes
et la neige y a ajouté une couche supplémentaire de silence Nos jeux de plein air vont ils
pouvoir reprendre .. ?
C’est le retour de la cavalerie et des attelages Pomponne belle jument noire attelée et attachée
prés de notre salon piaffe d’impatience en attente de son maitre
On recense le personnel britannique vivant dans l’Orne
Extrait d’ « une politique de contrôle et d’exclusion 1940 1942 l’internement des anglais
puis des americains résidant en France pendant l’été 40
Les feldkommandantur s’étaient attachés à recenser les britanniques non sans probleme
puisqu’ils y furent rapidement plus de 1600
Drancy servira quelques mois de lieu d’internement et changera de statut à partir d’aout
1941
Femmes enfants et vieillards qui avaient obligation de pointage à la kreiskommandantur du
lieu d’habitation seront transférés à la caserne Vauban de Besançon avant d’être
acheminés à Vittel
Les hommes valides 906 internés dont 112 canadiens seront internés à Drancy
C’est donc le cas du personnel britannique habitant le haras de Bois
Roussel sous la direction de Leon Volterra propriétaire de
nombreux théâtres parisiens ( Marigny , le Lido etc …°
Decembre 1940
7 decembre tempête de neige
Les parents Hayton et charley ,Betty Hayton quittent le haras pour
une destination inconnue
ainsi qu’un groupe de prisonniers français
Témoignage de Charles Hayton
« Les camions allemands arrivent au haras en pleine nuit Lors du trajet conduisant à la gare
nous sommes salués par plusieurs alençonnais qui nous font des signes d’amitié et nous
donnent differentes victuailles Mr tremblin un jambon Mr Vimont deux bouteilles de
rhum , bien sûr en cachette des allemands « ..
8 decembre Arrivée au camp de Drancy des internés anglais
les personnes agées dont les parents Hayton sont internées à la caserne Vauban à
Besançon , front stalag 142 interniertenger block 3 bat a sect 9 ch 25
30 avril 41 transfert du camp de la caserne
Vauban au grand hotel de Vittel .situation
beaucoup plus confortable ( voir en annexe la
situation Drancy )
La BBC nous informe de l’arrivée de jeunes
français sur la côte anglaise ils ont bravé des eaux inconnues mais surtout la surveillance
allemande Combien je les envie…
Projet utopique sans aucun doute ! ..
fin dec 1940 Le Rex est en effervescence …
Le marechal fait une tournée des grandes villes ..du sud de la France ‘ a Marseille il est
accueilli par une foule en délire Des arlesiennes et des gardians sont chargés d’assurer la note
folklorique ,le folklore ayant en l’occurrence une importance politique… je reste dubitatif
devant ces milliers de personnes hurlant leur joie ,leur ferveur Les spectateurs du Rex restent
muets devant la joie des français Qu’attendent ils du marechal ?
1941
Le mot ersatz apparaît dans notre vocabulaire …..
Dans les journaux locaux on entend parler d’ersatz ….Ce mot est associé à tous les manques
de la vie quotidienne…
Deux zones ,l’une libre , l’autre occupées par les allemands ne se privent pas pour puiser
dans les réserves de la France L’économie est désorganisée ; beurre vin oeufs et charbon
deviennent rares malgré l’apparion des cartes d’alimentation apparues à la fin de l’année
Les allemands accusent le blocus britannique qiui contribue à freiner l’importation en
métropole de produits venant des colonies d’ou l’apparition de ces fameux ersatz
Les affiches nous demandent de tout récupérer … Tout peut être utilisé même les déchets ..
En mai 41 Notre école est mise à contribution pour ramasser dans nos campagnes des fruits
sauvages d’où le glucose doit être extrait
Mes parents se lancent dans la fabrication du savon et de nombreux conseils fleurissent dans
les articles de journauxc 500 grammes de graisse ,de la lessive alcaline , 1 litre d’eau
… Nous vivons avec les ersatz
Le café est remplaçé par l’orge , le malt , la chicorée
Nouvelles composition des cigarettes ,…… feuilles de frêne , cerisier ,tournesol ,
Nouveaux textiles à base de fibres artificielles …. apparition de la rayonne même des robes
en fibres de bois en publicité dans les journaux
Une usine de Condé sur Noireau se charge de transformer les cheveux récupérés chez les
coiffeurs en divers objets …pantoufles , gants …. quand aux sabots de bois ils font un retour
en force à tout âge
Même nous les jeunes du cours complémentaire …nos semelles de bois claquent sur les
carrelages de l’école ….
Inscriptions de lettres V sur différentes maisons de la ville . Le maire réagit contre cette
pratique qui pourrait occasionner des sanctions graves à l’égard de toute la population Les
occupants des maisons où sont inscrites ces lettres doivent immédiatement les faire disparaître
L’ardeur , l’optimisme, le volontarisme qui animent mes parents et amis leur permettent de
surmonter la peur et les difficultés croissantes Ils espérent toujours voir dans un avenir plus ou
moins proche la fin heureuse de la guerre et de l’occupation
L’autorisation de circuler est soumise à une stricte réglementation ; circulation réservée au
fonctionnement des services publics ainsi nous profitons en fonction des places disponibles
des véhicules de la poste utilisant un camion à gazogéne pour nous déplacer à Alençon ou
Argentan
27 janvier ordre donné au maire par la préfecture de réquisitionner les postes de TSF
Extrait de « Clandestinité » de André Mazeline » C harles Forget énergique vieillard qui ne
se départit pas facilement de son calme , n’est point en effet homme à se laisser démonter par
les événements il l’a prouvé de façon péremptoire pendant l’occupation,il a même prouvé un
beau courage civique dans ses démêlês avec un lieutenant SS qui émettait la prétention de
faire saluer les officiers boches par les civils le maire de Sées eut gain de cause en cette
affaire et tint à annoncer sa « victoire « à ses administrés par un communiqué terminé par
ces mots ;
V ive la République ….
Juin 1941 Le maire se fait confirmer cet ordre par le préfet
afin de convaincre ses administrés
Sous le chaud soleil de juin les écoliers de l’école communale
et du cours complémentaire traquent le doryphore . Ces
bestioles dévastent littéralement les plans de pommes de terre
…à l’image de nos envahisseurs accrochés à notre territoire et
qui finissent par hériter de ce surnom
A l’école l’instituteur a du se résigner à « envoyer » au fond de
la classe l’imprenable bastion des chahuteurs ,. les méres de
familles alertées ne sont pas toujours d’accord Corvée
supplémentaire de doryphores pour les récalcitrants …
La vente de la carte postale du maréchal a connu un succés
dont la rapidité dépasse toutes les espérances… 1500 cartes en
une seule journée
Les personnes qui ont logé des soldats allemands en
février sont- invités à venir en faire la déclaration
d’urgence au secrétariat de la mairie , les indemnités
devant être désormais payées chaque mois
Retrait des cartes de lait à la mairie
Recensement des prisonniers
Un contingent de troupes allemandes doit arriver
prochainement à Sées et remplacer le régiment précédent
On doit se soumettre à nouveau aux réquisitions et aux
injonctions
Juillet 1941 les britanniques internés à Drancy sont
renvoyés dans leurs foyers Ainsi le personnel
britannique de Bois Roussel réintégre son domicile Il sera soumis à un contrôle rigoureux
par la kommandanture et devra « pointer » chaque semaine
Tout déplacement hors de leur domicile sera contrôlé ( autorisation de déplacement à
l’intérieur du département ……. visites medecin , dentiste etc ..)
Les premiers juifs arrivent à la caserne de Drancy avec de simples valises ,et remplacent les
membres britanniques et du commonwealth renvoyés dans leurs foyers
Ils seront soumis à un régime beaucoup plus rigoureux et réduits à la condition …d’esclave
sans protection de la croix rouge internationale
Charles Hayton bien que de nationalité britannique avait essayé d’otenir un passeport
irlandais En effet l’Irlande du sud son lieu de naissance n’était pas en guerre avec
l’Allemagne Le certificat arrivera tardivement après la décision des allemands de renvoyer
les britanniques dans leurs foyers respectifs
En fait Charles Hayton était bien de nationalité britannique par ses parents et ce ^passeport
volontairement falsifié ne servit à rien
Apparition des bons de chaussures
Impossible de trouver des chaussures de foot …Droitier je
joue avec une chaussure droite et un camarade de classe Janik
avec la chaussure gauche Trouver un terrain de foot c’est
maintenant notre objectif
Mon pére beneficie d’un laissez passer pour Paris…
Il en profite pour rendre visite à quelques amis du haras de
Bois Roussel internés et leur apporter quelques colis .
Le café Alriquet situé en face du camp l’hebergera pendant
la durée limitée de son séjour
R appelons que la croix rouge britannique n’abandonnait pas ses congeneres et leur
adressait régulierement des colis
Les salle ou dortoirs des immeubles de Drancy sont immenses et la prosmiscuité evidente
mais les internés du Commonwealth sont bien traités
Rien à voir avec le sort qui sera réservé aéux internés juifs à partir de Juillet 1941
Février 1941
Une loi de Vichy rend obligatoire pour les jeunes ,un stage dans un camp de jeunesse
D ésespoir Les films de Tarzan , jim la jungle même M ickey sont supprimés en 1941 avec
une foule d’interdictions ,le jazz , la danse alors que le sport devient une affaire d’état
16 avril 41 Le conseil évoque les dénonciations faites auprés des autorités allemandes Elles
risquent d’occasionner des ennuis très graves
16 décembre 41 Le maire informe le conseil qu’il a été avisé par les services interessés que
….la statue de Conté devait être enlevée pour être livrée à la fonte
Dans le salon un soldat allemand flaire les odeurs de cuisine ,il longe le couloir et surgit alors
que nous sommes tous attablés .Débraillé… sa gaucherie dénonçe une origine campagnarde ,
qui contraste comme une injure à la wehrmacht,à la discipline prussienne et l’impassiblité
nazie Ce soldat semble aussi étranger que possible à la guerre , un ennemi de la violence ,
le membre le plus inoffensif de l’armée allemande nous montrant toutes ses photos de
famille Il semble plutôt avoir envie de s’attendrir sur tout ce qui est étranger à l’armée …..la
nature , les arbres et les fleurs plutôt que les peripéties de la guerre Les photos circulent de
main en main ,… on les examine avec une politesse distraite mais l’attitude de ce soldat nous
surprend … nous qui avons plutôt l’habitude d’affronter l’arrogance ou l’impassibilité de nos
occupants
Juillet 41 Impensable… création d’une légion de volontaires français contre le
bolchevisme …avec Achille on s’interroge …. Les affiches de propagande fleurissent sur les
murs de notre ville
Au cinema « Rex « monsieur Arnaud veille et tente d’imposer le silence
Les britanniques « ornais « sont témoins de l’arrivée des premiers juifs dans les immeubles
de Drancy
Un ami libéré nous parle de l’acheminement
de ces familles pauvres , mal vêtues trainant
derriere elles quelques bagages , Certains
disent que nombre d’entre elles habitaient la
rue du Sentier
Des perturbateurs on pris l’habitude de siffler
les actualités qui sont un énorme moyen de
propagande pour les allemands Les espagnols
accusent les français et les français les
espagnols ….. Désormais les actualités seront
projetées dans des salles éclairées
Exactions contre les juifs en différents points d’Europe annonce la BBC
Les soldats de la wehrmacht encombrent notre salon et mon pére observe avec inquiétude les
bottes ferrées rayer le linoléum bien ciré ;A la veille des inspections de tenues j’ai compté la
présence d’une demi douzaine de soldats de la Wehrmacht attendant sagement leur tour
Quelques fantassins viennent surtout pour se reposer…..j’en ai l’impression et échapper à
des corvées imposées par les feldwebel Ils baillent d’ennui ,sans manifester d’impatience
Ils s’expriment très rarement . Pas seulement le barrage de la langue.. mais aussi le respect des
ordres supérieurs qui leur interdit de communiquer avec la population
Une voiture vient chaque semaine récupérer les cheveux amassés dans le bas d’un placard
Mon pere pendant les vacances m’avait confié quelques responsabilités dans le salon ,
savonner la face de nos occupants à condition de refuser tout pourboire ,ce que je fis avec
conscience jusqu’au jour où distrait et préoccupé par l’uniforme et les
galons argentés j’ai
failli faire avaler le blaireau à l’un de nos nouveaux clients
Mécontentement , colére du feldwebel surpris mais finalement
conciliant Il semblait accepter ma jeunesse et malgré moi je
récupérais quelques marks …
Pas question de coller cette affiche sur notre mur dit mon pére au
colleur d’affiches communal Même notre voisine ,veille dame
impotente dont la maison se trouve étroitement dissimulée entre la
maison Frémiot et la notre ne veut accepter cette affiche provocante
Nous avions souvent la visite de gradés de la Luftwaffe qui se distinguaient par un uniforme
tirant sur le bleu et des ailes brodées à l’extremite de leur col de vareuse
Accaparé par la mise en chantier de deux maquettes dont j’avais obtenu les plans par une
maison spécialisée de Paris ,je m’efforçai de mettre au point les structures d’un Messerchmitt
109 et d’un bombardier Lancaster de la RAF L ‘officier en question intéressé par mon
projet, à ma grande surprise me donna quelques conseils mais aussi quelques détails
techniques sur le Me 109
Il est vrai que mon intérêt pour l’aéronautique ne faisait que croitre
Au début les communications écrites entre les zones nord et sud étaient entierement
suspendues La separation totale d’expedition des lettres entre les deux parties de la France
sera abandonnée .
Une correspondance soumise à la censure reprendra dans d’etranges conditions au moyen de
cartes sans enveloppes sur lesquelles il sera très difficile d’exterioriser ses veritables
sentiments
Les bains douches rue du Vivier fonctionnent à plein rendement Les allemands eux mêmes
les fréquentent régulierement au même titre que les sagiens.Comme tous ils attendent
sagement leur tour ; Sées est une veille ville , aux installations vétustes et les salles de bains y
sont plutôt rares
La LVF méprisée par la majorité de
français et suspicion du côté allemand
….. elle sera dissoute en 1944 et
remplaçée par la division
Charlemagne
Extrait d’un article Les raisons de
l'engagement des volontaires
dans la L.V.F. sont idéologiques, de
conviction catholique ou politique
mais aussi économiques. Outre que
le droit aux pensions et la garantie
de retrouver son emploi ou d'être favorisé pour l'embauche après la guerre, la L.V.F.
accorde des soldes nettement supérieures aux salaires dans le civil, notamment pour les
officiers. Un soldat recevait une solde de 600 FF ainsi que des indemnités de 1200 FF ;
un colonel encaissait 3000 FF et 12400 FF d'indemnité. Comparé au salaire d'un
dactylographe qui ne dépassait pas le 2000 FF par mois, la Légion représentait un fort
intérêt économique, surtout pour les officiers. Ainsi peut s'expliquer l'âge élevé d'un
certain nombre des recrutés ayant souvent participé à la première guerre mondiale.
(Antoine Plait (1997) : La L.V.F. (1941-1944) : collaboration vouée à l’échec. dans la
Revue de l’Histoire des Armées, No 207 juin 1997, p. 47-56)
Aout 1941
Premiére grande manifestation sportive à Sées .C’est le challenge Hureau Il aura lieu aux
« Petites buttes » route d’Argentan ( à droite , juste avant le pont de chemin de fer )
Pistes et sautoirs soigneusement préparés avec la participation de Roger Rochard le
recordman d’Europe du 5000 métres qui ne laisse rien au hasard et s’envole des le coup de
pistolet doublant et redoublant avec aisance les autres concurrents
Un pleiade d’athletes ornais se distingue par leurs performances . André Mazeline , Loth ,
Pierre Chandavoine
Un athlete parisien Laveine vend à mon pére une paire de chaussures à pointes en échange
de quelques kilogs de beurre ainsi je serai en mesure pour l’USS dirigée par Andre Queru
d’affronter les athletes de l’Espérance Mazier , Ipcar sprinters indéracinables et fiers de
l’être …
28 Septembre 1941
La maison vibre … réveil en sursaut !
Un avion allié en difficulté se déleste de sa cargaison de bombes Deux maisons sont
incendiées et on dénombre plusieurs victimes rue des Guichets
Est ce vraiment un avion allié ?
Octobre 1941 Execution d’otages à Nantes , Chateaubriand et Paris… annonce la
BBC
Octobre 1941
Pierre Sarraute directeur du cours complementaire démissionne parce que franc maçon Il
faudra vraiment que je potasse le sujet Qu’est ce qu’un franc maçon ?
La Franc-maçonnerie se décrit comme un Ordre initiatique qui prodigue un enseignement
ésotérique , adogmatique et progressif à l'aide de symboles et de rituels. Elle encourage ses
membres à oeuvrer pour le progrès de l'Humanité et professe des principes de fraternité 1. La
bienfaisance est l'un de ses moyens d'action2. Sa vocation se veut universelle3. Elle réunit,
dans de nombreux pays répartis sur toute la surface du globe, des personnes qui se sont
données pour but de travailler à leur amélioration spirituelle et morale De nombreux francs
maçons furent emprisonnés et persécutés par les nazis durant cette période de l’occupation
Mon pere et Pierre Sarraute étaient amis de longue date alors que Pierre Sarraute futur
instituteur étudiait à l’école normale d’Alençon
Décembre 1941
Arrestation de Guichard Gabriel et de Vannier Christ agents de la SNCF travaillant à la
gare de Surdon Tous deux seront arrêtés et déportés à Sachsenhausen et Auschwitz
Pearl harbour … perle du Pacifique
Le jour de l’attaque a été bien choisi … un dimanche à l’aube . Les japonais sans déclaration
de guerre attaquent la flotte américaine à Pearl Harbour , port du Pacifique dans les iles
Hawai
Roosevelt déclare la guerre au Japon Images réalistes au cinéma Rex le lieu de rencontres
des samedis et dimanches
11 Décembre 1941
Allemands et Italiens à leur tour déclarent la guerre aux Etats unis En France l’espoir
renait . Entrant dans la guerre ,les Etats Unis apporteront ils leur formidable arsenal ,leur
puissance industrielle et humaine pour secourir l’Europe occupée ?
Les actualités du cinéma Rex nous montrent quelques images du désastre…de lourds
bâtiments envoyés par le fond
et une épaisse fumée noire
qui obscurcit le ciel si pur de
ces iles du bout du monde
Mais ces îles sont si
lointaines !
Comment espérer une
intervention américaine en
Europe ?
L’entreé en guerre des Etats
unis déclenche toutefois une’
bordée d’applaudissements
franco espagnole et des cris
de joie dans la salle du
Cinema Intervention de
monsieur Arnaud
En France l’ambiguité
patriotique est telle que tous
les éléves ecoutant un discours de Pétain à la radio se levent quand les notes de la
marseillaise retentissent à la fin de son intervention .mais la tonalité de cet hymne
révolutionnaire différe , fonction de leurs convictions profondes Il s’agit soit pour la grande
majorité,d’allégeance au marechal, soit pour les autres d’une espérance gaulliste
31 mars 1942
Toutes les demandes concernant la statue de Conté faire annuler ce projet sont restées vaines
Les besoins impérieux d’obtenir par tous les moyens du sulfate de cuivre pour la santé du
vignoble français en particulier a prévalu contre une beauté artistique glorifiant un des plus
grands génies de notre pays Enfin c’est ce que la presse nous transmet…..
Je rêve devant les propositions d’un contremaitre des Carrieres de Chailloue qui nous glisse
à l’oreille « je connaîs un moyen de fuir vers la Grande Bretagne . Un patron pêcheur breton
moyennant finances a déjà organisé et realisé cette expedition «
Dans la famille on se met …à la langue de Shakespeare . En effet miss Canel amie de la
famille et habitant rue des Cordeliers nous en enseigne avec passion les premiers
rudiments . Bloquée en France malgré
elle ,durant l’exode elle ne peut s’empêcher
pour survivre ,. d’enseigner une langue qu’elle
connaît parfaitement après avoir tenu une chaire
de français à l’université de Newcastle on Tyne
( Northumberland ) durant une vingtaine
d’’années . Anglophile convaincue elle ne
resiste pas à l’envie de nous parler de la verte
Angleterre , de la volonté des anglais , de leur
discipline , de leur resistance au combat enfin de
toutes leurs qualités Habituée au confort
britannique elle se plaint journellement de
l’étroitesse de son logement improvisé loué rue
des Cordeliers
Elle retournera en Angleterre dés la fin de l’occupation et je lui rendrai visite à l’université
de Newcastle on tyne en 1948 lors du déroulement des premiers jeux Olympiques d’après
guerre à Wembley
A ces jeux la France obtiendra 9 lmédailles d’or d’Oriola , Ostermeyer , etc ..et terminera
troisiéme derriere les Etats Unis et la Suede
Au cours complementaire de Sées on traque le doryphore
Les champs de pommes de terre sont envahis par ces bestioles T outes les écoles participent à
cette chasse
1942
janvier 1942
La guerre sur mer fait rage et les actualités du Rex nous montre ,musique triomphante à
l’appui ,les bâtiments coulés par les U boat allemands ., Les marins brtitanniques ,épuisés
s’accrochent aux bouées lançées par les marins allemands . Ils s’entassent sur le pont du sous
marin avant de trouver la chaleur de réconfort auprés des machines
Les marins allemands ne sont pas en proie au doute en ce début d’année et ils le font savoir
par des gestes victorieux
Ensuite mise à l’eau de sous marins allemands dans la base protégée de Saint Nazaire
Mars 1942
Après la menace de récupération de la statue de bronze de Conté ,monsieur le maire rassure
les habitants … Lorsque la tourmente sera passée la statue du grand génie reprendra sa place
sur le piédestal désert
Au classement général des 28 societés ornaises ayant participé à des compétitions ornaises
dans le domaine de l’athletisme le CSA est classé premier devant l’Espérance de Sées et
l’Amicale Fertoise
Avril 1942 . J’apprends secretement …dans le contexte familial ……l’aide apportée à
quatre évadés de la RAF
Je suis fier d’être dans le secret des dieux …et reste muet même en présence de mon ami
Achille
En effet cinq membres d’équipage d’un bombardier Lancaster abattu dans l’Eure tentent de
s’évader .
Ils seront aidés dans cette tâche périlleuse par plusieurs habitants du département , Michel
Dufresne assureur à Alençon , Francis Cagnard cafetier place de la Halle au blé qui
rejoindra par la suite la France Libre ,William Hamilton sujet britannique résidant à
Alençon .
William Hayton régisseur du haras de Bois Roussel
ne pouvant prendre de risque après son internement au
camp de Drancy du fait de sa nationalité britannique
financera leur trajet par chemin de fer
Malheureusement nos cinq évadés seront pris par la
police de Vichy lors du passage de la ligne de
démarcation
Après la guerre j’étais contacté par Bert Dowty l’un
des membres de l’équipage survivant . Il m’adressa une
lettre de remerciements pleine de gratitude . Cette lettre
en fait était destinée à William Hayton directeur du
haras de Bois Roussel qui à défaut de pouvoir les
héberger , assura aux quatre rescapés un gite
provisoire et leur régla leur ticket de train jusqu à la
ligne de démarcation .Francis Cagnard alençonnais
responsable de l’aéroclub d’Alençon fut le grand
organisateur de cette expédition
J’ai pu obtenir les photos ci dessous dans les années 90
L’équipage de Dowty après 1945
Mai 1942
D’après la BBC on apprend que les juifs , particulierement à Paris sont pourchassés
Interdiction de sortir entre vingt heures et six heures du matin Obligation de porter l’étoile
jaune
Jean Marin que nous écoutons régulierement sur la BBC et bien sûr en toute discrétion ,
évoque le massacre de juifs en Pologne et l’existence de chambres à gaz
Premier raid massif de la RAF sur l’Allemagne annonce le présentateur de la BBC message
que nous percevons au milieu d’un brouillage persistant . Nous avons pourtant amélioré notre
antenne …un long fil de cuivre qui parcourt toute la longueur de la cour ,à partir du mur de
séparation de la maison du docteur Melun
Cette cour étroite , presque un couloir ,nous sépare de la maison Frémiot notre autre voisin
Tout citoyen français du sexe masculin qui juif au regard de la loi de juin 1941 doit accomplir
dés sa vingtieme année un stage dans un chantier de jeunesse
A Paris des noms de rues ont été débaptisés ,de leur nom juif d’origine . Le couvre feu oblige
à célebrer la messe de minuit de noél en plein jour , Les livres scolaires ont été épurés de tout
ce qui n’est pas aryen
La nocivité des juifs est amplement
démontrée , l’antisémitisme français
traditionnel qui voit en eux des
étrangers difficiles à assimiler
Jean harold Paquis révéle une
vocation d’orateur il devient la vedette
de Radio Paris avec ses diatribes anti
sémites anti bolcheviques mais surtout
anti anglaises il lance le slogan «
l’Angleterre comme Carthage doit être détruite «
Après la défaite de 1940, il a prétendu avoir choisi la collaboration avec l'occupant par
anglophobie, après l'attaque de la flotte française par les Anglais à Mers el Kébir. De fait, il
fut un sympathisant nazi, membre du Parti populaire français et du comité d'honneur de la
Waffen SS française.
Il s'est surtout fait connaître pendant l'Occupation, à partir du 4 janvier 1942, avec sa
chronique militaire de Radio Paris, tenue après le journal de vingt heures, dans laquelle il
acclamait les succès de l'Axe et ridiculisait l'action des Alliés, avec ce célèbre leitmotiv :
« L'Angleterre, comme Carthage, sera détruite ! »
En 1944, il fuit Paris et se réfugia en Allemagne. Il y poursuivit ses chroniques à l'antenne de
Radio Patrie qui émettait depuis le territoire allemand, mais, selon Céline, ne vint jamais à
Sigmaringen.
Quand l'Allemagne fut envahie il tenta de fuir en Suisse, mais fut arrêté le 8 juillet 1945 et
incarcéré à la prison de Fresnes. Il fut jugé et condamné à mort le 17 septembre
1945.L'accusation n'a produit aucun témoin, se contentant de faire écouter à la cour les
enregistrements des chroniques de l'accusé. Ce dernier se déclara heureux de la victoire
alliée et prétendit s'être trompé à l'époque des faits. Il fut fusillé au fort de Châtillon le 11
octobre 1945.
La collaboration n’épargne personne Accompagné d’un ami Jacques Ligot, sagien comme
moi même et habitant le 6 eme arrondissement nous suivrons avec assiduité en 1948 les
jugements apportés par le tribunal de Paris concernant les collaborateurs
Chaque vendred c’était notre distraction favorite
Je m’étonne encore de la condamnation à mort de Paul Chack et de Brasillac
Les grands cinémas sont devenus soldaten- kino c'est-à-dire des espaces réservés aux
distractions de la la wehrmacht
A Argentan un immeuble est transformé en soldatenheim ou foyer du soldat
Quelques alsaciens enrôlés dans l’armée allemande fréquentent notre salon aussi méfiance
générale ….à leur égard ……. il est difficile de savoir quelles sont leurs veritables idées
L’un d’eux toutefois entre dans notre cuisine et nous fait savoir gentiment que le brouillage
de l’émission de la BBC parvient jusque dans le salon ….Brouillage lancinant et ininterrompu
reconnaissable à distance
Je constate de ma fenêtre qu’une bonne dizaine d’allemands se rend à l’office du dimanche à
la cathedrale .. Sont ils alsaciens , autrichiens , bavarois ?
Circulation en ville interdite après le couvre feu a moins que le permis de déplacement ait
été accorde pour des necessités professionnelles , medecins , sages femmes , employés de
transport
Passé une certaine heure le noctambule se trouvant en faute aura droit a une verification
d’identite et ensuite… direction le commissariat ou le poste de police
Il m’est arrivé en de rares occasions de rentrer après le couvre feu malgré l’inquietude de
parents … mais en fait il fallait prendre de sages précautions en empruntant de préférence les
petites rues …et avant de tenter la traversee de la place du Parquet souvent déserte
On ne craignait pas les soldats éméchés sortis tout droit du café Ferté mais plutôt la
patrouille postée à divers endroits où la surveillance de cette grande place leur semblait plus
facile … Le monument aux morts à l’angle de la cathédrale ,représentait souvent leur poste
d’observation privilégie
Juin 1942
Je vise dans mes objectifs le concours d’entrée à l’école des officiers de la marine marchande
de Paimpol Je travaille d’arrache pied les mathematiques Malheureusement cette école reste
désespérément fermée sur ordre de Pétain
A l’écoute de la BBC… Déjà 730 jours d’occupation
L’administration encourage les ouvriers français à partir volontairement pour l’Allemagne La
reléve consiste à échanger un prisonnier qui rentrerait chez lui en congé de captivité contre
trois ouvriers français
A la suite des attentats contre des militaires allemands ,à Paris , les français arrêtes
particulierement pendant le couvre feu seront considérés comme des otages et seront fusillés
Douze otages pour un militaire allemand
Les affiches placardées …sur les murs de l’hotel ville cette fois … appellent les volontaires à
se battre contre le bolchevisme La légion des volontaires français se constitue
Une nouvelle qui nous réjouit ….
La BBC nous annonce dans un brouillage ininterrompu la premiére victoire française à Bir
Hakeim sous le commandement du general Koenig
Les français libres tiennent en échec 2 divisions allemandes
Elan de fierté des français habitué aux mauvaises nouvelles et qui retrouvent l’espoir
Plusieurs réfugiés espagnols sagiens sont arrêtés par le gouvernement de Vichy dont m Ruiz
grand handicapé habitant le petit séminaire et Luis guinard habitant rue Billy Leur
destination le camp de Voves en Eure et loir ; ; ; ; ;
Juillet 42 ..
Exposition « le juif et la France » au palais Berlitz
Des milliers de juifs sont internés au Vel d’hiv après une rafle par
la police de Paris les 16 et 17 Juillet
Une nouvelle de la BBC A Paris une rafle sauvage orchestrée par la police française
rassemble les 16 et 17 juillet au vel dh’hiv des milliers de juifs hommes femmes et
enfants,victimes qui seront par la suite dirigés vers Drancy avant ce connaître la déportation
C e vel d’hiv nous le connaisons bien … Je suis en permanence sur Miroir Sprint les exploits
des coureurs de vitesse Gerardin , Scherens , Van Vliet .
je n’ai pas oublié le rassemblement des coeurs vaillants sagiens en 1938
La propagande anti juive s’affiche sur les murs de la ville
Le charme délicat du moulin d’Escures …
Le moulin c’est notre lieu de rendez vous . Pas un allemand …Français et Espagnols guidés
par un même instinct ont détecté ce point d’eau . Pres de la roue à aubes un énorme trou nous
attire et nous incite à comparer notre dexterité et notre volonté de le traverser ,en plongeant
sans respirer
Parcourant les rives verdoyantes nous découvrons quelques points d’eau Plonger et nager
c’est notre passion …nous nous débattons parmi un enchevêtrement d’herbes et de
branchages
Le courant très réduit glissant entre les roseaux et les nénuphars laisse l’eau se
réchauffer….. doucement .dés l’aube C’est notre espace de liberté où l’on bavarde avec
entrain en évoquant tous les potins du pays ….. collaboration ,sympathie de certains sagiens
pour l’occupant , films du Rex ,nos projets , nos espérances et bien sûr le sport
Les espagnols nous parlent de la douceur et du soleil de leur pays ,des terres arides du sud ,
Murcie ;Seville . Que de nostalgie dans tous ces propos ! la guerre civile a laissé tant de
traces indelebiles dans les coeurs … ,
Partie de pelote basque en perspective avec les nouveaux arrivés des pays basques frontaliers
…Santander , Oviedo , Irun etc..les murs du cinema Rex nous serviront de fronton
aout 42…. le desastre canadien sur nos plages
Accrochés fievreusement au haut parleur du poste de TSF…..Calés sur la BBC
Espoir déçu , les commandos anglo Canadiens sont déçimés sur la plage de Dieppe . La
tentative de débarquement a échoué malgré d’ audacieuses attaques sans espoir . A nouveau la
propagande allemande se déchaine et nous montre aux actualités du cinéma « Rex « ,la
longue file des prisonniers devêtus et épuisés devant une foule consternée de Dieppois
.Plusieurs applaudissements dans la salle …
Heureusement à la BBC la voix de Robert Schuman est là pour nous soutenir .... » Si nous
ressuscitons dans mille ans ....,elle sera toujours là pour nous rappeler nos espérances et nos
angoisses pendant les saisons améres ... « écrivait Georges Duhamel
J’estime en complément que cette voix lointaine nous permet d’entretenir nos énergies
amoindries déjà ….par plus de deux années d’occupation
Mai juin à Octobre 42 Bir Hakeim
Le poste de T.S.F. familial est lui toujours présent ,là , prés de la fenêtre ,dressé sur un
meuble en bois ciré ,dans notre petite cuisine qui nous sert de salle à manger .La B.B.C.avec
les quatre coups annonciateurs de « la symphonie de Beethoven « c’est presque notre raison
de vivre . Chaque soir malgré le brouillage ,alors que les aiguilles de notre « Pendastrava «
style « Art Déco « fonctionnant avec des piéces de dix francs , marquent 8 heures ,nous
écoutons religieusement en sourdine les emissions en essayant de trouver une signification
aux messages mystérieux et codés diffusés par l’émetteur anglais . Messages à destination
des « réseaux de l’ombre « sans aucun doute . ! Ma mere en profite pour acheminer des
messages dans le guidon de sa bicyclette à rétropédalage « L’hirondelle « venant tout droit
des ateliers et manufactures de Saint Etienne . Le rétropédalage lui permet de monter les
côtes sans faiblir et…. sans efforts ....enfin c’est ce qui est écrit sur la notice d’utilisation
Pour nous c’est presque l’ébauche d’un acte de rebellion que l’écoute réguliére et clandestine
de cette emission destinée aux nations opprimées .Encore faut il être trés prudent ... , bien
fermer les deux portes et notre unique fenêtre ,tendre avec précaution le rideau noir qui
camoufle notre vitrine , et se concentrer pour percevoir une voix lointaine quelquefois
inintelligible et nasillarde
. Ces voix d’outre manche nous font oublier les diatribes de propagande que nous asséne
chaque soir Jean Hérold Paquis le chantre de radio Paris .
Mais on parle de nous enlever notre valeureux poste ....par ordre de la Kommandantur
Les jeunes espagnols sont comme nous férus de cinéma
aussi le Rex est il pour nous un lieu de rencontre Nous
marquons notre volonté d’ assister à la projection des
films allemands dont les noms de vedettes ,Zarah Lander
,Marika Rokk , Maria Schneider etc .brillent
littéralement dans le monde du cinéma .. » En
complément quelques airs allemands réussissent à
s’imposer en France tels que « Lily Marléne » piece du
répertoire de Léo Marjane
scandé aussi bien par les voix
françaises qu’allemandes
Marika rok la vedette des
cinémas allemands attire les foules mais aussi jeunes français et espagnols
Zarah Leander vedette d’origine suédoise ,a
une voix grave et veloutée . elle enregistre en
Français ses derniers succés allemands de
l’occupation, volonté de s’imposer ,
propagande ?Ce dimanche alors que la séance
française vient de se terminer ,dans une immense salle non chauffée ….On regarde avec
attention le film , les mains enfouies dans les poches
Premieres actualités des chars allemands disparus dans la neige attendent le printemps pour
foncer sur Moscou
Ensuite c’est l’exposition de la mode…. très hautes coiffures et chaussures à hauts talons de
bois photographiées devant les grands monuments de Paris
Une bordée de sifflets accompagne la projection des actualité allemandes et Mr Arnaud se
débat au milieu des premiers rangs pour rétablir l’ordre
Calés dans nos fauteuils après la séance française , nous nous réfugions discrétement au fond
de la salle pour la projection du film allemand
Une troupe de SS excités nous repére et tente de nous expulser manu militari …Transporté
sans même toucher terre … je rejoins mon ami Jorry sur le trottoir , visage tuméfié
Notre rentrée au cours complémentaire le lendemain sera très remarquée
La cause … le départ pour le front de l’Est ,du régiment SS ou encore sommes nous accusés
avec les espagnols d’avoir collé du fluide glacial sur les sieges de la salle ?
Soupçons de mr Moindrot le directeur du Rex …
,En fait que faire sinon tuer le temps ces dimanches en allant au cinéma ? notre jeunesse
immanquablement française et espagnole se retrouve aux pieds de l’écran du Rex et trouve au
moins un sujet de discussion à débattre en commun lors de l’entracte Les actualités
allemandes le documentaire en attente du grand film…
Là au moins nous sommes tranquilles et quelques allemands peut être alsaciens se retrouvent
en toute quiétude dans nos rangs .. Comment apprécient ils les sifflets provocateurs de
quelques spectateurs ? Monsieur Arnaud a bien du mal à les calmer Parait il que
Mr Moindrot a quelques difficultés à trouver un opérateur !
NOTE PERSONNELLE 1990
La défaite de 1940 semblait devoir être fatale à un cinéma français qui avait déjà
vu sa production réduite de près de la moitié en 1939. De
nombreux acteurs et réalisateurs s'expatrient.
Jean Renoir, René Clair, Charles Boyer, Jean Gabin, Michèle
Morgan rejoignent Julien Duvivier à Hollywood. Jacques Feyder se
replie en Suisse.
Paradoxalement la période de 1940-1944 apparait encore
aujourd'hui comme un "âge d'or" pour le cinéma français qui,
débarrassé de la concurrence américaine et contraint de
composer avec la censure de l'occupant, du trouver de
nouvelles sources d'inspiration et aborder de nouveaux sujets qui rencontrèrent des
succès auprès du public.
Deux cents films furent ainsi produits durant ces quatre ans dont
plusieurs marquent l'histoire du cinéma :
- La Fille du Puisatier de Marcel Pagnol, Volpone de Jacques de
Baroncelli, Les Inconnus dans la Maison d'Henri Decoin, La Nuit
Fantastique de Marcel l'Herbier, Les Visiteurs du soir de Prévert et Marcel Carné,
Goupi mains rouges de Jacques Becker, et bien d'autres comme L'Assassin habite
au 21, Lumière d'été, Le Corbeau, L'éternel retour, Le Ciel est à vous et Les
Enfants du Paradis.
Mai 1942
Actions anti allemandes sous forme de graffitis sur les murs de notre ville Des c roix de
Lorraine à profusion et inscriptions « vive de gaulle affiches de propagande déchirées nous
apprendrons le nom des coupables Pilou et Cirou qui écoperont de 18 et 6 mois de prison en
attendant d’etre jugés Deux articles sur le journal jugés complaisants pour les occupants
1 sept 1942
Les gardes des voies ferrées manquent de guérite et de pélerine
Vote d’un crédit .Le lieu de garde réservé aux sagiens se situe à Loraille et au passage à
niveau de Neauphe Les gardes sont responsables de 8 heures du soir à 8 heures du matin
Une trentaine d’hommes et le tour revient tous les 15 jours Des couchettes sont installées
dans le voisinage …garde barrieres et fermes Moments de détente avec casses croute ,
victuailles diverses , vin et même calvados en espérant…que la nuit noire sera tranquille et
qu’il ne se passera rien ….des heures à écouter les cris des grillons ….De nombreux sagiens
faisant l’objet d’un tour de garde obligatoire sont désignés …
Impossible d’échapper à son tour de garde !Musette bien remplie , direction Loraille !Le
gouvernement du marechal a institué des camps de jeunesse ou une instruction para militaire
ést instruite , mais en fait ces camps sont destinés à alimenter la police qui ést aux ordres de
l’occupant Un des camps ést situé à Blanchelande pres de Mortrée dans les dépendances
d’un château ….Les uniformes bleu marine avec bérets et écussons attirent mon attention et
ma volonté est vive de vouloir incorporer leurs rangs Refus énergique des parents nullement
convaincus par les affiches de propagande….et bien sûr ne cachant pas leurs sentiments
anglophiles Les affiches malgré ma jeunesse auraient pu me convaincre mais l’autorité
parentale a pris le dessus ….
Le château sera détruit par un
incendie en 1950
Quelques jeunes femmes sont
surprises chemin de st Joseph aux
bras d’ allemands en quête d’aventures
avec les françaises consententes
Nous les connaisons bien sûr …..et à
notre vue elles expriment une certaine
gêne
Lorsque le vent est à l’eau…. en
entend tous les bruits venant de la gare…Cette nuit d’été 1942 je ne l’oublierai jamais . Un
avion allié …je suppose ……rase les toits et mitraille les locomotives stationnées à la gare
Un bruit veritablement infernal dans le silence de la nuit. j’ai le réflexe de me camoufler
sous les couvertures …là où je crois me sentir en sécurité …
C’est la période des galoches à semelles de bois, du café à l’orge , frênette
boisson inconnue qui semble nous ravir Le tabac rare pousse dans les jardins Pas de sucre
mais de la saccharine pour le remplacer
Des colombophiles mystérieux ont établi le contact avec les anglais ,on murmure quelques
noms Je découvre un jour inopinément les journaux « resistance « et la flamme « transmis
par des amis de confiance
Octobre 1942 La zone côtiere est interdite
Nos exploits de vacances font partie des souvenirs La rue d’Orleans à Trouville c’est
désormais le passé Adieu le plaisir de rêver et de regarder la mer dans l’espoir d’y voir
accoster quelque vaisseau d’antan …..
C’est la rentrée scolaire Nous héritons d’un nouveau professeur ,jean Mazeline ;C’est une
famille d’enseignants le pére et ses deux fils
André et Jean originaires de Mesnil Brout
Un ordre de la kommandanture Camouflage
obligatoire de 19.30 heures à 7 heures du
matin
D’épais rideaux noirs calfeutrent les fenêtres
de notre collége .Mon ami Jorry est
spécialement désigné pour cette corvée de
camouflage qu’il transforme d’ailleurs en
partie de plaisir à la grande joie des éléves
restés à l’étude du soir
Les patrouilles allemandes veillent .. entrent
dans la cour du college Un coup de sifflet
strident nous met dans l’obligation d’éteindre
nos lumieres …
Qu’est ce que l’hébertisme ?
Il n’est pas certain que Hebert ait goûté l’adoption de ces theories nouvelles imposées par le
régime de Vichy et mises en application par notre nouveau professeur
L’ hebertisme deviendra la doctrine quasi officielle de l’éducation physique en France …
marcher , sauter ,lever , lancer s’inspirent des observations de ce novateur et notre nouveau
professeur reintroduit ainsi dans notre education physique ces activités fondamentales de
l’homme
Pour bien courir il vous faut développer le » grand couturier » je n’ai jamais oublié ces mots
de Jean Mazeline lors de notre entrainement à la méthode Hebert. J’ouvre le dictionnaire
pour bien comprendre la signification de ce detail anatomique
Notre nouvel instit a l’avantage d’être un sportif convaincu , aussi c’est avec bonheur que
nous le suivons au stade des Ormeaux pour les
séances de gymnastiques et les premiers
rudiments de Hand ball Jean Mazeline
habite pas très loin rue Conté et M adame
Mazeline est une cliente assidue de mon pére
les parents de Jean et André Mazeline , Le
pére est instituteur à Mesnil Brout
La BBC nous annonce l’éxécution d’otages à Chateaubriand ,
Novembre 1942
Cette voix française de Robert Schuman sur les ondes est maintenant légendaire Des mots
magiques ponctuent chaque intervention des reporter de la BBC
26 Novembre sabordage de la flotte française à Toulon
La radio vivait alors ses grandes heures de gloire …Elle permit à tout français homme
,femme ou enfant d’avoir une connaissance rapide presque immédiate des événements
mondiaux mais aussi d’intérêt vital pour la vie de tous les français
Au milieu de tant de désastres d’échecs et de mortels silences ces années deviendront les
grandes années de la radio
« Il faut reprendre par l’esprit ce qui a été perdu par les armes « Jacques Benoist Méchin
Il serait vain de nier que durant ces années d’occupation ,Paris ait continué à briller du feu de
ses spectacles et à exercer un grand rayonnement artistique sur l’ensemble du pays
Avec l’interdiction de présenter des films anglo saxons,les dirigeants des salles occupées se
trouvent plongées dans l’embarras . Privées de bandes américaines il ne leur reste plus de
choix qu’entre l’écoulement des comédies allemandes et les films français jugés mediocres
Tous ces films arrivent en province et le directeur du Rex .mr Moindrot les met
réguliérement à l’affiche Je crois savoir qu’il a quelques difficultés à trouver un operateur
Le cinéma des samedis et dimanches est devenu notre principale distraction ,rien d’autre à
faire ….posté prés de la cabine de projection ,l’un de nous , fils d’instituteur , suit avec
assiduité les films allemands Mis à l’index par notre groupe … en raison de ses convictions
pro germaniques
Quelques films considérés comme des chefs –d’oeuvre » les enfants du Paradis « «
Pontcarral » » l’Eternel Retour » » le Corbeau »….aux heures sombres de la repression et
de l’exclusion
Le 7 eme art est soumis à la volonté de Vichy et les allemands tentent de s’emparer de cet
instrument de propagande afin d’exercer sur lui un pouvoir de contrôle et de censure
Films et acteurs juifs interdits …L’activite cinematographique est donc assujettie aux volontés
de l’occupant . Qu’est devenu Harry Baur ? comédien juif ?
Un français bat un record du monde de brasse , Alfred Nackache que nous avons admiré aux
actualités du Rex disparaît pratiquement de la circulation juif peut être !
Derriere le rêve l’ordre établi… Mefiants envers les films produits avant l’armistice les
allemands finissent par interdire ceux qui étaient tournés avant 1937 et Mr Moindrot est
obligé de se plier aux nouvelles directives de la kommandanture
Bien qu’elle soit d’origine germanique la comédie musicale interprétée par exemple par
Marika Rokk dans le film Cora Terry fait salle pleine chez les jeunes sagiens
«
Django Reinhardt est au fait de sa gloire avec « Nuages « improvisation musicale inspirée
par la traversée de grands vaisseaux de pluie dans le ciel mélancolique de Paris ….
A l’affiche « la ville dorée » …Ruee sur le Rex avec nos camarades espagnols ….
Grand succés …c’est le premier grand film européen en couleurs Ce n’est pas le scénario qui
attire mais une curiosité bien légitime pour ces nouveaux coloris utilisant le proçédé
Agfacolor
Les jeunes en âge d’accomplir le STO ne s’aventurent plus guère , dans la salle du Rex
depuis que les salles de spectacle sont visitées de temps à autre par la police Les classes 21
22 23 sont particulierement surveillées
Quand à nous ,lors de projection de films destinés à la Wehrmacht nous sommes tolérés ….
Nous nous faisons « tout petit »…bien calés dans notre fauteuil
Mr Arnaud nous laisse nous infiltrer dans les premiers rangs du cinema .. A defaut d’autre
chose j’aurais au moins retenu l’essentiel des films pendant cette période noire
Que faire d’autre …que le cinéma !
Nous attendons avec impatience le disponibilité d’un stade ou d’un terrain de football On
parle d’un terrain appartenant à Marigny Notre argument…. le sport devient une affaire
d’état
Réunions interdites , bals supprimés nous trainons dans les rues à guetter le moindre
divertissement L’ USS nous fait les yeux doux pour créer une équipe d’athlétisme capable de
rivaliser avec l’Espérance de Sées
Une sourde rivalité , va croissante mais suffisante pour créer une certaine motivation dans
nos rangs
Le petit génie équipé de voiture à bras ,pelles et balais, dirigé par Mr Pêcheur procéde à
l’entretien des rues ‘ et à la plantation des arbres Nous cachons sa goudronneuse dans la rue
du grenier à sel L’équipe d’entretien devient d’ailleurs notre cible privilégiée Nous …..nous
vivons dans une totale insouciance celle de la légereté de l’adolescence
En « empruntant » la barque du Cour utilisée pour le ramassage des algues flottant en
surface ,nous sombrons corps et biens prés du lavoir engloutissant tous les outils de cette
vaillante équipe
Des amis parisiens de Levallois et Montrouge en quête de ravitaillement nous font part de la
situation difficile des habitants pratiquement rationnés sur la plupart des produits de la vie
courants , beurre , lait , creme , etc..
Dimanche 27 decembre 1942
Un veteran de l’école se fait particulierement remarquer en interprétant deux morceaux
d’harmonica à l’arbre de l’école maternelle , le veteran c’est jean mon frere ( journal de l
orne du 8 janvier 1943)
Mme Greiner notre championne est classéee aspirant dans la categorie des athletes
internationaux. Deux enfants en bas âge ne l’empêchent de montrer l’exemple aux futures
vedettes sagiennes de notre athlétisme
Son mari a pris en main l’équipe locale et , se distingue au poids et au lancer du disque
Le comité d’aide aux prisonniers reçoit quelques dons
Les inspecteurs du contrôle economique découvrent à Belfonds un abatage clandestin mr
jardin propriétaire de la ferme a été arrête Est ce le fameux Jardin dont tout le monde parlera
dans le cadre de la gestapo ornaise ?
1943
31 1 43 Mauvais temps Tempéte
N’oublions pas le couvre feu …
Les vieilles rues de la ville c’est notre domaine …quelques minutes de marche et nous nous
retrouvons au bord des eaux sombres et tranquilles de l’Orne prés du vivier à l’affut du
moindre bruit de bottes . Les cloches égrenent 11 heures… heure du couvre feu … c’est le
grand calme , la pleine lune semble marquer le centre du monde et son contour se réfléte dans
les eaux glauques de la riviére obscurcie par les roseaux et les nénuphars .Je me fais la
reflexion suivante ; ; ; ; Partant de Saint Remy ,lieu de naissance de la source ,rien
n’empechera les eaux de de l’Orne de s’écouler calmes et sereines vers leur embouchure .et
les rivages de la Manche
, le lavoir ,lieu de rassemblement des laveuses toujours en quête des derniers potins du
pays
A pas feutrés nous reprenons le chemin du retour en empruntant les ruelles les plus sombres .
La rue des Cordeliers et enfin la place du parquet Les traits de lumiere mal dissimulés
filtrent pres des bords des rideaux noirs de notre vitrine .Ma premiere penséee « je vais me
faire emballer « … Claude et Pio ne peuvent qu’acquiescer ; ; ; ; Pris d’une irrésistible
panique ils se sauvent à toute jambes , Claude direction place Voltaire et Pio route de Rouen
Il était temps , dans le silence de la nuit , des bottes ferrées résonnent sur le pavé de la place
et se perdent dans le dédale des petites rues..
Notre campagne est devenue un lieu de pèlerinage …
fevrier 43
Quelques parisiens de notre âge en
quête de liberté dans nos campagnes
nous tombent du ciel . Ils ont droit
bien sur à l’accueil privilégié «
parisiens têtes de chiens …parigots
têtes de veau .. »
Ils deviennent bien vite nos amis ..
Ainsi les deux fréres Bordas habitant le quartier de Montparnasse et habitués des courses au
vel d’hiv nous convient route d’Argentré à des courses cyclistes acharnées, sprints endiablés
où nos deux parisiens y mettent tout leur coeur Ne sommes nous pas dans une période où la
bicyclette vaut tous les royaumes du monde
Les allemands eux mêmes sont attirés par notre campagne , Lentz le responsable de
l’organisation Todtt dans le département emploie des moyens radicaux pour convaincre les
fermiers réticents
Mitraillette à ses côtés il entre impunement dans les fermes en quête de denrées introuvables
en Allemagne
22 mars1943
Arrestation de Netter Marianne déportée de Drancy le 23 juillet 1943 pour Bergen Belsen
sera rapatriée le le 18 mai 1945
Au printemps une menace autre que l’étoile jaune ….. le service du travail obligatoire (
STO ) décidé par Pierre Laval pour satisfaire aux besoins de main d’oeuvre de la machine de
guerre allemande et visant les classes 1940 1941 1942
Manifestation contre le STO
affiche de Propagande Légion des volontaires français
Suite à un accord entre notre maréchal et le commandement allemand plusieurs milliers de
prisonniers particulierement les peres de trois enfants seront renvoyés dans leurs foyers
Internés au stalag 11 B de Fallingbostel ( Hanovre ) certains avaient reussi en pretextant
leur expérience de fermier à se faire affecter dans une ferme à divers travaux d’’agriculture .
Avec un peu de chance cette faveur leur permettait de retrouver une vie familiale même s’il
s’agissait d’une famille allemande Les fêtes de fin d’année leur donnait prétexte à retrouver
le camp et de participer à l’organisation de jeux , danses et représentations diverses
Avril 1943
Les bruits se répandaient très vite dans notre petite ville ….La vie clandestine finissait par
remonter à la surface ….A mots couverts on parlait de trois polonais aidés par Edouard
Paysant en avril 1943 qui auraient passé une nuit à Sées …..
j’ai cherché à éclaircir cette histoire à partir d’un rapport d’évasion obtenu auprés du
ministere de la défense britannique (service des archives) compte rendu qui m’apportait les
résultats suivants
MI 9 Rapports d’évasion nos 1232 et 1233 du F/O Boleslaw Korpowski et T/Sgt Dent
,Allen Neville( ref à rapport d’évasion1998 roger Cornevin adressé aux archives
départementales )et extrait des Archives de la RAF )
Un avion décollait de Temsford à 20.30 le 12 Avril 1943 pour une opération SOE
et touché par la Flak ,faisait un atterrissage forçé prés de Caen ( Calvados )exactement à
Douvres la delivrande
L’équipage se partageait en 3 groupes et l’un des groupes se dirigea à pied vers Argentan
Sees alençon
L’avion a été entierement été d étruit par le feu Le FO Izycki , WO Jensen et le fo
Korpowski sont sérieusement brûlés .
17 Avril 1943
En route vers Argentan ( Orne témoignage obtenu en 1990 par le ministere de la défense
britannique en 1990 )
« Nous passions la nuit du 16 Avril dans une haie à 4 miles au sud de Falaise .
Le matin du 17 Avril nous atteignions Argentan à 16 heures . approchant prés de la gare de
chemin de fer mais nous remarquone que les gendarmes controlent les cartes d’identité ..
Nous traversons la ville et suivons la route principale en direction d’Alençon . Nous sommes
entrés dans une ferme isolée prés de Saint Martin des Champs à deux miles au sud
d’Argentan . Les fermiers nous ont donné à manger et hébergé pendant deux nuits .
NP : Saint Martin des Champs est situé à 1km au sud d’Argentan ,prés de Mauvaisville , sur
la nationale 158 ou route de Sées Alençon
Içi nous rencontrons un homme d’affaires venant de Paris et qui parlait Anglais . Il nous
apporta trois tickets de troisiéme classe pour pous rendre à Tours et nous conseilla de ne pas
nous adresser au .... premier français venu pour demander de l’aide mais d’essayer de
contacter les prêtres dans les petits villages que nous aurions à traverser sur notre route .
Nous nous sommes rasés pour la premiére fois depuis notre atterrissage et nos hébergeurs
nous donnérent un rasoir , du savon et une serviette «
Betourne retour de prisonnier est décoré de la medaille militaire Rougeyron parle de sa
présence au château des ducs d’Alençon alors qu il était emprisonné lui-même avec A
Fremiot ,et Mazeline après la découverte à son domicile d’une cache d’armes
Les Ormeaux… lieu de détente
E n ce jeudi de l’année scolaire 1942 1943 ,c’est la grande détente ! Notre lieu de rendez
vous c’est le stade « des Ormeaux » . Sous la conduite de Jean Mazeline notre nouveau
professeur d’anglais et de géographie ,le monde des collégiens découvre dans la joie les
secrets de la méthode Hébert
Un train rempli de soldats de la Wehrmacht passe sur la voie ferrée . L’un des passagers
jette une orange . C’est la ruée . Je réussis à m’en emparer au grand dam de mon copain de
classe Raymond Jorry ,avant centre inamovible de notre équipe de Hand Ball .
Chaque dimanche ,par tous les temps ,les équipes allemandes s’affrontent sur notre terrain ,et
désespérés nous assistons à la prise de possession inéluctable de notre vétuste vestiaire
Quelques photos perdues par nos occupants trainent sous un banc ...Trois SS , short noir
,maillot blanc frappé de l’aigle noir ,feront le bonheur de ma collection ...
L’année se termine et les brumes épaisses des grandes villes industrielles anglaises de notre
« Carpentier Fialip « s’estompent à l’approche des grande vacances Cette Angleterre ..terre
de liberté .accrochée aux rivages de l’Europe occupée nous fait rêver Middleborough c’est
un nom que je n’oublierai pas . Pour moi c’est l’image de Jean Mazeline s’évertuant à nous
faire prononcer correctement la langue de Shakespeare .
A la tombée de la nuit , la ville prend un aspect différent de celui qu’elle offrait autrefois Les
reverbéres sont éteints ,le black out total doit être observé jusque dans les appartements où le
moindre rayon d’électricité filtrant des tentures mal ajustées fait encourir à l’habitant une
amende immédiate infligée par les rondes de police Les éclairages d’usage courant diffusent
une lueur parcimonieuse et glauque que corrige à peine le faisceau également bleuté des
lampes de poche des passants
Juin 1943 sombre mois de juin …
Le docteur Melun et albert Frémiot nos deux voisins
Ce mois de Juin ne fait que nous surprendre ,
l’arrestation par les autorités allemandes de notre voisin ,
le docteur Melun médecin 43 ans, juif d’origine roumaine
, naturalisé français et installé dans les murs de notre ville
depuis 1931 . Profitant d’un droit de passage son épouse et
ses enfants utilisaient notre cour pour accéder à leur
domicile .situé rue Conté . Cette arrestation nous
bouleverse et nous inquiéte
Le docteur Melun comme de nombreux juifs , maris
d’aryennes est interné en aout 43 au bagne d’Aurigny ,
ile anglo normande occupée par les allemands depuis
1941 ( voir en annexe une note concernant Aurigny) Le
but de ce camp employant des internés russes et
républicains espagnols consiste à construire des ouvrages de fortifications pour le mur de
l’Atlantique En novembre 1943 le docteur Melun sera transféré à Drancy derniere étape
avant le grand départ pour Auschwitz
Il décédera dans le train no 63 du 17 decembre partant de Drancy à destination de Auschwitz
(infos obtenues au CDJC rue de turenne Paris )
Cette arrestation fait suite à l’ arrestation d’une personne juive madame Netter habitant rue
du long Boyau ,chemin ombragé perpendiculaire à la route d’Alençon ,juste derriére la gare
octobre 43 Deux autres membres de la famille Netter habitant rue du long boyau sont
également arrêtés et déportés au camp de bergen belsen
Camp de prisonniers en 1941 ,Bergen Belsen mis à la disposition de l’administration SS
(100 km de Hambourg et 75 km de Hanovre) ce camp deviendra un veritable camp mouroir
et les civils allemands ,notables et villageois seront contraints des la liberation des
prisonniers en 1945 à la méditation devant ce charnier
Les cours continuent au cours complementaire dans cette
ambiance délétére …Mais non
Jean Mazeline cesse prématurément l’année scolaire
alors qu’il enseignait depuis Octobre 1942 dans notre
établissement . La raison nous l’ignorons . Cette
disparition précipitée nous étonne On parle de STO , de
maquis ....ce sont des mots nouveaux qui reviennent
souvent dans les conversation des adultes
En fait après la guerre je serai en mesure de découvrir la
guerre de nuit à laquelle il participait et qui se déroulait
autour de notre petite ville ,activité clandestine que
j’ignorais partiellement
Jean Mazeline décide alors sous la direction d’Edouard
Paysant d’entrer dans l’organisation aérienne
clandestine du B.O.A. . En juin 1943 il dirigera le
premier parachutage d’armes dans la région d’Argentan
.On imagine les difficultés d’une telle opération réussie
par une nuit de clair de lune au nez et à la barbe de nos
occupants .Réfractaire au S.T.O. il trouvera asile dans
une ferme de la région de Mortagne pour quelques mois ,ce qui peut expliquer sa disparition
et son absence de notre collége .
Chef du BOA de la Sarthe il forme alors les équipes d’intervention ,s’occupe de
l’homologation des terrains , dirige les parachutages de Novembre 1943 à Février 1944 . Le
27 Juillet 1944 ,pris au piége à Saint Michel de la forêt ,alors qu’il rendait visite à sa
femme la nuit ,pour la naissance du premier bébé , iI est emprisonné au chateau des ducs où
il subit les interrogatoires et les tortures de la Gestapo . Emmené dans le bois de Brotz ,il est
fusillé avec quatre autres prisonniers dont Albert Frémiot notre voisin ,
« L’espoir des ténèbres «
L’avion et la radio ont révolutionné les moyens d’action des belligérants de la seconde guerre
mondiale ,imposant des changements fondamentaux à la nature ,au déroulement et aux formes
de la lutte
.On peut dire que la BBC réglait l’ existence de la plupart des français tout au moins pour
ceux qui accordaient la plus grande confiance aux alliés en écoutant les nouvelles transmises
par Robert Schuman , Jean Marin , Pierre Jourdan .On commençait à ressentir une
sorte de tressaillement aux premiers succés alliés qui commençaient à se dessiner
En résumé l’exaspération et la rancune des hommes plaçés sous le joug germanique se
faisaient de moins en moins silencieuses
Pour ce qui est de la lutte clandestine une évidence s’impose : ces conquêtes techniques ont
constitué des atouts aux effets incalculables . Qu ‘aurait été en effet la résistance si les
combattants de l’ombre n’avaient eu aussi pour eux l’azur et le ciel ? Sans la voie des airs
sans la possibilité offerte de la sorte à la France libre et aux alliés de pénétrer au coeur du
territoire occupé par l’ennemi ,en se jouant de la mer ,des frontiéres et des fortifications
,comment les groupes de résistants auraient ils pu communiquer , recevoir des armes ,
accueillir ou envoyer des agents ? Et sans la télégraphie sans fil ,sans les émissions des radios
clandestins éparpillés à travers la France ,sans les écoutes de Londres ,sans les messages
personnels de la BBC ,comment auraient pu s’effectuer les liaisons , se transmettre les
instructions , s’échanger les renseignements ?
«
Ce fut .....une guerre de la nuit faite d’organisation perséverante et de travail ingrat , de
résolution méthodique et de mauvaises surprises , de complicités multiples et d’ingéniosité
constante ,de coups de chances et d’avatars imprévus , d’héroisme et de trahison , de succés
et de défaillances jusqu’à ce que ,aprés bien des sacrifices ,sonne enfin l’heure de la
libération »
François Bédarida (institut d’histoire du temps présent)
On peut citer quelques parachutages qui
se sont très mal terminés dans notre
région, au Merlerault où plusieurs
membres du comité de réception furent
arrêtes et déportés
A Larré alors que nous habitions Bursard
un avion anglo canadien du SOE
s’écrasait à » la chouannerie « touché
par la DCA locale alors que les allemands
certainement prévenus avaient modifié les
emplacements des feux de balisage
Un parachutage au haras des rouges terres permettaient à deux agents secrets de transmettre
leurs messages à partir d’un refuge provisoire chez Cercueil rue saint martin à Sées ( voir
témoignage e cercueil en annexe )
Que se passe t il la nuit dans notre région sagienne ?
Ces avions qui nous survolaient ….Le Halifax quadrimoteur anglais spécialement adapté
pour le largage de containers d’armes ,munitions, médicaments ‘ destinés aux resistants
groupés en « comités de réceptions « et entrainés pour la récupération de ces elements
tombés du ciel et qui seront utilisés dés l’annonce du débarquement
L e danger présent au ciel et sur terre Les avions du SOE sillonneront les territoires occupés
affrontant la chasse allemande toujours aux aguets et les batteries de DCA à l’affût de toute
cible dérectée la nuit
Plusieurs H alifax seront ainsi abattus dans notre département Larré , Ecorcey, L ‘aigle
etc…
Des avions , toujours des avions …..
Mon attention avait été attirée par le
bruit des avions la nuit , un
bourdonnement lancinant qui
pouvait se prolonger très tard
…peut être même jusqu’à l’aube
J’étais toutefois dans
l’impossibilité d’ identifier ces
avions mystérieux Mon frere et moi
emettions chaque soir multiples
hypotheses Avions
anglais ?allemands ?
Un soir de clair de lune toutefois je
vis un lourd bombardier passant à
basse altitude tous feux éteints au
dessus de la ville …surprise totale ! quel était donc cet avion bravant la chasse allemande ?
J’ ai compris tardivement , quelques mois après la liberation la signification de ces vols de
nuit mystérieux .Le parachutage d’armes et de munitions indispensables à la resistance
ornaise …. Telle était leur mission en plein territoire occupé … au nez et a la barbe des DCA
germaniques et bien sûr des chasseurs de nuit de la Luftwaffe toujours aux aguets ..
Qui devions admirer le plus en ces nuits de pleine lune ..le sang froid de ces équipages de la
RAF ou la détermination des comités de récéption composés
d’hommes au courage énorme ,
conscients du danger mais prés à se sacrifier pour la cause
de la résistance
Edouard Paysant était leur chef , un homme que je suis
fier fier d’avoir connu .Sa silhouette d’homme tranquille
,,présente aux abords du terrain des Ormeaux ne pouvait
me laisser soupçonner une telle responsabilité , lourde de
dangers , à la merci de trahisons insoupçonnées ou de
bavardages imprudents
Extrait de « Clandestinités » de Andre M azeline
« l’âme du BOA fut edouard P aysant ( pseudo Dominique Tinchebray )de Sées à qui Robert
Aubin confia ce service en mars1943
E Paysant déploya une activité inlassable .il sacrifia tout à la cause qu’il servait Son
dévouement , son audace, son allant firent l’admiration de ceux qui le connurent
Il forçait l’estime et l’affection par ses qualités d’homme qui égalaient ses vertus de chef
Dans le département il prospecta et fit homologuer une vingtaine de terrains ,recruta leur
chef et leurs équipes, organisa le service de liaison par radio avec londres par courrier avec
Paris, dirigea les premieres réceptions d’armes et de matériel, assura le sauvetage et la
protection d’aviateurs alliés abattus , le camouflage des réfractaires Toutes les formes de
résistance l’intéressaient , il ne s’accordait aucun loisir ,aucun répit ,Sa simca bien connue
des initiés sillonnait en tous sens le département
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Les Resistants de l’Orne qui l’ont connu et apprécié aux heures difficiles gardent dans leur
coeur le deuil de Paysant »
j’apprendrai après la liberation la creation de plusieurs terrains de parachutage baptises de
noms codés identifiant les sites de Montmerrei ,Macé , Haras des Rouges Terres
,Tanville ; Radon etc…Un comité de reception composé de resistants déterminés et
courageux , récupérait sous la direction et le contrôle de Edouard Paysant les containers
largués par parachutes sur les terrains identifiés par un code et après emission et reception
de messages generalement diffusés par la BBC après les informations de 19 heures ( Voir à
ce sujet en annexe les parachutages dans la region sagienne parRoger Cornevin fonds
archives départementales no )
Carte postale adressée par un sagien
en 1942
« Il y a toutes sortes de petits détails
qui ne me plaisent pas et qui ne font
pas des vacances parfaites …
C’est plein de Fridolins qui chantent
toute la journée et plein de colonies
qui chantent aussi Tout cela n’est pas
très calme
Je pense que tu as bien dormi cette
nuit , je n’ai pas entendu d’avions et
toi ! je voulais aller à la messe du
Chapitre mais on a servi le petit
déjeuner trop tard »
Ce sagien dit ce qu’il pense …mais de
nombreux français ont été internés ou
déportés pour des motifs plus futiles
les allemands refusant toute marque
d’irrespect à leur égard défaut de
salut etc …On note également que le
bruit lancinant des avions la nuit
faisait partie de la vie courante
T
Note ( les réseaux actions de la France combattante ) Les terrains étaient
soigneusement préparés avan de demander une opération aérienne qu’ elle soit de
parachutage ou d’atterrissage il fallait d’abord rechercher l’endroit où elle pourrait être
effectuée avec le maximum de chances de réussite et la meilleure sécurité possible les
normes exigées de ce que l’on appelait « le terrain » variaient selon le genre d’opération
auquel il était destiné C’était en fait le travail du BOA dont le chef incontesté pour le
département était Edouard Paysant
La recherche de terrains était confiée en principe aux responsables départementaux les
emplacemants possibles lui étaient signalés la plupart du temps par des unités de résistance
Il était toujoursd préférable de trouver une grande étendue les alentours devaient être assez
dégagés pour faciliter la recherche des containers ou paquets parfois dispersés sur une
grande distance ce que ne favorisait pas une forêt attenante
Pas d’arbustes trop hauts qui pourraient cacher les lumieres du balisage
Il était souvent nécessaire que le terrain soit
éloigné non seulement de toute présence de
miliciens , d’allemands ‘ susceptibles
d’intervenir rapidement mais plus
généralement de toute habitation à moins
que les habitants soient bien connus comme
sympathisants et qu’il n’existat aucun risque
de dénonciation ou de bavardage
En effet un bombardier quadrimoteur qui
rôde au dessus de la campagne pour
rechercher le terrain repasse plusieurs fois
au même endroit ,descend à 150 métres pôur
lâcher ses parachutes , remet ses moteurs à
plein régime pour reprendre de l’altitude et cele fait beaucoup de bruit dans le silence de la
nuit …..
Terrain balisé vu d'une altitude de 500 métres
Je joins ci dessous quelques témoignages des acteurs présents sur les lieux et incluant un
commando de patriotes courageux J’ai respecté la chronologie que j’ai pu lire ou recueillir
pour l’intégrer dans ce journal En tout cas ces témoignages démontrent que l’activité de la
resistance en relation avec cette vie aérienne était très sensible dans notre région
particulierement pendant cette période de pleine lune
Le terrain Lapin
Prenons pour exemple l’utilisation du terrain Lapin situé au vieux Montmerrei
Les messages codés diffusés par la BBC annonçaient généralement une operation de largage
sur ce terrain Proposé par Edouard Paysant et homologué par la RAF ,situé à 1km au
nord ouest de Mortrée il pouvait être identifié à partir des coordonnées précises suivantes à
l’aide de la carte Michelin no 60
0.7 mm E 0250
35 mm N 5400
Quelques exemples de messages codés recueillis par les resistants
« Chaque tiroir a sa clé «
« Noémie a un bouquet de violettes «
« Elle a cueilli de pleins paniers de fraises «
« Nous aimons le civet «
Poste emetteur
transportable pour la
communication entre comité de réception au sol et l'avion
Les membres du comité de réception se donnaient generalement rendez vous prés de l’église
.de Montmerrei Les communications avec la BBC de Londres étaient
assurées par Mr Riviére habitant Belfonds
Mr Cosnard cultivateur et habitant Saint Clair apporte le témoignage suivant extrait de
« Histoire d’une ville Argentan »
Nuit du 10 au 11 Juin 1943 veille de la pentecôte ( correspondant à la lunaison et à la
pleine lune du 18 Juin )
Message convenu et émis par la BBC : « Claude a un joli chapeau «
Le parachutage est réussi et 10 containers dont 4 de matériel médical sont récupérés par le
comité de réception
Le Chef de terrain est Victor Chevreuil maire de Mortrée .(Trois semaines plus tard Victor
Chevreuil hébergera pendant trois semaines six rescapés du crash de la forteresse volante
Mouton agriculteur prés de Sées et le groupe du « Sanglier « de Tanville sont venus renforcés
l’équipe de réception
« C’était Despierres , boulanger à Sées place des halles qui m’avait proposé de rentrer dans
la résistance .Il me mit en contact avec Edouard Paysant . Celui çi m’avait demandé de
trouver des hommes sûrs . J’ai contacté Martin ,de Saint Hilaire la Gérard , Lemeunier
docteur à Mortrée . Faisaient aussi partie du groupe
Rallu marchand de porc qui était allé à l’école avec
Paysant et Tancray un cousin ,Louvel et Riviere
NP Martin et Tancray cacheront dans une remise
en Juillet et Août 1944 le pilote d’un lightning de l’
USAAF abattu le 6 Juillet prés de Montmerrei .
J’ai pu retrouver les traces de cet américain Jim en
1998 sans pouvoir malheureusemnt établir un
contact suivi
Suite à cette même affaire J; Cosnard et son épouse
seront déportés les 3 et 20 Juillet 1943 mais
reviendront de déportation
: « Paysant m’avait dit que si j’entendais le
message personnel « Claude a un joli chapeau
« c’était un parachutage pour nous ,Sa fille
Françoise est d’ailleurs venue me le confirmer pour
que je prévienne Martin . Le rendez vous était convenu à la chapelle du vieux Montmerrei
avec Lemoine et nous avons retrouvé Chevreuil sur le terrain , les Tessier alias « Le
sanglier « et ses fils « les marcassins « y étaient aussi
Ballavoine de Saint Christophe le Jajolet était avec sa voiture à cheval pour le transport des
containers et des colis .C’était huit jours avant la pentecôte
Pour camoufler les dégâts causés aux cultures par nos allées et venues nous avons ouvert les
barriéres aux bestiaux dont les les traces ont effaçé les nôtres
Les parachutes ont dû être jetés dans l’étang de Vrigny aprés avoir été lestés ( Etang de
Vrigny situé à 12 km au nord ouest de Sées ,2 km ouest de Montmerrei )
Les containers sont restés à Belfonds huit jours à la ferme et j’ai reçu l’ordre de les conduire
chez Septier , menuisier à la Ferriére Béchet puis ensuite à Tanville ce qui ne m’avait pas
été indiqué d’ailleurs...
Le samedi suivant ,veille de la Pentecôte le message émis
par la BBC « Nous mangeons de la salade à l’orange «
annonçait un parachutage à Saint Léonard des Parcs
Annie Rospabée apporte le témoignage suivant ,concernant
le parachutage de la nuit du 10 au 11 Juin 1943 sur le terrain
Lapin ( Source « L’épreuve « de Annie Guehenno ex Annie
Rospabée )
« C’est à Sées chez Edouard Paysant que j’ai rempli ma premiére mission quelques jours
aprés mon engagement au BOA c’est à dire au début de Juin 1943
Par une porte entrouverte j’aperçus des paillasses alignées les unes contre les autres dans une
piéce où l’on avait reculé les meubles contre le mur . Edouard Paysant alias Dominique
Tinchebray m’expliqua qu’un parachutage avait eu lieu la nuit même ,vers une heure du
matin ; Ses hommes et lui étaient rentrés à l’aube et venaient seulement de se lever . Ce devait
être l’une de leurs premiéres opérations
Sées ....Vieil évêché , ses rues étroites aux riches maisons enserraient une magnifique
cathédrale portant comme des pansements les sacs de sable dont on protégeait les églises et
les monuments en ce temps là .Tout était gris austére et noble ...
L’aprés midi Dominique me remit la liste des armes parachutées avec deux ou trois colts ...
Le malheur arriva trés peu de temps aprés....
Ci joint en annexe un article de Brigitte Friang secrétaire de Clouet des Perruches(
délégué régional de la région Ouest ) et qui participait à l’opération avec l’équipe de Mortrée
Témoignage résumé de Brigitte Friang . Extrait de « Regarde toi qui meurs « terrain
Lapin
Clouet , et le pére Terrier entrepreneur à Alençon et deux autres passagers dont Andre
Gros ( alias Minet )étions entassés dans la « traction avant « conduite par un « blondinet
« de 20 ans . . Nous étions sur place depuis onze heures du soir . La phrase code était passée
deux fois sur la BBC .Nous percevons le bruit d’un avion dans le lointain ,...les lumiéres du
balisage étaient allumées . C’était un L formé de 3 lampes torche ...
Aprés plusieurs heures d’une attente vaine..... ,la voiture prit le chemin du retour et roulait
lumiéres éteintes en raison du couvre feu .
Le S phone était dans le coffre ,et sans permis spécial il était périlleux de circuler à cette
heure trop matinale
Au loin des lumiéres s’agitent dans le brouillard ... .Celles de sentinelles allemandes Nous
roulons trés vite ... Clouet s’ést réveillé et décide de forcer le barrage .. Des coups de feu
claquent ....la voiture tangue ...
Enfin un chemin de traverse salvateur nous permet in extremis d’éviter le barrage
NP Brigitte Friang secrétaire de Clouet des Perruches sera arrêtée en Mai 1944 et
déportée à Ravensbruck
Nous avions attendu le lever du jour . Nous étions
glacés . Mornes , aussi . L’opération avait raté . Au
reste les équipes de réception craignaient ma
présence comme la peste . Il me suffisait d’apparaitre
à un parachutage et l’opération échouait . En place
sur le terrain Lapin depuis onze heures du soir nous
avions attendu l’avion anglais qui devait nous
parachuter des armes . La phrase de code était passée
deux fois à la BBC . Les opérations s’effectuaient en
période de lune dont la clarté était indispensable pour le repérage des terrains par les avions et
des containers par les receveurs . Aussi notre planning s’organisait il en lunes et nous
appelions nous les gens de la lune ,trés contents de notre jeu de mots
Vers une heure du matin dans le ciel gris de lune nious avions repéré un lointain bruit de
moteurs d’avion . L’appareil semblait chercher . Nous avions allumé le balisage . C’était un L
formé de trois lampes torches . La lettre indiquait le sens du largage en fonction du vent et de
la foerme du terrain . Dans le le micro du S.phone Jean François ( Clouet des Perruches )
s’était employé à attirer l’avion dans le faisceau de son appareil « Here Here France calling
...france calling . » Nous étions sortis du couvert des arbres . La haute silhouette de Clouet se
découpait dans le ciel . Cette voix qui eut pu être britannique tant l’accent était parfait
résonnait étrangement dans le silence de la nuit normande ,l’immobilité des hommes et des
choses que soilignait le bourdonnement vague de l’avion . Néammoins tout autour du terrain
on eut pu entendre les coeurs
battre .
Battre d’émotion d’espoir . Venu
d’Angleterre pour larguer ses
passagers et ses cylindres
métalliques de matériel .....l’avion
symbolisait la réussite d’éfforts de
centaines d’hommes et de femmes
qui risquaient toutes les minutes
leur vie pour cela ...des parachutes
se balançant dans le clair de lune
.
30 Juin 1943 retour à mon
journal
je ne me doutais pas un seul instant que de tels évenements mettant en jeu la vie de
patriotes se déroulaient aux portes de notre petite ville
Notre lieu de rencontre aprés la classe c’est le chantier derriére le palais episcopal . Je
n’ai jamais pu chasser de ma mémoire,le visage furibond de la sentinelle du séminaire ,qui
plantée et à demi assoupie dans sa guérite peinte aux couleurs du Grand Reich ,allait être
notre objectif préféré ...Un beau jour ,un morceau de plâtre capricieux voltigea sur son
casque ....Le feldwebel de service réunissant plusieurs de ses congénéres ; organisa
instantanément une riposte et à notre grande surprise en nous retournant. nous découvrons
plusieurs soldats allemands en train de fondre sur notre petit groupe L’ami F….. (
instituteur en herbe ) pris par surprise se » ramassa « une magistrale paire de claques ce qui
dans le contexte présent ...était presque un cadeau !Le reste de notre groupe réussit à
s’esquiver…mais nous avions retenu la leçon …
Virés ,avec perte et fracas de notre cabane de chantier ,dissimulée dans les broussailles nous
sommes alors dans l’obligation d’élire domicile ,cour du Chapitre dans les cageots de
Bujosa pas loin des jardins communaux ,.
Monsieur l’officier commandant la Ortskommandantur siégeant à l’hotel de ville ,place
du Parquet en profita pour nous menacer et nous rappeler sévérement par l’intermédiaire du
maire et de notre glorieux garde champêtre ,que personne ne devait franchir les murs armés
du Séminaire et de la Miséricorde . A l’appel « Halt Wer Da « on devait immédiatement
s’arrêter sous peine de s’exposer à un coup de feu …..
Mes deux copains d’aventures … C V fils d’émigrés italiens et dont les parents sont arrivés
en France vers 1925 ,Pio Gassol fils d’émigrés espagnols arrivés en France en 1939 lors de
l’extension de la guerre civile et venant de Madrid . leur périple se terminera à Gers ( Orne
)et enfin à Sées en 1943
La famille Gassol ‘( Rosario, Pio ,Manuel )habitait alors route de Rouen dans une sorte de
bungalow en bois prêtée semble t il par le maire , Les familles Munagorri au séminaire
place voltaire et rue d’Ecouves .
Aidee par une association internationale la famille Gassol émigrera au Mexique et au
Venezuela en avril 1947.Pio travaillera comme chef des ventes rayon vêtements pour la
grosse societe de distribution americaine « Sears Roebuck » ( siege social à Chicago où
j’ai failli le rencontrer par une température de février atteignant moins 20 degrés ) ;Manuel
exercera l’activité d’architecte d’état à Caracas , Rosario réalisera de brillantes études à
l’université de Bekerley Californie , obtiendra plusieurs diplomes relatifs aux problemes de
communication , enseignera , et dirigera la bibliotheque Simon Bolivar. Elle décédera en
aout 2001
Jean et Shanti Munagorri habitant rue d’Ecouves resteront en France et obtiendront des
diplomes de grandes ecoles doctorat en electronique et travaux publics
.
Le café du commerce rue Billy
Le café du commerce rue Billy c’est le fief de quelques habitués … qui pensent , qui disent
et qui font ce qu’ils veulent .En bon troquet républicain ils ne lesinent pas sur les opinions
démocratiques A chacun sa rasade et que chacun en profite ! Ils ont des idées sur tout… la
façon de faire la guerre mais aussi.. la façon de la terminer
Un groupe d’allemands a pris l’habitude de s’attabler à côté de ces consommateurs zélés ,
pour y entamer de nombreuses parties de cartes ….attention au couvre feu…..Le soir dés la
tombée de la nuit alors que les esprits s’apaisent… nos consommateurs éclairés ingurgitent
quelques verres pour se donner une contenance et justifier leur silence …
On dit volontiers que le pastis servi pouvait assommer une escouade de légionnaires …..
Dans son profond sommeil ,sur le chemin du retour ,Mr …X de Chailloué n’a pas de souci à
se faire , il sait toujours où trouver le bistrot où l’on sert impunément , même les jours sans
alcool …le fameux pastis Sa carriole conduite par un cheval docile et bien élevé …le
raménera à bon port et avant le couvre feu
L’aiguille du poste de TSF est souvent calée sur l’emetteur de la BBC .Encore faut il être
très prudent et la déplacer par sécurité Le brouillage allemand nous laisse toutefois percevoir
la nouvelle de la progression des troupes russes sur le front de l’Est
« Les allemands sont rejetés sur la Volga ,enfermés dans leur fatale conquête …les rues de
Stalingrad sont le théâtre de . veritables combat de rues
Hitler interdit toute capitulation
La bataille de Stalingrad n’est plus depuis longtemps que la liquidation du passé Dix
divisions de la Wehrmacht sont déjà englouties dans une guerre sans issue Le terrible hiver
russe anéantit une partie des ambitions du furher . Les soldats sont englués dans une boue
persistante qui suit le long hiver Les actualités du Rex insistent sur la difficile progression
des chars et des convois de munitions du reich .
La bordée de sifflets des spectateurs ne laisse aucun doute sur l’opinion des spectateurs
Comme on le sait …notre rendez vous du dimanche c’est la salle du cinéma Rex place
Voltaire…
Au passage des actualités annonçées par une musique guerriere , quelques sifflets joyeux
jaillissent des premiers rangs .. .Devant cette situation de protestation . Monsieur Arnaud
le contrôleur de billets intervient une fois encore pour imposer le silence …
La BBC fait partie de la vie quotidienne …elle vante le courage sans failles du soldat de
l’armée rouge parfaitement adaptés à cet hiver diabolique alors que l’intendance allemande
s’avére inefficace devant la rigueur des conditions climatiques
Les soldats alsaciens engagés de force dans la werhmacht expriment la crainte des soldats
allemands stationnés dans notre ville de partir pour le front russe .Nous nous montrons
méfiants vis à vis d’eux …
Nous resistons à notre maniére on écoute donc radio Londres où s’exprime une disidence
dirigée par un général , on change de trottoir à la vue d’un soldat ennemi et entre nous les
surnoms foisonnent …. schleus , fritz , teutons , fridolins , frisés , vert de gris , doryphores
Les allemands comprennent le mot boche paraît il survivance de 14 18
Ces voix d’outre manche nous font rêver . Comment passer en Angleterre ? j’entends souvent
parler des pêcheurs bretons de l’ile de Batz qui se chargent des volontaires tentés par la
traversée à leurs risques et périls
Le ronronnement des avions apporte une note d’espoir et les coups de sifflets stridents des
patrouilles nous rappellent à l’ordre si un rai de lumére parvient à percer malgré la présence
des rideaux noirs Les rues rétrécies par les ténébres ressemblent aux ruelles d’un village
mediéval ; ;
Des mouchards operent dans tous les lieux publics et le maire proteste contre les
dénonciations qui affluent pour des motifs futiles
La bataille de Stalingrad représente sans doute le tournant principal de la 2 eme guerre
mondiale en meme temps que l’un des plus grands drames humains qu’ait jamais engendré un
conflit
La radio vivait alors ses grandes heures…Elle permit à tout français homme ,femme ou
enfant d’avoir une connaissance rapide presque immédiate des événements mondiaux mais
aussi d’intérêt vital pour la vie de tous les français
Au milieu de tant de désastres d’échecs et de mortels silences ces années deviendront les
grandes années de la radio
« Deux aviateurs alliés …un Irlandais et un gallois prénommes familiérement « Paddy « et «
Jordy « sont hébergés dans le plus grand secret dans la chambre d’amis des parents Hayton
au haras de bois roussel L’exces de discrétion attire toujours la curiosité Vêtus de
vêtements civils mal ajustés , fournis par le curé du village voisin , ils vivront ainsi cloîtrés ,
pendant une semaine avant d’entreprendre un long périple vers l’Espagne
Lors de la présence de ces deux aviateurs dans les lieux ,une lettre de dénonciation pour
détention d’armes mettant en cause le régisseur du haras parvient à la kommandanture . Six
voitures allemandes surgissent dans la cour du haras dans le but de rechercher les armes
cachées .Frayeur de la famille Hayton….
Les allemands aprés avoir exhibé la lettre de dénonciation demandent à fouiller les boxes . et
différents locaux .Recherches vaines qui auront pour conséquences de créer un climat de
crainte et de suspicion dans la mesure où plusieurs employés de nationalité britannique
vivaient au haras aprés avoit été internés à Drancy pendant prés d’une année .
Une employée secrétaire interpréte , travaillant à la kommandanture et surnommée « la belle
Alice » appartenait à cette équipe « .
La fenêtre de notre domicile donnant sur la place du Parquet est un poste d’observation idéal
et pourtant aucune possibilité de détecter dans un ciel lumineux les feux de position des
bombardiers …Dés la tombée de la nuit les escadrilles alliées se dirigent vers le sud semble t
il les usines du centre de la France et d’après la BBC les installations industrielles du nord
de l’Italie
Dimanches d’un autre temps
Les dimanches pourraient ressembler aux jours de la semaine …mais non …
Sportif convaincu je ne puis faire autre chose que de fréquenter assidument le stade des
Ormeaux .... surtout les dimanches lorsque les
allemands nous laissent le champ libre …
Ce stade , vaste champ à la pente très prononçée est
situé prés de la voie ferrée et du passage à niveau
Un abri vétuste en bois sert de vestiaire pour les
joueurs Nos occupants régiments de tous ordres
Wehrmacht et SS l’utiliseront pour leur propre
entrainement et ils semblent éprouver un certain
plaiisir à s’affronter quel que soit le temps
Ils semblent ignorer totalement les intempéries
Ce terrain sera transformé par la suite en jardins ouvrier
Les SS ont abandonné quelques photos dans le vestiaire … Je me fais un devoir de les
récupérer
( suite Edouard Paysant entrepreneur seconde André Queru .
restaurateur grande rue ,avec la volonté profonde de s’opposer à l’Espérance de Sées ,le
club rival
Andre Queru avait un certain plaisir à réunir le soir les amis Aussi mon pere lorsque son
emploi du temps le permettait descendait grande rue avec Marcel Aymé clerc de notaire pour
une partie de cartes se terminant à des heures avançées de la nuit . Chacun en raison de la
température et du rationnement du bois de chauffage devait apporter sa propre bûche pour les
besoins du poele Le probleme c’était le retour au domicile après l’heure du couvre feu ..
pieds nus pour ne pas attirer l’attention de la patrouille
Voilà un mois Edouard Paysant nous
faisait mesurer , chaine d’arpenteur à
l’appui les dimensions de notre future
piscine en lieu et place du terrain de baskett
,juste à l’entrée du stade des Ormeaux . Des
images ...des eaux bleues ...,deux plongeoirs
...le rêve .
Oubliés les eaux glaciales de l’Orne
couvertes de roseaux et le moulin d’Escures
et sa vieille roue à aubes ...
Notre piscine … c’était un peu comme
l’arlésienne ..on en parlait chaque année
mais on ne la voyait jamais arriver …
Sans vouloir insister lourdement sur la
variété des plaisirs de vacances offerts aux jeunes sagiens notons, que mis à part le cinéma
Rex les samedis et dimanches , les matches de football interminables contre les espagnols se
terminaient souvent au coucher du soleil… faute de combattants ….. ,notre emploi du temps
manquait de variété
Après le chant du coq ,aux actualités nous pouvons suivre quelques séquences sur notre
championnat de football
Baignade en eaux troubles …..
Cette piscine… elle ne peut arriver du jour au lendemain ,aussi l’étang Sauvager
réminiscence des carriéres de Fontaineriant sera notre lieu de baignade
Par grand soleil on distingue sur le fond sablonneux , l’image floue des wagonnets figée dans
les eaux troubles de l’étang pour l’éternité .C’est notre lieu de rendez vous pour nous jeunes
français et espagnols .. avides de détente et de liberté
Comment les allemands en quête d’un point d’eau ont ils pu nous repérer dans ce coin de
campagne perdu ,à quelques centaines de metres de la route de Carrouges ?
Bientôt ils se mêlent à notre groupe et s’exercent à la délicate pêche à la grenade . Une
amazone ,…sagienne bien connue en quête d’aventure s’étend avec langueur sous les
pommiers … .
Nos camarades espagnols sont largement représentés dans notre groupe .L’étang sauvager est
devenu notre lieu de rassemblement , , les Munagorri ( jean ,shanti , josé , antonio ), Pio
Gassol ,Perret Cazals , josé Molina ,
Luis Guinard ,Fernando …,Calistro
…etc.. ..
Etang sauvager,ancienne carriére route de Carrouges
1 Les allemands nous ont rejoint
Rencontres franco espagnoles
Sur les photos…..josé M olina , shanti Munagorri ,moi même , Daniel Guillemot , Luis
Guinard ,Raymond Jorry ,Pio Gassol
On nous parle de hand ball
Un entraineur du stade français Falabrégue nous enseigne les premiers rudiments du hand
ball
Notre équipe franco espagnole s’est sérieusememnt développée
De nombreux espagnols sont en effet employés aux carriéres de Chailloué sous la direction
de Orst Lentz officier allemand appartenant à l’organisation Todt
Les equipes allemandes s’affrontent sur le terrain des Ormeaux quelle que soit la rigueur de
l’hiver . Pluie , boue , terrain difficilement praticable ne semblent pas les rebuter
Conté nous quitte
Nul ne semble s’en émouvoir ..
La statue de notre grand personnage Conté a été déracinée de son socle de granit .
Balise contre l’oubli et amputé de son héros ,le monument se dresse devant notre fenêtre
,derriere les grilles de bronze qui ne protégent plus rien .
La vie paraît avoir tourné le dos à cette esplanade vieille d’un siécle encombrée de défilés
d’antan et de manifestations qui saluaient en sa présence les grands événements militaires et
religieux Leur souvenir finira peut être par se perdre …
Durant des semaines un bouquet de fleurs solitaire oublié a ses pieds lui rendra un dernier
hommage
J’ai pu une derniére fois , à la gare ,dans un amas de ferraille de récupération ,avec mes amis
espagnols jean et josé munagorri ,admirer une fois encore la silhouette massive de notre
génie national ,compagnon de route de l’empereur lors de la campagne d’Egypte . Surprise
...la noble tete a été séparée du tronc ....par des patriotes disent les gens bien avertis .
En fonction des événements d’Afrique du nord nous nous inquietons de la situation de nos
cousins habitant Sousse en Tunisie En effet l’armée allemande resiste à la perçée de
Montgommery
Le camp de Drancy qui avait hébergé des britanniques et elements du commonwealth en
1941 passe sous administration allemande
Nymokimi a décolle de Grafton Underwood equipage 10 hommes
Gordon Erickson pilote , Clifford Dart copilote H ackley navigateur Donald Irvine
bombardier , Freeman et Mankovick mitrailleurs Wingerter ,Penly ,…
Dimanche 4 Juillet 1943 Un ciel bleu sans nuages mais …….
Enfin en vacances .. 11 heures
.En ce dimanche d’été , ciel bleu
sans nuages ,les équipes de Hand
Ball féminines s’affrontent aux
Ormeaux
Soudain haut dans le ciel ,une
formation passe bruyamment au
dessus de nos têtes ... direction le
Sud . Aucune crainte
particuliére ,nous sommes
habitués à ces raids fréquents de
l’aviation alliée
Mais une heure plus tard
,inquiétude générale ..Un
bombardier américain ,suivant l escadrille cap aunord crachant
dans son sillage une longue
trainée de fumée noire .se
détache à la traine de la
formation
Touchée par la DCA ou par un
chasseur de la Luftwaffé ?
.Désespérés ,combinaison de vol
en flammes ,huit aviateurs se
lançent dans le vide et aprés un
atterrissage mouvementé dans le
bocage normand prés du village
de Belfonds ,tentent d’échapper
aux troupes de la Wehrmacht
lançées à leurs trousses .Grande
animation sur notre terrain . Les visages sont tendus vers le ciel .
Edouard Paysant l’un de nos dirigeants sportifs disparait ...le match continue ...
Ce coin de bocage d’où jaillit une longue colonne de fumée noire ,je le connais bien ,c’est tout
prés de notre ancien lieu de baignade . Juché sur mon gigantesque vélo récupéré dans un
champ ,lors d’un déménagement d’une compagnie de l’armée du reich .je fonce vers les lieux
du crash Mais je ne suis pas seul , un inconnu ... me suit .Il me dit travailler chez le maréchal
ferrant dans les halles
Aprés une course éperdue , nous découvrons ,empétré .......dans un buisson , un parachutiste
rescapé ,essayant d’ôter son harnais de parachute dans un bruit de branches cassées . Pas
rassurés nous n’osons approcher .D’un geste autoritaire Il nous fait signe de nous éloigner
tandis que . les motos allemandes passant à une centaine de metres font grand bruit autour de
nous
Un bruit dans les fourrés ...Deux résistants surgissent à
notre insu et nous conseillent de
déguerpir ,Je m’empare malgré tout d’un morceau de
parachute découpé à l’aide du poignard abandonné par
l’aviateur . Le probléme c’est le passage à niveau de
Saint Laurent sévérement gardé par une troupe en
armes . Hésitation . Les allemands aux aguets ne
remarquent nullement l’épaisseur de mon blouson
gonflé par le morceau de parachute
C’est le retour dans l’inquiétude au domicile familial ,Ni vu ni connu !Je cache le morceau de
parachute sous les lames de plancher du grenier en espérant que le camarade inconnu ,d’un
jour saura se montrer suffisemment prudent
Un bruit dans les fourrés ...Deux résistants surgissent à notre insu et nous conseillent de
déguerpir ,Je m’empare malgré tout d’un morceau de parachute découpé à l’aide du
poignard abandonné par l’aviateur . Le probléme c’est le passage à niveau de Saint Laurent
sévérement gardé par une troupe en armes . Hésitation . Les allemands aux aguets ne
remarquent nullement l’épaisseur de mon blouson gonflé par le morceau de parachute
C’est le retour dans l’inquiétude au domicile familial ,Ni vu ni connu !Je cache le morceau de
parachute sous les lames de plancher du grenier en espérant que le camarade inconnu ,d’un
jour saura se montrer suffisemment prudent
2 victimes ,2 prisonniers , 6 évadés
vol de bombardiers
ll
5 Juillet 1943 . un village pourtant si tranquille …. !
Le lundi ,la curiosité aidant , , prétextant une partie de péche dans les eaux claires de la
Senneviére je réussis à prendre à la sauvette quelques photos de la forteresse et des victimes .
L’un des moteurs de la forteresse est là ,à nos pieds dans le courant du ruisseau . Plus loin
les restes de l’avion s’étalent sur la longueur du champ
Un bruit dans les fourrés ...Deux résistants surgissent à notre insu et nous conseillent de
déguerpir ,Je m’empare malgré tout d’un morceau de parachute découpé à l’aide du
poignard abandonné par l’aviateur . Le probléme c’est le passage à niveau de Saint Laurent
sévérement gardé par une troupe en armes . Hésitation . Les allemands aux aguets ne
remarquent nullement l’épaisseur de mon blouson gonflé par le morceau de parachute
C’est le retour dans l’inquiétude au domicile familial ,Ni vu ni connu !Je cache le morceau de
parachute sous les lames de plancher du grenier en espérant que le camarade inconnu ,d’un
jour saura se montrer suffisemment prudent
Epave du B 17 ; ces photos … les seules photos de l’épave ont été prises le lundi 5
juillet vers 10 heures Aucune sentinelle à l’horizon ….
recouvertd’un drap . A ses côtés un petit bouquet
de violettes ..
Un grand silence dans ce lieu troublé par le
bruissement des feuillages des peupliers et le bruit
du ruisseau . …j’apprends ainsi que cet aviateur
s’est abattu parachute en flammes à proximité
d’un troupeau de moutons devant les yeux ébahis du berger .
Cet aviateur c’est ....Francis Hackley le navigateur . Son blouson de cuir bordé de fourrure
émerge à la surface du sol . Triste spectacle !
Nous poursuivons notre chemin …Un autre corps est découvert en bordure de forêt à la
Ferriére Béchet ,omplétement calciné .A ses cotés une mitrailleuse et quelques débris .
Il s’agit du bombardier Donald Irvine ,décapité par l’hélice en sautant apprendrai je dans
les années 90 d’après un rapport des services historiques de Maxwell Alabama
6 7 juillet Pluies …. y a t il des rescapés dans le crash de cet avion inconnu ?on dit que
c’est un avion américain
Je ne me suis pas contenté d’être un des témoins de ce drame
En 1999 Estimant que l’on ne savait rien de cette affaire j’ai pris contact avec les services
historiques de Maxwell Alabama afin d’en connaitre les tenants et les aboutissants ( dossier
archives departementales no 820 J roger Cornevin ) Etre témoin d’un évenement c’est une
chose mais en connaitre les consequences en est une autre …
8 9 juillet gros orage et averses Où sont donc passés nos évadés mais y a il réellement des
rescapés dans la nature ?ou encore ont ils été faits prisonniers ?
temoignage de Annie Rospabée
Edouard Paysant chef du BOA dans le département quitte précipitamment son domicile en
Août 1943 pour échapper aux recherches entreprises par la Gestapo
Son épouse , sa fille Françoise ;ses parents seront déportés àRavensbruck
Edouard Paysant dit Dominique Tinchebray est remplaçé dans ses fonctions par André
Gros dit « Minet « le chat alias Grandvalet
« Francine « ( « Gilberte « Annie Rospabée ,aujourd’hui Annie Guehenno ) assurait la
liaison entre différents terrains de parachutage .
C’est elle qui prévint Edouard Paysant de l’arrestation de ses parents
« C’était le 14 Juillet 1943 ( 10 jours aprés le crash de la forteresse à Belfonds )
Dominique ‘ edouard paysant )m’adressa une lettre qui me recommendait de ne plus
remettre les pieds à Sées ..... J’irais chez ses vieux parents dont il me donnait l’adresse ...
Il était arrivé toutes sortes d’événements . La Gestapo avait eu vent de mystérieusesi
opérations de nuit.... Le nom de leur fils avait été prononçé .
Il s’était alors réfugié dans une ferme au milieu des champs à un ou deux kilométres du
village d’Assé le Boisne ( Sarthe )
A Assé il m’expliqua les dispositions prises et ce qu’il fallait câbler à Londres ....: annuler
les terrains qui risquaient d’être connus des allemands ,et envisager des parachutages dans la
région de Assé le Boisne . Il avait déjà recruté une équipe , trouvé des champs Nous aurions
à choisir des phrases et des lettres de code
Le lendemain matin je prenais la route d’Alençon pour constater l’arrestation des parents de
Dominique
Je le retrouvai à La Chartre sur le loir . Mon coup de téléphone d’Alençon lui avait permis
de fuir , mais sa femme et sa fille Françoise avaient été emmenées par la Gestapo .... »
Aaccompagné de mon frére J ean nous retrouvons un chasseur de la luftwaffe abattu prés de la route d'A
lençon



15 Juillet 1943
Plusieurs camarades d’école tel André
Morand impliqué dans le sauvetage de
l’un des rescapés ont , pris la poudre
d’escampette et quitté la ville afin
d’échapper aux interrogatoires de nos
occupants .
En fait je n’ai pas l’esprit tranquille et
je me demande si la cachette sous le
plancher du grenier est suffisamment
sûre pour échapper à toutes les recherches , d’autant plus que les parents ignorent
complétement cette escapade
De nombreuses arrestations dont les noms me sont tous familiers
Albert Troussier camarade d’école est arrêté à son tour chez le boulanger Despierres et
incarcéré à la caserne Bonnet .Avant son arrestation il parvient à dissimuler un gilet de
sauvetage dans un jardin pres de l’église Saint pierre et un morceau de parachute Les
rumeurs .laissent percevoir le nom d’un dénonciateur
En ce qui me concerne je prépare mon trousseau de futur potache du collége d’Argentan
Voir liste d’arrestation des sagiens (en annexe)
22 Juillet 1943
Vichy autorise le recrutement en France pour grossir les rangs de la waffen SS.
Stalingrad dégagé ,ce fut Kharkov , Rostov , Kiev une grande bataille à El Alamein , mais
ce qui nous remplit d’enthousiasme avec les parents c’est l’annonce de la BBCqui annonce le
débarquement des alliés en Sicile . Le temps était beau , l’hiver avait été dur , le printemps
tardif ……Nous étions au comble de l’énervement… tout arrivait en même temps , le soleil
les vacances et… les alliés !
Août 1943
Toujours la chasse aux aviateurs rescapés du crash ? Edouard Paysant soupçonné d’avoir
organisé l’évasion des aviateurs est disparu sous d’autres cieux
Nous apprenons que les gendarmes ont été appelés à la kommandanture et sont retenus pour
un interrogatoire .avant d’être incarcérés
Les gendarmes Bouyer, Collet ,Daniel ,et l’adjudant Tual sont convoqués à la
kommandanture et retenus pour interrogatoire . Seul l’adjudant Tual reviendra de
déportation
Deux sagiens leur apportant des colis ( dont Pierre Mauger futur maire d’Alençon ) seront
gardés pendant 24 heures à la caserne Bonnet
De nombreux noms connus ;Boivin ,Alais , Aumont , Camus , Cosnard et son épouse ,
Gaulard , Mouton ,Camus ,Jouvencel , les parents Paysant ,Françoise Paysant et les
quatre gendarmes Tual , Bouyer , Daniel , et Collet ,
Greiner …
En fait les rescapés de la forteresse disparus dans la nature seront partagés en deux groupes ,
l’un pris en charge par la filiere Barbier ,quatre aviateurs seront convoyés jusqu’à la frontiere
espagnole A Dax ils seront controlés ,l’un attirant l’attention d’un agent de la gestapo en
raison de la singularité de ses chaussures .Le guide Barbier les sortira de cette orniere
En premier lieu l’IS ou Intelligence Service représenté à Paris par Elisabeth Barbier et sa
fille devait prendre en charge ces rescapés mais le contact fut éventé par la gestapo et toutes
deux seront déportées
Robert Aubin ignorait que ce contact avait échoué ( se reporter à l’enquête fonds no 320j
Roger Cornevin aux archives departementales d’Alençon )
Le groupe des six aviateurs réussit à passer en Espagne par les Pyrenées Atlantiques
Une cabane construite en forêt de par m Mr Montebran et Maury resistants de la région
argentanaise fut le refuge pour ’47 jours des deux aviateurs blessés Deux medecins
veillerent sur leur état de santé des deux mitrailleurs Freeman( entorse de la cheville ) et M
ankovick éclat dans la cuisse ) Conduits au Mans par Terrier ils prirent ensuite le train
jusqu’à Lyon( filiere VIC )’apres une nuit au clair de lune
A l’issue de ce périple ils devaient faire passer l’annonce suivante à le BBC « les amis du
petit bois sont bien arrivés » après leur passage en Espagne par les pyrenées orientales
Cette enquête je l’ai réalisée en 1990 si tenté que l’on puisse se permettre de clarifier une
situation si confuse J’ai pu avoir accés aux archives de l’US Air force et en 2003 aux archives
departementales J’avoue y avoir découvert des choses étonnantes …
suite journal
le copilote Clifford Dart après avoir erré deux jours et deux nuits a été arrêté par les
gendrames dans une ferme du R oussillon ( prés de belfonds) Ilsera emprisonné prés de deux
années au camp de S agan ( P ologne )
a voir
Une affiche attire notre attention …
« Toute personne du sexe masculin qui aiderait directement ou
indirectement les équipages d’avions ennemis descendus en parachute
ou ayant fait un atterrissage forçé favoriserait leur fuite ,les cacherait
ou leur viendrait en aide de quelque façon que ce soit sera fusillée sur
le champ etc . »
Paris Le 22 Septembre 1941 signé Der Militarbefehlshaber en France Von
Stulpnagel Général d’infanterie
Photos 1998 Vitrail de l,église de Grafton Underwood Un
monument célébre dans ce village les actions de cette escadrille
de bombardiers
Plusieurs possibilités s’offrent aux aviateurs évadés du Commonwealth et de l’Usaaf , les
départs de nuit par Lysander ,avion léger se posant sur les terrains préparés par la
résistance ,la Bretagne par l’intermédiaire du réseau Shelburne ,la Suisse mais surtout
l’Espagne .
Une traversée périlleuse des Pyrenées et une dure épreuve physique attendent
généralement les évadés me dira john Carah pilote de la forteresse abattue à la Coulonche
lors de la commémoration du 4 juillet 1999 et l’inauguration du monument sur lequel sont
gravés les noms des deux victimes du crash de belfonds Hackley et Irvin ,Edouard paysant ,
LA et des trois gendarmes déçédés en déportation
Cinq cents kilométres de frontiéres communes avec la France ...l’Espagne est un des rares
pays d’Europe à ne pas être contrôlé par l’axe et à entretenir dans sa capitale et ses grandes
villes une ambassade et des consulats britanniques .Malgré ses problémes et ses dangers
l’Espagne pourtant écrasée par le Franquisme , devient pour les fuyards du nazisme le
pays de l’espérance .
La logique des fugitifs restera la même . Pour les reliefs peu accidentés ,de nombreux
voyageurs sillonneront les sentiers de montagnes malgré les multiplications de postes et de
patrouilles .Pour les altitudes plus élevées la surveillance sera géneralement relachée en
hiver et trés faible en été .
On peut penser que les rescapés de ces deux crashes sont arrivés sur les premiers contreforts
avant l’apparition de la neige en Septembre . Mais dés l’automne , les sentiers et cols du
secteur pastoral sont tellement surveillés que les évadés de France de toutes sortes sont
obligés de s’attaquer à la haute montagne .
Aout 1943
Nous habitons à proximité de la gendarmerie et bien sûr les visages des gendarmes nous
sont plus que familiers
Nous n’ignorons pas que les gendarmes Daniel et Bouyet sont convoqués à la
kommandanture et ne rentrent pas
L’adjudant Tual et le gendarme Collet sont appelés à leur tour à la kommandanture
Soupçonnés d’avoir assure plusieurs parachutages et facilité l’évasion des aviateurs de la
forteresse , ils sont alors interrogés et emprisonnés à la caserne Bonet d’ Alençon
Mme Collet réussit à savoir que tous quatre passeront à Sées dans la matinée du 14 Aout
,encadrés par plusieurs gardes allemands Tous préparent un colis dans l’espoir de leur donner
avant un départ vers une destination inconnue Mes parents font en sorte de trouver quelques
denrées et de les envoyer à la gendarmerie
« Nous attendons le passage du car avec impatience ;;; notre déception est grande.. le car
passe sans s’arrêter malgré nos signes désespérés Nous le regardons disparaitre au loin…
impuissantes …… emportant nos êtres chers vers leur nouveau destin…. mais ô chance les
allemands se ravisent et le car stoppe quelques centaines de metres plus loin Nous courons
vers lui ….,L’officier allemand nous demande « que contiennent ces colis ? »Nous répondons
« des vêtements _» L’officier accepte que nous remettions notre précieux chargement à nos
époux …. dieu merci !
Le car repart nous laissant seules et désespérées ….nous rentrons le coeur serré sachant que
nous ne les reverrons pas d’içi longtemps . »
Le car venait de la caserne Bonet d’Alençon où les prisonniers étaient retenus en attente de
jugement
Les quatre gendarmes seront interrogés au palais de justice de Rouen et à la prison de Bonne
Nouvelle avant de partir pour … l’Allemagne
Tous quatre seront déportés au camp de Dora Elrich camp spécialisé dans le montage des
fusées et v2 Seul l’adjudant Tual reviendra de déportation
A partir du 1 avril 1945 les SS entreprendront l’évacuation du camp en direction du nord
notamment vers Bergen Belsen où de nombreux déportés périront Les gendarmes Collet ,
Daniel périront épuisés dans le train ,le gendarme Bouyer étant décé dé à l’infirmerie du
camp
Photo adressée par David Butcher seul membre rescapé de l’ équipage abattu à Poillé sur
Végre ( sarthe ) ce même jour de l’independence day juillet
Il participera aux operations de parachutages aux côtés de Auduc chef de la resistance locale
et de André Dubois agent du SOE Celui çi décédera au camp d’internement de Gross Rosen (
lettre de David Butcher à roger cornevin juin 1998 )
Une rencontre inattendue
Notre lieu de pique nique … ce sera les ombrages de la forêt d’Ecouves du côté de la Croix
Médavi après une marche de 5 kilometres ….
Pique Nique bien garni malgré les restrictions ...Soudain à une centaine de métres une
violente fusillade … Un groupe d’allemands en goguette surgit par surprise à nos côtés le
sourire aux lévres
Mais non …ce sont des yougoslaves profitant d’une liberté conditionnelle . Ils nous expriment
leurs idées anti nazi et sortent de leurs portefeuilles toutes les photos de famille
Prisonniers du joug allemand ,ils nous parlent de Tito ,l’espoir de toute la yougoslavie et de
tout un peuple …
Après la liberation j’ai correspondu plusieurs années avec Paul Mac Connel , john carah (
rscapés du crash de la coulonche ) D avid B utcher ( seul rescapé du crash de poillé sur
végre )
16 Aout 1943
Un bombardier inconnu s’ést écrasé à proximité d’Alençon .au Chenay Les nouvelles
filtrent dificilement et il ést pratiquement impossible de vérifier le bien fondé de ces
nouvelles colportées par les habitants de la ville ( Voir note AD Alençon no 320j )Les
crashes ont été nombreux dans notre verte normandie et cette nouvelle ne fait qu’alimenter
notre inquiétude concernant la suprématie de la Luftwaffe .
Il faut rappeler que le ronronnement caractéristique à la fois plein d’espérance et inquiétant
des raids d’avions alliés , nous donne le sentiment que nous ne sommes pas seuls livrés à
notre triste sort .
J ‘ai pu identifier cet avion .... en 1998
Hugh Verity célébre pilote de la
RAF et auteur de « we landed by
moonlight «
nous apporte à ce sujet un
témoignage inattendu .
Hugh Verity commandait une
escadrille de Lysander basée à
Tangmere ,escadrille spécialisée
dans le transport et la
récupération de nuit d’agents
secrets déposés au sol pour
entrer en contact avec les réseaux
de résistance . Missions trés
périlleuses ,éxécutées de nuit feux
éteints sur un terrain de fortune et à la pleine lune
« La nuit du 16 au 17 Aout , je me dirigeais à nouveau vers Couture sur Loir au nord de
Tours .Entre Sées et Alençon à 22.25 heures ,j’ai vécu une expérience plutôt navrante
,heureusement exceptionnelle. Alors que j’avais pour habitude de sillonner en solitaire et de
nuit le ciel de France , je vis un mile devant moi un avion s’abattre en flammes . Un
chasseur de nuit que je n’avais pas aperçu en était certainement la cause .Ebloui par les
flammes ,j’espérais découvrir un parachute . je ne vis personne .
Je devais donner un paquet à Déricourt aprés l’atterrissage et prendre trois passagers
.etc..... »
Il s’agissait à coup sûr du
lancaster repertorié par WR
Chorley ( Bomber Command
losses RAF 1943 ) abattu dans la
nuit du 15 au 16 Août à Sainte
Paterne ( commune du Chenay
Sarthe prés d’Alençon ) . Ce
lancasterTO 2025 appartenait
au 115 eme sqadron DS 684 KO
M avec pour mission le
bombardement de Turin au nord
de l’italie
Aucun survivant lors de ce crash Tous les membres de l’équipage ont été inhumés au
cimetiére du Mans ( ouest )
S/ L JR Watson ,etc ... Le sergent Watson avait rejoint la RAF en 1920
Une cérémonie fut organisée le 14 Mai 1995 par le maire Esnault Claude ,maire de Chenay(
Sarthe ) et un monument érigé au bord de la route
La décision a été prise par le Reich d’avoir à se procurer à tout prix des ouvriers français
En juillet 1943 le premier convoi de ces prétendus volontaires qui en fait sont requis, part de
Montpellier vers l’Allemagne .De plus les ouvriers requis ne sont pas employés dans leur
veritable situation Ils sont d’abord affectés à des camps de travailleurs libres qui ressemblent
à s’y méprendre à celui des prisonniers
Les ouvriers qui ne répondent pas aux convocations que leur adresse le commissariat à la
main d’oeuvre en Allemagne doivent quitter leur domicile .
Les sagiens requis pour le STO trouvent refuge dans les fermes auxquelles ils apportent le
secours de leurs bras
Souvent ils se groupent et déjà on murmure au sujet de leurs petites congrégations ,le mot de
« maquis «
Les carriéres de Chailloué emploient sous la direction de Orst Lentz un grand nombre
d’ouvriers français et espagnols Ils sont en fait protégés par deux chefs de service Bastin et
Boulan qui justifiant leur expérience indispensable à la bonne marche des carriéres leur
évitent ainsi un séjour forçé outre rhin
Lentz n’est pas dupe de cette situation mais il est lié au rendement imposé par la direction de
l’organisation Todt et semble fermer les yeux
Un accident de travail a failli déclencher un drame … une courroie de moteur a cassé et blessé
la sentinelle allemande . Rouge de fureur Lentz profére des injures et menace de prendre des
sanctions contre le personnel qu’il accuse de constituer un « petit maquis «
A la liberation Lentz réussit à échapper aux recherches des alliés lançés à ses trousses …Il
retourne en Allemagne mais ne peut résister à l’envie de revoir sa maitresse qui tenait un
hotel rue Cazaut à Alençon Spécialisé pour survivre dans les vols de voitures il est arr^té
après des péripéties multiples et abattu par la police lors d’une tentative d’évasion
Le 17 Avril 1988 fut un grand jour en ce lieu. Les jeunes garçons anciens résistants au S.T.O.
et anciens scouts qui, en 1943-44, s’abritèrent à Montmerrei contre les rafles des Allemands
et qui fréquentaient la chapelle, s’y sont rassemblés 44 ans après avec les gens du pays.
Autour de l’abbé Poulet , revenu là pour fêter ses 60 ans de sacerdoce, ce fut une chaleureuse
cérémonie d’actions de grâces pour remercier de la protection obtenue pendant la guerre.
Plus de quatre cents personnes dans la liesse avec Notre-Dame et le jubilaire, étaient venues
des alentours et certaines de très loin : de Lyon, des Pyrénées...
Une fois de plus nous sommes privés de terrain ! deux équipes allemandes s’affrontent au
hand ball sur un terrain boueux qui ne semble pas les effrayer Je trouve par hasard dans le
vétuste vestiaire qui marque l’entrée du terrain des Ormeaux plusieurs photos glssées sans
aucun doute d’une veste ou d’un portefeuille . Elle feront une fois de plus le bonheur de ma
collection
Plusieurs dimanches il nous faudra nous plier à cette prise de possession autoritaire et attendre
quelquefois la fin d’après midi
20 septembre 1943
la gare de Surdon a été bombardée et le chef de gare Emmanuel Chevillard a été tué lors d’un
mitraillage de la voie , blessant également plusieurs employés
18 octobre 1943 Netter jacqueline déportée à Auschwitz le 28 octobre morte en
déportation
Arrestation de Netter sophie veuve d’un officier mort pendant la guerre partie de Drancy
pour Auschwitz le 20 novembre 1943 déçédée en déportation
Nuit du 21 au 22 Septembre 1943 ( une semaine aprés la pleine lune du 14 Septembre )
Ce parachutage fut un echec . L’avion vint tardivement au rendez vous avers 3 heures 45 lors
que le comité de réception avait quitté le terrain à 3 heures ou
Etaient présents sur le terrain
Clouet des Perruches .( Jean François ) chef de la région M , .
Brigitte Friang sa secrétaire
André Gros alias Minet de L ‘aigle
Albert Terrier d’Alençon alias Mr Jules
Briand dit Petit Maurice FFC
René Croisé alias Janvier de Mortagne
Arrestations dans l’équipe du BOA de Mortrée . Plusieurs d’entre eux participérent à
des opérations similaires sur d’autres terrains
Quelques noms de ceux qui participérent aux parachutages activités diverses
Arrestation le 14 Juillet 1943 de Mouton Robert ouvrier agricole à Sées participa aux
parachutages d’armes dans la région mais fut impliqué dans l’affaire du crash de la forteresse
volante du 4 Juillet 1943
2 nous héritons d'un régiment de Ostruppen (encadré par la W ehrmacht )
Quand Hitler prit connaissance du grand nombre de Russes et d'autres anciens civils
soviétiques volontaires à servir dans la Wehrmacht (un nombre estimé à presque un million),
il paniqua d'abord. Ecoutant un faux rapport établissant que ces unités n'étaient pas fiables et
qu'elles désertaient pour se joindre aux partisans, Hitler ordonna leur transfert immédiat sur le
front de l'Ouest. Réalisant l'effet catastrophique qu'aurait eu cette saignée des effectifs
présents sur le front de l'Est, de nombreux commandants allemands prirent des mesures
volontairement floues afin d'éviter que leurs Hiwis ne soient transférés. Néanmoins, de
nombreux volontaires russes furent affectés sur le front occidental. Nombre d'entre eux étaient
de service lorsque survint le Jour J en Normandie, sans l'équipement ni la motivation
nécessaires pour combattre les Alliés occidentaux, ce qui les rendit fortement susceptibles de
se rendre à la moindre occasion. L'effet produit par ce transfert ordonné par Hitler fut donc
inverse de celui escompté. On rapporte néanmoins le cas de combats acharnés jusqu'au bout
pour certaines unités Osttruppen sur le front de Normandie, déclenchés par de mauvaises
initiatives de la propagande alliée, promettant notamment un retour rapide des soldats en
Union soviétique s'ils se rendaient
RESUME : Kolumov, un ermite, livre au narrateur, un jeune journaliste français, le secret de
la trahison d'Andreï Vlassov. Ce dernier, général de l'Armée rouge, était passé fin 1942 dans
le camp allemand pour combattre Staline. L'armée de libération russe qu'il commandait ne
combattit qu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
ARGUMENTAIRE : En passant aux Allemands pour combattre Staline, l'héroïque général de
l'Armée rouge, Andreï Vlassov, pendu à Moscou en 1946, a-t-il vraiment trahi? Cette
question, l'Histoire croit l'avoir tranchée. Jusqu'à cette nuit polaire, cinquante ans plus tard, où
un ermite, aux confins de la Sibérie, en livre le secret à Aurélien, un jeune journaliste français.
De retour en France, ce dernier mène l'enquête. Elle le conduira vers la plus incroyable des
hypothèses... Et à une certitude: au-delà du cas Vlassov, c'est bien la trahison qui gouverne le
monde et lui donne sa cruauté comme sa saveur.
1944
13 Mai 1944
Arrestation de Chevreuil Victor entrepreneur charpentier maire de Mortrée Chef de terrain
BOA à Mortrée. Il fut intensément surveillé aprés l’hébergement et l’évasion de six
aviateurs rescapés du crash de Belfonds le 4 Juillet 1943
Libéré dans le bois de de Kalderkirchen où il se cachait aprés son évadsion
Arrestation de Tesson Marcel boucher à Mortrée BOA Participa au sauvetage des
aviateurs à Belfonds
déçédé à Sandbhostel en Avril ou Mai 1945
2 Juin 1944
Ralu Emilien agriculteur à Maçé pour détention de dépot d’armes Libéré le 2 Mai 1945 à
Malchiow ( commando de Ravensbruck ). transporta en pleine nuit les deux aviateurs
rescapés et blessés du crash de Berlfonds sur un brancard avec plusieurs résistants de Mortrée
...
29 Juillet 1944
Bétourné Fernand charpentier à la chapelle prés sées ( canton de Sées ) Arrêté au Bouillon
( canton de Sées )pour dépôt d’armes
Emprisonné au chateau des ducs avec André Rougeyron ,Jean Mazeline , Albert
Fut décoré de la croix de guerre etoile de bronze remise le 23 mai 1943 au bouillon aprés
un emprisonnement dans un stalag de à
Libéré à Nordhausen ( commando de Buchewald le 16 Avril 1945 )
Voir le recit de andre rougeyron en annexe
30 Juillet 1944 Jardinet Henri bûcheron au Bouillon ( canton de Sées ) arrestation pour
dépôt d’armes .Libéré le 15 Avril 1945 à Bergen Belsen
Albert Frémiot transporteur notre voisin place du parquet arrêté pour transport d’armes et
fusillé en Août 1944 avec jean Mazeline
Une carte postale risquée
Ce sagien a pris des risques carte postale trouvée en 1980 et qui met en évidence le passage
permanent des avions dés la tombée de la nuit
« A Sees il y a toutes sortes de petits détails qui ne me plaisent pas beaucoup et qui ne font
pas de vacances parfaites
C’est plein de fridolins qui chantent toute la journée et plein de colonies de vacances qui
chantent aussi , tout ceci ne fait pas très calme . Je pense que tu as bien dormi cette nuit , je
n’ai pas entendu d’avions et toi ? «
Lors d’une visite du musée des invalides je decouvrirai un grand nombre de portraits
executes par un déporté du camp de et représentant Marcel Palmier alors déporté dans ce
camp d’ou il ne reviendra jamais
Par mes parents et en toute discrétion j’apprends en fait que mr Granger maire de Macé a été
trahi par son employée
Une expédition punitive organisée contre cette dame par l’adjudant Tual de retour de
déportation en 1945 mettra en évidence ce fait ignoré de tous
. J’apprends aussi l’arrestation par la gestapo à Chailloué de Raymond Lefévre ( )instituteur
et l’un des piliers de notre équipe premiére de football . Surpris en plein cours par la Gestapo
il a tenté de se sauver en sautant par la fenêtre de la classe
3 janvier 1944
Raymond Lefévre fut quelque temps le capitaine de l’équipe de l’USS ou Union sportive
sagienne club phare de notre petite ville . Instituteur à Chailloué il se libérait chaque
dimanche pour « donner un coup de main » à l’équipe sagienne . .
Préparant quatorze éléves au certificat d’études , il vit arriver aux environs de 9 heures un
camion allemand rempli de résistants récemment arrêtés .
gestapo .Aprés l’arrestation Madame Lefévre réussit à lui dire au revoir . Il fut emmené à la
caserne Bonnet d’Alençon . Il y restera deux semaines puis sera dirigé sur Compiégne ( Oise
) et les camps de concentration d’où il ne reviendra pas ( source Les habitants de Sées se
souviennent 1940 1944 )
Raymond Lefevre fut aussi secretaire de mairie de la commune de Chailloue sous le mandat
de Fernand Bohin maire
Mes lectures ce sont tous les ouvrages de Paul Chack ancien officier de marine « Des
Dardanelles aux brumes du nord et relatant les affrontements de la marine française avec la
marine allemande lors de la derniére guerre .
Mais aussi les aventures africaines du Colonel Baratier
Aussi apprendrai je avec étonnement que l’auteur de ces récits de guerre Paul Chack a été
fusillé le 9 Janvier 1945 , pour avoir souhaité publiquement la victoire de l’Allemagne .
L’épuration apportera son lot de victimes inattendues où sur les bancs , de la justice on
retrouvera les noms connus et les plus inattendus de notre cinéma national… Arletty ,
Pierre Fresnay ,Sacha Guitry ,Ginette Leclerc , Dita Parlo , Albert Préjean , Madeleine
Sologne et même notre grande vedette nationale Tino Rossi
J’ai pu assister au palais de justice de Paris avec Jacques Ligot ex sagien à plusieurs
jugements de collaborateurs en 1948 à une époque où les sentences de peine de mort étaien t
généralement prononçées
Fevrier 44
Tentative d’assassinat de Gontier accusé d’avoir dénonçé les quatre gendarmes de la
brigade sagienne
Extrait de l’Ouest Eclair du 3 Février 1944 ( Rubrique Argentan )
Un cultivateur est assassiné par des bandits
Un crime a été commis mardi vers 17 heurses 30 sur le territoire de la commune d’ Ecorches
Mr Bellanger 32 ans bouvier à Montreuil la Cambe , pour le compte de Mr ; Moisson
travaillait dans un champ lorsqu’ il fut attaqué par trois individus armés .
Sous les rafales de balles ,blessé au bras Mr Bellanger se réfugia dans une bouverie . C’est là
que à travers un trou de la cloison en torchis , les assaillants tirérent à nouveau sur lui avec
une mitraillette et l’achevérent .
Atteint de graves blessures à la poitrine Mr Bellanger succomba peu aprés . Il était marié et
pére de trois enfants
Hildebrandt
La gestapo sinistre police de l’occupant dont le siege se trouve à alençon veille ….son chef est
le sinistre Reinhart dit Hildebrandt De fortes primes sont distribuées à ses collaborateurs
De nombreux resistants du departement sonr arrêtés
A Sées nous nous méfions de certaines personnes suspectées de travailler avec l’occupant ….
De Claude Pavard ( Extrait de la brochure « Un bombardier s’écrase à Belfonds le 4
Juillet 1943 « )
. Regrettable bavure 1996
Si dans son ensemble la population de Belfonds et de Saint Laurent fut honnête et courageuse
il y eut des traitres . L’un d’eux vexé de n’avoir pu obtenir un parachute pour faire
confectionner une robe de mariée pour sa fille dénonça un résistant . Arrêtés tous les deux et
confrontés le dénonciateur fut copieusement battu puis achevé , les allemands n’ayant pu
obtenir de lui autant de renseignements qu’ils en espéraient . L’autre dénonciateur est arrêté
également et confronté avec les personnes qu’il avait mises en cause est cependant relâché .
Rentré chez lui il comprit qu’il était exposé à des représailles . C’est alors qu’il s’en alla se
cacher chez sa tante à Montreuil la Cambe prés de Trun . Les résistants l’y retrouvérent alors
qu’il était occupé à couper du bois . Se sentant traqué il eut le réflexe et l’audace de dire qu’il
n’était pas celui que l’on recherchait et indiqua un brave homme qui non loin de lui coupait
du bois et brûlait des branchages . Et c’est le malheureux pére de trois enfants ,âgé de de 33
ans
Le résistant auteur de cette erreur s’engagea à la liberation dans l’armée Leclerc avant d’être
tué sur le front en Alsace ( note de m Geneslé dans la marge du texte de monsieur pavart )
Octobre 1943
A contre coeur je quitte les amis du cours complementaire de Sees pour rejoindre le collége
d’Argentan alors occupé par l’armée allemande … rendez vous place du parquet
Une voiture à gazogene de la poste ,poussive ,doit me conduire à Argentan Je songe que ce
type de carburant est en fait fourni par le bois de nos forêts.. …Le probleme c’est la mise en
route dans le brouillard et l’humidité matinale de ce systeme rudimentaire . Apres une demi
heure d’efforts les postiers réussissent à démarrer notre réticente machine
Potache privilégié .. hébergé dans une chambre seule au 2 eme étage rue du Beigle
J’ai évité le grand dortoir de peu ,ce qui me vaut une attaque en régle des autres potaches
jaloux de cette exception qui m’est faite …
Premiere nuit , combat d’oreillers… mes adversaires prennent la fuite devant ma
determination
Le matin dés 6 heures après une nuit sans sommeil …je perçois le bruit de bottes … les
compagnies allemandes se rendent à l’exercice , et sous nos fenêtres font retentir leurs chants
guerriers martelés par le bruit saccadé des bottes ferrées
Changement permanent de locaux ,…nous quittons la rue du Beigle … maintenant il s’agit
de la mairie . Lustres etincelants au dessus de nos fenêtres , immenses baies vitrées Hebergés
dans la salle des fêtes nous sommes tous barricadés derriére nos armoires et nos caisses à
livres . La mienne a été confectionnée par le menuisier Marie de Sees habitant route de
Rouen
Je fais déjà des projets pour le prochain week end
Premier trajet par le train d’Argentan à Sees…. Un sous officier accompagné par deux
soldats en armes parcourant les couloirs se presente à l’entree de mon compartiment et me
demande dans un français sommaire mes papiers ils se resument en un simple document
marquant mon identité . A sa ceinture , un revolver de bon calibre …. Je fais des efforts
pour ne rien laisser paraître de mes sentiments ..Le contrôle dure quelque minutes …Pas de
correspondance à Surdon … ensuite huit kilometres à pied dans la prairie normande ….
Django Reinhart l’idole des collégiens
L’idole de nos soirées c’est Django Reinhart . Un potache a
échangé contre une motte de beurre le disque 78 tours de la
vedette .Son grand désir c’est de l’imiter …aussi chaque soir ,
il gratte sa guitare avec entrain et réussit laborieusement à
nous plonger dans les bras de Morphée
Le collége ce n’est pas la gloire sur le plan de la nourriture
aussi les parents n’hesitent pas à améliorer le petit déjeuner
matinal .quand aux repas du midi et du soir mieux vaut ne pas
en parler
Nombreux trajets entre la rue des vieilles halles notre réfectoire
, et la mairie . Bataille de purée de pois rue des vieilles halles notre lieu de rassemblement
journalier pour les festins des midis et soir
Nous savons que la dépôt de la SNCF est étroitement surveillé par les allemands qui
travaillent aux côtés des ouvriers français Malgré tout on entend parler de sabotages dés notre
retour de vacances de Noel 1943 et nous apprenons que les resistants argentanais ont
endommagé plusieurs locomotives
En ce qui concerne les trajets par le train pour rejoindre le domicile familial , une fois par
semaine ,je dois abandonner ces périples du week end en raison des risques de mitraillage .
En effet le chef de gare de Surdon vient d’être la victime d’une attaque aérienne et les parents
inquiets m’incitent à reprendre mon coursier des grands jours pour rejoindre chaque semaine
le domicile familial . Les pneus ,c’est le gros probléme ..ils rendent l’âme à chaque parcours
...aussi me suis je équipé d’une trousse de réparations bien approvisionnée
Que la route est longue ...dans le vent ,sous la pluie et même la neige .Mes parents sont
toujours inquiets de me voir prendre ainsi le chemin du collége . Aux aléas du mauvais temps
il faut ajouter le risque des attaques alliées sur les convois allemands à la merci de l’attaque
d’un chasseur allié .
12 novembre 1943 Recrudescence des dénonciations écrites sous l’anonymat qui
s’accumulent dans les bureaux de l’autorité militaire allemande ; liste noire , maisons de
commerce à boycotter
Notre collége reçoit une amende pour défaut de camouflage des fenêtres alors que nous
collégiens , sommes hébergés dans les locaux de la mairie donc nullement responsables de
cette négligence
Notre prof mr Christie nous parlait d’histoire avec un
enthousiasme communicatif . Nous flairions chez lui un certain
patriotisme qui n’allait pas tout à fait dans le sens de
l’orthodoxie vichyste Il fut emprisonné quelques jours pour une
affaire de tracts abandonnés par les collégiens dans les boites
aux lettres des argentanais Pas fûtés les collégiens !
On etudie « trois hommes dans un bateau « de jk Jerome avec
Vuillemet notre prof d’anglais dont toutes les questions sont
notées d’un trait d’humour .Bevis est le héros de ce feuilleton
qui nous ravit . Notre prof sourd comme un pot ne réussit pas
à percevoir les nuances de notre accent
Pierre jacquot brillant éléve reçu à l’école de l’air était notre
surveillant d’études
Pris dans une embuscade en Aout 1944 il sera abattu à la lisiére
de la forêt prés de Moulin la marche avec deux de ses collégues
Une croix marque aujourd’hui l’emplacement de cette tragédie
Il était le capitaine de notre équipe de foot et nous dominait de sa
haute taille peut être 1 métre 90 ….
1944
3 janvier 1944
Vacances de fin d’année A Sees René Fossey équarisseur est
arrêté à son domicile avec la complicité de Bernard Jardin sous les
ordres de Hildebrandt et déporté en Allemagne le 12mai 1944 après dénonciation par un
certain L…. qui sera jugé et condamné à mort par la cour de Caen après la liberation ….on dit
qu’il cachait des armes récupérées lors des parachutages alliés sous les restes des animaux
morts . Buchenwald et le camp d’Elricht ou il fut affecté à l’electrification de camp Il
décéda le 24 Fevrier 1944 et fut incinére en Fevrier à Dora
4 Mars 1944
Ce samedi jean Harold Paquis parlera à Alençon) Les auditeurs de radio Paris connaissent
son nom souvent cité dans les editoriaux Ses critiques militaires obtiennent un vif succés
auprés de certains Il parlera dans la grande salle du cinéma Normandy sous les auspices de
Radio Paris Il s’adressera à ses auditeurs ornais pour leur clamer la duplcité anglo saxonne
Ayant reconnu ses fautes le jour du jugement du 17 Sept 1945 Jean Hérold Paquis admit
qu’il avait s ouhaité la victoire des alliés Ses idées le conduiront malgré tout devant le
peloton d’éxécution ….Il sera fusillé au fort de Chatillon le 11 Octobre 1945
J’ai noté ce témoignage de Bernard C ercueil qui retrace en fait les traits de la vie nocturne
autour de notre petite ville ,vie clandestine ignorée de la plupart des sagiens …
« Entré en resistance malgré lui……
Témoignage de Bernard Cercueil fils de Edouard Cercueil habitant 30 rue Saint Martin
à Sées ( extrait des echos sagiens )
« Après le parachutage les containers avaient été cachés dans un bâtiment qui servait de
réserve à foin dans un herbage qui appartenait à Monsieur Gaucher ; Les containers issus
du dernier parachutage avaient été finalement cachés à son insu .
Venant voir ses bêtes il vit un faisan en train de manger du grain à la porte de son bâtiment
Perplexe et curieux il découvre le matériel entassé
Quelques jours aprés Maurice Cercueil vient lui rendre visite et le met au courant des faits en
lui faisant remarquer qu’il pouvait adhérer à leur cause .
Cest ainsi que Monsieur Gaucher entra dans la résistance ....
La nuit du parachutage les containers furent transportés de l’herbage à un bâtiment d’attente
en utilisant une vachére à pneus attelée à un cheval dont les fers avaient été posés à l’envers
Ils furent acheminés ensuite par différents transporteurs à Maisons verte où habitait Monsieur
Colonna D’istria
Pâques 25 Avril 1944
« Edouard Cercueil participe à cette opération Il réceptionne prés de deux tonnes d’armes
qui seront cachées dans la ferme de Mr Gaucher
Les deux agents parachutés ( Tracteur et Sarcloir ) trouvent asile au 30 Rue Saint Martin au
troisiéme étage de la maison d’habitation
Quelques jours plus tard Maurice Cercueil venait livrer du lait à l’épicerie Jouy place du
Parquet et passait réguliérement chez son frére boire le café
Ce jour la descendant la grande rue , il voit deux allemands sur chaque trottoir , écouteurs aux
oreilles .
Il arrive tres vite à Saint Martin et demande « Tu n’as rien içi ? «
Edouard répond « Si «
Aussitôt mon pére monte au premier et demanda aux agents s’ils avaient des problémes . Les
agents racontérent qu’ils étaint en train d’émettre vers l’Angleterre et qu’ils avaient été captés
par un avion allemand . Bien qu’ils aient coupé leur émission l’avion survola )plusieurs fois le
secteur
Un cheval fut attelé dans la minute à un tombereau ,les agents cachés sous les couvertures
montérent dans le tombereau avec le matériel recouvert de paille Ils furent emmenés dans la
campagne de Champ Gérard qui était trés boisée à l’époque
Bien que n’ayant rien trouvé les allemands arr^térent une dizaine de personnes qui habitaient
dans le secteur répéré ; Aprés interrogation elles furent relâchées . L’occupant ne trouva
jamais l’emplacement de l’emetteur Pourtant les personnes arrêtées habitaient à 200 métres du
30 ue Saint Martin
Note « histoire de la resistance en France « tome ‘4 octobre 43 à mai 44 octobre Les
deux « saboteurs « largués sur Aurore se nommaient R ené Carrel ( S arcloir ) et Tracteur
noms de code adoptés par le BOA pour ce type de mission
Dans ce chapitre on note la proportion inhabituelle d’agents parachutés à l occasion de ces
diverses operations cela s’explique de toute évidence par l’imminence du débarquement
14 agents ont été parachutés ce seul mois d’avril
Arrestation de Gravel Marcel ouvrier agricole à Saint Léonard des parcs ( canton de
Courtomer ) Déporté pour parachutages et transport d’armes
Libéré le 2 Mai 1945 à Neustadt petit port sur la Baltique ( commando de Neuengamme )
Avril 1944 La ferme de l » hopital ( suite témoignage Bernard Cercueil )
« Un parachute ne s’est pas ouvert . Le container s’est retrouvé alors qu’il fait jour mais il est
enfonçé dans le sol . Il faut faire vite pour en retirer les armes et ne pas être vus
Le parachute et le container vide restés sur le terrain seront récupérés par Mr Lelibou qui les
camoufle rapidement
En attendant leur transport à la « Maison Verte « les deux tonnes d’armes sont stockées chez
Edouard Cercueil sous sept rangs de paille dans le hangar de la ferme ( 30 rue Saint Martin)
C’est alors que les allemands décident de venir chercher de la paille et concasser des biscuits
de soldat . Ils sont quatorze
Edouard Cercueil voyant le tas de paille baisser rentre chez lui , prend deux revolvers ,les
met dans sa ceinture et dit à sa femme Madeleine « Si tu entends péter , fais ce que tu peux «
puis retourne sous le hangar
Ne sachant que faire elle monta au grenier pour prier
Edouard Cercueil demande au sous officier s’ils avaient bientôt fini de prendre de la paille
car lui aussi en avait besoin .Les allemands arrêrent leur chargement il ne restait que deux
rangs au dessus des munitions . Ouf l’alerte avait été chaude ....
Vers la fin d’avril 1944 les parachutes devenant encombrants il fut déçidé de les brûler rue
Saint Martin . Maurice Cercueil avait une vachére à pneus et une jument qui n’était pas
ferrée rassemble les parachutes dans la vachére . Il installe sa femme et les enfants sur le
chargement sur la vachére et c’est ainsi que vers midi le chargement transita de Sevilly à la
rue Saint Martin sans probléme Apres avoir mangé Maurice rentre traquillement avec sa
famille à Sevilly
Le lendemain à l’aube Edouard brûla tranquillement les soixante parachutes . Vers sept heures
du matin René Bothet arriva pour prendre son travail à la ferme et fut surpris de trouver les
portes fermées à clé . Connaissant bien les lieux , il sauta par dessus une ancienne barriére
pour entrer dans la cour et soigna les chevaux .Voyant le feu qui finissait de se consumer il
prit une fourche et secoua les cendres . il ramassa les boucles qui s’y trouvaient et les
suspendit dans l’écurie pensat pouvoir les utilisrer plus tard . En arrivant dand la cuisisne il fut
vivement interpellé par mon pére qui lui demanda « Par où es tu rentré ? «
Aprés explication il lui fut ordonné de jeter ces boucles dans la riviére et surtout de ne parler à
personne de ce qu’il venait de voir . René Bothet s’executa sans chercher à comprendre ce
qu’il lui arrivait
Mon pére par la suite me donna les noms de plusieurs personnes résistantes de la région de
Sées
Monsieur Philippe Quenouelle habitant le chateau de Chailloué
Rattier facteur à Chailloué
Burté régisseur au manoir de Chailloué
Evin pharmacien à Sées
Fossey équarisseur transportait des containers d’armes dans son camion
Frémiot trasporteur à Sées « « «
Bouffay
L’abbé Marchal économe au grand séminaire faisait des fausses cartes et les cachait dans le
transformateur du grand séminaire . Il était le seul à avoir la clé par peur des sabotages et
avait réussi à les faire garder par une sentinelle allemande ( fin du temoignage de Cerceuil ).
En ce début d’année 44 on sait que Edouard Paysant avait quitté la région en raison des
événements consécutifs au crash de la forteresse le 4 juillet 1943 En fait nous apprendrons
par la suite qu’il prit la direction du BOA nord
NP J’ai bien connu Edouard Cercueil de 1942 à 1945 . C’était un homme d’une force
athlétique peu commune qui avait d’ailleurs mis ses talents de lanceur de poids et de disque
à la disposition du club local de « l’Espérance de Sées «
Dans le contexte de l’occupation il est alors indispensable de rappeler que les terrains de
parachutages avaient été identifiés par la RAF ces elements là je ne pourrai les découvrir que
beaucoup plus tard après la période d’occupation rappel action resitante
Notre pharmacien c’est mr Evin grande rue Calme ,aimable , planté en permanence derriére
sa caisse au fond du magasin ,il accueille le client avec sympathie et discrétion On lui prête
toutefois des idées favorables au gouvernement de vichy et bien sûr à notre vaillant maréchal
Aussi c’est avec un grand étonnement que j’apprendrai que notre pharmacien appartient au
réseau de résistance local ,oeuvrant dans l’ombre
14 Mai
Journée de détente au champ de courses d’Argentan avec les parents Soudain l’hippodrome
est cerné par la police et la bande à Jardin personnage connu dont les parents exploitent
l’hotel de la belle étoile à Argentan
Les jeunes essaient de disparaître dans la nature en passant sous les toiles qui entourent
l’hippodrome . C’est la ruée vers la sortie…mais la police de Jardin veille .et arrête les
suspects et en particulier les jeunes nés en 1922 qui doivent répondre d’ un engagement au
STO.Les véhicules fretés et amenés pour la circonstance se tiennent là tout prêt dans
l’enceinte m^me du champ de course Les véhicules bondés partent pour une destination
inconnue …pendant que la foule s’écoule vers la sortie
Argentan… notre nouveau principal inquiet et …. prévoyant ferme les portes de notre
établissement
Robert Dugué déporté après l’arrestation de nombreuses personnalités argentannaises .
Après les attaques répétées de l’aviation alliée et les menaces de bombardement ,notre
principal remplaçant juge indispensable de renvoyer les éléves du collége dans leur famille
Plusieurs personnalités argentanaises appartenant à la resistance locale sont arrètées ;Robert
Dugué notre principal ,les freres Rycroft
Le nouveau principal Antoine décide de renvoyer les éléves chez leurs parents
Je m’étais posé quelques questions concernant les restes de repas abandonnés le soir dans le
refectoire des collégiens rue des vieilles halles . En fait un groupe de résistants se réunissait
sous la direction de Robert Dugué
Ayant quitté Argentan bombardée , c’est
donc le grand retour inattendu dans le
bercail familial j’apprends par la suite que
notre magnifique dortoir ,antérieurement
salle d’honneur de la mairie a été anéanti
dans la nuit du 6 juin
Au fond du cratére de bombe …..mon lit ,
mes livres scolaires ,tous mes ustensiles de
collégien …..
Dés mon retour dans ce nouveau cadre ,je réalise bientôt que les gares alentour ne sont
guére mieux loties que la gare d’Argentan ..Surdon ,Almenesche ,toutes les voies ferrées ,les
gares de triage ,Briouze Le Merlerault ,Sainte Gauburge ,Laigle ,La Ferté Macé ... ,Les
attaques quotidiennes de l’aviation alliée font rage et l’anxiété des parents ne fait
qu’augmenter
J’ espére que l’aviation alliée voudra bien épargner notre vieille ville si riche en monuments
religieux historiques .Notre belle cathédrale que je ne me lasse pas de contempler saura t elle
nous protéger ? Sées ville ouverte ? pourquoi pas !
. Ce n’est en fait qu’ un répit de courte durée . Sées essaie de vivre son occupation à l’abri de
tous ces tracas mais c’est en vain . Nous avons connu l’année précédente l’occupation des
régiments SS ,en instance de départ pour le front de l’est mais aussi leur retour ponctué de
libations et de beuveries ...Cette soldatesque émêchée et importunée par notre présence lors
de la projection d’un film allemand nous avaient « viré » avec perte et fracas de la salle du
cinéma Rex avec mon ami Jorry .Soulevés par des mains vigoureuses et des bras vengeurs
nous nous sommes retrouvés sur le trottoir plutôt mal en point après avoir traversé la salle du
rex sans avoir touché le sol
Marika Rok beauté blonde et Zarah Leander à la voix grave … les stars nationales du
grand reich ....ce sera pour une autre fois ...
Même un régiment de l’armée Vlassof . est venu troubler notre semi quiétude . Yeux bridés
,la peau tannée , cheveux ras sous le calot verdâtre , trainant le pas sur les pavés de la rue
Conté , ces asiatiques faisaient peur .De vrais soudards .....Heureusement ils sont fortement
encadrés par la Wehrmacht mais livrés à eux-mêmes ils sont capables des pires sévices …
N’oublions pas que Edouard Paysant arrêté au château de Callac fut problablement torturé
par les georgiens avant de disparaître ( voir article en annexe sur les osstruppen régiments de
l’Est )
L’un des membres de ce régiment avait tout simplemet enlevé de force ,le sac à main de ma
soeur dés la sortie du cinéma . Mon pére réussit à le récupérer aprés quelques palabres mais
surtout avec ruse …
Exploration des caves souterraines de palais episcopal … nous profitons de l’absence
momentanée de la sentinelle
S’il y a bien un jour où nous avons dépassé les bornes c’est bien celui là ! Et pourtant comme
l’écrivait Roland Dorgelés ... » Il n’y a que les aigris qui renient leur jeunesse et désavouent
ses joies .Moi je l’aime telle qu’elle fut avec ses bêtises ,ses écarts ,son inconscience ,ses
excés
De ma fenêtre , espace d’observation stratégique , …….un garçon de manége défenseur de
ses jeunes clients tient tête aux Mongols , place du Parquet .Une droite bien ajustée au
milieu d’une forêt de baionnettes menaçantes envoya au tapis un asiatique belliqueux pour le
compte . Notre héros fut emmené manu militari dans les géoles de la feldgendarmerie et
notre inquiétude fut grande …. . Mais la felgendarmerie avait bien jugé , elle nous ramena le
lendemain notre héros , le bras en écharpe .... mais libéré .
Le courage de ce garçon est passé pratiquement inaperçu , …forain de passage ,je ne l’ai plus
revu dans nos murs …
Obligation de camoufler fenêtres et vitrines.... ça on le savait déjà ! l’arrivée d’une bouteille
dans notre vitrine nous rappelle que ces troupes de l’est n’ont pas besoin de ce prétexte pour
se distinguer
L’un des drames de ma vie …..56 années auront été
nécessaires pour identifier la nationalité de cet avion et
de son équipage
Les causes , la negligence de la municipalité,le mystere
qui a entouré ce drame ? La disparition des témoins ?
Je rappelle les faits
Le nez à la fenêtre vers 23 heures…. je sursaute , un avion
inconnu ,moteurs hurlants ,frôle notre cathédrale .Une
immense lueur illumine la façade et bientôt l’avion s ‘abat
en flammes sur la route du Merlerault à proximité du lieu
dit « La Potence « . Spectacle dantesque et bouleversant
où étant dés le matin l’un des rares témoins sur les lieux
,avec mon pére et mon frére nous sommes repoussés sans
ménagement par deux sentinelles allemandes méfiantes
et agressives .
Il faut dire que le drame de la forteresse volante de
Belfonds d’Aoùt 1943 ést encore dans les mémoires et on
ne saurait braver la vigilance de nos gardiens sans appréhension . On ne peut oublier que
cinquante personnes de Sées et de
Belfonds ont été interrogées et vingt parmi
elles sont actuellement internées dans les camps de déportation nazis ....
Le spectacle est hallucinant et la vision de ces corps dispersés dans les branches des arbres et
autour des débris du bombardier difficilement supportable
Le lendemain les victimes non identifiées de cet avion inconnu sont rapidement enlevées
avec les restes de l’épave et pratiquement abandonnées sans sépulture dans une fosse
commune du cimetiére sagien route d’Alençon .prés du mur de clôture
La nationalité de cet avion allié et l’ identité des victimes demeurent un mystére . On ne
peut émettre que des hypothéses sur leurs origines
Aprés réflexion , on ne peut s’étonner de l’incapacité de nos occupants à vouloir identifier
les victimes d’un avion allié ,toute relation internationale étant réduite à néant depuis l’entrée
en guerre des pays belligérants . Il faudra donc attendre des jours meilleurs et en particulier
les résultats d’enquêtes des services spécialisés alliés et leur volonté de pouvoir identifier les
corps de ces aviateurs alliés inconnus tombés en territoire ennemi ,ce qui ne sera pas chose
facile
Aprés une enquête personnelle réalisée en 1998 ( Ref archives RAF et ministere de la
défense britannique) et qui me prit deux mois ,l’avion en question abattu ce 23 Mai 1944
était un bimoteur Whitley AD701 de la Royal Canadian Air Force composé de six membres
d’équipage tous canadiens et dont la mission dans le cadre de l’OTU ( operation training unit
)consistait à inonder de tracts la région d’Alençon . ( 11)
Cet avion avait décolle de Long Marston et avait été vraisemblablement touché par un
chasseur de nuit . Rappelons qu’à cette période de Mai 1944 les voies ferrées et de
communication étaient soumises à d’intenses bombardements ( Voir à ce sujet la carte des
points d’impacts )
Les victimes ont été exhumées du cimetiére de Sées en 1945 sous la direction du Flight
Lieutenant Noel Archer ami de notre famille et qui nous rendit souvent visite ne serait ce que
pour profiter de l’ambiance d’une joyeuse tablée et oublier le cadre de son sinistre travail
Les six membres d’équipage reposent donc aujourd’hui au cimetiére militaire canadien de
Bretteville sur Laize
En 1999 je prenais connaissance du procés verbal établi le 23 Mai 1944 par la gendarmerie
de l’époque alors que l’adjudant Tual ,Collet ,Bouillet et Daniel venaient d’être déportés en
Août 1943 aprés les arrestations consécutives au crash de Belfonds
du 4 Juillet Les gendarme de la brigade sagienne présents sur les lieux notaient
« Sur l’une des victimes ont été trouvés :
Une photo
Un sachet de toile contenant deux mille francs en billets de cent francs
Une carte géographique représentant d’un côté la France et de l’autre l’Allemagne «
j






warrant officer Gaston Jacques de Drummondville (QUEBEC
)






Il s’agissait d’une partie du « kit « utilisé par les
aviateurs évadés en cas de crash en territoire ennemi et qui était souvent accompagné d’une
boussole et d’une trousse d’urgence ,pharmacie etc .......
J’ai informé les services britanniques du lieu précis du crash .
Aucune plaque honorant le souvenir des victimes n’a été apposée jusqu’à ce jour . Cette
tragédie est tombée dans l’oubli ...et les lieux du crash bordés de haies d’aubépine sont peut
être disparus dans le cadre du remembrement qui a modifié la topographie du terrain
Après une longue enquête personnelle je réussis à retouver la date précise de l’évenement
La date de l’inhumation par les allemands était consignée sur le registre du cimetiere
communal et ces aviateurs inconnus auront été jétés dans une fosse commune Ce fut le point
de depart qui me permit d’interroger le ministere de la défense britannique et obtenir la
nationalité de l’avion et la liste l’équipage
Un petit miracle se produira ….
En 2003 je décide une fois pour toute de faire le point A ma demande le journal de l’Orne
fait paraître un article à la recherche de témoins….. il n’est jamais trop tard
Une photo trouvée par Gerard Malherbe est rapportée au journal , une bague gravée aux
intiales WGH est rapportée par georges Buvron Ce fut le début d’une aventure qui nous
conduisit en Ontario ,au Quebec et en Colombie britannique
Presse et television canadienne seront presentes les 7et 8 mai 2005 ( reportages de la tv
toronto par Tom Kennedy ) et toutes les familles des différentes provinces Moments
émouvants …
Comment les autorités communales ont elles pu_ignorer aussi longtemps ce fait de
guerre ?nuit de cauchemar où six jeunes aviateurs avaient perdu la vie pour notre liberté
J’apprendrai d’ailleurs une anecdote supplémentaire lors de cette émouvante
commémoration ( ref à temoignage de m taupin )
Dés que les allemands ont eu connaissance du lieu du crash ils depecherent sur place une
douzaine d’hommes afin de traquer éventuellement les rescapés Les allemands ont donc
investi la ferme de M Taupin et s’installeront dans les lieux Parmi eux ; ; ; deux yougoslaves
Estimant qu’il n’y avait pas de rescapé les allemands quitteront la ferme à la grande
satisfaction de la famille Taupin
*quelques jours apres les deux yougoslaves réapparaissent et demandent asile à la famille
Taupin qui n’ignore pas les dangers encourus par ceux qui hebergent les déserteurs .
Déserteurs qui risquent eux mêmes à coup sûr le poteau d’execution
Chaude alerte ces allemands sont à la recherche de foin pour leurs chevaux
Des leur départ nos deux yougoslaves en profitent pour s’esquiver et tenter leur chance dans
une autre ferme à Boiville
L’un des deux évadés … s’éprendra d’une jeune fermiere et cette liaison sera officialisee
après la liberation de la ville devant monsieur le maire
La découverte de la date de l’inhumation par
les allemands de quatre cerceuils dans une
fosse commune du cimetiére communal sera
en fait l’élément déterminant qui m’aura
permis de retrouver la date du crash dans le
registre de l’année 1944 …soit le 22 Mai
1944 A partir de cette information
j’interrogeais les ministere de la défense
britannique et de la RAF qui me répondront
ne pas connaître le lieu du crash mais me
communiqueront la liste de l’équipage disparu
entre long Marston et Alençon Découverte qui
me permettra de
rechercher les familles non informées du lieu et
des circonstances du drame
Les articles de journaux français et canadiens
furent nombreux à retracer ce fait de guerre
…évoqué il faut le dire soixante années après
l’événement et la television canadienne prit
également le relais Plusieurs emissions furent consacrées à cet événement exceptionnel
La commemoration réunit une cinquantaine de candiens appartenent aux familles des
victimes des états concernés le québec , l’ontario, et la colombie britannique
La municipalité organisa une importante manifestation en présence de diverses personnalités
françaises et canadienne
Une réflexion personnelle me vint
souvent à l’esprit je ne pensais pas
un seul instant que cette enquête
réalisée à partir de 1998 et qui me prit
‘ plusieurs mois aurait pu avoir un tel
retentissement






6 JUIN 1944
.Les nuages gris limitent toute visibilité . Un ciel gris plombé , avec un plafond qui ne parait
pas dépasser 500metres
Et pourtant ...une agitation inaccoutumée place du Parquet ..les camions allemands stationnent
briévement avant de prendre la direction des routes de Rouen et d’Argentan .De ma fenêtre
donnant sur la place du Parquet face à la cathédrale j’observe la fébrilité et l’affairement des
soldats de la Wehrmacht . Inutile de détourner les pancartes …,des motards sont stationnés en
permanence au carrefour des deux routes
Mais les regards sont ailleurs ,rivés vers le ciel .Une armada invisible nous survole
En effet un grondement sourd ,continu ,oppressant couvre bientôt ce tintamarre des camions
que nous avons l’habitude de voir stationner sous nos fenêtres ,pres de la stéle sur laquelle
s’élevait la statue de Conté séparée de son socle en 1943 ( 7 )
Tandis que des centaines d’avions nous survolent , une rumeur s’amplifie .Les alliés auraient
débarqué sur la côte normande Des visages inquiets ,interrogateurs mais aussi de larges
sourires épanouis ..Comme une trainée de poudre la nouvelle se répand dans notre petite ville
lui donnant ,sous l’oeil inquiet des allemands un air de fête . Quelle flamme soudaine dans les
regards !. La bonne humeur est partout .
Sur ma haute bicyclette au guidon de sénateur ,j’imprime à mes coups de pédales un rythme
victorieux pour annoncer alentour les derniéres nouvelles du jour captées par quelques bonnes
ames compatissantes . La conclusion de ce drame affreux de quatre années commence à
poindre ...
Je songe que le principal de notre collége a fait preuve d’une grande perspicacité en nous
renvoyant dans nos foyers ,écourtant ainsi l’année scolaire
Nous apprenons que tout a commence à minuit en ce début de journée du 6 Juin avec le
largage des éclaireurs britanniques et américains chargés de baliser les zones de saut sur les
points jugés stratégiques .
La côte normande se réveille dans le bruit et la fureur . mais aussi avec le mauvais temps Des
mots nouveaux prononçés par la BBC arrivent à nos oreilles et nous essayons d’identifier ces
plages aux noms énigmatiques Utah , juno , Sword ,Gold Omaha ...l’opération overlord parait
il !
Les petits papiers qui circulent clandestinement de main en main , éveillent notre curiosité
Les vers de Verlaine parait il avaient annonçé le débarquement !
Ce 6 Juin nous apprenons que de nombreuses villes alentour Macé Surdon Ecouché
Montabard Domfront Argentan Alençon sont bombardées . Les nouvelles courent .....Un train
de munitions explose à Briouze et fait de nombreux morts . La petite ville a subi de nombreux
dommages
Et encore le 7 Juin ,Laigle , Alençon ,Domfront ,Vingt Hanaps ...
Les bruits les plus fous circulent . Des parachutistes alliés auraient été aperçus dans les
départements de l’Orne et du Calvados . dans un coin de forêt ,dans un bosquet ,prés d’une
route . Des messages mystérieux passent de main en main Nous savons bien sûr qu’il s’agit
des dernieres nouvelles du front recueillies par quelques privilégiés ayant pu garder envers et
contre tout leur poste de TSF .
.......Aprés quelques jours de combat les blessés ,affluent du front . Les affrontements entre
aviation alliée et Panzer ont été rudes Les blessés sont en général des tankistes appartenant
aux divisions de panzer envoyés d’urgence pour empêcher les alliés de prendre pied sur les
plages . et les rejeter à la mer
Mon ex camarade du cours complémentaire de Sées Raymond Jorry , 17 ans , n’a pu
échapper à la réquisition lançée par l’occupant pour venir en aide aux grands blessés
généralement brûlés et incapables de se mouvoir aprés les premiers soins d’urgence .Grandes
croix rouges peintes sur son toit .d’ardoises ,l’ancien séminaire est donc devenu l’hopital le
plus prés du front .... Pris dans le feu de l’action ,j’accepte de l’aider dans sa tâche ingrate et
deux jours durant je connaitrai l’enfer de cet hopital improvisé ...
Je retiens une image particuliére de cet ami facétieux . A la tombée de la nuit au cours
complémentaire de Sées ,il était généralement volontaire pour la « corvée de camouflage «
.De larges et épais rideaux noirs empêchaient les rais de lumiére de filtrer à l’extérieur évitant
ainsi les interventions brutales des patrouilles allemandes . Celles çi au moindre filet visible
de l’extérieur ,sifflaient bruyamment et quelquefois faisaient irruption en pleine étude
Conscient de ce risque permanent et déguisé en matamore mon ami Jorry ,en proposant ses
services prenait un malin plaisir à amuser la galerie .
Les parents inquiets estimant que la situation devenait intenable prés de notre place soumise
au remue ménage permanent des camions et des chars décident de quitter la ville et de
rejoindre nos cousins habitant Bursard .Mais si la ville se vide de ses habitant ....attention aux
pillards !
Les avant gardes allemandes lors de leur arrivée en Juin 1940 dans les murs de notre vieille
cité avaient averti le maire ... « Prenez les mesures nécessaires et débrouillez vous avec vos
pillards ! » Comme on le sait ,une compagnie spéciale composée de sagiens avec brassard
avaient été créee (8)
Mon pére avait donc été échaudé par l’expérience des pillages de Mai et Juin 1940 ,et les
pillages récents d’Argentan aprés le bombardement du 6 Juin ne faisaient qu’accentuer son
inquiétude Il décide donc de cacher toutes les marchandises du magasin de coiffure et
parfumerie dans la cave .mais aussi les denrées rares ,tels que le savon de Marseille de
fabrication familiale sans oublier quelques bouteilles de grande marque . Mon pére à chaque
événement exceptionnel n’oubliait jamais de dire « Encore une que les boches n’auront pas
. »... La trappe d’accés située sur le sol de la cuisine sera recouverte de vieux journaux
,dissimulant ainsi nos trésors .
Une année auparavant ,nous avions même caché et hébergé dans cette cave ,issue d’anciens
souterrains de la cathédrale maintenant obturés ,une chévre qui ,pressentant un destin futur
n’arrêtait pas de bêler . Les clientes du salon s’inquiétaient de ces cris plaintifs qui
ressemblaient à des cris d’enfant et à notre grand regret l’employé du charcutier Clément rue
Leveque dut mettre un terme à ses plaintes répétées
Mon pére ,déjà réquisitionné pour la garde des voies ferrées ,est à nouveau employé d’office
,par l’occupant .iI doit continuer contre son gré l’exercice de son activité auprés des blessés
généralement de grands brûlés ,alors que le reste de la famille prend la direction de la
campagne sagienne
Enfin cet exil inattendu aux environs de la ville me permet d’échapper ainsi au spectacle
quotidien et affligeant de ces grands blessés . qui arrivent du front . Nous savons que
l’affrontement entre régiments de chars sur les côtes du Calvados a été particuliérement
meurtrier et la sourde et lointaine canonade est là pour nous le rappeler
10 Juin 1944
Le mauvais temps persiste .l
Alors que notre taxi à gazogéne de la maison Septier s’essouffle sur la petite route de
campagne ,nous distinguons au loin le clocher au toit arrondi du village de Bursard et les
murs de notre future demeure . ...la mairie du village
Bursard ,petit village situé à six kilométres de Sées nous accueille donc dans le silence de sa
campagne verdoyante .
extraits premier journal manuscrit
Nous sommes donc hébergés à la mairie par notre cousine , institutrice et directrice de cette
petite école composèe de deux classes ,désertées prématurément par leurs éléves récupérés
prudemment par les parents inquiets .
Avec mon frére on ne s’embarrasse pas ...Libres comme l’air nous glissons deux matelas au
milieu de l’amoncellement désordonné des postes de TSF de la mansarde du second étage .
Là au moins ,nous vivrons en paix... loin du royaume des adultes ..On ne joue pas... nous
...dans le même registre que les grands .
. Mais cette TSF ,nous ne pouvons l’écouter ... pas de courant !
Le cousin qui nous héberge ,savant bricoleur , songe bien à monter une éolienne mais malgré
la période perturbée que nous vivons ,cette réalisation géniale est liée à l’accord de
l’administration
Ce qui empêche nullement le rassemblement dans la salle à manger ,à la lumiére d’une lampe
à pétrole , de l’ importante tablée familiale ...an nombre de douze à quinze selon les jours .
Avec Jean mon frére nous avons trouvé une distraction inattendue ..Accompagné des deux
chiens ,un cocker Ted et un bâtard noir tacheté de blanc Dick .nous parcourons les prairies et
les douves bordées de roseaux du haras .Deux redoutables chasseurs entrainés à dénicher
canards sauvages et poules d’eau ,enfin tout le gibier des marais et des cours d’eau de la
campagne environnante .Rien de tel pour améliorer l’ordinaire !
Notre vie aurait pu se dérouler ainsi tel un long fleuve tranquille en attendant la suite des
événements ,mais dans le calme relatif de notre retraite champêtre une agitation inexpliquée
semble naitre autour de nous Le passage des convois allemands s’amplifie sur la route
conduisant d’Alençon à Essai et cette vision journaliére nous préoccupe au plus haut point .
On parle de la création de plusieurs aérodromes Essay , Lonrai ,Semallé ,à quelques
kilométres de notre résidence de campagne et on rapporte que des civils des villages voisins
ont été réquisitionnés par l’organisation Todt pour creuser des tranchées
Les villages de Ventes de Bourse ,Mesnil Brout et aussi les voies ferrées de Forges ,Vingt
Hanaps ,deviennent du jour au lendemain la proie de la chasse alliée !
Chaque jour apporte son lot d’imprévu et de diversion
Jours d’inquiétude ... quelques jours où je ne note rien ,et je ne suis pas dans le secret des
dieux .A quoi bon tenir un journal des événements .? Une seule chose le mauvais temps et la
journée qui s’écoule dans le bruit des formations aériennes passant au dessus des nuages ,
avions alliés Thunderbolt ,Lightning s’opposant à la chasse allemande basée dans les
aérodromes environnants équipée en particulier de Fockewulf et Messersmitt
L’aviation américaine intervient le jour et la RAF dés la tombée de la nuit .Le bruit insistant
d’ armadas nocturnes passant au dessus de nos têtes trouble notre sommeil
Les chasseurs américains aux ailes rayées de noir et de blanc nous survolent à trés basse
altitude et nos mouchoirs s’agitent en signes d’amitié .Nous avons l’impression ,que le pilote
dans son cockpit incline les ailes de son avion pour mieux nous observer et c’est avec
enthousiasme que nous le découvrons figé aux commandes . Les pilotes alliés volent si
bas... cinquante métres peut être !Curieusement ils semblent avoir pris la mairie comme
point de repére avant de fondre sur leur proie en l’occurence les chasseurs allemands qui
s’apprêtent décoller de leurs terrains respectifs
Courant Juin
Argentan que je viens de quitter en mai a subi plusieurs bombardements d’une violence inouie
,la ville est au trois quart détruite et notre mairie , lieu de notre dortoir est sérieuesement
endommagée Les plafonds se sont écroulés ensevelissant livres et cahiers et mon lit a subi de
nombreux dommages
Impatients de suivre l’évolution de la situation nous nous lançons dans la fabrication d’un
poste à galéne sous la direction de mon beau frére électricien de métier aux carriéres de
quartzite de Chailloué et qui se charge de trouver le fil de cuivre .nécessaire à la confection
d’une bobine de bonne dimension
La carriére de Chailloué est alors dirigée par un officier allemand réformé en raison de son
état de santé Horst Lentz ex capitaine de la Luftwaffe . Secondé par les responsables français
Boulan et Bastin les matériaux extraits de la carriére sont acheminés vers la côte pour la
construction du mur de l’atlantique . Aidés par ces deux chefs de service travaillant sous la
direction de Lentz , de nombreux français ,employés dans le cadre de l’extraction des
..cailloux ..échapperont ainsi aux obligations du STO en territoire germanique .
L’organisation Todt depuis le débarquement allié s’est installé au chateau de Semallé et elle a
commençé à établir dans une vaste prairie un terrain d’aviation de dimensions moindres que
celui de Lonrai mais qui n’en constitue pas moins un dangereux voisinage
Aprés quelques vaines recherches nous trouvons enfin une galéne ,élement essentiel et
indispensable à la conception de notre poste rudimentaire chez Ipcar , électricien place du
Parquet ,qui malgré la désertion d’une partie de la ville par ses habitants , résiste encore à la
tentation de fermer son magasin. Quelques piéces de récupération ,un condensateur variable
et enfin les écouteurs du téléphone familial pour parfaire notre oeuvre La confection du
bobinage nous prendra une semaine
Le retour de Sées est quel que peu laborieux . Dans la côte de Neauphe complétement
dépourvue de haies et de buissons , mon beau frére et moi plongeons dans le fossé à la vue
de trois « thunderbolt « aux ailes rayées de bandes noires et blanches passant et repassant au
dessus de nos têtes . Nous découvrons ces avions avec curiosité mais nous n’osons pas
manifester notre présence .Depuis pratiquement la date du débarquement nous les observons
chaque jour à l’affût et prêts à intervenir pour tout mouvement anormal au sol ,....convois
,véhicules isolés , décollages de chasseurs allemands . Quelques personnes bien informées
nous disent que ces rayures blanches et noires sous les ailes identifient les avions de la France
libre
Pour le moment , nous sommes surtout fiers d’avoir trouvé une galéne ,La confection du
bobinage c’est une affaire de quelques jours sous la houlette de mon beau frére pour lequel
ce genre de travail ne pose pas de probléme particulier
L’antenne de notre poste de fortune ,c’est simple ... sera constituée d’un fil téléphonique
allemand que nous sectionnons imprudemment et dont les extrémités sont fixées aux branches
d’un tilleul
Chaque jour à l’intérieur d’une classe , je m’applique à capter les émissions de la BBC .
Notre carte fixée au mur ,est constellée de petits drapeaux reliés par un cordon de laine nous
permettant de suivre la progression des armées alliées .Ma mére est trés attentive à l’évolution
de l’avancée alliée et la carte fixée au tableau noir est jalonnée de drapeaux multicolores .
Quand à moi je note les événements et les nouvelles importantes sur un cahier
L’installation de notre antenne courant de branche en branche est maintenant terminée quand
un groupe de téléphonistes allemands au regard inquisiteur surgit . Apparemment ils
recherchent leur câble . Moment d’inquiétude . C’est avec soulagement que nous les voyons
disparaitre sans se rendre compte que leur câble sectionné conduisait tout droit dans la salle de
classe où était camouflé notre poste à galéne .
Avec le recul j’estime que nous avions pris un risque démesuré à vouloir utiliser un câble de
l’armée du reich . Nous n’avions pas pensé un seul instant que ce type de sabotage pouvait
être puni de peine de mort ...
10 Juin 1944
Ce jour je me concentre attentivement pour tenter de percevoir les émissions de la BBC . Je
presse alors fermement les écouteurs pour m’isoler du bruit extérieur . Soudain moment de
stupeur ... la face lunaire d’un soldat
allemand se colle brusquement sur l’une
des vitres de la fenêtre de la classe . Que
vient il faire dans nos murs ? M’a t il
aperçu ?
D’un geste je réussis à camoufler
précipitemment l’encombrant poste sous
le pupitre d’une table d’écolier
Le lendemain , l’arrivée de lourds
camions trainant des canons ,batteries de
DCA à coup sûr nous surprend en plein déjeuner ! , . Ce feldwebel n’est pas venu pour rien
...il précéde tout simplement l’installation sous les tilleuls de l’allée , d’ une compagnie de
serveurs de DCA .Cette intrusion dans notre campagne tranquille nous remplit d’inquiétude
.
Une dizaine de camions remorquant des canons recouverts de filets de camouflage vient
alors se ranger sous les ombrages de l’allée qui conduit à la mairie . Nous réalisons ainsi que
la tranquillité des lieux fait alors partie des souvenirs ..... sachant que cette présence
inattendue risque d’attirer l’attention de l’aviation alliée .Nous avons constaté que tout
mouvement au sol est immédiatement sanctionné ....si d’aventure un avion allié traine au
dessus de nos têtes
. Nous commençons à craindre pour notre sécurité .,et la peur des parents d’être pris pour
cible grandit de jour en jour
Revenus de notre surprise ,il ne nous reste plus qu’à faire disparaitre l’encombrant poste à
galéne et quelques photos
compromettantes mettant en évidence le
passé militaire dans
l’armée de l’air de notre cousin
démobilisé en 1940 .Une photo
représente son avion , un Potez sur le
terrain de Villacoublay ,perdu au milieu
d’un troupeau de moutons . Pour le
moment le cousin n’a plus d’avion à se
mettre sous la dent mais ses souvenirs
d’Afrique ont le don de me faire rêver
C’est l’image exotique de Gao sur les
boucles du Niger et la découverte par le
rêve .... des sables du désert ....
Mais quelle sont les intentions des gradés de cette compagnie ?
Plusieurs journées se passent . Chacun apporte ce qu’il sait ou croit savoir . Les nouvelles sont
comme le temps ....bonnes et mauvaises
A notre grande surprise ...nos occupants essaient de ne pas trop nous importuner et traversent
les premiers jours ,les salles de classe , la cuisine , en nous ignorant totalement . Ils n’ont
pas encore découvert le premier étage , notre refuge ,notre domaine ,à mon frére et moi .
Quelques uns nous montrent tristement leurs photos de famille . Ils semblent accepter leur
sort avec résignation sans manifester d’agressivité
.
Meurger . Longue marche dans la campagne pour observer ce phenomene rare
12 Juin
Ce jour attaque de mustangs .Avions faciles à identifier avec leurs ailes carrées Nous
commençons à comprendre les raisons de cette agitation autour de nous . Plusieurs
aérodromes sont en cours d’installation dans les villages environnants
Un beau matin ...soulagement ...sans crier gare les camions disparaissent dans le village
entrainant dans leur sillage leurs canons menaçants ,mais pour s’installer à quelques
centaines de métres dans les prairies verdoyantes du haras de Bois Roussel au lieu dit « les
fontaines « .A peine visibles sous les branchages il est trés difficile de notre demeure de les
distinguer et pourtant les prairies au sud de Bursard sont trés dégagées , pratiquement sans
obstacle . Les purg sang ne semblent pas trop s’émouvoir de la présence de ces intrus
Les quelques serveurs restés dans nos murs , s’accommodent de notre présence
sans toutefois nous importuner le moins du monde
17 Juin
Un bruit sourd dans le lointain . De lourds nuages rasent le sol . C’est le terrain d’Essay qui
sert de cible . Les serveurs cohabitant dans nos murs identifient des formations de liberator
bombardier quadrimoteur .
Le vent défavorable atténue le grondement du bombardement . Un bruit sourd et persistant
parvient jusqu’à nous
13 Juin
Combats aériens du côté de Semallé et Neuilly le bisson . Deux avions tombent en vrille .
Nationalité inconnue
14 Juin de Gaulle sur le sol de France c’est l’espoir ! Nous ne le connaissons pas . Pas
même une photo !.
Chacun donne son point de vue sur le personnage ....Pour certains c’est un grand brun à
moustaches .
En ce qui me concerne ,j’ai pris le relais de la fibre familiale patriotique . , Animé par un
sentiment national impérissable ,je sais que nous vaincrons . C’est d’ailleurs ce que nous
ressasse la BBC !
« Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts «
Pour moi toutes les certitudes s’étaient écroulées jusqu’à ce jour . Ce nouveau chef inspire la
confiance .Il ne parle pas sur un ton d’exaltation comme Paul Reynaut en 1940 . Il semble
marteler ses phrases avec la voix résolue d’un homme plein de réalisme , qui a examiné les
problémes posés afin de tenter de les résoudre d’une maniére efficace . Son discours se profile
comme une sorte de défi.
17 Juin
Combat d’avions qui entraine l’incendie de la ferme de Beauvais ( La libération dans les
communes rurales du canton d’Alençon )
Sur les eaux claires de la riviére Vésonne , petit affluent de l’Orne
De la mairie de Bursard, notre poste d’observation privilégié nous pouvons assister aux
combats aériens entre avions alliés et allemands Les servants des batteries de DCA qui
cohabitent dans notre demeure nous informent sans réticence des
differents types d’avions qui nous survolent
Aussi nous reconnaissons sans difficultés les chasseurs aux ailes
carrées , ce sont des mustangs .Ces avions ont generalement pour
mission d’accompagner les bombardiers lors des raids de
bombardement Aussi disposent ils pour ces longs périples de
reservoirs supplementaires augmentant ainsi leur rayon d’action Par
contre lorsque un opposant se manifeste ils larguent par sécurité ces
lourd reservoirs qui les empêchent de manoeuvrer librement et de lutter à armes égales avec
les chasseurs allemands , Fockewulf ou Messerschmitt
Les combats sont journaliers aussi trouvons nous à l’abandon dans les prairies environnantes
des reservoirs vidés de leur carburant
Ces reservoirs nous leur avons de suite trouvé une utilité
En effet ils nous serviront une fois assemblés convenablement à parcourir les eaux calmes de
la riviere ombragée qui serpente à proximité de la Renouillere
Une charrette sera utilisée pour le transport partant de la ferme de nos amis jusqu’au cours
d’eau
Rien de plus reposant dans cet univers
d’affrontements…où le calme
s’est provisoirement installé …
Les mustangs
Combat entre chasseurs US de
type mustangs ces derniers
avant le combat larguent
leurs reservoirs supplementaires qui tombent dans les prés alentour
Nous les transformons en canot de randonnée…
18 au 23 Juin 1944
Tranquillité absolue . Le temps est trop mauvais . Nous ne savons pas si nous devons
apprécier ou craindre les conséquences de ce temps excécrable
Ecouteurs fortement serrés sur les oreilles et au milieu d’un ensemble de stations brouillées
nous percevons « Tempête effroyable sur la Manche qui désorganise le débarquement allié
« Inqiuétude dans nos murs
Bois Roussel est en fait notre seconde demeure et nous parcourons en quelques minutes à
bicyclette la distance qui sépare la mairie de Bursard du Haras .
Ce haras est la propriété de Léon Volterra magnat des cinémas et théâtres parisiens depuis
le début des années 30 )et entres autres Marigny et le Lido
Le directeur en est William Hayton secondé par son fils Charley
En Mai 1940 nous étions déjà réfugiés au haras de Bois Roussel .Les troupe françaises
avaient laissé les locaux du comte et de la comtesse de Rochefort dans un état lamentable
,tué les deux cygnes du bassin avant leur départ précipité ...vers le Sud .
Les motocyclistes allemands constituant l’avant garde de l’armée d’invasion nous avaient
surpris un beau matin de Juin alors que nous étions à peine éveillés . Un tintamarre de
moteurs sous nos fenêtres nous incitait à sortir de notre refuge pour découvrir le spectacle
impressionnant de ces motards menaçants revêtus d’imperméables gris ,couverts de poussiére
. Aprés une visite rapide de la maison ,l’un d’eux s’installait au piano et interprétait des
chants guerriers . Un autre tombait en arrêt devant une peinture représentant le grand prix
de Paris gagné en 1934 par « Admiral Drake « ,célébre pur sang issu de l’élevage local
.Déjà les nouveaux arrivés commençaient à visiter les boxes pour s’emparer de quelques
spécimen . L’étalon « Casterrari « gagnant du grand prix de Berlin ,bel animal mais
particuliérement capricieux manifesta sa mauvaise humeur par une ruade bien dirigée qui
faillit précipiter un officier du grand reich dans le bassin
. La majorité du personnel Anglais ,des palefreniers pour la plupart ,sera internée par la
suite dans les camps de Vitttel et de Drancy .Libérés en Juillet 1941 avant l’arrivée des
premiers juifs à Drancy il devront se faire enregistrer chaque semaine à la kommandanture
pour vérification de leur présence dans le département .
Léon Volterra fera un bref séjour au camp de Drancy avec Max Jacobs et autres
personnalités connues mais réussira à se faire libérér fin 1940 .
En 1942 plusieurs aviateurs alliés seront hébergés clandestinement au premier étage du
bâtiment principal .Le curé imprudemment adressait tous les aviateurs évadés et en perdition
,au Haras chez William Hayton . Ces aviateurs en détresse étaient certains de trouver là
,maklgré les risqques pour tous ,un gîte confortable et sùr , à l’abri des regards indiscrets .
En Avril 1942 cinq membres d’équipage d’un Lancaster abattu dans l’Eure tenteront de
s’évader . Ils seront aidés dans cette tâche périlleuse par plusieurs habitants de l’orne ,
Michel Dufresne assureur à Alençon , Francis Cagnard cafetier place de la Halle au blé qui
rejoindra par la suite la France Libre ,William Hamilton sujet britannique résidant à
Alençon et William Hayton qui financera leur trajet par chemin de fer
Malheureusement nos cinq évadés seront pris par la police de Vichy lors du passage de la
ligne de démarcation
Selon le témoignage de Betty Hayton ...
« deux aviateurs alliés un irlandais et un gallois prénommes familiérement « Paddy « et «
Jordy « furent hébergés dans le plus grand secret dans la chambre d’amis des parents Hayton
en 1943 . Vêtus de vêtements civils mal ajustés , fournis par le curé du village voisin ils
vécurent ainsi cloîtrés pendant une semaine avant d’entreprendre un long périple vers
l’Espagne
Lors de la présence des deux aviateurs dans les lieux une lettre de dénonciation pour
détention d’armes nous mettant en cause parvint à la kommandanture . Six voitures
allemandes surgirent dans la cour du haras dans le but de rechercher les armes cachées .
Les allemands aprés avoir exhibé la lettre de dénonciation demandérent à fouiller les boxes .
et différents locaux .Recherches vaines qui eurent pout conséquences de créer un climat de
crainte et de suspicion dans la mesure où plusieurs employés de nationalité britannique
vivaient au haras aprés avoit été internés à Drancy pendant prés d’une année .
Une employée secrétaire interpréte , travaillant à la kommandanture et surnommée « la belle
Alice » appartenait à cette équipe « .
On m’assura par la suite que des armes avaient été effectivement cachées dans l’un des
nombreux boxes
suite journal
20 Juin
Un engin bizarre ,pétaradant passe au dessus de nos têtes . Sans aucun doute il s’agit d’un V1
,arme redoutable que les allemands utilisent en particulier pour bombarder Londres et les
agglomérations importantes de Grande Bretagne . Passant au dessus de notre maison il prend
la direction Sud Ouest . On se demande quel peut être l’objectif visé !( 11) . En tout cas c’est
la premiére fois que je vois un tel engin
22 Juin
Toute le partie Sud de notre village est bien dégagée aussi il nous est possible d’assister
chaque jour aux combats entre avions alliés et la Luftwaffe
Il est environ 14 heures . Dans le lointain un avion tombe en vrilles derriére les épaisses
frondaisons de la forêt de Perseigne
Rapport de Mr Paganet de Cerisé Le 22 Juin 1944 vers 14.30 s’est produit au dessus du bois
de Maléfre ( Sainte Paterne ) un combat d’avion à la suite duquel un appareil allemand est
allé tomber en flammes sur la forêt de Perseigne ,lieu dit « Le Fourolet « (Ancinnes )
Le pilote sauta en parachute mais fut abattu par méprise par des collégues allemands lors de
sa descente avant de e s’écraser au carrefour de « Fontaine Pesée «
24 Juin
Aprés quatre jours de mauvais temps ...Les serveurs de batteries semblent fébriles . Ils
circulent en s’agitant dans notre cour bordant la mairie .
Combats d’avions de nationalité inconnues au dessus de nos têtes .
28 Juin
Un chasseur s’abat du côté de Valframbert Nationalité Anglaise d’aprés quelques
témoignages
Je capte au poste à galéne ...Exécution de Philippe Hanriot
Le 28 Juin 1944 un avion de chasse tombe à proximité de Semallé sur le territoire de la
commune de Valframbert . La tombe du pilote inhumé sur place porte les indicarione
suivantes : A british aviator identity unknown died on June 28 1944 . A dog fight with
german planes .Plane no MN818
Note Aprés recoupement l’avion de Semallé pourrait être le typhoon MN818 piloté par le FO
Holmes 609 eme squadron
29 Juin
Je sprinte comme un possédé sur la route de Bursard à Essay .Un convoi allemand survient et
me double ... en m’ignorant mais pas pour longtemps ... Une rafale meutriére cloue plusieurs
camions sur le bord de la route alors que plusieurs chasseurs passent en en rase motte ,Loin
devat moi ,une partie de la colonne de camions est déçimée . Un soldat allemand non pas
compatissant , mais craignant pour sa propre sécurité me force à plonger dans le fossé . pour
échapper à la vue des chasseurs .Allongé dans les broussaille et blotti à l’ombre d’une
épaisse haie , nous attendons tous avec anxiété la fin du vrombrissement des avions au
dessus de nos têtes ...
A mes côtés ,les yeux rivés vers le ciel ,deux feldwebel scrutent le ciel avec un soulagement
mêlé d’inquiétude constatant la disparition de nos farouches agresseurs
.Au loin une épaisse fumée . Plusieurs camions ont été atteints , mais loin devant nous
Ma chére maman sensibilisée par ce fait inattendu nous interdit impérativement de nous
rendre à Bois Roussel . Notre insouciance de jeune et notre décontraction devant tous ces
événements reprennent vite le dessus . Nous profitons à nouveau de la premiére occasion
avec mon frére pour disparaitre dans la nature
Un autre jour , les yearling affolées par le passage de chasseurs bombardiers américains
piquant à basse altitude au dessus de nos têtes passent au grand galop à proximité de notre
cachette .A plat ventre dans les hautes herbes prés d’une haie ,nous n’osons faire un
mouvement .Une frayeur ajoutée à une autre nous fait réfléchir au risque qu’il y a ,de
traverser les prairies alors que nos vaillants pur sang sont en train de brouter l’herbe tendre de
la prairie
Combats aériens . On entend parler d’un bombardier allemand tombé dans la forêt de
Perseigne
Monsieur Jacques Paganet de Cerisé m’apporte le témoignage suivant
« Le 23 Juin à 2 heures du matin un bombardier allemand tomba en forêt de Perseigne à
quelques centaines de métres de la maison forestiére du Buisson et Mr Boissier Abel chef de
district à l’époque sauva des flammes un blessé ce qui lui valut un diplôme de reconnaissance
de l’armée d’occupation
Cinq autres aviateurs périrent carbonisés . Une pancarte en bois intitulée ( Içi cendres
humaines ) surmontait un édifice de pierres entassées les unes sur les autres . Cette pancarte
disparut pat la suite . Monsieur Blossier fit cela dans un but humanitaire et non de
collaboration «
6 Juillet
Un combat dans le lointain en cette fin d’aprés midi . Plusieurs avions tombent dans la
campagne environ au nord ouest par rapport à nous ( Voir..le compte rendu des archives de
l’Usaf ci joint .)
9 Juillet
Au loin un avion tombe en flammes du côté de Larré . un parachute se détache
Colombier dans un pré situé au nord de Mongault avion allemand
12 Juillet
Bursard est situé à 5 kilométres de Sées et les nouvelles nous parviennent . Mon pére de
retour de Sées nous apprend l’arrestation de notre voisin Albert Frémiot par la Gestapo .Pour
le moment nous en ignorons la raison .
16 Juillet
Une explosion lointaine ...
Les bruits les plus divers circulent Un avion allié est abattu par la DCA allemande .à la
Belandrie prés de Larré lieu dit « La Chouannerie « D’aprés le fermier tout l’équipage de
sept hommes a péri
Il allait ravitailler parait il en armes et munitions le maquis local .Les munitions explosent
toute la nuit La même question se pose . Quelle est la nationalité de cet avion .? allié sans
aucun doute .( )
Ala demande du
maire Mr Marseguerra J’ai pu identifier cet avion en 1998 . Il s’agissait d’un quadrimoteur
Halifax transporteur d’armes et de munitions qui devait je pense ravitailler le terrain «
Goudron « de Radon situé en limite de la forêt d’Ecouves . Six victimes identifiées et une 7
eme inconnue trouvée bien plus tard dans un champs de betteraves sous une trappe porte de
l’avion
La cause de ce crash m’a été donnée en 1999 suite à un témoignage du maire de Forges .
Une DCA était installée sur le territoire de Forges . Les allemands suspectant la présence
d’un terrain de parachutage dans les environs installérent plusieurs feux figurant
l’emplacement du lieu de parachutage des containers .
Le pilote du Halifax piégé par la présence de ces feux réduisit la puissance moteurs pour
descendre à l’altitude de largage . La DCA ne lui laissa aucune chance et l’abattit
Ménil Erreux ( note dans le pays d’Essai Mr Paguenet Jacques )
A Menil Erreux qui se trouve à l’écart des routes nationales et des lignes de chemin de fer les
opérations de guerre se sont réduites à peu de choses .
Fin Juillet les Allemands y ont aménagé dans les prés voisins de la « Normanderie « un vaste
terrain d’aviation ( d’au moins 150 hectares ) mais la maitrise de l’air que possédait les alliés
les ont empêchés de l’utiliser plus de 5 ou 6 jours... »
18 Juillet
Combats aériens
Pour nous c’est un spectacle courant . Le probléme c’est que nous ne savons jamais quel est le
vainqueur ?
20 Juillet
Un agriculteur voisin ( je n’ai jamais pu connaitre son identité ),un peu éméché , arrive affolé
dans notre demeure . Il vient de trouver dans la forêt proche, un engin qu’il ne parvient pas à
identifier .Par curiosité dans la foulée de mon beau frére ,nous le suivons prudemment , ..Le
moindre craquement des branches mortes dans le silence de la forêt nous fait tressaillir . Pas
d’allemands en vue , Il nous entraine à travers sentiers et ombrages dans une semi pénombre
vers le lieu de sa découverte ... le bois à Léguernay .Une masse blanche se détache sous les
branches .Finalement .avec étonnement nous découvrons sous le couvert des grands arbres ,
un parachute recouvrant partiellement un poste à lampes . Plusieurs lampes sont cassées , au
milieu de débris de verre épars sur les feuuilles mortes ...Notre guide témoigne
« Craignant l’explosion d’un engin ,je me suis caché derriére un arbre et j’ai asséné plusieurs
coups de bâtons sur la boite fixée au parachute « .
Résultat ... un poste radio complétement déterioré et pratiquement irrécupérable . C’était à
coup sûr un poste emetteur destiné à la résistance locale et maintenant hors d’usage
Le lendemain ,deux hommes , mines sombre et peu engageantes surgissent à la tombée de la
nuit alors que nous sommes encore à table .Ils laissent transparaitre une certaine inquiétude
A mots couverts ils nous demandent si nous n’avions pas eu
connaissance d’un parachutage dans les environs .... .
Hésitation de notre part ... Gestapo ou Résistance ? Cette
incertitude dictée par une prudence compréhensible nous incite
à rester muets devant ces questions précises .Nos deux inconnus
repartent déconfits et suspicieux
Avec le recul , je reste persuadé que ce poste emetteur que nous
venions de trouver complétement détérioré était destiné au
groupe Tessier de Tanville réfugié à Vingt Hanaps .Nous savons
aujourd’hui que ce groupe devant la menace d’une intervention
à Tanville avit été obligé pour des raisons de sécurité de quitter
les lieux . Le maire et un habitant venaient en effet d’^tre fusillés
Cette
photo de
ceremonie
de mariage
fut
retrouvée
dans
l’épave du
bombardier
Elle fut
remise à
l’épouse de Wilkinson18 mois après sa découverte W ilkinson remplaçait un autre
membre d’équipage de maniere à prolonger sa lune de miel
par les allemands
Ce groupe maintenant établi à Vingt Hanaps avait dû
déménagé une fois encore en raison de la proximité des
terrains d’aviation de Lonrai et de Semallé .
Une perte énorme pour ces résistants dont la qualité de la
communication par radio avec les services de la RAF était
l’un des gages de réussite des missions de ravitaillemnt en
armes et munitions .En effet ces missions de parachutages
nocturnes avaient pour but de fournir armes et munitions dans
le cadre du plan « tortue « , aux résistants sur le pied de
guerre depuis l’annonce du débarquement des troupes alliées
...






extrait journal manuscrit
2
9 Juillet
Nous apprenons l’arrestation de Jean Mazeline deux jours auparavant
Les nouvelles se propagent trés vite . jean mazeline mon ancien professeur d’Anglais et de
géographie nous avait quitté en juin dernier pour une destination inconnue . A ce moment là
on parlait de STO bien que certains bruits laissaient entendre qu’il avait pris la direction du
maquis dans la région de Mortagne . Sa pratique de l’Anglais pouvait en fait apporter une
aide au déchiffrage des messages rédigés en Anglais
Visage ensanglanté ,un serveur des batteries de DCA arrive jusqu’à nous pour recevoir
quelques soins . Un obus lui a éraflé l’oreille gauche alors qu’il servait l’une des batteries
installée « aux Fontaines « , lors de l’attaque récente des P47 . L’un de ses collégues lui fait
un solide pansement
Au loin des fusées s’élévent dans le ciel étoilé de ce mois d’Aout et descendent avec une
lenteur infinie
30 Juillet
Il y a tant d’étoiles dans le ciel !Nous dormons à poings fermés malgré le déroulement des
événements de la veille Un avion rase le toit de notre refuge mais cette fois nous avons pris la
précaution de dormir à la cave espérant y trouver davantage de sécurité
Une lourde explosion fait vibrer la maison . Réveillés en sursaut ,nous n’osons sortir de notre
abri .
31 Juillet
Dés l’aube ,vers six heures ,un serveur allemand habitué des lieux , frappe à notre porte et
nous fait comprendre qu’un avion est tombé à proximité de la route . Ma curiosité m’incite à
le suivre et en fait il ne fait aucune objection
. .Un bosquet noirçi par les flammes sur un demi hectare ,des morceaux métalliques épars
encore fumants
Et devant nous ,les corps atrocement mutilés des
deux occupants le pilote et le navigateur ,
reposant au milieu d’un amas de branchages .
En un seul mot le serveur des batteries me fait
comprendre qu’il s’agit d’un mosquito chasseur
de nuit de la RAF et peut être abattu par la DCA
locale . Il tire une carte d’identité de la vareuse
de l’un des occupants et la conserve sur lui ... peut être pour la remettre à la croix rouge ?
Inutile de dire que ce drame nous désespére ,sachant que les alliés progressent sur tous les
fronts . Le probléme est de savoir comment notre région va être libérée et dans quelles
conditions pour tous
Les allemands ne tardent pas à se manifester
.Dés le surlendemain ,aprés avoir recueilli les
corps des victimes , ils organisent une rapide
céremonie à la limite de notre jardin ,à
quelques métres de nous et malgré notre
insistance refusent notre présence sur les
lieux .Un peloton d’hommes en armes est déjà
présent prés de la future sépulture
Une salve trouble le silence de notre
campagne .L’émotion est grande
Cette cérémonie expéditive s’est déroulé
devant nos yeux ,dans le plus grand silence
Ces deux aviateurs appartenaient au 487 eme squadron de la royal nouvelle zelande air force
14 Avril 1996 Bursard
Un pâle soleil perce la brume ...Il est pourtant midi
Une tombe en marbre clair ,isolée dans un angle du cimetiére ( dans le fond à gauche ) avec
cette épitaphe « A la glorieuse mémoire de Flying officer Francis Carr no 148458 27
Octobre 1919 30 Juillet 1944 et de Robert Henri Clark No 487 Squadron RAF 16 Février
1920 30 juillet 1944 Tombés en combat aérien dans le bois de la Garenne Bursard Orne
RIP «
« The other generations might possess from shame and menace . Free in years to come a
richer heritage of happiness they marched to that heroic martyrdom «
1er Août 1944
C’est la surprise ! Une division française aurait débarqué en Normandie . . Un nom revient
souvent ... Leclerc
Une voix lointaine perce le brouillage . Elle annonce la disparition de Saint Exupéry en
Méditerranée . Pour moi c’est l’évocation de « courrier Sud « Vol de nuit « « Terre des
hommes « » Le petit prince »

Découvrir la lointaine Mauritanie et le Rio de Oro ... retrouver au creux de ses dunes de
sable le souvenir de l’écrivain va être pour moi en 1955 lors d’un séjour à Port Etienne
,l’occasion d’une rencontre avec une partie de mon adolescence
Décollant de Bizerte avec notre lourd Sunderland pour nous rendre à Port Etienne il nous
fallait inévitablement suivre les côtes Algérienne et marocaines
Je reprend quelques lignes de mon journal de l’époque
« Seul devant le tableau de bord je me livre à quelques
rêveries avec l’espoir secret de découvrir les premiéres
dunes sahariennes ....Je songe à Saint Exupéry (l’un des
pionniers de l’Aéropostale lorsqu’il écrivait dans Terre
des hommes « « En avion quand la nuit est trop belle ,on
se laisse aller..... on ne pilote plus guére et peu à peu
l’avion s’incline sur la gauche . On le croit encore
horizontal quand on découvre sous l’aile droite un village
... «
... Enfin Cap Juby sur notre gauche noyé dans les sables
du rio de Oro « Ce petit poste était alors aussi isolé de
toute vie qu’un îlôt perdu en mer... »
Moment de rêverie interrompu brutalement par une
fausse manoeuvre du mécanicien C’est la dure réalité
...Nous perdons plusieurs centaines de pieds .La côte
frangée de blanc se rapproche dangereusement . Et les moteurs repartent .. L’image de Saint
Ex a disparu ....
Reparlons de Saint Exupéry .Ce jour en 1996 l’appareil un lightning P38 et le pilote n’ont
toujours pas été retrouvés . Un pilote allemand de la Luftwaffe Robert Heichele apporta les
précisions suivantes . Le 31 Juillet 1944 aprés avoir décollé d’Orange avec son Focke Wulf
il rencontra un lightning au dessus de Castellane ,vraisemblablement celui de Saint Exupéry .
Il lui tira dessus et vit l’appareil s’abimer en mer à 12 heures 15 à 10 kilométres au sud de
Saint Raphael . Malgré les recherches de l’ifremer la méditerranée n’a pas encore livré son
secret aujourd’hui
8 Aout
Des tracts tombent du ciel et jonchent la rosée du matin
Chaque jour ,nos occupants sont de plus en plus fébriles et montrent une agitation
inaccoutumée . Ils semblent même nous ignorer complétement Que se passe t-il vraiment ?
Et pourtant nous sommes obligés de déménager fréquemment notre sommaire station d’écoute
Une traction avion arrive en trombe dans notre
allée . C’est Lentz le directeur de
l’organisation Todt aux carriéres de Chailloué
.Nous n’ignorons pas que les dirigeants de
cette organisation sont regroupés à Semallé
Les intentions de Lentz sont claires . Armé
d’une mitraillette et pressentant peut être la
déroute de l’armée allemande il demande à
mon beau frére le chemin pour se rendre aux
fermes à ravitaillement où l’on peut se
procurer beurre , oeufs , et autres denrées rares
avant de retourner en Allemagne où les restrictions sévissent . Réponse négative
Lentz ne semble pas vouloir s’embarasser de grands principes et déjà sa traction avant
Citroen dépourvue du gazogéne habituel démarre dans un grand nuage de poussières
Lentz reviendra en France en 1946 Transformé en bandit de grand chemin , il partira à la
recherche de sa maitresse qui tenait un hotel rue Cazault à Alençon et qui a dû quitter la ville
à la libération Lentz sera arrêté par la suite et abattu à Versailles suite à une tentative
d’évasion
9 Aout
Dans le lointain un avion s’écrase vers 13 heures 30 direction Le Bouillon . Allié ou allemand
? . J’apprendrai par la suite qu’il s’agit d’un avion américain du type « deux queues « « ...
comme disent les gens d’içi . Nous ,nous utilisons un mot plus savant ... nous disons «
double fuselage «
Cet avion un P38 s’écrasait au lieu dit « Les Veaux « commune du Bouillon en bordure de
route . Il s’agissait d’un avion de reconnaissance muni de caméras et non armé ( sources
USAAF heure de crash 13 heures 45 ( Groupe 7 eme photo 13eme squadron de
reconnaissance pilote Albert W Clark )
Fremiot
11 Aout
Vers 20 heures notre attention est attirée par le bruit caractéristique des chenilles de char .
Notre curiosité naturelle nous dirige tout prêt , à l’extrémité de l’allée de tilleuls qui conduit à
notre demeure . A cet endroit ,dans un nuage de poussiére les « Panzer « venant tout droit de
Menil Erreux prennent un virage , à 90 degrés ,à proximité de l’épicerie pour prendre ensuite
la direction du Buisson et peut être de la forêt d’Ecouves . Les tankistes scrutent attentivement
le ciel . Leur principal souci ... échapper à l’aviation alliée en roulant de nuit et en direction
des épaisseurs de la forêt .
Le virage devant l’allée est bientôt marqué par deux profonds sillons creusés dans le sol de la
route. A minuit nous sommes toujours là ,à les regarder ignorant s’il existe un danger
quelconque .Un bruit de moteur d’avion dans ce tintamarre est pratiquement imperceptible
Vétus de noir ,le visage couvert de poussiére ,une tête de mort peinte sur le blindage du char
ces guerriers ... sont tout simplement impressionnants . .
Bientôt d’autres chars viennent en sens inverse... toujours des panzers ... curieux chassé croisé
!
Notre petit village se plonge dans le sommeil sous un ciel constellé d’étoiles et ma mére par
sécurité nous incite à rentrer et à réintégrer notre cave . Au loin des fusées s’élévent dans le
ciel et redescendent avec une lenteur infinie .
L’un d’eux nous apprend à identifier à partir de silhouettes imprimées sur une brochure , les
avions de la RAF ou de l’ US air force . Les silhouettes et les caractéristiques de ces avions
volant ,haut dans le ciel n’ont bientôt plus de secrets pour nous
Nous héritons d’un carnet permettant d’identifier les silhouettes de tous les avions ennemis
sillonnant le ciel ...... mais pas de chance c’est écrit en Allemand !
Un soir .... Quelques soldats éméchés déclenchent une scéne d’orgie dans la cour.Par
prudence nous nous tenons à distance ...
Ce samedi 12 Août .
Il n’est pas loin de midi ...et nous nous préparons pour
le repas . Dans le lointain il nous semble percevoir le
cliquetis caractéristique des chenilles ,quelque obus
éclatent dans la campagne environnante mais loin de
notre maison l. Notre premiére réaction est de croire
au retour inquiétant d’une colonne de Panzer
Une énorme colonne de poussiere s’éléve sur ce coin
de route familier qui conduit au croisement des deux
départementales d’Essay et de Sées . Cet épais nuage
progresse sous un chaud soleil d’Août ,vers Bursard
,et atteint bientôt l’extrémité de l’allée . Notre curiosité nous incite une fois encore à quitter
notre vaste demeure pour découvrir ....les premiers chars préçédant une longue colonne de
blindés Les hommes qui les dirigent ,ont le visage noirçi .Des signalisations de couleur
orange , inhabituelles sous formes de panneaux , sont fixées sur le capot avant .de ces
blindés inconnus
Aux cris poussés par les villageois et à l’agitation qui commence à se manifester à l’entrée de
Bursard nous comprenons rapidement que ces éléments blindés ne peuvent être des chars
allemands . Cette colonne semble venir de Menil Erreux et se dirige droit sur Neauphe
Une curiosité prudente nous conduit au carrefour des routesd’Essai et de Bursard
Ces chars roulant sous un nuage de poussieres tels des fantômes
Une énorme colonne de poussiere s’éléve sur ce coin de route familier qui conduit au
croisement des deux départementales d’Essay et de Sées . Cet épais nuage progresse sous un
chaud soleil d’Août ,vers Bursard ,et atteint bientôt l’extrémité de l’allée . Notre curiosité
nous incite une fois encore à quitter notre vaste demeure pour découvrir ....les premiers
chars préçédant une longue colonne de blindés
Une curiosité prudente nous conduit à l’extrémité de l’allée sur le passage d’une file
interminable de chars où surprise indéfinissable , les conducteurs sortant de leur tourelle nous
font des signes amicaux . Nous n’osons croire à la réalité de cette vision tant attendue . Les
villageois essaient même de grimper sur les chars !
Notre cousine , entrainée dans l’euphorie de l’agitation a confectionné une pancarte qu’elle
brandit au dessus de sa tête « Welcome «
Un conducteur de char nous crie « On est Français ,pas américains « C’est vraiment la divine
surprise ....des Français !
Ces premiéres journées de liberté sont l’occasion de discuter des événements passés
.C’est donc la division Leclerc venant tout droit d’Alençon et de Larré qui nous a libéré
comme dans un mirage . C’est quelquechose d’incroyable pour nous que de découvrir ces
nouveaux uniformes et surtout des Français
Quand à de Gaulle dont tout le monde parle nous en avons juste entendu parler de lui à la
TSF ...on sait que c’est un grand brun à moustaches .Chacun donne son point de vue sur le
personnage
Une échauffourée a eu lieu au pont de pierre sur la route d’Essai . Deux allemands ont été tués
et deux faits prisonniers
(13 )
Photo transmise par Mr Périer
Jean et moi le 12 aout 1944 après la
destruction de la batterie de DCA ,jour de
liberation du village de Bursard
Mon ami Claude vient nous rendre visite au haras …..Notre premier réflexe … prendre un
bain dans les douves du haras , coin de riviére couvert de roseaux et de nénuphars .
Plongeon soudain dans les eaux claires …mais aussi repli stratégique en raison des sangsues
qui pullulent
Claude me convie à venir observer le trou de bombe prés de la ferme où il est réfugié au
Carnets de route de Raymond Dronne ( extraits )
La nueve composée en majeure partie de combattants d’origine espagnole tous anti
franquistes et anti nazis
La plupart des espagnols étaient pour la plupart engagés sous des identités d’emprunt Ils
redoutaient les représailles du gouvernement franquiste contre les familles restées en Espagne
Tels étaient les hommes de la nueve ils n’étaient pas des saints… ils étaient simplement des
hommes mais au sens plein et noble du terme Les équipages avaient choisi les noms
d’Espagne noms de province de villes et de batailles Madrid , Estramadura Guernica S
Santander etc….
Ils sont accueillis avec enthousiasme par l’importantes colonie espagnole
12 out d’Alençon à Sees
A 5 heures 30 le colonel Warabiot donne l’ordre de se tenir prêt… nous nous mettons en
place à 7 heures Ordre de nous porter au nord ouest d’alençon par Rouessé fontaine , Bourg
le Roi Alençon , Carrouges ….. la situation évolue rapidement et à la fin de la nuit une
patrouille de chares légers et de halfs tracks emmenée par le général Leclerc en personne a
occupé sans coup férir les ponts sur la Sarthe à Alençon
Une sourde explosion ébranle la ville….. les visages sont inquiets nous apprenons que cette
explosion provient du merlerauls en effet un camion rempli de munitions vient d’exploser
J’accompagne mon pére qui décide pe porter secours aux
La place de la mairie est pratiqieme,t anéantie ,les meisons alentour détruites et des corps
carbonisés gisent dans les décombres fumants nous ne pouvons que participer au transport des
blessés
A 9
heures nous sommes à A lençon , N ouveaux ordres nouws n’allons pas à C arrouges
destination Sées par Semallé , L arré , denil evreux , B ursard N eauphe
Depart d’alençon à 6 heures , arrêt en attendant que l’aviation américaine bombarde une
résistance signalée vers larré nous redémarrons vers 11 heures
Pas de resistance sérieuse nous ramassons quelques prisonniers nous entrons à Sées à
heures
Un instant après sur la place principale accueil délirant de la population nous ne nous
attardons pas nous recevons l’ordre de foncer sur E couché
A l’entrée d’Ecouché un de nos chars le massoua sera mis hors de combat
les FFI ne sont pas très nombreux une quinzaine tout au plus manifestaement ils sont
remplis de bonne volonté
Ils sont commandés par un homme qui nous parit agé m henri terrier
Il est à peu prés le seul à avoir une instruction militaire mais il l’a solide il commande ses
gars qui dit on ne se pas tous faciles et il les commande bienà la fois paternellement et
fermement henri terrier est un homme ouvert qui appelle la confia,nce
Ce petit groupe de ffi nous a rendu de grands sqervices c’est miracle qu’il n’ait presque pas
subi de pertes
M henri terrier devait trouver la mort un an plus tard alors qu’il travaillait au déminage dans
un stupide accident de motocyclette
La famille terrier a payé un lourd tribu t son frére félix fut tué dans une operation avec les ffi
vers le 14 aout l’autre frére maurice engagé dans la resistance a disparu sans laisser de traçe
débu juin ‘’ mme henri terrier fut elle-même arr^tée par la gestapo le ‘ juin emmenée à
argentan et durement mataraquée heureusemnt pour elle elle réussit à s’échapper de la prison
d’A rgentan le ç juin et à se cacher
Voir note crash du ‘4 juillet1943 Accueils espagnols à sées VOIR ANDRE MAZELINE
MAIRE
13 et 14 Aout Journées de liesse On oublie tout , même ces quatre années
15 Août
Ivres de gaieté nous avons décidés de fêter l’évenement dehors , autour d’une grande table .
Nous sommes ainsi installés prés de la porte d’entrée de notre vaste demeure et nous
découvrons ainsi toute la longueur de l’allée de tilleuls . L’ambiance est à l’expression d’une
joie démesurée et nous mesurons dans un optimiste général le chemin parcouru depuis plus
de quatre années .
Soudain .... mais je ne crois pas rêver . Une ombre se profile là bas prés de l’entree,derriére le
premier tilleul . Avec surprise je finis par distinguer la haute stature casquée d’un guerrier du
reich . SS , wehrmacht ,parachutiste ? C’est la stupeur et cette apparition stoppe brutalemnt
l’animation de la tablée . Plus un mot n’est échangé ,nous sommes tous figés dans une
immobilité inquiéte et silencieuse devant cette appariton insolite
Ce soldat nous a t il vu ? Il marque un temps d’arrêt à l’entrée de l’allée ,observe les environs
et reprend sa marche prudente ,courbé en deux ,vers la sortie du village . Un second ,un
troisiéme apparaissent bientôt en file indienne . C’est enfin huit soldats armés jusqu’aux dents
qui passent ainsi devant l’extrémité de l’allée en nous ignorant complétement . Je ne
comprends pas comment ils n’ont pas pu nous apercevoir ...
Peut être ces irréductibles ignorent ils que le village vient d’être libéré ....,ou encore affamés
sont ils en quête de quelque nourriture .? A coup sûr ils viennent des bois environnants .
Equipés comme des guerriers au combat , Mauser ,fusil mitrailleur, ils sont munis d’
armement impressionnant , complété par les grenades à manche passées dans la ceinture . .
Aprés quelques minutes d’intense émotion , je décide de suivre mon pere .
Notre curiosité nous incite à tenter de les suivre à .distance ... bien sûr . Ils traversent avec
prudence et à pas lents le village scrutant méticuleusement les environs
Des réfugiés du Nord sont là ,au bord de la route ont aperçus ces soldats encore sur le sentier
de la guerre . lLes réfugiés ne voulantpas prendre de risques préférent s’esquiver …
Le petit groupe armé , peut être avide de revanche , traverse avec précaution , la route Essai
Menil Erreux et suivant une épaisse haie ,à travers champs prend la direction du moulin de
Sou . Nous tentons de repérer leur itinéraire …
Une Jeep américaine venant d’alençon surgit à grande vitesse sur la nationale avec deux
occupants . Nous nous plaçons en travers de la route . La jeep stoppe devant notre insistance
et nous nous lançons dans une longue explication pour expliquer notre découverte Un
capitaine et un sergent ( le capitaine Jackson et le sergent ....)nous demandent si nous
acceptons de les aider .
,Armés d’un fusil à répétition et d’un revolver et nous dissimulant derriére les haies nous
tentons de suivre prudemment et à distance l’ escouade de guerriers du reich ...
C’est la premiére arme que je tiens entre mes mains ...et je ne sais pas trop comment m’en
servir
Après dix minutes d’une lente et prudente filature , ponctuée de plats ventre derrière les
haies ,le capitaine Jackson découvre enfin que notre tentative est d’avance vouée à l’échec et
estime devoir abandonner la partie
Après nous avoir quitté après de nombreux remerciements il me fait cadeau de l’insigne du
corps d’armée
Nous traversons la nationale Essay Alençon au moment où un camion de FFI passe accompagné
d’une traction avant bariolée de peinture blanche et .déjà couverte de croix de Lorraine
Notre groupe est conduits par un ami de la famille vers le moulin de Sou où une embuscade
est tendue aux allemands ,à la barriére d’un champ . Quelques minutes d’attente et nos
guerriers apparaissent enfin à la lisière d’un bois
Sommation d’usage par les FFI ,...un allemand prend la fuite ,et bientôt abandonne dés le
premier coup de feu . ;
Ses compagnons d’évasion se rendent sans crier gare . Une balle égarée vient se figer dans le
coffre de la traction
D’où vient cette compagnie ? Occupants de chars détruits , fantassins abandonnés ?
Sur la grande place d’Essai ,une foule excitée est rassemblée . Elle veut lyncher les soldats .
Casques ,armes mauser ,mitrailletes baionettes , sont bientôt la propriété des villageois
déchainés . Les décorations sont jetées à tous les vents
A quoi bon commenter !
J’apprendrai beaucoup plus tard que deux soldats allemands furent abattus dans cette
échaffourée dans des circonstances demeurées mystérieuses ....






Retour à Sées : le 17 Août
L’armée Leclerc vient de mettre la main sur quelques fuyards de la Wehrmacht . Alignés au
pied de la cathédrale sur la place du Parquet , ces prisonniers tremblent de peur et à genoux
brandissent des photos de famille pour essayer d’attendrir les soldats et quelques civils
particuliérément agressifs . Ce sont des Italiens ! Engagés ,enrôlés de force ? Je tremble pour
eux . Bientôt ils sont embarqués dans un camion vers une destination inconnue .
La chasse aux collaborateurs et collaboratices commence .. mais ce jour ce sont huit jeunes
femmes qui sont alignées en haut de l’escalier de la mairie prés de la rampe ,là où nous les
jeunes nous aimons faire de longues glissades . Un FFI mandaté par les siens fait office de
coiffeur
Quelques GI ‘s de leurs camions stationnés sur la place assistent à ce spectacle d’un air
réprobateur ...
Bientôt ces femmes sont complétement tondues et le spectacle de cette foule rigolarde et
revancharde applaudissant me laisse dans la plus profonde perplexité
Toutes sont bien connues de la majorité des Sagiens ..Leurs bourreaux . des jeunes pour la
plupart et FFI de surcroit !
De ma fenêtre j’observe l’arrivée d’une équipe aux équipements plutôt hétéroclites ;fusil
mauser , casques allemands ,grenades à manche à la ceinture …
C’est un groupe d’espagnols appartenant aux FTP semble t il commandés par le gendarme
Goulandeau .
Ils ont écumé la campagne à la recherche d’allemands
Mais le maire ne l’entend pas de cette oreille et exige après de longues palabres que les armes
soient livrées à la gendarmerie
ces
Photos Dons de mr Le Moal
Photo de la cour du Palais episcopal route d’Argentré (photo Jerry Gonneville ami de la
famille .photographe habitant le massachusetts USA)les prisonniers ont été rassemblés
après la bataille de Chambois
tanks américains route d’Argentan
Défilé US place du parquet
Le buste de Conté en grés blanc trône sur le socle de la staue de bronze
On est extrêmemt inquiet dans les jours qui suivent la libération de Sées et Alençon sur le
sort des prisonniers politiques que la gestapo avait emmené s de la prison d’Alençon vers
d’autres géôles nazies
Le samedi 10 aut on le savait , la gestapo s’était repliée au chateau de Brotz
A l’home –Chamodot prés de Tourouvre au milieu des bois , à l’abri des regards …mais un
témoin avait entendu des bruits étranges …On entreprit des recherches Le 17 Aout on
découvrait cinq corps difficilement reconnaissables certains objets permirent d’identifier
Fernand Chasseguet , , jean Mazeline , ( notre instituteur du cours complémentaire de Sées ,
François Bouilhac et après enquête Albert Frémiot ( notre voisin place du parquet )
Le château des ducs , lourde bâtisse du 14 eme siecle Deux tours massives encadrant la
porte des l’actuelle maison d’arrêt…..
Témoignage de André Rougeyron ( extrait « agents d’évasion «)
« Le 9 au matin la cellule est envahie par de nouveaux arrivants venant de la « 17 « . Ce
sont Moreau de l’intelligence service ,Jean Mazeline ,Bouillac , Daniel Desmeulles ( que je
quitterai quelques jours avant sa mort ) Chasseguet des PTT d’Alençon , Frémiot cultivateur
à Sées ( En fait Albert Frémiot était transporteur ) Henri Barbier de Paris . Tous résistants
acharnés instruits de leur sort ,aucun n’est triste ou abattu malgré les charges qui les
accablent . La meurtriére laisse passer un gai rayon de soleil et nous faisons un agréable et
bruyant petit déjeuner interrompu par
l’arrivée d’un boche qu’accompagne
un valet de la gestapo . Ils appellent
Moreau , Mazeline , Bouillac ,
Desmeulles ,Chasseguet , et Frémiot .
L’un d’eux demande : Faut il prendre
les couvertures et les gamelles ? Ce
n’est pas la peine répond en riant le
milicien.
Quelques minutes aprés nous
entendons le ronflement d’une voiture
sur la place : nous nous précipitons
vers la meurtriére et apercevons la
partie arriére de la traction sans portes
. Jardin debout sur le trottoir y fait entrer nos camarades en menaçant « Le premier qui
bouge je l’abats «
Ce départ est le prélude à la fuite éperdue de la Gestapo de l’Orne et à l’éxécution de 5
patriotes français qui hélas devaient être abattus quelques heures plus tard ( Daniel
Desmeulles me l’a souvent rappelé ) à L’hôme -Chamondot désormais tristement célébre «
Dans la cellule de André Rougeyron il y avait également Bétourné Fernand charpentier à
la chapelle prés Sées ( canton de Sées ) arrêté au Boulllon alors qu’il détenait un stock
d’armes . Fernand Bétourné reviendra de déportation .
« malgré son aventure ,aucun de nous n’est vraiment abattu et cependant pour beaucoup
l’avenir est sombre étant donné ce qui a été trouvé chez lui
Bétourné s’attend à la mort chaque fois que la porte de la
cellule s’ouvre il pense qu’on vient le chercher Il demeure
cependant imperturbable et calmement nous conte son
arrestation ; un jour les allemands font irruption chez lui et
l’interrogent « tu as une arme ?Non répond il et Bétourné
nous confie froidement « je ne mentais pasje n’avais pas
UNE arme j’en avais deux tonnes !
Trocherie Emile 57 ans bûcheron à Tanville ( canton de Sées
)avait été arrêté pour les mêmes raisons quelques semaines
auparavant Il déçédera à Weimar le 6 Mai 1945
Le 9 Août au matin Jardin et ses hommes quittent Condé sur
Sarthe . Les colonnes alliées ne sont plus trés loin d’Alençon
. Ils vont se transporter au chateau de Brotz à l’Hôme Chamondot non loin de Longny au
Perche . Avec eux ils emménent quelques prisonniers importants ,extraits des géôles du
chateau des ducs . Quelques heurs plus tard cinq d’entre eux partaient une pelle à la main en
direction du bois sous la direction d’un allemand ,de Léon et de Bertaux .Ce derniercommit
là ses ultimes crimes sur la terre bas normande en éxécutant d’une balle dans la bouche
François Bouilhac ,Fernand Chasseguet , Albert Frémiot ,jean Moreau , et Jean
Mazeline frére du chef des FFI de l’Orne.( Jean Mazeline instituteur au cours complémentaire
de Sées nous avait quitté en Juin 1943 pour rejoindre la clandestinité )
Le lendemant matin ,Jardin et sa bande quittaient l’Orne pour
Evreux à l’heure où Leclerc et la 2eme DB s’apprêtaient à entrer
dans Alençon
. extrait du journal local
« Albert Frémiot tenait la boite postale de Galilée VI . Il a
camouflé des réfractaires ,diffusé des journaux clandestins
transporté et réparti des armes dans le canton de Sées . Il fut
rattaché au groupe BOA en Janvier 1943 ,arrêté le 12 Juillet 1944
Interrogé et torturé il ne parla pas . Il fut fusillé le 9 Aoùt à
L’home Chamodot avant d’être . cité au DMR région 4 par
l’officier commandant Clouet des Perruches pour faits de
résistance et aide aux chefs de groupe «
Le sixieme de la colonne ‘ c’est René Besnier ( béret basque )employé chez mr William Hayton
haras de l’orne prés de Giel , suivi vraisemblablement de Charles Hayton ( portant un chapeau )
Photos Charley Hayton resistants à Ecouché













Note
:Février 1995
Dans les années 50 ,alors que la France était encore maîtresse d’un vaste empire colonial
,j’ai pu survoler avec notre lourd hydravion quadrimoteur Sunderland ,les cotes
africaines , des sables du désert de Mauritanie et du Rio de Oro aux profondes et
impénétrables forêts intérieures de Guinée ,de la Sierra Leone et du Liberia .Il y avait une
sorte de majesté dans les formes massives et immaculées de notre hydravion à vouloir
nous faire découvrir ces horizons inconnus ,pleins de mystère .
Le jour ou je me suis posé en pleine forêt ,sur les brumes flottantes d’un fleuve entre
deux berges de palétuviers ombragées ,j’ai pensé aux grands découvreurs de l’Afrique
Livingstone et Stanley et bien sûr aux récits de LC Baratier . Mes rêves de jeunesse
commençaient à prendre forme...
Note : mars 1995
Le rêve américain nous habite dés que nous tentons de le saisir par l’imaginaire .Il me
faudra attendre le début des années 60 ,pour partir à l’assaut du continent américain ...
La Floride et les Everglades , New York , les forêts de Virginie , Yorktown ,Jamestown et le
triangle historique berceau de la civilisation américaine , les rives glaçées des grands lacs ,
le Minnesota , Chicago , et enfin la Californie . Mais aussi l’immense Canada, la région
des lacs et l’histoire des vastes conquêtes de notre empire disparu



extrait journal manuscrit









Les annexes suivantes sont en relation avec le journal
ci dessus et apportent des informations complementaires












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